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Le défi du samedi
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12 novembre 2016

Souvenirs (Thérèse)


La maison familiale, c’est une atmosphère particulière qui m’accueille à chaque fois et où reviennent en cascades des résurgences du passé qui remontent à la surface.

Revoilà le jardin avec ses lignes de légumes bien ordonnés comme toujours. Le jardin, c’est l’espace de liberté. C’est un souffle d’air pur qui vient t’aspirer et t’englobe dans une bulle de bien-être et de paix.

Petite fille, je m’imaginais cheval sauvage galopant et je courais éperdue dans l’allée, de la cour jusqu’au bout du jardin, cette parcelle d’herbes sauvages qu’on nommait la pâture. Elle est d’ailleurs toujours là. L’été, Papa la coupait à la faux pour en faire du foin qu’on retournait patiemment jusqu’à ce qu’il soit bien sec. On engrangeait ensuite les bottes confectionnées dans le vieux grenier, en prévision pour la nourriture des lapins.

Et puis il fallait ramasser les pommes de terre qu’on étalait ensuite à l’abri pour les laisser sécher avant de les trier.
Combien j’ai passé d’heures à arracher les mauvaises herbes… J’aurais pu y rester des jours entiers, les mains dans la terre. Je faisais partie de la terre, j’étais la terre, cette terre noire que Papa déplorait toujours d’être trop pauvre, trop sèche mais qui me semblait si douce sous les doigts. Oui, il me semblait qu’elle faisait partie de moi.

L’été, armées de timbales et de longs bâtons munis d’un crochet, nous partions avec maman pour de longues excursions, dans les prés et les chemins de terre, pour traquer et déloger les délicieuses mûres sauvages dans les haies. Il fallait alors rivaliser d’adresse pour atteindre les plus hautes, les plus belles, les plus inaccessibles au parfum incomparable, celles qui se cachaient derrière les épines sournoises.
Nous admirions au passage les jolies épeires, ces arachnides aux couleurs variées qui attendaient, attentives et patientes, au milieu de leurs toiles tendues, espérant quelque insecte pour leur repas. Bizarrement, malgré ma phobie des araignées, celles-ci ne me faisaient pas peur. Au contraire je m’émerveillais devant les motifs inattendus qui les recouvraient. J’étais fascinée par leurs couleurs délicates, certaines ressemblant même à de petits bijoux confectionnés en perles.
Nous revenions, nos timbales remplies à ras-bord, les doigts rougis de notre cueillette sucrée, et le sourire aux lèvres, à la pensée des promesses de confitures, de tartes et de glaces parfumées.

Une fois l’automne et le froid revenus, nous attendions que les champs de maïs soient coupés et repartions de plus belle pour de longues escapades, à la recherche des épis oubliés. Il fallait faire vite, avant que le champ ne soit labouré, perdant ainsi à jamais les trésors qui y restaient enfouis.
Le mieux était de repérer tout d’abord les longues tiges couchées qui avaient échappé à la moissonneuse. Ensuite il suffisait de récupérer les épis qui restaient encore attachés. Pourtant nous étions bien souvent trompées par des enveloppes vides. Aussi, j’avais appris à tâter d’abord du bout du pied pour m’assurer de la présence des grains cachés sous les feuilles.
Parfois, ignorant les bouquets de tiges malmenées qui s’étaient couchées sur le sol argileux, je préférais marcher, tête baissée, le long des éteules piquantes pour rechercher le maïs dissimulé à demi dans la terre glaise. J’aimais ces longues marches à travers les champs, avec pour tout horizon le ciel à l’infini et les terres à perte de vue.
Nous repartions harassées mais heureuses, nos sacs remplis d’épis dorés qu’il faudrait ensuite ouvrir, faire sécher et égrener pour les lapins et pour les poules.

Le soir, une fois le souper terminé et la vaisselle faite, on s’installait tous pour lire chacun un livre. Mais mon plus grand bonheur, c’était d’attendre patiemment, avec Maman, la diffusion souvent très tardive, à la télévision, du film par excellence, celui qui nous récompensait de notre travail de toute la journée : le film de Science-fiction. Rien ne me faisait plus plaisir que cette attente fiévreuse en douce connivence.

Tous ces souvenirs, me direz-vous, sont une accumulation de travaux mais, pour moi, c'était surtout une source de plaisir partagé, tant pour l'entraide à nos parents que pour la satisfaction du travail accompli. Et aussi, comment rester insensible à cet air si pur de nos campagnes d'antan...

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5 novembre 2016

Chrysalide (Thérèse)


Femme contemple son enfant
Qu’elle a chéri sa vie durant.
La mère regarde cet enfant
Qui n’en est plus un tout à fait
Et semble à présent la défier
Du haut de ses presque douze ans.
Et dans son cœur s’ouvre une plaie
Et des larmes lui viennent aux yeux.
Enfant douceur, enfant caresse
Se transforme soudain méchamment
Et ses reproches sont
Comme un coup de poignard dans le cœur.
Petit homme souffre de n’être que transition,
Pas encore sorti de l’enfance
Et presque rentré chez les « grands ».
Petit homme a si mal et si peur dans sa tête.
Que c’est donc difficile de grandir
Et que ça fait mal cet arrachement de soi !
Petit homme un jour s’en ira,
Solitude le remplacera.

29 octobre 2016

Sachs (Thérèse)


Nous avions perdu depuis peu notre belle "Gypsie", une croisée Labrador-Groenendael et j'avais trop de chagrin pour penser adopter un nouveau chien. Cependant le destin en décida autrement.

Ma belle-sœur, atteinte d'une leucémie, venait de nous quitter à l'âge de 28 ans en laissant son fils et son ami, complètement désemparés. Celui-ci appela un jour mon mari pour lui dire en ces termes : « Tu veux un chien ? Je me débarrasse du mien. Je n'ai pas le temps de m'en occuper. Si tu n'en veux pas, je lui fous un coup de fusil. »
La question était réglée : nous ne pouvions pas laisser commettre un pareil acte. Enfermé dans un étroit chenil, le chien vivait dans ses déjections, à tourner en rond continuellement. Nous avons d'ailleurs dû le laver à plusieurs reprises pour le rendre plus présentable.
C'était un grand Labrador noir qui avait pour nom Sachs. Je me suis dit « Quelle drôle de nom ! », mais nous n'allions pas le changer, il avait déjà un an passé.

A l'époque nous entretenions notre jardin dans des plates-bandes de légumes bien ordonnées et quand je me mettais à en désherber les routes il me suivait, tout heureux. Je lui avais appris à rester dans l'allée pour qu'il ne vienne pas piétiner dans les semis. Pourtant, quand il me voyait, le dos courbé, arracher les mauvaises herbes, il ne pouvait s'empêcher de venir à mes côtés pour gratter la terre. J'avais l'impression qu'il me disait « Tu vois, je t'aide ! »

L'été, c'était vraiment trop drôle. Quand je cueillais les cerises, il fallait que je fasse attention car il me rejoignait pour attraper les grappes sur les branches basses. Ensuite, consciencieusement, il se délectait avec, allant même jusqu'à croquer les noyaux.
Pour les groseilles, les prunes et ensuite les pommes, il recommençait son manège à chaque fois. Tant que je ne me préoccupais pas de leur cueillette, il ne s'y intéressait pas outre mesure. Il suffisait que j'en commence la récolte pour qu'il vienne… m'aider. Oui les groseilles et aussi les framboises, je m'en souviens encore aujourd'hui. Il fallait le voir grappiller ces minuscules fruits en les prenant délicatement du bout des dents… Je me dis maintenant que j'aurais dû prendre des photos à l'époque tellement c'était drôle.

Ce chien était extraordinaire. Il mangeait tout et n'importe quoi. Quand l'heure venait d'arracher les légumes, il fallait que je le surveille du coin de l’œil pour qu'il ne disperse pas notre récolte à travers tout le potager. Quand il me voyait faire, la bêche à la main, il venait près de moi, attendait patiemment et hop, se dépêchait de commettre son larcin.  Combien de fois l'ai-je surpris à me voler une carotte ou un poireau fraîchement sortis de terre ! Combien de fois l'ai-je réprimandé pour une touffe d’échalotes dérobée ! Mais aussi combien de fois j'ai pu rire de le contempler en train de déchiqueter un oignon ou le dit poireau et finalement de le manger ! Quand il s'agissait des pommes de terre, il lui arrivait de venir tirer sur la tige alors que je soulevais le pied avec la fourche-bêche. Ou bien il dégrattait comme un fou à la recherche de pommes de terre oubliées dans le sol.

Ce n'est que quelques années plus tard que j'ai appris un fait bien étrange sur la vie de ce chien. Sa première maîtresse s'étant suicidée, il avait été donné à ma belle-sœur. Elle-même, à son tour, étant décédée, ce fut donc mon mari qui le récupéra. Trois ans plus tard, il mourait lui aussi des suites d'une longue maladie. Trois maîtres, trois décès…

Ce chien, je l'ai aimé jusqu'à ce jour funeste où j'ai dû faire en sorte d'abréger ses souffrances. Il allait avoir quatorze ans.

22 octobre 2016

Tata Mi (Thérèse)


Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours vu des boîtes remplies de boutons dans les tiroirs de la commode chez Maman. Des noirs, des blancs, des gaufrés, des striés, des nacrés... Elle a même poussé le luxe à assembler certains d'entre eux par un fil ou un brin de laine pour qu'ils ne se perdent pas au milieu de leurs congénères. Héritage d'amies et de famille, au fil des années, s'est amassé un trésor de couleurs miroitantes et l'on n'a plus qu'à piocher dedans pour se servir quand le besoin s'en fait sentir.

Aujourd'hui il existe tellement de collections différentes qu'on a même inventé un tas de noms tarabiscotés pour les différencier. Après tout, on peut très bien conserver tout et n'importe quoi. Qui peut se targuer de ne pas avoir, dans un coin de sa maison, un amas de bibelots ou de peluches ? Des timbres ou des pièces de monnaie ancienne ? Des photos tapissant les murs et recouvrant les meubles ?...
J'en connais qui aiment tellement les vaches qu'ils ont rempli leur maison de ces bestioles à un point  qu'on ne voit plus qu'elles : on se croirait presque dans un pré. Ça va de la salière de la cuisine jusqu'à la couette de la chambre en passant par le porte-brosse des WC. Il est des collections qui ressemblent plus à des obsessions et il faut reconnaître que parfois, ça frise le ridicule.

Je me souviens d'une époque où j'avais rendu visite à ma fille qui habitait alors à Dijon. Ce jour-là, elle me dit : "Tata Mi m'a téléphoné pour me demander d'aller en ville, chez une dame, récupérer un truc qu'elle a commandé sur internet." Tata Mi, c'est ma sœur qui vit à Paris. Et c'était quoi, ce truc, me direz-vous ? Hé bien, je vous le donne en mille : un jouet "Kinder" ! Vous savez, ces fameux sujets qu'on trouve dans les œufs en chocolat ! C'est là que j'ai appris qu'on pouvait acheter de simples babioles pour trois fois rien et les revendre ensuite une véritable fortune à des gens bien déterminés. C'est vraiment incroyable ! Si j'étais vous, j'irais refaire l'inventaire de votre propre grenier : il se peut qu'il recèle quelque trésor inestimable et que vous ne le sachiez pas. De vieilles choses insignifiantes sont en fait devenues si rares qu'elles se vendent aujourd'hui à prix d'or. On ne peut pas s'imaginer le nombre de personnes impliquées dans ce commerce juteux. Il suffit d'aller faire un tour sur le site « eBay » pour se rendre compte du formidable réseau de ventes aux enchères, instauré par nombre d'internautes tellement accros que ça en devient drôle pour nous qui ne sommes que spectateurs.

Il y a quelques mois, ma sœur était venue passer le week-end chez nos parents. Malheureusement ils n'ont pas internet et malgré tous nos efforts sur téléphones ou sur tablettes, on n'a jamais réussi à se connecter sur le fameux "Google". Complètement surexcitée, ce jour-là, elle m'a presque suppliée pour surveiller, de chez moi, sur mon ordi, une vente aux enchères sur « eBay », qui était en cours. Il ne restait que deux jours et elle voulait attendre la fin pour surenchérir à la dernière minute afin d'être sûre d'obtenir l'objet convoité. Je vous avoue que j'ai bien ri quand j'ai vu le jouet ridicule qu'elle voulait acquérir à tout prix.

Un autre jour, elle m'a envoyé un mail pour me demander de chercher dans mon grenier si je ne possédais pas un de ces petits personnages : elle avait réuni tous les sujets d'une même "famille" mais il lui en manquait un avec un bateau.

Quand elle parcourt les vide-greniers, elle passe des heures à fureter dans les sacs de jouets proposés par les vendeurs. Il faut la voir, la tête plongée dans les cartons, à retourner, à triturer, à comparer, à marchander. Et c'est un plaisir de la voir discuter de sa passion dévorante avec de parfaits inconnus.

Moi ? Si j'ai une passion !? Oh, si peu : quelques jolis cailloux-souvenirs, quelques coquillages qui dorment dans un coffret, quelques cartes postales cachées dans un album. Mais ce que je préfère avant tout, c'est collectionner les sourires de mes amis. Et ça, ça n'a pas de prix.

15 octobre 2016

Les vieilles (Thérèse)


Leur apéro elles sirotent
dans leur assiette elles chipotent
dans leur démarche elles capotent
cachées dans le noir elles mégotent
derrière leurs fenêtres elles complotent
sur le clavier elles tapotent
au téléphone elles radotent
entre copines elles papotent

elles comparent leurs douleurs
elles énumèrent leurs malheurs
elles recomptent les morts
pour se sentir vivantes
et médisent sur le voisin,
derrière leur combiné
elles réinventent le monde
ne savent plus que critiquer

elles déversent leur rancœur
de ne plus savoir se mouvoir,
leur colère de rester immobiles et cloîtrées
et si leurs enfants leur rendent visite
c’est forcément par intérêt
alors elles recommencent leurs propos acerbes
odieuses, elles réprimandent, elles condamnent

elles sont seules à avoir raison
elles savent toujours tout sur tout
elles se mêlent de tout
et veulent régenter la vie de leurs gosses
comme s’ils étaient encore gamins

C’est comme un ver dans une pomme
Un cancer hideux qui les ronge
Et gangrène leur esprit dévasté.

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8 octobre 2016

Des mots (Thérèse)

 

Deux p'tits mots, trois p'tits mots

te trottent dans la tête,

s'assemblent, se dénouent,

sarabande de phrases dansent devant tes yeux.

 

Dansent les mots, font des ronds de sorcières

Dansent les phrases, font des rondes d’enfants

Spirales joyeuses se mêlent et se nouent

Arabesques burlesques.

 

Chantent les mots, font de jolis poèmes

Chantent les phrases, font de belles prouesses

Au bout de ton crayon, bulles de savon

Légères, s’envolent…

 

Quelques mots griffonnés

Sur un bout de papier

Et plus tard réunis

Dans une blanche nuit

 

Des mots abandonnés

Qui sont venus pleurer

À ta porte mendier

Pour un peu d’amitié

 

Sortis de ma tête

Pour te faire la fête

Voici des mots douceur

À poser sur ton cœur

 

Mais là ces mots colère

À tanguer sur la mer

Et puis ces mots chagrin

 

Tends-moi vite la main

Que j’y dépose, nostalgie,

Un morceau de ma vie.

 

1 octobre 2016

Voyage (Thérèse)


Toi tu t'en fous de tous ces gens qui s'agitent autour de toi.
Derrière le voile de tes yeux courent des paysages aux dessins féeriques.
Tu te fous bien de tous leurs cris. Rien ne t'atteint.
Tout est silence à l'intérieur de toi.
Dans ta tête s'enroulent des arabesques de nuages,
des chevaux sauvages galopent dans l'écume de ton ciel
et le soleil, blessure béante, répand son sang dans l'océan.
Toi tu t'en fous de tout ce monde qui s'affole autour de toi.
Tes pensées dessinent des histoires et tu voyages bien plus loin,
tu t'enfuis sur les ailes du vent, tu visites des cités mystérieuses
et tu sais des mondes inconnus.

Tes histoires sont une invitation au voyage
Et moi je les bois comme on se désaltère
A l’eau d’une source toujours renouvelée

Et quand tes mots dessinent des paysages
C’est comme autant d’oiseaux de passage
Qui viendraient se poser sur ta page

Tour à tour plumes d’anges qui viennent voltiger
Ou bien oiseaux espiègles pleins de curiosité
Tu n’as de cesse de les extirper
De ton esprit tourmenté

Ils chantent ils rient ils crient ils pleurent
Et c’est à chaque fois un coup au cœur
C’est comme une envolée de feuilles d’automne
Qui viennent s’éparpiller en multitude de couleurs
Sur ta page accueillante, souriante

Instant tendresse

24 septembre 2016

Grandes vacances (Thérèse)


Bien souvent, pendant le mois d'août, nous partions en vacances à la mer pendant une semaine ou deux. Maman avait déplié ses cartes routières et, patiemment, avait étudié tout le parcours jusqu'au terrain de camping choisi pour l'occasion. Après le fastidieux et délicat chargement des bagages dans le coffre de la voiture, Papa se mettait au volant pour toute la durée du trajet tandis que Maman surveillait avec attention le bon déroulement de l'itinéraire sur le plan qu'elle avait soigneusement détaillé en différentes étapes. A cette époque on ne connaissait pas encore le GPS...


Une fois arrivés à destination, et malgré la fatigue du voyage, on ne pouvait pas échapper à l'inévitable corvée de l'implantation de notre tente. Et ce n'est qu'après l'installation de tous nos bagages dans notre nouveau domicile que nous pouvions prétendre à partir explorer le bord de mer.


Nous allions alors à la découverte de notre nouveau territoire, ramassant de-ci, de-là, des joyaux abandonnés par le ressac. En effet, mon plus grand plaisir était de parcourir la plage pour trouver les plus beaux coquillages, les plus rares dans leur forme ou leur couleur. Bien souvent, les vagues dévoilaient aussi de drôles cailloux qu'elles avaient polis et façonnés au fil du temps et c'était pour moi comme des bijoux dignes de rentrer dans ma collection de trésors inestimables. De temps en temps, l'un d'entre eux, éclaboussé de soleil, aimantait mon regard, et c'était comme une pépite d'argent qui miroitait dans l'eau. Au hasard de nos promenades, on trouvait parfois de longues plumes noires et blanches oubliées par des mouettes.


Quand nos parents commençaient leurs achats de cartes postales pour envoyer aux amis, j'en choisissais toujours une en plus pour la rajouter à ma collection. C'était bien souvent un coucher de soleil flamboyant ou une envolée de goélands sur fond d'océan.


Quand on revenait à la maison, on étalait tous nos trésors sur la table de la cuisine et on triait nos trouvailles, des étoiles dans les yeux. Ma soeur mettait de côté les coquillages qu'elle assemblerait par la suite en collages minutieux pour en faire des paysages japonais, des sculptures aériennes ou des danseuses orientales. Certains d'entre eux décoreraient des boîtes en carton, les transformant en écrins à bijoux des mille et une nuits.
Quant à moi, je n'étais pas aussi experte qu'elle pour assembler, coller et vernir. Aussi, tout simplement, au fil des années de ma tendre enfance s'est accumulé un trésor dans un coffret que je garde jalousement dans ma chambre.


Quelquefois, j'ouvre celui-ci pour reconsidérer mes si lointaines années ; je caresse les galets, je recompte les coquillages, je compulse les cartes postales, je redécouvre les fleurs séchées et je fais un saut dans le passé. Je revois la si belle Côte d'Opale, Merlimont, Fortmahon, la Bretagne extraordinaire avec ses îles et ses côtes sauvages, Bréhat, la Baie des Trépassés, les rochers roses de Ploumanac'h ;  je revois Noirmoutier et Saint-Jean de Monts ; et puis la Corse, cette île aux mille merveilles, de Calvi à Bastia en passant par Ajaccio, Sartène et Porto Vecchio, cette île qui, depuis, est toujours restée dans mon coeur.
Alors je vois la mer caresser la grève de ses vagues, alors je sens le soleil me réchauffer le corps de ses rayons, alors j'entends les mouettes crier dans le vent, et me vient aux lèvres comme un goût salé.

17 septembre 2016

ANGOISSE (Thérèse)


Un mur d'incertitude s'est dressé entre nous
et j'en compte chaque brique les unes après les autres.
Un mur d'angoisse s'élève devant moi :
tant de questions mais combien de réponses ?
Sans crier gare, sans faire de bruit,
un mur s'est érigé tout autour de mes rêves.
Les anges ont repris leur envol,
le ciment de la certitude a scellé les briques de l'oubli.
Mon ciel s'est obscurci de trop de réel.
Briques, murs, rempart, cercueil,
enfermement de tant d'obligations,
de devoirs à accomplir, de problèmes à résoudre.
Et la peur toujours là, omniprésente, reste tapie,
compagne perverse, à me bouffer le ventre.
Angoisse noire à trop penser, inquiétude perfide.
Je sombre, je me noie dans un océan noir.
Pourtant je voudrais tant faire voler en éclats
ces monstrueuses pierres qui pèsent sur mon coeur,
et peut-être enfin découvrir un havre de lumière...

10 septembre 2016

Promos (Thérèse)


Alors, voyons voir cette liste de courses... Maman est bien gentille mais bon, elle fait toujours sa note d'après les prospectus qui atterrissent dans sa boîte aux lettres. Elle profite de chaque oportunité, de la moindre réduction sur les prix affichés. Elle compulse les feuillets, elle cherche ce qui l'intéresse, puis elle écrit ça sur des papiers mais à chaque fois c'est recto verso. Ensuite, c'est à moi de me charger des commissions. Le problème dans les magasins, c'est qu'il faut chercher dans les rayons à chaque fois, éplucher tous les articles, et bien souvent celui soi-disant en promo est manquant.

Le Porto, l'eau pétillante... Ça, c'est fait !
Le jambon, c'est un paquet en supplément : mais où il est donc passé, celui-là ? Pas moyen de mettre la main dessus ! En tête de gondole, ça serait logique, mais non je ne vois rien. Dans le rayon charcuterie, y a bien la bonne marque mais pas ce prix-là... Je retourne voir là-bas... Ah ben j'ai compris ! Voilà le prix indiqué mais bien entendu l'emplacement est vide, donc il n'y en a plus. Bon, ça ne fait rien, je vais lui en prendre en rayon, elle m'a dit qu'elle n'en avait plus. Voilà, ça c'est fait aussi.

Fromage ail et fines herbes et lasagnes... Ah la la, quelle galère à chercher comme ça partout ! Ils ne peuvent pas mettre leurs articles en promo bien en évidence !?

Le whisky, quant à lui, ils ont dû bien le planquer ou alors ils ne l'ont pas reçu ou il a été liquidé ! Impossible de le trouver ! Ils ont eu peur qu'on le picole ou quoi !? J'ai fait toutes les têtes de gondoles, le rayon apéritif, j'ai bien vu la bouteille en question mais non c'est pas le bon prix. Là-bas, c'est le coin des bières mais pas la peine d'aller chercher là. Je vais retourner voir dans l'allée centrale, on ne sait jamais, souvent ils placent les articles en promo. Ben non ! Rien de rien !
Bon tant pis, je vais demander à l'accueil : "Hé bien, Madame, je ne sais pas. Si vous ne trouvez pas, c'est qu'il n'y en a plus. Ou sinon, vous avez regardé dans le fond du magasin, là où sont les bières en promo ?" Quoi !!? Du whisky avec les bouteilles de bière ! Mais elle est folle, celle-là ! Bon allez, j'y retourne, allons donc voir là-bas... Slalom entre les chariots, crochet pour éviter les gens en grande discussion au milieu de l'allée, retour au fin fond du magasin. Bon, voilà, c'est tout là-bas, je vois le rayon. Oui les bières sont bien là. Mais !... Mais !... Mais c'est n'importe quoi ! Le voilà, le foutu whisky que je cherche depuis une plombe ! Ils sont vraiment malades de mélanger le whisky avec la bière... De quoi vous foutre en rogne pour le restant de la journée...

Ouf ! Voilà une bonne chose de faite ! Cette fois, la liste est au complet. Maintenant passons à la caisse pour faire la queue comme d'habitude. Faut pas être pressé. D'ici là que la caissière n'ait pas un problème de compte ou de mécanique... Avec la chance que j'ai !... Et le temps qui passe... Maman va se demander ce que je fais. Les courses sur le tapis, les courses dans le chariot, les courses dans la voiture... Pffff ! Quelle galère !

Ensuite, direction  le magasin Intermarché ! Ah mais oui, ce n'est pas fini !  Des oignons en promo, la salade feuille de chêne (une achetée, une gratuite), les carottes (le sac de 1,500 kg), les pommes de terre... Et ne pas oublier de trouver une carte d'anniversaire pour Thomas !.... Ah mais je ne vais pas me casser la tête, cette fois ! Ca va être vite fait, je vous le dis !
Maudites courses !

3 septembre 2016

Le cheval qui murmurait à l'oreille de l'homme (Thérèse)


Par Bucéphale, Maître Cheval, c'est bien ma chance ! Voilà que mon pied s'est malencontreusement déchaussé, me faisant misérablement boîter, telle une pauvre rossinante. Mais quelle idée aussi d'aller me faire courir sur ces mauvais chemins, histoire de m'entraîner ! Heureusement que tu es là, mon bon ami, docteur attentionné de mes pieds délicats.

Mais non, nul besoin de m'entraver pour ton travail ! Mais oui, je vais rester calme et patient. Je ne vais pas bouger, je vais rester sage, promis ! Regarde, voilà mon pied, je te le donne en toute confiance. Tu me connais si bien depuis le temps que tu me soignes. Je n'ai jamais rien compris à tous ces outils au nom rébarbatif mais toi, tu les connais par coeur et tu les utilises avec une telle adresse que je n'éprouve plus à présent aucune crainte.

Je sais le soin tout particulier qu'il te faudra dans ton travail de pédicure, avant d'aborder l'ajustage parfait du nouveau fer à mon pied. Je sais que tu fais toujours de ton mieux pour ne pas me blesser pendant ces opérations délicates. Je sais la patience et la minutie qu'il te faut apporter afin que le résultat soit parfait. Tout est affaire de netteté, de forme et de taille.

Allez, je vais t'encourager d'une douce caresse de mes tièdes naseaux. Ou préfères-tu un massage sur ton dos douloureusement voûté, en récompense à tes bons et loyaux services ?

Tout à l'heure, je retournerai courir sur la piste. J'emporterai ma petite cavalière sur le dos en m'imaginant voler sur les nuages. J'allumerai des étoiles dans les yeux des gamins émerveillés et j'en connais au moins une qui va pleurer, même si elle n'est plus tout à fait une enfant...

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