Les vieilles (Thérèse)
Leur apéro elles sirotent
dans leur assiette elles chipotent
dans leur démarche elles capotent
cachées dans le noir elles mégotent
derrière leurs fenêtres elles complotent
sur le clavier elles tapotent
au téléphone elles radotent
entre copines elles papotent
elles comparent leurs douleurs
elles énumèrent leurs malheurs
elles recomptent les morts
pour se sentir vivantes
et médisent sur le voisin,
derrière leur combiné
elles réinventent le monde
ne savent plus que critiquer
elles déversent leur rancœur
de ne plus savoir se mouvoir,
leur colère de rester immobiles et cloîtrées
et si leurs enfants leur rendent visite
c’est forcément par intérêt
alors elles recommencent leurs propos acerbes
odieuses, elles réprimandent, elles condamnent
elles sont seules à avoir raison
elles savent toujours tout sur tout
elles se mêlent de tout
et veulent régenter la vie de leurs gosses
comme s’ils étaient encore gamins
C’est comme un ver dans une pomme
Un cancer hideux qui les ronge
Et gangrène leur esprit dévasté.