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Le défi du samedi
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22 novembre 2008

Promesse en l'air? (Tilleul)

Je me présente, je m'appelle Suzanne...
Je devais recevoir un paquet qui ne m'était pas adressé, mais j'attends depuis huit jours et le facteur n'a toujours rien apporté. Y aurait-il une autre madame Suzanne dans la rue?
La neige qui encombre les routes empêche peut-être le livreur d'arriver jusqu'ici?
Hier, j'ai aperçu un camion garé devant la maison voisine... Je parie qu'il s'est trompé! Il a dû y déposer ce que j'espérais depuis dimanche!
Pourtant, je leur fais confiance aux administrateurs. Ils l'avaient promis... Peut-être m'ont-ils oubliée?
Enfin, vous l'avez compris, ce n'est pas ma faute si je n'ai rien écrit cette semaine...
Pardon? Vous attendez ma participation?... Je ne peux tout de même pas inventer une histoire!

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22 novembre 2008

Libertango - Kloelle

Suzanne avait posé sa tasse dans l’évier et, comme tous les matins, raclé sur la nappe les miettes de pain éparses du bord de la main. Elle débarrassait le même bol de chocolat chaud, elle ramenait les miettes de la même demi-baguette depuis si longtemps qu’il y avait comme une raideur d’automate dans ces gestes.
Un curieux , qui se serait laissé aller à l’observer quelques jours, aurait pu énumérer chronologiquement et par le menu l’ensemble des activités qui composaient sa matinée.
Le coup de serpillière sur le lino déjà si propre de la cuisine, le petit mouvement de chiffon sur les poignées dorées de chaque porte, les quelques filets d’eau sur les plantes vertes de la salle à mange, la remise en ordre des coussins de la méridienne en velours, le mouvement de rideau pour épier le préposé aux postes…
Le préposé aux postes justement, celui qui passait tous les matins à 9h15 précises le long de la rue des 7 troubadours dans son costume de fonction avec à la main sa massive et habituelle bicyclette jaune, celui-là même remontait benoîtement le petit jardinet de notre zélée ménagère, un colis à la main. Un paquet somme toute des plus ordinaires, de ceux que nous recevons tous, d’une forme classique et d’un coloris des plus habituellement brun.
Il avait sonné, une fois, deux fois, trois fois…Rien n’aurait pu engager Suzanne à lui ouvrir la porte la chevelure emprisonnée dans ses bigoudis mal assortis…Il avait déposé le paquet dans l’ouverture prévue à cet effet, visiblement soulagé de s’en débarrasser.

Le colis sur la table basse de son salon, Suzanne était bien ennuyée. Bien sûr à deux lettres près c’était bien son nom de famille qui figurait sur l’étiquette, le numéro de voirie par contre …
Elle l’avait tourné, retourné, soupesé. Il était lourd. Il venait d’argentine et était couvert de tampons tous plus exotiques les uns que les autres. Suzanne avait peur et elle aurait aimé que jamais cet envoi n’arrive jusqu’à elle. Pourtant, en même temps elle sentait la curiosité lui chatouiller le bout des doigts, une sorte d’excitation , une petite montée d’adrénaline dont elle avait oublié depuis bien longtemps les saveurs.
Et puis, au diable les principes, elle avait ouvert le carton dans un élan et s’était dans le même élan retrouvée sur son séant, bouche béate.

Il était beau, noir et brillant. Bien sûr son cœur était fragile et les touches semblaient bien délicates. La première fois, au creux de ses bras elle n’en tira qu’un son grinçant, une sorte de miaulement désagréable. Rien à voir avec les vibrations langoureuses qu’elle offre maintenant chaque soir à son auditoire. Suzanne, terne souveraine des corvées domestiques propulsée en quelques mois à peine sémillante reine du tango de Patelinville.

22 novembre 2008

Ah! Madame Suzanne, quelle affaire (Jaqlin)

Madame Suzanne n'avait jamais commandé çà; elle n'avait rien commandé, d'ailleurs. Cependant, elle venait de signer le bon de réception du livreur et avait décidé de garder la paquet qu'il venait de lui présenter, paquet dont elle ignorait complètement la teneur.

Oui, mais voilà, Madame Suzanne ne sait pas résister à l'ouverture d'un paquet, ni à celui là, ni à aucun autre; peu importe ce qu'il contient

Maintenant qu'elle l'a réceptionné, que le livreur est reparti,elle essaie quand même de deviner ce qu'il peut bien contenir, elle le tourne, le retourne, le secoue délicatement, Il n'émet aucun bruit et ...c'est bien son nom et son adresse qui figurent sur l'étiquette jaune pisseux qui occupe une bonne partie de la face supérieure du paquet.

Il n'est pas lourd, non plus, elle le manipule toujours doucement, ne se décidant toujours pas à l'ouvrir, elle ne détecte rien de suspect...

Elle s'empare de ses ciseaux et commence à décortiquer les bandes de scotch qui l'entoure complètement.Elle prend le temps de défaire l'emballage sans le déchirer. Apparaît alors une boîte ordinaire, en carton marron, sans signe distinctif. Elle défait délicatement le rabat du dessus et elle aperçoit des petits sacs plastique oblongs, aux coloris bruns, ocres : des petits sacs de sable!

Au fond du carton, juste ce petit mot:  « Pour t'aider à paser l'hiver et pour ta collection, des échantillons de sable des plages de Tahiti. »

Madame Suzanne sait maintenant que ce paquet lui était bien destiné, c'est un joli clin d'oeil de son amie qui est partie travailler à Tahiti et qui, à sa façon, lui envoie un peu de soleil!

22 novembre 2008

Garde à vue (Papistache)

— Le camion de livraison s’est arrêté juste devant l’entrée de la maisonnette de Madame Suzanne. De la fenêtre de mon bureau, au deuxième étage, j’ai une vue plongeante sur son petit jardin ainsi que sur le portillon. Elle a paru surprise, a parlementé un bon moment avec les deux employés en livrée verte et jaune. Les deux gaillards ont fini par déposer un gros carton sur son carré de pelouse à pissenlits. Ils ne sont pas entrés dans le logement.

Madame Suzanne a ouvert le carton avec les ciseaux qui ne quittent jamais la poche de son tablier. Elle est passionnée, plus que de raison, de patchwork et autre boutis. Elle a ôté, puis jeté sur le sol, une vilaine couverture verte qui devait protéger le contenu du colis.

Je n’ai pas vu ce qu’il y avait dessous. Il aurait fallu que je me penche au balcon et elle m’aurait aperçu. Entre voisins, il convient de rester discrets, non ? Ce qui m’a surpris, c’est quand je l’ai vue enjamber le carton et s’y installer. Oui, oui, à l’intérieur du carton. Elle a d’abord posé le pied droit, a levé la jambe gauche, et hop ! s’est assise au fond de la boîte. Elle semblait heureuse. Je l’ai même entendue rire. Un rire de jeune fille, ce qui est curieux pour une dame de quatre-vingt-deux ans.

Je l’ai regardée jouer. Oui, jouer ! Elle lançait des « tchous-tchous » comme une enfant qui se serait crue dans une locomotive. A un moment, elle a replié les rabats du carton par-dessus elle. C’était juste après que la couverture ait, d’elle-même, réintégré le carton. Je vous assure, monsieur le commissaire, la couverture a rampé lentement — au début je n’avais même pas remarqué qu’elle se déplaçait — et elle est retournée dans le carton. Par-dessus Madame Suzanne, oui, exactement. Il devait être 11 heures, 11 heures 15. L’ombre du grand peuplier avait disparu, toute la pelouse était ensoleillée. En cette saison, vous pourrez vérifier, c’est vers 11h heures, 11 heures 15.

Je l’entendais chantonner. On aurait dit une ritournelle de cour de récréation : « Un samedi soir, je dis-t-à ma mère, voulez-vous savoir le garçon que j’aime… »

Quand le camion de livraison s’est de nouveau arrêté sur le trottoir, j’ai arrêté de taper à la machine. Je suis écrivain, je vous l‘ai dit déjà ? n’est-ce pas ? Le portillon n’avait pas été refermé à clé. Une négligence inhabituelle.

Les deux livreurs ont scotché le carton et l’ont chargé dans leur bahut. Je suis descendu précipitamment. J’ai juste vu disparaître l’arrière de leur véhicule au coin de la rue. J’ai noté le nom de la société de transport : « SOLEIL VERT ».

— Monsieur l’écrivain, je ne suis pas sûr que madame la juge soit aussi bon public que vos lecteurs. Brigadier, emmenez-le !

22 novembre 2008

L’ambassadrice (Brigou)

Quelle surprise ce matin quand Madame Suzanne a découvert sur son palier de gros colis ? L’expéditeur lui était inconnu. Curieuse elle les a tout de suite ouverts. Une forte odeur se dégageait des paquets.

Chaque colis contenait des rouleaux de papier toilette avec le label « Nordique Environnemental ». Ils étaient soigneusement emballés et se déclinaient en différentes couleurs du vert flashy au rose fushia glamour.

Une note d’information expliquait que cette nouvelle gamme de papier toilette avait été recyclée et ne contenait aucun colorant nocif. Chaque rouleau décoré de motifs ou de textes embaumait de parfums divers : lavande, rose, bleuet…

Lorsque Monsieur Robert rentra du travail, il découvrit Madame Suzanne sagement assise en tailleur au beau milieu du salon, la tête émergeant des rouleaux de papier.

« Chéri, regardes ! on va pouvoir mettre de la couleur dans nos toilettes….

Et tu sais quoi ? je vais demander à devenir ambassadrice et organiser des réunions à la maison.

J’ai déjà trouvé le slogan : Votre petit coin devient un lieu de visite ».

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22 novembre 2008

Pétanque japonaise (Caro Carito)

 

Là, créchait cette illustre Madame

Au-dessus d’un rade de Paname.

Cette Suzanne qui avait avalé,

Au sortir d’un matin graisseux,

Un haïku tout cru, seul et malheureux

Ah ! Tout çà pour un colis mal adressé.

 

Velours et satin

Jeu de geisha  alanguie

Choc Choc  Aïe Aïe  Ah…. !!!

 

Moralité :

La curiosité est bien vilain défaut chez le bon peuple ; un bien mal acquis conduit parfois à des chemins inexplorés. Ainsi en est-il de Madame Suzanne, honnête femme et veuve estimée. Elle déflora l’écrin soyeux égaré en son meublé propret. Du brasier entrevu et ranimé, naquit une Suzie, qui chavira le vieux rade de la rue Merle et ses habitués avec ses mines et ses miaulements de chatte énamourée.

Ami lecteur, pourriez-vous m'aider...
En une phrase poétique, il faudrait faire allusion à la loi ou aux lois physiques qui sous-tendent ce duo de boules nipponnes.
D'avance merci de votre collaboration à la morale de la morale.

 
22 novembre 2008

Lucien - suite et fin (Val)

Le lendemain matin, après le petit-déjeuner que Lucien lui servit au lit, la vieille dame se dit qu'elle l'emmènerait au club de manille l'après midi, et que, pour sûr, il ferait illusion.

Non seulement Lucien trompa l'assemblée là-bas, mais en plus il fut d'une courtoisie parfaite avec les vieilles dames, qui s'arrachaient toutes sa compagnie.

Quelques jours passèrent et déjà il se disait dans le quartier que Madame Suzanne se baladait au bras d'un gigolo, un bel homme de vingt ans son cadet, payé certainement par les fortunés neveux de la vieille, qui devaient avoir des remords de la laisser mourir seule.

Madame Suzanne, bien sûr, avait écho de ces rumeurs, mais elle en riait de bon coeur. Elle n'y voyait que de la jalousie de la part des médisantes, toutes veuves ou au service d'un vieil époux râleur et defraîchis. Pour sûr, elles étaient toutes folles de son Lucien. D'ailleurs, elle redoublait d'imagination pour trouver de nouvelles occasions de sortir. Lucien lui portait ses commissions sur le marché, et l'emmenait danser chaque après-midi.

Son cadeau était décidément serviable au possible, et faisait tout pour lui être agréable. Non seulement il tenait la maison sans jamais se plaindre, mais en plus il lui apportait des fleurs chaque matin. Et le soir, après le diner, il lui prenait ses mains frêles et ridées, et lui murmurait des mots doux jusqu'à pas d'heure.

Madame Suzanne était conquise. Depuis que Lucien partageait son existence, elle avait vingt ans. Jamais son défunt mari, même avant leur mariage, n'avait été aussi prévenant et amoureux que son Factice Boy.

Lucien était là depuis une bonne semaine déjà, lorsque, vaincue et n'ayant surtout plus rien à cirer des convenances à son âge, Madame Suzanne le laissa franchir le seuil de sa chambre à coucher. Au matin, elle avait, non pas vingt, mais dix-huit ans. Elle le regardait s'habiller en se disant qu'il lui avait fallu attendre ses soixante-quinze ans pour connaitre CELA.

Définitivement, elle ne pourrait plus jamais se passer de son Lucien, qui, par son extrême gentillesse et son charisme incroyable, réussissait peu à peu à se faire accepter par le groupe du troisième âge du quartier. Aucune des rombières n'avait quelque chose à lui reprocher. Même les hommes, d'abord méfiants, s'accordaient à le trouver charmant.

Madame Suzanne revivait. Elle n'avait de cesse de se demander comment elle avait réussi à survivre autant d'années sans son Lucien.

Le drame se produisit un midi, alors qu'ils déjeunaient tous les deux, en s'échangeant des mots tendres comme à leur habitude. Lucien se mit soudain à bégayer, avant de s'effondrer sur sa chaise puis de s'écrouler à terre.

Madame Suzanne, paniquée, tenta tout pour le réanimer. Elle faillit même appeler les pompiers, avant de se rappeler que Lucien n'était pas un être humain. Elle prit son pouls une dernière fois, et le constat fut sans appel: le coeur de Lucien ne battait plus. Elle le traîna tant bien que mal jusqu'à leur chambre, et réussit, non sans peine, à l'étendre sur le lit. Dépitée, elle se coucha elle aussi, et s'endormit tout contre sa poitrine.

Sa voisine l'y trouva morte de chagrin le lendemain.

Se rappelant les recommandations du livreur, Madame Suzanne veillait particulièrement à l'alimentation de Lucien. Seulement, elle ne lui avait pas laissé le temps de préciser que seule une alimentation électrique rechargeait ses batteries.

Madame Suzanne était morte de n'avoir pas lu la notice de son factice Boy.

22 novembre 2008

Le Paquet - Janeczka

Le paquet a ete depose
Elle n'a rien entendu.
Suzanne decide pourtant de le garder,
Etonnee par son contenu.

Ne pouvant savoir
Si tout cela est fruit
Du hasard,
Elle examine le colis.

*     *     *

La reponse a une enigme
Antique se trouverait-elle
Vraiment dans ce paquet
Innocent qui repose
Entre ses mains?

22 novembre 2008

The Luck of the Irish. 6 (Joe Krapov)


[Ce texte fait suite à « The Luck of the Irish. 1 »]

Ici, le cahier manuscrit dans lequel « Mister Joe » rédigeait ses textes de slam
et ses historiettes polaroïdes présente à la postérité une inexplicable lacune.
En effet on ne trouve à la suite que la partie 6 du récit qui se conclut par le
mot fin. S’agissait-il d’une consigne d’atelier d’écriture avec mission donnée
aux écrivants ou à lui-même d’inventer « l’entre-deux » ? Le reste a-t-il été
tapé directement à la machine en raison de l’urgence à « pisser sa copie » pour
la rendre avant le vendredi soir au « Défi du samedi », le journal littéraire
dans lequel monsieur K. livrait ses feuilletons pléthoriques ? Peut-être les
épisodes 2 à 5 ont-ils été publiés dans la partie « textes libres » de la revue
Kaléïdoplumes, faisant ainsi dans le « cross-over » sous les applaudissements
de Mme Tisseuse ? Joe Krapov avait déjà publié là auparavant les dix épisodes
d’une saga d’été intitulée « Abbey road ». Ces épisodes manquants de The Luck of
the Irish, autre référence à une chanson de John Lennon cette fois, ont-il été
écrits seulement ?

Quoi qu’il en soit, nous vous livrons cet inédit du délirant poète rennais. Ce
texte n’a pas été retrouvé non plus dans le tome 2008 de ses œuvres complètes
intitulé « Joe Krapov écrit sous Fludex ». Le nom de ce produit ne laisse pas
d’ailleurs d’interroger les exégètes puisque personne ne sait plus à l’heure
actuelle ce qu’était cette substance sans doute illicite qui influait
visiblement sur la productivité des logorrhéiques saturniens prolixes. Un
diurétique peut-être ?

Finalement on a tous été invités au mariage de M. Casanova et de Mlle Ténorio.
Malgré son changement de statut social, Suzanne est restée elle-même. Qu’elle
soit devenue, en épousant ce camarade d’enfance, propriétaire d’un château dans
la Sarthe, d’un yacht à Cannes, d’un appartement à Paris et d’une villa dans le
Lubéron où elle réside désormais n’a en rien transformé son caractère un peu
abrupt de décoffrage qui cacha tout ce temps, sous des siestes fréquentes et des
aspects rugueux, un cœur qui ne demandait qu’à s’ouvrir.

Et quel humour elle a désormais ! Sur la photo de groupe du mariage que nous
avons punaisée dans le bureau de Martine Vingt-Trois à la place du portrait
d’Isaure Chassériau qui déplaisait tant au patron, les nouveaux mariés, 130 ans
à eux deux, avaient tenu à faire figurer en bonne place parmi les témoins la
poupée gonflable qui avait été à l’origine de leurs retrouvailles tardives et
hasardeuses. Bien sûr Véver Churennes avait un peu plombé l’ambiance quand il
avait chanté, après son récital de vieux rocks des années 60 le « Félicie aussi
» de Fernandel. Plomber, les joueurs de pétanque ne peuvent jamais s’en
empêcher. Pointer, les syndicalistes n’aiment pas et tirer, nous, si. Au cul !
De toute façon, Véver le lendemain des noces, il est resté sur le carreau,
ivre-mort toute la journée à cuver parmi les cigales. Heureusement, on ne
rentrait à Rennes que le lundi. On est restés bien copains avec les témoins du
marié, Jean-Emile et Camille qui tient un bistrot rue de Dinan, à côté de
l’église transformée en théâtre. On va parfois là-bas boire un coup en bande
pour avoir des nouvelles des tourtereaux qui, depuis, ont fait peindre leur
portrait sur le mur extérieur du 188bis. Un trompe-l’œil commémoratif que
personne, sauf nous, ne remarque.

Martine Vingt-Trois en reparlait encore en riant hier, de toute cette aventure
mirobolante, avec Mme Bellazzi, la secrétaire du service « contentieux et
mercato ».
- Ah pour sûr, on s’est bien amusés à cette noce ! Et cette Suzanne, quand même,
elle qui avait prévu de mourir l’année suivant son départ en retraite ! Ce
paquet fourvoyé, ça a été… une renaissance !
- Oui, bien sûr, mais moi, quand je reçois un paquet, maintenant, ça me fait
tout drôle ! Et même, vois-tu, Martine, hier, j’ai eu une sacrée frayeur en
ouvrant ma livraison du catalogue des « Trois cuisses » !
- Ah bon ? Et pourquoi ? Il y avait un olisbos dedans ?
- Martine, enfin, je t’en prie, un peu de tenue ! Je n’ai pas besoin de ça, moi
! Non. Pire ! Un kimono que je n’avais pas commandé !
- Un cadeau d’un milliardaire qui se souvenait de toi trente ans après !
- Penses-tu ! Une simple erreur ! De toute façon, avec la chance que j’ai, le
petit ami asiatique de quand j’avais dix-huit ans, il est sans doute devenu
sumo.
- Ah, lourd ! C’est vrai que ça refroidit parfois de voir comment les gens
qu’on a connus deviennent en vieillissant !
- Et tu m’imagines, moi, toute fluette, avec un sumo, en geisha ? Moi, rien que
d’y penser aux geishas, ça me fout les boules !

22 novembre 2008

Suzanne (Walrus)

- Une petite signature Madame...
- Mais... je n'attends aucun colis !
- Suzanne Lachaste, c'est bien vous ?
- En effet, mais...
- Ecoutez, moi, je livre, vous, vous signez, c'est pas dur ! Y a rien à payer...

Suzanne s'exécuta et se saisit du colis portant le sigle de la compagnie des eaux.
Le carton une fois ouvert se révéla contenir une pomme de douche, rutilante, hypermoderne, la toute grande classe !
Une pomme de douche et un billet d'accompagnement.

En substance, Suzanne apprit qu'elle avait été tirée au sort pour tester un pommeau de douche révolutionnaire. Outre que l'incorporation d'air au jet réduisait de moitié la consommation d'eau (d'où l'intérêt de la compagnie), le contact du jet tournant et pulsé produisait à fleur de peau des sensations délicieuses. On la priait donc d'en faire l'essai et patati et patata, vous connaissez la littérature commerciale.

Suzanne remplaça donc, au bout du flexible, son antique pommeau de douche par le nouveau.  Drôle d'idée se disait-elle, économiser l'eau, d'accord, mais ces prétendues sensations... enfin, essayons, qui sait ?

Dans l'appartement voisin, deux vieux sagouins postés devant un écran LCD de vingt-quatre pouces suivaient de leurs yeux chassieux l'inauguration de leur envoi.

- C'est quand même plus discret et moins fatiguant que les trous dans les murs...
- Oui, ces émetteurs et caméras miniatures sont de véritables bijoux !
- En fait de bijoux,  il n'y a pas qu'eux !
- T'as raison ! Enfin, du dessus, comme ça, on voit surtout les cheveux...
- Et le bout du nez...
- Et des seins...
- Ah, elle tend la main !
- Vas-y, empoigne la douchette !
- Allez Suzanne, allez Suzanne, allez !
- Ouais, au but, au but !
- Faudra quand même penser à remercier ton petit neveu Daniel, c'est un génie de l'électronique ce môme !

susan

22 novembre 2008

MADAME SUZANNE (Joye)

Madame Suzanne a gardé la boîte

Car elle était moîte.

La boîte, pas Suzanne.

C’est vrai, je fais l’âne.

Je recommence.

.

Madame Suzanne a gardé le colis

Qu’elle avait acquis

Mais comment ?

C’est vrai, c’est trop lent.

Je recommence.

.

Madame Suzanne a gardé le paquet

Mais quel caquet

Que ça provoquait !

Pardon ? Okay,

Je recommence :

.

Madame Suzanne n’a rien gardé

Comme quoi, rien ne va barder

Donc pas d’histoires

Blasphématoires

Et par paresse

Je laisse.

.

22 novembre 2008

BIZARRE ! VOUS AVEZ DIT BIZARRE ! (Martine27)


Madame Suzanne est bien embêtée.

Il y a un paquet sur son paillasson.

Or, elle n'a rien commandé et en plus le facteur ne monte jamais dans les étages.

En plus, il est bizarre ce paquet, il y a simplement l'adresse de l'immeuble et Madame S en destinataire.

Bon, à bien se creuser la tête, il n'y a qu'elle avec cette initiale ici.

Un cadeau surprise peut-être.

Elle le prend sous le bras et rentre chez elle.

Curieuse, elle commence par l'examiner sous toutes les coutures, mais rien, aucun indice ne vient l'éclairer sur l'expéditeur ou sur le contenu.

Alors, elle fait ce que tout le monde fait.

Elle le secoue.

"Aïe" braille le paquet

De saisissement Madame Suzanne laisse tomber le colis.

"Ouille, ouille, ouille" laisse échapper le sus-dit "pourriez pas faire attention, je suis fragile quand même".

"Vous êtes un pa pa qui pa pa" bredouille Madame Suzanne fixant avec horreur le paquet à ses pieds.

"Un quoi qui quoi" lui renvoie son nouveau compagnon.

"Un paquet qui parle"

"Ben oui, pouviez-pas le dire clairement la première fois" bougonne le paquet (si vous le voulez bien pour la suite du récit, histoire de ne pas me creuser la tête à trouver des synonymes au mot paquet, nous l'appellerons maintenant Paquet, avec un grand P)

"Mais, faut me comprendre c'est la première fois qu'un colis me parle !" s'indigne Madame Suzanne.

"Chez moi, les paquets parlent, les humains se taisent, voyez on est à égalité"

"A égalité ? Mais les paquets ne parlent pas !"

"Si, ils parlent la preuve"

"Non, ils ne parlent pas !"

"Si, ils parlent !"

"Non, ils ne parlent pas"

"Stop" braille Paquet toujours vautré par terre "on ne va pas continuer comme ça jusqu'à la fin du rouleau de papier kraft"

"La fin du rouleau de papier kraft ?"

"Ben oui, quoi jusqu'à la Saint Glin-Glin, si vous préférez"

"La Saint Glin-Glin"

"Et ho, vous avez fini de répéter ce que je dis, c'est lassant à la fin"

"Excusez-moi, mais c'est la première fois que…"

"Je sais" l'interrompt Paquet "c'est la première fois que vous parlez à un paquet parlant, j'ai compris l'idée, c'est bon, arrêtez de radoter".

"Désolée, mais c'est drôlement perturbant de parler à … Euh, bref, vous faites quoi ici au juste ?"

"J'étudie" répond doctement Paquet.

"Vous étudiez quoi, si ce n'est pas indiscret"

"Les hommes et leurs coutumes bien sûr"

"Et vous êtes sûrs que de leur flanquer la frousse ça va aider pour votre étude, et vous venez d'où et vous en venez comment d'ailleurs"

"Oh, oh, ça fait beaucoup de questions tout ça. Je viens d'une dimension parallèle. Comment ? Pas la peine de vous le dire, je sens bien que vous n'y comprendriez rien. Et pourquoi ? Pour voir si votre monde traite bien les paquets. Mais manifestement par ici, vos colis ont la tête vide, pas de coopération possible entre eux et non, dommage"

Pendant toute la péroraison de Paquet, Madame Suzanne n'a pas arrêté de le regarder d'un regard suspicieux.

Brusquement, elle le ramasse et se dirige vers la sortie.

"Eh vous allez où là ?"

"Ca ne vous regarde pas !"

"Ah, non je vous vois venir vous voulez me balancer à la poubelle, pas question. De toutes façons même si vous le faites je reviendrai, alors pas la peine de vous fatiguer".

Madame Suzanne s'arrête et pose Paquet sur la table de la cuisine.

"Vous bricolez quoi là ?" interroge Paquet un rien inquiet.

"C'est une blague, ça y est j'ai compris. En réalité, il y a un talkie walkie planqué là dedans et à l'autre bout des gosses qui se fichent de ma pomme ! C'est ça, hein sales mômes !" Madame Suzanne est hors d'elle ! Elle attrape de grands ciseaux et se dirige d'un pas menaçant vers Paquet.

"Non, non, je vous assure je viens bien d'une autre dimension, ne faites pas ça vous vous en mordriez les doigts"

"M'en fiche, faut pas me prendre pour une pomme"

Et vlan, de grands coups de ciseaux dans le ruban adhésif et dans le papier.

Et, ET

PAF, ZOU, BANG.

"Ah, voilà c'est malin ! Je vous avais dit de ne pas le faire" maugrée Paquet

"On est où là ?" demande Madame Suzanne d'une toute petite voix "Je ne vois rien"

"Où on est, entre nos deux mondes, voilà où on est grâce à vous, et ça va pas être coton de rentrer à la maison, je vous le dis moi ! Vous n'avez rien de trop urgent à faire j'espère ! Parce que là, on va devoir attendre que le Grand Facteur s'occupe de nous et pour savoir où on se situe sur sa tournée c'est une autre paire de manches"

"Et on fait quoi en attendant ?" s'inquiète Madame Suzanne.

"Et si on faisait vraiment connaissance ?" propose Paquet d'une voix guillerette.

"Oh non" gémit Madame Suzanne "coincée je ne sais où, pour je ne sais combien de temps, avec un paquet bizarre et bavard, pauvre de moi !"

"Bon, je commence. Alors voilà je suis né ….

 

22 novembre 2008

Le dilemme de Madame Suzanne (Poupoune)


 

Comme chaque vendredi, Madame Suzanne supervise le travail de la femme de ménage. Non pas que cette dernière ait besoin qu’on lui apprenne son métier, mais Madame Suzanne a comme personne le don de repérer le détail qui cloche. Son établissement a une réputation à tenir et il n’est pas question qu’une négligence vienne la ternir. Donc chambre après chambre, tout au long des couloirs, à chaque étage, dans chaque cabinet de toilette et bien évidemment jusque sous chaque lit, Madame Suzanne veille à ce que tout soit parfaitement propre et en ordre avant que n’arrive la clientèle du week-end.

Ce rituel du vendredi touche à sa fin quand la sonnette de la porte d’entrée retentit. Trop tôt pour les clients. Madame Suzanne jette un œil par la fenêtre. C’est un livreur. Elle n’attend rien et ne fait que rarement livrer ses commandes à cette adresse : à part le vendredi pour le grand ménage, il n’y a jamais personne ici avant que le soleil ne commence à décliner…

Le temps qu’elle descende le grand escalier en prenant soin de ne pas laisser de traces sur la rampe fraîchement cirée, le livreur est parti, laissant sur le pas de la porte un colis ne portant aucune autre indication que le mot « urgent » en grosses lettres rouges…

 

Intriguée mais peu désireuse de s’attirer des ennuis, Madame Suzanne regarde longuement le paquet, se demandant ce que cette livraison étrange peut bien signifier… Dans la branche de Madame Suzanne, on n’aime pas les surprises. Elle ne sait que penser quand Lucette, la femme de ménage, la tire de ses réflexions en lui demandant si elle peut partir. Elle peut. Madame Suzanne décide alors de prendre le paquet et de rentrer. Elle le pose sur la table de la cuisine mais ne l’ouvre pas. Il lui reste à vérifier qu’aucun verre n’est ébréché, aucune tasse fêlée. Qu’il y a ce qu’il faut d’alcool, de thé pour les plus sages et quelques fruits pour l’image… Allez savoir pourquoi : croquer un fruit quand ils viennent ici semble être le summum de la distinction et de l’élégance aux yeux de la plupart des clients…

 

Une fois son inspection terminée, Madame Suzanne s’intéresse de nouveau à ce drôle de colis urgent. De la taille d’une petite boite à chaussures, il n’est ni lourd ni léger, fait un peu de bruit quand on le secoue et n’a pas encore explosé. Un signe assez encourageant pour que Madame Suzanne se décide à l’ouvrir. Délicatement elle décolle le scotch en essayant de ne pas déchirer le papier, sort la boite de sa robe de kraft et soulève son couvercle. Un anneau, une alliance peut-être. Grande. Celle d’un homme sans doute. Et une cassette vidéo. Pas de lettre, pas de carte de visite, pas de signature. Madame Suzanne se doute que tout ça n’amènera rien de bon, mais que peut-elle faire ? Elle se rend dans le petit bureau attenant à la cuisine, ouvre le buffet dans lequel sont rangés sa petite télévision et son magnétoscope et elle regarde la cassette.

 

Un homme cagoulé, une voix déformée, une menace non voilée : « Nous avons votre mari. Payez ou vous ne le reverrez pas vivant. » Et l’image qui se déplace sur un autre homme, nu, visiblement terrifié, les yeux bandés, les mains attachées. Suivent les consignes : où, quand, combien, comment et l’inévitable « N’appelez pas la police »…

 

Rien de bon. Madame Suzanne le savait. Elle visionne de nouveau la bande. Puis encore une fois. Madame Suzanne est perplexe. Madame Suzanne n’est pas mariée. Elle ne l’a jamais été. Pourtant cet homme affolé… Malgré le bandeau sur les yeux et la bouche déformée par les cris… Elle regarde encore la courte séquence… Et encore. Et finit par le reconnaître.

 

Le voisin.

 

Madame Suzanne n’a pas pour habitude de juger les gens. Dans son métier, on ne juge pas. Une règle d’or. Mais ce voisin… Sans doute ni pire ni meilleur que la plupart des autres, il est loin d’être le seul à venir ici avec une alliance au doigt, mais il est le seul à être… un voisin.

Cet inconnu-là, elles le connaissent toutes, Madame Suzanne et les filles. Elles le croisent quand elles arrivent, elles le saluent de la tête au petit matin quand elles rentrent chez elles à l’heure où il part au travail. Elles saluent son épouse. Sa jeune et jolie épouse. Sa jeune et jolie épouse enceinte qui ne sait sans doute pas que plus son ventre s’arrondit plus son mari passe de temps chez les voisines. Ni Madame Suzanne ni les filles n’aiment cette situation. Savoir que l’épouse existe est une chose, la saluer et la trouver sympathique en est une autre. Et voilà que le voisin est aux mains de ravisseurs pas futés qui ont livré la demande de rançon à la mauvaise adresse. 

 

Madame Suzanne est perplexe. Que faire de cette vidéo ?

 

Aller trouver la jeune et jolie épouse ? Lui expliquer comment elle a reconnu son mari grâce à cette drôle de tâche de naissance qu’il a au-dessus du pénis et dont toutes les filles parlent pendant leurs pauses ? Impossible. Madame Suzanne n’a pas pour habitude de divulguer le nom de ses clients. Surtout pas à leurs épouses. Dans son métier, on ne parle pas. Une autre règle d’or. Et la jeune épouse n’a vraiment pas besoin de savoir. Surtout dans son état.

 

Aller trouver la police ? Pas question. La seule flicaille tolérée dans la vie de Madame Suzanne est celle qui vient ici en payant et en croisant les doigts pour que la réputation de discrétion de l’établissement ne soit pas usurpée.

 

Payer ? Pour ce sale type qui vient s’envoyer en l’air presque sous le nez de sa femme deux fois par semaine ? Vu la maison et la garde-robe de la jeune et jolie épouse, il doit avoir beaucoup plus d’argent que Madame Suzanne… Ce qui ne l’empêche pas d’être un sacré radin, un mauvais payeur : toujours à essayer de se faire offrir les suppléments… Non, pas question de payer pour un type comme ça.

 

Madame Suzanne est perplexe. Elle envisage toutes les options. Les évalue. Pèse le pour et le contre. Réfléchit. Et Madame Suzanne décide ce qu’elle va faire.

 

Le lendemain, Madame Suzanne se dirige d’un pas alerte vers le kiosque à musique du parc. Elle porte un sac de sport noir qu’elle dépose doucement dans la troisième poubelle de l’allée centrale à 9 heures tapantes. Elle quitte le parc sans un regard en arrière et retourne au bordel.

 

Elle n’a rien à y faire mais c’est là qu’elle souhaite attendre et surveiller.

 

La jeune et jolie épouse n’a pas l’air perturbée. Quand la police vient la voir le lendemain, elle vacille légèrement. Elle a une petite mine chiffonnée pendant quelques jours. Juste quelques jours. Et puis la vie reprend son cours. Elle dilapide avec application et un plaisir évident le bel héritage de feu son mari.

 

Madame Suzanne se dit qu’à sa place, la jeune et jolie épouse n’aurait peut-être pas payé non plus. Elle se dit qu’elle a bien fait d’envoyer ce message aux ravisseurs.

 « Gardez-le ».

 

22 novembre 2008

Le mystère reste entier (Teb)

 

Madame Suzanne ne commandait jamais rien…

D’ailleurs, Madame Suzanne n’avait jamais envie de rien…

Madame Suzanne ne recevait jamais de courrier…

De toute façon… elle n’écrivait jamais non plus !!!

Madame Suzanne ne connaissait personne…

Faut dire qu’elle « n’aimait pas les gens » !!!

 

Aussi, quand le livreur UPPB sonna à sa porte ce matin là, Madame Suzanne ne sut quoi faire.

Pour se débarrasser du livreur, elle prit le paquet, signa le bon, rentra chez elle en haussant les épaules, posa l’objet sur sa table ce cuisine, et… retourna écosser ses petits pois.

Une cosse, un regard en coin sur le paquet…

Une cosse, un regard en coin sur le paquet…

Puis elle les prépara… s’arrangeant pour frôler l’objet à chaque tour de table…

Juste avant le fromage… elle n’y tint plus !!!

Se jeta sur le paquet,

…déchira le papier,

…détripa le carton,

…arracha le papier à bulles…

Un album… Un album photo !!!

Mais… ce bébé, dans les bras de sa grand-mère… c’est elle !!! Elle se souvient de cette grand-mère, partie trop vite, qui lui a appris à se servir de sa main droite, à cuisiner, tricoter ou reconnaitre un oignon de tulipe d’un autre, comestible ;-))

 Photo1

Elle tourne les pages…

Ces deux gamines souriantes et pleines de malice… elle et sa copine !!! Que de bons moments vécus ensemble… Que de bêtises… Que de confidences…

 Photo_2

Un peu plus loin…

Oh… et ce grand garçon au sourire ravageur… son premier amour… Tiens… Qu’est-il donc devenu ???

 

Plongée dans ses souvenirs, elle en oublie son fromage…

Et… mais c’est une photo de classe … sa toute première… quelques noms lui reviennent… Oh, cette Anne, si douce… Ce Petit Pierre, fieffé coquin, pour qui elle a gardé… tant de tendresse… sa première « crapule » !!!


Au rythme de ces découvertes, son cœur, tel une éponge sèche, s’imbibe petit à petit de cette tendresse retrouvée… Un sourire arrive même à se poser sur ses lèvres si tristes…

Dernière page…

Mais c’est elle … maintenant… tendrement appuyée contre … contre qui ??? Impossible d’identifier ce personnage sans nul doute nouveau pour elle…

 

Alors, dans ce cœur qui vient de redécouvrir les sentiments… s’insinue l’espoir, qui, pourtant, l’avait abandonnée depuis tant d’années…

Laissant tout en plan sur la table… elle empoigne son sac à main… direction : le salon de coiffure…

Aujourd’hui est le premier jour du reste de sa vie !!!

Nooonnnn mais !!!

22 novembre 2008

Une belle surprise... (MAP)

Oui, je l’avoue,
   le jour où la porteuse de colis a fait une erreur
      j’ai bien eu envie de ne rien dire et de garder
         la belle surprise
            qu’elle m’avait apportée !
               Mais en lisant l’adresse
                  qui s’était un peu effacée,
                     je reconnus le nom de ma voisine de palier.
                        Je savais qu’elle avait passé sa commande
                           depuis plusieurs mois …
                              Je ne pouvais pas lui faire ça …

 

 

Qu’en pensez-vous ?

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.

 

Cadeau

 

MAP

22 novembre 2008

Le paquet (rsylvie)

" le paquet .. ... "

à la vue du message écrit sur l’emballage, elle a bien une petite idée derrière la tête notre Suzanne.

Pensez donc, la romantique petite fleur qui sommeille au fond de son coeur, ne pouvait rêver mieux….

Elle imagine déjà de longues promenades sur la Venise verte…

Le clapôti des vagues, berce son esprit

alangui par le charme naturel du lieu. Sa main caresse le cours de l’onde

formant de délicates figures se perdant par delà l’infini bleuté.

Ses yeux tournés vers l’amour de sa vie,

ne voient que lui. Ses muscles saillants, à chaque coup de rames

décuplent la virilité d’une silhouette

qui la fait frémir du désir de s’y blottir.

Tendrement elle s’approche. La complicité qui les unit

opère instantanément. Pas besoin de parole.

Elle l’aime, il le sait,,,,, et au fil de l’eau, l’amour fait le reste.

Tout à ses pensées, Suzanne déballe le précieux carton.

Elle déchire le papier, quand son regard tombe sur une photo.

L’idée en elle-même, l’avait bien quelque peu étonnée, mais sa surprise est de taille.

D’un sourire malicieux

elle pense à son amoureux et part dans un fou rire joyeux.
rsylvie

22 novembre 2008

Lucien - Partie 1 (Val)

Lorsque le livreur avait déposé le grand colis d'un mètre quatre-vingts sur le seuil de sa porte, Madame Suzanne avait protesté: "Mais, jeune homme, moi je n'ai rien commandé du tout!".

Le livreur avait alors insisté, affirmant que les neveux de la vieille dame, ne pouvant pas se déplacer pour son anniversaire, lui avaient ordonné de lui remettre le Factice Boy, série limitée Force de l'âge de chez "Plus vrai que nature".

Emue aux larmes que ses ingrats neveux, toujours trop occupés pour lui rendre visite, aient, pour une fois, pensé à son anniversaire, Madame Suzanne accepta le colis.

Le jeune homme ouvrit alors le carton et lui posa le Factice Boy en plein milieu de sa cuisine. Madame Suzanne, du haut de son mètre cinquante-huit, fut très impressionnée par son cadeau, planté là près de la table, raide comme un piquet.

Elle s'offusqua quand le livreur, avant de prendre congé, lui recommanda de bien penser à alimenter son Factice Boy régulièrement, afin qu'il puisse "recharger ses batteries".

Pour qui la prenait-elle, enfin? Elle qui n'avait jamais laissé l'un de ses canaris mourir de faim !

Elle signa le reçu et poussa le jeune homme vers la sortie, très impatiente de se retrouver en tête à tête avec son Factice Boy.

Il était à peine sorti que, n'y tenant plus, elle appuya sur le bouton ON, et son Factice Boy lui sourit, se dirigea vers l'évier et entreprit de faire la vaisselle.

Madame Suzanne, très intriguée par ce bel homme distingué aux cheveux grisonnants, à l'allure sportive, à l'habit impeccable et au sourire plus blanc que blanc, ne pouvait s'empêcher de lui tourner autour pour mieux satisfaire sa curiosité.

La vaisselle terminée, son cadeau d'anniversaire mit le couvert, et tira une chaise pour inviter sa propriétaire à s'asseoir. Perplexe, elle s'exécuta, et il lui servit le déjeuner, sourire aux lèvres.

Pendant le repas, elle eut une très agréable surprise: non seulement le Factice Boy était doué de parole, mais en plus il savait tenir une conversation. C'était même un très agréable interlocuteur, érudit, intelligent, sensible et charmeur, de surcroit.

Les joues en feu, la petite dame se demanda depuis combien d'années aucun homme ne lui avait fait du charme. Elle en était toute retournée.

L'après-midi passa tranquillement. Madame Suzanne eut tout le loisir de constater que son Factice Boy, qu'elle avait choisi d'appeler Lucien, rapport à son premier amour, savait jouer aux cartes, excellait au Scrabble et se montrait imbattable aux échecs.

Le soir venu, elle l'installa dans la chambre d'amis, bien décidée à le garder chez elle. Décidément, ils avaient eu une très bonne idée, ses ingrats neveux. Sûr que Lucien, c'était autre chose qu'un chat ou un chien pour tromper la solitude !

Suite et fin à 12H

22 novembre 2008

The Luck of the Irish. 1 (Joe Krapov)


Deux étages, ça allait encore pour une sexagénaire qui s’entretient en
fréquentant les ateliers de danse du Cercle celtique de la ferme de la Harpe. En
haut de l’escalier, sur le seuil de la porte, il y avait un gros paquet. Madame
Suzanne posa son petit panier empli de commissions, sortit ses clés, ouvrit et
installa tout ça dans son petit logis du 188 bis de la rue de Brest, à Rennes,
où elle avait emménagé l’année dernière.

Elle déposa ses courses sur la table de la cuisine et retourna dans le salon
déballer la pochette-surprise qu’elle n’attendait du reste pas. A peine le
paquet fut-il ouvert qu’elle pensa « C’est Noël ! ». Sur le dessus, il y avait
trois robes irlandaises, brodées de magnifiques motifs celtiques, véritable
nœuds de vipères d’entrelacs et de couleurs vives, ravissement pour l’œil et
douceurs de velours pour le toucher. Elle alla se contempler avec l’une d’elle
plaquée sur son corps dans la glace de l’armoire. Elle semblait déjà lui aller à
merveille.Elle l’enfilerait tout à l’heure pour le vérifier mais se demandait
bien pour l’instant qui avait pu lui faire ce cadeau fantastique atterrissant en
plein dans le milieu de sa passion de toujours pour l’Irlande.

En soulevant les deux autres robes, sa surprise grandit encore. Elle trouva des
collants noirs, des chaussures de « tap-dance » et une perruque rousse mais
tirant plutôt sur l’auburn, faite de faux cheveux d’une longueur incroyable,
tout en soyosité et en ondulations au point qu’elle eût pu se demander si ce
n’était pas là une vraie chevelure. Dans le fond du colis restait un amas
informe de plastique, qu’elle prit pour du rembourrage et puis qui lui sembla
être un matelas pneumatique. Pour son amour de la sieste ? Elle se promit d’y
revenir mais pas avant d’avoir essayé ce superbe déguisement.

A 65 ans, Suzanne Ténorio était toujours demoiselle. Enfin, on supposait. Ou
plutôt, pour respecter la langue ou ne pas respecter la nôtre, de langue, on
supputait. Pas mariée, en tout cas. Avant de partir en retraite elle avait
travaillé avec nous longtemps dans l’entreprise de fabrication de mobilier «
Carcopino K-Teck ». C’était la secrétaire du big boss avant que Martine
Vingt-Trois n’arrive et ne la remplace, non par intrigue, faveur ou quoi que ce
soit mais bien pour mettre un terme à l’énervement perpétuel du père Carcopino
face à la zénitude molle de mademoiselle Ténorio. Que Suzanne fût encore
demoiselle à l’approche de la retraite n’avait joué en rien dans les fureurs à
répétition de M. Francis. Mais qu’elle piquât des roupillons à l’intérieur de
son bureau vitré, pendant les réunions du Conseil d’administration ou même
pendant le traditionnel repas de fin d’année offert à tout le personnel ne
laissait indifférent personne. A l’arrivée de Martine, Suzanne avait été mutée
au service des archives où officiait déjà M. Lamoule, le si terriblement bien
nommé. Lui ne faisait que bâiller du soir au matin ! Qu’est-ce qu’ils ont pu
nous faire rire, ces deux là ! Tout le monde ici se souvenait encore du petit
mot mis par le magasinier Churennes, Hervé qu’on appelait Véver à cause de son
homonyme de « Caméra café », sur la vitre de Suzanne un beau jour qu’elle
ronflait dans son box vitré derrière son Underwood : « Ne réveillez pas le
poisson qui dort dans son bocal !».

Quelle surprise cela avait été, lors du récent pot de départ de M. Moneyron, de
voir revenir Suzanne transfigurée, rajeunie, pleine de vitalité mais, chose plus
incroyable encore, le bras en écharpe. Elle avait repris la danse bretonne au
Cercle celtique et eu « un accident de gavotte » ! Elle était ce jour là la
contradiction vivante de la thèse soutenue par un étudiant de Rennes 2 sur le
sujet des « phénomènes de fossilisation dans les entreprises de la route du
meuble du côté plus La Mézières que Rennes ».

Pour le moment, son rajeunissement l’avait amenée à se travestir immédiatement,
enfilant les collants, la robe irlandaise, les chaussons et la perruque. Plantée
devant le miroir, elle était la plus belle, elle se retrouvait comme à vingt
ans. Elle se promit d’inviter très vite Marie-Jeanne et Marie-Paule, ses copines
du Cercle, à se joindre à elle pour s’adonner à la joie de tricoter des
gambettes sur la musique des Chieftains tout en gardant le haut du corps et le
visage dans les nimbes parfaits de l’immobilité.

Restaient deux choses à faire, par lesquelles elle eût du commencer, mais les
natives du bélier, qui tirent d’abord et réfléchissent après, ont toujours
tendance à faire tout dans le désordre : vider le reste du paquet et récupérer
l’adresse du père Noël pour le remercier. Suzanne fit les deux d’un seul coup :
elle renversa le carton, le matelas tomba, elle vit l’étiquette et son humeur,
alors, changea du tout au tout.

L’expéditeur s’appelait « Les portes du paradis », il y avait une adresse « 33
rue d’Echange 35000 Rennes ». Quant au destinataire du paquet, ce n’était pas
elle ! Nulle part ne figurait le nom de Suzanne Ténorio mais celui d’un « M.
Jacques-Henri Casanova , 188 bis, rue de Brest, 2e étage, 35000 RENNES » avec
l’indication manuscrite « monter car il est un peu sourd ».

Bien qu’il n’y eût personne dans la pièce pour l’observer, elle se sentit rougir
de confusion, de bêtise, en colère totale contre elle-même. Il allait falloir se
déshabiller, refaire le colis, remettre du scotch et s’en aller rechercher le
destinataire ! Elle en aurait pleuré ! Une chose était sûre : il n’y avait pas
de Casanova dans l’immeuble et il lui faudrait enquêter, savoir s’il y avait
erreur sur le n°, aller à la poste déjà…

Complètement abasourdie, oubliant qu’elle était encore en tenue folklorique,
elle alla ranger ses victuailles restées en plan dans la cuisine, ranger les
bouteilles dans le frigo et les oignons dans le placard. Comme elle se baissait
pour poser le filet dans la caisse du bas, elle aperçut au-dessus, rangé là « à
la Martine23 », son matériel de camping. Tant qu’à faire d’aller jusqu’au bout
dans l’erreur, elle s’y enfoncerait ! Elle saisit le gonfleur et alla connecter
son embout au matelas informe tombé dans le séjour.

De taper du pied en cadence, le regard dans le vide, songeant à la stratégie à
développer pour se réenthousiasmer, elle se rasséréna, se mit à sourire de sa
mésaventure et bientôt à en rire carrément. Et elle finit même par éclater tout
à fait en constatant que sur le sol de son salon, à deux pas de son pied droit,
ce n’était pas un matelas qui lui souriait niaisement mais bel et bien… une
poupée gonflable !

Une poupée gonflable dépourvue d’orifices et dont le visage lui rappelait
curieusement… celui qu’elle présentait au monde avec fierté, quand elle était
âgée de dix-huit ans et qu’elle avait elle-même de longs cheveux ondulés qui lui
tombaient jusques au bas du dos.

portesparadis

16 novembre 2008

In the box

caisseWalrus ; Joye ; Martine 27 ; Poupoune ; Teb ; MAP ; rsylvie ; Jaqlin ; Papistache ; Brigou ; Caro Carito ; Val ; Joe Krapov ; Janeczka ;

16 novembre 2008

Défi #36

defi36

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