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Le défi du samedi
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22 janvier 2022

Le bal des polochons (Lecrilibriste)

 

Allez viens !

Je t’invite au bal des polochons

Qui se joue en soirée,  juste avant le coucher

On peut y rajouter aussi les oreillers

Les doudous, les coussins de toute la maison

Que tu pourras trouver pour faire un arsenal

Qui tienne plus d’un quart d’heure, c’est déjà pas si mal !

Pas besoin de chanson, les rires sont de saison

Et les gnons qu’on se fout ne font vraiment pas mal

Car Mars a enfilé ses gants d’ boxe en coton

Comme la plume au vent les projectiles volent

Et ne t’avise pas de rentrer dans l’instant

Pour calmer les ardeurs de tes petits enfants

trois lurons déchaînés t’attendent au tournant

Et en ouvrant la porte tu reçois l’oreiller

Destiné à celui qui s’est juste baissé

Pour éviter un coup d’polochon sur le nez

Parfois ça se finit en s’tirant le chignon

mais la soirée d’après c’est à recommencer

S’il y a des champions au bal des polochons

 ce sont bien mes fameux, mes drôles de lurons

quand ils sont déchaînés aux vacances d’été

 

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22 janvier 2022

Tribulations de polochon (Yvanne)

 

Alors que j'entrai dans ma chambre à coucher un soir, je fus le témoin d'une bataille invraisemblable entre mon traversin, mon polochon et mon oreiller. Enfin, plutôt entre traversin et polochon. Debout au mitant du lit ces deux là s'invectivaient à qui mieux mieux. Habituellement tout se passe bien. Je me demande ce qui leur a pris. Ils ont pourtant leur place  bien définie : le traversin à la tête pour appuyer ma caboche et le polochon au fond pour reposer mes pieds.

Le traversin, blanc ( enveloppe oblige ) de rage esquivait comme il pouvait les coups assénés par un polochon rouge (couleur de sa housse) de colère. Ce dernier hurlait qu'il en avait marre de supporter mes pieds. Il disait « ses pieds » avec un tel mépris que je me demandai ce que mes pauvres petons lui avaient fait. Je comprendrais si j'avais des impatiences mais ce n'est pas le cas. Il apparaissait que le polochon ne voulait plus polochonner. Il voulait traversinner mais il avait fort à faire, l'adversaire n'ayant nullement l'intention de céder.

        - Grand tout mou, tu fais ton kéké parce que tu as la meilleure place. Tu te rengorges parce qu'elle roule sa tête dans tes plumes mais ça ne pas durer je te le jure braillait le polochon.

        - Et toi mon gros joufflu tu crèves de jalousie. Tu voudrais changer hein ? Mais tu es bien trop court et balourd pour occuper ma fonction. Tu penses peut être que je vais me laisser faire ? Que nenni répondait le traversin.

Et voilà que l'oreiller, très carré, d'un naturel calme et faisant preuve habituellement de philosophie – normal : il a des lettres - s'engagea dans l'affrontement. Perdant patience, il se leva du fauteuil où je le place chaque soir après ma lecture et nonchalamment s'adressa à ses congénères :

        - Ça suffit tous les deux ! C'est quoi ce grabuge ? Tu ne vois pas que tu perds tes plumes, l'échalas ? Et toi, là, le cherche-bagarre, même les tripes à l'air tu continues à t'exciter. Il y a quelques jours que je t'entends rognonner dans ta barbe. On ne peut pas avoir un peu de calme avant le boulot ?

Il n'en fallut pas davantage pour que les deux adversaires descendent du lit et d'un commun accord se mettent à taper sur l'oreiller. Ce dernier battit prudemment en retraite et regagna son coin pensivement.

Très occupés à s'injurier les protagonistes n'avaient pas perçu ma présence. Il faut dire que je regardais la scène sans bouger tant j'étais éberluée. Il devenait urgent cependant de mettre un terme au pugilat sinon ma chambre allait ressembler à un paysage de neige. J'attrapai polochon et traversin et les envoyai manu militari à leurs places respectives.

Je n'en avais pas fini pour autant. La pression retombée les deux imbéciles découvrirent, penauds, l'état déplorable de leur anatomie et c'est en pleurnichant qu'ils me demandèrent de jouer à l'infirmière. Je me vengeai en cousant à gros points bien serrés qui sa longue balafre, qui sa bedaine. Plus un bruit. Je dormis cette nuit là d'un sommeil de plomb. Il faut dire que ne n'avais pas oublié de leur couturer le bec !

 

 

22 janvier 2022

Les Polochons (Joe Krapov)

 

andy capp

 1
En ont-ils vu, les polochons,
De ces si communs greluchons,
Des freluquets, des maigrichons,

Presque rien dans le cabochon,
Certains mêmes fumant chichon,
Qui mènent vie de patachon

Et viennent jeter au plumard
Leur corps enivré de fêtard
Puis ronflent soûls sous l’édredon

Après avoir vidé cruchons !

Nous nous branchons,
Nous bambochons,
Nous étanchons,
Nous nous éméchons,
Nous pitanchons,
Nous trébuchons

Et à la fin
Nous nous couchons.

téléchargement

2
En ont-ils vu, les polochons,
Des gars devenir cornichons
Devant d’aussi jolis nylons,

D’autres arguments folichons
Et des jeux de califourchon
En veux-tu en voilà Fanchon !

Que de jolie viande au torchon ! 

bidoch-8

Nous nous cherchons,
Amourachons,
Nous aguichons,
Nous entichons,
Nous abouchons,
Nous déhanchons,
Nous nous léchons,

Nous chevauchons
Puis nous couchons.

3
En ont-ils vu, les polochons,
Des poussages au loin du bouchon,
Des je-te-tiens le barbichon,

Des montages de bourrichon,
Des "Je te tire le manchon",
Des « Cesse de m’appeler Mon bichon ! »,
Des « Casse-toi, tu pues, reblochon ! » !

téléchargement (1)

Nous nous fâchons,
Nous nous mouchons,
Nous embrochons
Escarmouchons,
Nous nous desséchons,
Nous nous accrochons

Et puis, encore,
Nous nous couchons.

DDS 699 BanksyPolochon-1

4
En ont-ils vu, les polochons,
Des Bidochon, des vieux ronchons,
Robert, Raymonde, Huguette, Raymond,

Des vieilles sorcières, d’affreux démons,
Des Pécresse et des Mélenchon,
Des bassineuses d’Arcachon,

Des drôles de Bagnères-de-Luchon !

DDS 699 Huguette et Raymond 650

Nous retouchons,
Nous reprochons,
Nous revanchons,
Nous remâchons,
Nous rabâchons,
Nous nous détachons,
Nous empanachons,
Nous nous ébréchons

Et puis et puis
Nous nous couchons.

5
En ont-ils vu les polochons,
Des béribéris berrichons,
Des indigestions de Fauchon,

Des perforés au tire-bouchon !
A l’heure de faire son baluchon
On finit d’écouter Souchon,

La tête perdue sur l’oreiller.
Le moine en train de vous veiller
Rabat d’un coup son capuchon,

Fait son signe de ratichon :
La mort, c’est un tour de cochon !

B9723285862Z

Jusqu’à la fin nous panachons,
Nous nous cachons,
Nous bavochons,
Nous nous épanchons,
Nous nous couchons,

Nous calanchons
Puis nous jonchons.

Et après… tout le monde s’en fichont !
 

22 janvier 2022

berceuse (joye)

22 janvier 2022

Sans chemise , sans polochon (Laura)

Sans chemise 1 , sans polochon

J'ai trouvé un jour dans un article scientifique la justification (dont je n'avais pas besoin)de notre habitude nocturne de nous coucher nus. Mon mari(et son père avant lui) le faisait avant et moi aussi. Alors que je dus dormir une nuit avec ma mère, je fus très mal dans mon habit de nuit. Mon mari est mort nu , comme un retour à l'origine du monde(que j'ai dans ma chambre), dont on est expulsé, nu et au paradis de la Genèse dont on fut chassé, habillé. J'ai cette impudeur d'Eve avant le péché originel. Je mets pour lire un cache-cœur(qui saute avec la lumière qui s'éteint) sur les épaules et une bouillote à mes pieds toujours froids.

Il y a plus de dix ans, j'ai abandonné le polochon pour ne pas aggraver ma discopathie sévère dégénérative. Cela n'a pas empêcher l'arthrose(et les douleurs) de s'étendre et de me gêner plus la nuit que le jour: cervicales, épaules, sciatique, mains, céphalées permanentes etc. Ce qui me fait parfois habiller ma nudité d'une épaulière, genouillère, manchons pour que les zones douloureuses frottent le moins possibles le lit, m'empêchant de dormir ou me réveillant.

1 http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2021/01/05/rika-zarai-sans-chemise-sans-pantalon-1975-6288587.html

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22 janvier 2022

Traumatisme (Jean-Patrick)

 

Quand j’étais gamin, au siècle dernier, mes parents m’ont placé en pension : pour mon bien, évidemment. C’est-à-dire dans une école de frères ! Mon palmarès de sanctions n’est pas exceptionnel : quelques expéditions dans la cour avec la contrainte d’en faire le tour dix fois et l’angoisse que le directeur traverse le lieu, tire l’oreille ou demande des justifications. De temps à autre, une ligne à copier cent fois ou la mise à genoux sur la règle en bois à la section carrée. Des vexations ou des brimades avalées, rien de plus.
Par contre, le renvoi pendant trois jours fut une épreuve. Au motif d’exhibitionnisme, rien de moins ! Lors d’une bataille de polochons, le surveillant surgit pour imposer l’ordre et affirmer son autorité : idiot à dire, mais c’était la tâche basique d’un pion. À son arrivée, je sautais sur les lits, nu comme un ver : l’urgence de participer à l’émeute collective avait devancé celle de revêtir le pyjama. La vigie a grondé les uns, mis au lit tout le monde et m’a consigné.
Ce soir-là, j’appris que les règles de bienséance sont prioritaires sur celles du partage avec les copains : la bataille avait démarré avant que j’aie enfilé mon pyjama ; si j’avais commencé par le revêtir, j’aurais été quitte pour l’engueulade collective. Au lieu de ça, il m’a convoqué dans sa chambre. Je n’y ai subi aucuns sévices corporels ou attouchement quelconque, peut-être avait-il remarqué mon incapacité à tenir ma langue. Dans sa piaule de fonction, le cerbère avait installé un équipement de sonorisation dernier cri pour l’époque : magnétophone à bandes, micro directionnel et table de mixage. Ce matériel impressionnant lui permit d’enregistrer mes aveux :
— Oui, j’étais nu. Oui, je sautais sur le lit des camarades. Oui, j’ai continué à donner des coups de traversin avant de me vêtir.
Ma déposition fut transmise au directeur qui, sans avocat parental, ni plaidoirie, prononça une exclusion de trois jours.
Ce ne furent pas des congés à la maison, ni du temps de lecture comme à l’étude, mais une flopée d’exercices sans nombre. Je passai des heures et des heures à tenter d’éponger ce flot de punitions, qui impressionna même ma mère : des conjugaisons à en dégoûter un grammairien, des calculs à dissuader un matheux. Tout ça pour un pyjama trop long à enfiler.
Les psychologues de comptoir justifieront mon aversion à me maintenir au lit et ma tendance à rester dans cette tenue une partie de la matinée par ce traumatisme enfantin. Ils seraient plus inspirés d’apprendre aux pensionnaires que les batailles de polochons ne se gagnent pas à poil : leçon ridicule, mais plus utile que celle que j’ai reçue.

 

15 janvier 2022

Défi #699

 

Bonne nuit !

 

Polochon

 

6991

15 janvier 2022

Ont digéré le sujet

15 janvier 2022

Dans la forêt (Yvanne)

 

Des personnages insolites ont donné à mon enfance une saveur particulière. Et inoubliable. Qui croirait que dans un village perdu de la campagne corrézienne abritant quelques 60 âmes, aient pu exister des hommes et des femmes surprenants, au mode vie tellement curieux qu'il a alimenté mon imaginaire d'alors, fantasque et débordant.

C'était les vacances de Pâques. Mon frère et moi plongions du bois dans le hangar attenant à la maison familiale. Elle était – et est toujours - située au bord de la route communale desservant le hameau. Nous vîmes arriver une moto pétaradante qui s'arrêta devant nous. Le conducteur nous demanda où il pourrait trouver un certain Jean vivant au château. Immédiatement je trouvai à cet homme juste entrevu un air bizarre sans pouvoir m'en expliquer la raison.

Nous lui indiquâmes la direction à prendre mais pendant que mon frère courait raconter la nouvelle à nos parents, je m'avançai jusque au pied de la colline où se situait le manoir pour tenter d'apercevoir le bonhomme. Il parlait avec Jean dit Jeantou, le régisseur-gardien-homme à tout faire des lieux. Jeantou, un célibataire original et acariâtre à la botte des châtelains. J'exécrais Jeantou. Mais c'est une autre histoire.

Nous apprîmes que les « bourgeois » avaient embauché un bûcheron pour effectuer une importante coupe de bois. Jeantou gardait jalousement les renseignements qu'il possédait sur le nouvel arrivant au grand dam des villageois. Nous ignorions tout sur le personnage qui débarquait chez nous : son nom, sa provenance etc... Une énigme savamment entretenue par le régisseur qui devait jubiler devant les mines avides des uns et des autres. Ma curiosité n'en fut dès lors que plus exacerbée et je n'eus de cesse d'en apprendre davantage. Je savais où se situaient les forêts du châtelain et je m'y rendis, seule, les jours suivants.

Les coups de cognée me guidèrent et je vis – de loin bien sûr - le bonhomme occupé à construire une grande cabane. Puis Jeantou arriva avec sa vieille guimbarde et ensemble ils déchargèrent un lit, une gazinière, une table, deux chaises et d'autres accessoires nécessaires à l'installation du bûcheron. Pas possible : l'individu allait demeurer là. Et c'est bien ce qu'il fit durant près de deux ans. Il ne venait jamais au bourg et vivait en ermite. Jeantou lui apportait des vivres une fois par semaine et était le seul à le côtoyer. De temps à autres cependant on le voyait passer sur sa moto mais il ne faisait jamais halte dans le village.

J'allais chercher les champignons dans ces bois. Un matin, occupée à ramasser des cèpes je ne vis pas arriver l'homme. Lui non plus ne m'avait pas aperçue. Nous nous fîmes face aussi stupéfaits l'un que l'autre. Je laissai tomber mon panier de saisissement. J'eus très peur en découvrant un personnage hirsute, au visage tout couturé. Avec sa grande taille, sa carrure impressionnante et sa hache à la main, il était tout à fait semblable à l'image que j'avais de l'ogre dans l'histoire du Petit Poucet. Je pris mes jambes à mon cou et déguerpis.

Cet homme n'était sans doute qu'un pauvre bougre qui cachait sa misère au fond des bois. Dans ma tête de gamine de 8/10 ans en quête d'originalité il n'en fallait cependant pas plus pour alimenter un esprit bouillonnant.
Je ne suis pas retournée dans cette forêt par la suite durant de nombreuses années. D'autant plus que le bûcheron s'était suicidé dans sa cabane. Le mystère étant resté entier l'endroit était maudit pour moi.

 

15 janvier 2022

La petite fille et l’ogre (Clio101)

 

       On l'avait répété cent fois à Samira. La forêt est très dangereuse ; il ne faut y aller sous aucun prétexte. Il y règne des créatures mauvaises qui t'enlèveront pour te tuer ou faire de toi leur esclave. N'y va jamais ou tu pourrais ne jamais revenir.

      Il fallait particulièrement se méfier de l’ogre de la forêt. Il avait tout le gibier des bois à sa disposition mais son plat préféré était sans conteste le rôti de petite fille. L’ogre rôdait dans les bois pour s’emparer des petites filles imprudentes qui s’aventuraient sur son territoire. Après les avoir attirées chez lui par des paroles enjôleuses il les endormait et les faisait cuir dans son four avec des pommes de terre et des oignons tendres.  On le reconnaissait à la peau de sanglier qu’il portait en permanence sur lui et aux bois de cerf qui couvraient son crâne.

      Une petite fille ordinaire aurait sagement obéi aux adultes. Elle n’aurait pas discuté et n’aurait jamais songé à aller dans les bois puisque cela est aussi dangereux. Mais Samira n’était pas une petite fille ordinaire. Quand on lui donnait un ordre elle voulait exactement faire le contraire. Ou plutôt elle n’aimait pas acquiescer aveuglément mais voulait expérimenter par elle-même les conséquences de ses actions. Par exemple si on lui disait : « n’approche pas ta main de la marmite, tu vas finir par te brûler », elle tendait la main vers la marmite pour mieux sentir l’intense chaleur sur sa paume.

      Alors quand on lui dit de ne pas se rendre dans la forêt un vif désir la saisit de l’explorer pour découvrir si toutes les créatures mauvaises qui y habitaient existaient vraiment. Un après-midi où toute sa famille faisait la sieste après un long déjeuner, elle lui faussa compagnie et se dirigea vers ce lieu mystérieux.

      Au fur et à mesure qu’elle pénétrait dans le couvert des arbres Samira contemplait avec étonnement le spectacle qui s’offrait à elle. Les taillis, sous-bois, mousses et feuilles de toutes formes formaient une palette de verts touffue et bigarrée. La lumière perçait entre les feuilles des plus hauts arbres et dessinait une myriade de paillettes d’or qui n’en finissaient pas de se recomposer. Le regard de Samira scintillait à l’unisson de ce jeu de lumière et le froufrou des feuilles et le claquement des branches mortes sous ses pieds lui donnaient le sentiment que son cœur battait à l’unisson de la forêt. À ce paysage venait s’ajouter le chant des oiseaux et des animaux qui lui souhaitaient la bienvenue dans ce monde : la trille de l’alouette comme un babillement incessant, le son aigu de l’épervier, une note qui montait à intervalles réguliers vers le ciel, le brame du cerf, le sifflement du loriot et le grognement du sanglier au loin. Au milieu de ce concert de salutations résonnaient les trois notes de la huppe, comme un avertissement. Samira n’y aurait pas prêté attention si elle n’avait entendu, comme mêlé à ces sons, la plainte lugubre d’un chagrin que rien ne parviendrait à combler.

      Portée par son instinct et toutes ces voix bienveillantes elle suivit la trace de ce sanglot jusqu’à parvenir à une maison en bois. Une maison en bois tout à fait ordinaire, pareille à celles de son village, à deux détails près. A l’exception du toit, tout était délabré, comme si quelqu’un avait fracassé tous les murs à coups de poing. Assis devant la cabane se trouvait un homme vêtu d’une peau de sanglier et coiffé de bois de cerf.

      Samira se recula et se prépara à fuir. C’était l’ogre de la forêt.

      Ses pieds refusèrent de lui obéir.

      Un torrent de larmes ruisselaient sur les joues de l’ogre.

 

15 janvier 2022

King Kong comme un ballet ? (Joe Krapov)

Rennes, le 14 janvier 2022

Ça ne va pas ! Ça ne va pas ! Ça ne va pas !

DDS 698 Opéra

Qu’est-ce que c’est donc que je ne digère pas ? Récapitulons ! Hier j’ai mangé un opéra. Un gâteau sympa. Dans cette ville-ci sa façade est semi-circulaire. Sur le sommet on a posé neuf muses en pâte d’amande et un Apollon en chocolat. A l’intérieur, ce n’est que du bon : fauteuils de velours rouge, superbe décor, tutus roses, lustre de sucre cristal, perles dorées, spectatrices de choix et jolis messieurs en habit de fête, ce n’est quand même pas ça qui m’a rendu patraque ? Alors ?

DDS 698 120107__026


Peut-être la petite fontaine à côté avec sa cerise en forme de tête de femme sur le sucre glace italien ? Je n’en ai fait qu’une bouchée, j’ai à peine senti le goût. Et c’est justement ça qui a commencé à m’inquiéter.




5_Im4

 

 

J’ai passé l’après-midi à chercher une maison close. Oui, je sais,depuis que je sème la terreur dans les parages, toutes les maisons sont fermées, les gens se confinent chez eux en se disant qu’avec un peu de chance je ne les dévorerai pas. Mais il y a une différence entre « fermée » et « close ». Papa m’a toujours parlé des bordels – c’est là leur autre nom – comme d’un mets succulent, un régal composé à parts égales de stupre, de fornication, volupté, luxe, calme et beauté. « C’est fondant à souhait ! » disait-il en levant les yeux au ciel.








3_Im3Il a fini par y partir au ciel et je n’ai pas très envie de l’y rejoindre. Outre qu’il m’a toujours élevé à la dure, je suis sûr qu’il ne me laissera jamais, là-bas, toucher à sa réserve de planètes en sucre d’orge. L’outremangeur n’est pas prêteur, c’est là son moindre défaut. Déjà qu’il a toujours gardé pour lui le palais de Dame Tartine et la maison d’Hänsel et Gretel, ce cochon d’égoiste !

Sinon, qu’est-ce que j’ai pris qui pourrait m’avoir donné ces symptômes à la con ? Je tousse, je ne sens plus les odeurs et ce que je mange a de moins en moins de goût !

Voyons, cherchons. Avant l’opéra j’avais boulotté un EHPAD. D’accord, la barbaque était un poil vieille mais les fauteuils roulants et les déambulateurs qui croquent sous la dent, ça compense bien le petit côté faisandé.

Et puis j’ai bouffé l’école d’à côté. C’est peut-être là que j’ai chopé le virus. Déjà il y avait moins de marmots que d’habitude sur les bancs. Beaucoup parmi eux jouaient à Zorro ou à « Haut les mains, peau d’lapin ! Ceci est un hold-up !» avec un masque sur le nez. Je ne sais pas non plus ce qu’ils trafiquaient avec tous ces coton-tiges. On leur nettoie les oreilles aux minots pour être sûr que le savoir pénètre bien dedans ?

Ouille ! Ouille ! Ouille ! Je douille ! Si ça continue comme ça je vais devoir aller manger une pharmacie. Je sais les repérer, elles ont toutes une croix verte clignotante sur leur façade.Bien sûr, ça n’est pas très bio, c’est plein de produits chimiques mais les jardins de plantes médicinales comme du temps de Papy Gargante, même dans les villes minérales-socialistes, ça ne court pas les rues.

Bon ce sera tout pour aujourd’hui, cher journal. Je vais aller passer la nuit au jardin du Thabor. J’ai l’habitude là-bas de m’étendre sur un espace en pente et j’y ai un sommeil d’Enfer !

Et si jamais je ne vais pas mieux demain au réveil, vaille que vaille j’irai à Pontchaille m’envoyer l’hôpital même si maman m’a toujours dit que c’était un endroit dangereux. A cause des seringues.

N.B. Les deux images sont empruntées au jeu "Dixit" de Jean-Louis Roubira illustré par Marie Cardouat.

15 janvier 2022

Tout ça c'est des histoires (Vegas sur sarthe)

 

 

« Dis maman, pourquoi l'ogre bouffe les petits enfants ? »
« Parce que l'avaleur n'attend pas le nombre des années, mon chéri »
« C'est qui çui qu'a dit ça ? »
« C'est Corneille, mon chéri »
« Les chanteurs sont relou des fois, non ? »
« C'était pas un chanteur, mon chéri c'était un poète »
« Et c'est quoi un ogre qui mange des figues et des canards de Barbarie ? »
« C'est un ogre de Barbarie, mon chéri »
« C'est pour ça qu'il fait de la musique ? »
« Non, ça c'est l'ogre qui mange trop de haricots »
« Pouah ! C'est gore »
« Non mon chéri, on dit ogre »

« Et c'est quoi un petit poucet ? »
« Je pense que c'est un enfant qui envoie des SMS avec ses deux pouces »
«Mais t'en es pas sûre »
« Euh … non mon chéri »
« Donc t'es pas sûre pour le petit poucet mais t'es sûre pour l'ogre de Barbarie qui mange des fayots ? »
« C'est ça »

« Je vois. Et c'est quoi des pompes de sept lieues ? »
« Ce sont des bottes qui permettent de parcourir trente kilomètres en une enjambée »
« Bon, je te remercie bien. Je crois que je vais lancer un hashtag Balance ton Perrault ... »

 

 

15 janvier 2022

maxime le sylvicole (joye)

bougre

15 janvier 2022

Ogre(s) (Laura)

 

J'avais un appétit d'ogre pour “Les nourritures terrestres” dans tous les sens jusqu'à me mettre en danger. Il a fallu toute ta patience pour que certains de mes sens se limitent à toi. Nous fumes alors longtemps deux ogres qui se partageaient ces nourritures terrestres. Toi, cela ne t'empêchait pas de travailler, encore et encore, comme un forcené et moi, j'apprenais encore et encore à t'aimer, toi et les paysages de notre vie. L'ogresse mince devint obèse et ce fut la fin de la faim. Pas la tienne jusqu'à ce que l'ogre de travail s'effondre et moi j'ai rempli le vide de toi et des nourritures terrestres par une curiosité ... d'ogre.



15 janvier 2022

Pénurie (Walrus)

 
Poussé par sa fibre artistique,
Exaltant son côté mystique,
L'ogre, extatique,
Tenait l'orgue à la basilique.

Hélas, il dut bien s'arrêter :
Les enfants, aux soufflets, finirent par manquer...

 

15 janvier 2022

Elixir de plaisir (Lecrilibriste)

 

Un gobelet laid, dont le rôle sur terre était de faire gober le lait aux marmots ou encore de faire avaler quelque tisane infâme au Grand-Père pour calmer ses ardeurs … Un gobelet laid rêvait d’une autre vie.
Il aurait vécu mille morts pour se remplir, un jour, un seul jour dans sa vie, de ce mélange odorant fleurant bon la vanille et le gingembre… l’anis des prés et la coriandre … ou peut-être bien le rhum blanc de la Martinique que concoctait le père chartreux de la Silve Bénite.
Un soir, frémissant sur le feu de bois, notre gobelet laid entendit une nouvelle fois la casserole rubiconde bouillonner de plaisir.
Le chartreux de la Silve, ce mélangeur d’herbes aphrodisiaques, ce goûteur de potions magiques, ce pilier d’alambic, chantonnait des onomatopées, incompréhensibles devant son chaudron de cuivre, tel un ogre bavant de plaisir avant de croquer sept marmots.
Il inventait un breuvage pour la nuit de Noël.

Un arôme entêtant fleurant l’écorce de cannelle, le sucre candi et l’orange amère s’échappait de la casserole éthylique.

Allait-il mourir sans connaître ce plaisir ? Sans se remplir de ce breuvage d’ange qui rendait les gens si gais ?

La recette accrochée au mur dans un cadre de bois de rose clignotait doucement dans la cuisine au-dessus du gobelet laid, éclairée par une luciole joliment enrobée, ramassée fortuitement avec une feuille de tanaisie.
Le chartreux jeta un œil distrait sur le clignotement inhabituel de sa recette.

-      Mazette ! Fulmina-t-il soudain, J’ai oublié le clou de girofle !

Mais le clou de girofle badinait gentiment avec dame Luciole qui n’en pouvait plus de dodeliner du clignotant.

Le Chartreux voulut l’attraper ! Mal lui en prit !
Au moment où il l’atteignait du bout des doigts, il roula sur une noix muscade, s’étrangla d’une praline, s’accrocha à la recette qui valdingua sur le sol avec la luciole, qui brisa le pot de porcelaine, qui renversa le gobelet laid plein de lait.
Il rebondit, se retrouva sur son séant pour accueillir au vol le contenu de la casserole éthylique toute rubiconde remplie du nectar précieux où plongea sans hésiter le clou de girofle pour rattraper la luciole un peu pompette.

Tout ce beau monde se retrouva nageant et soufflant dans le précieux liquide répandu et c’est ainsi que le gobelet laid s’emplit du fameux nectar, le Père Chartreux s’en emplit la panse, tel un ogre croquant sept marmots et savoura, sans l’once d’un péché, même véniel,  la félicité enivrante du breuvage des dieux.  

                                  

15 janvier 2022

L’ogre (Pascal)

 

Été 1990. Méthodiquement, tel un ogre dévorant avidement chaque plat proposé devant lui, le feu dévastait la campagne. Les jeunes futaies, la garrigue, les chênes verts, les châtaigniers, et tout ce qui brûle, avec un insatiable appétit, il réduisait tout à l’état de cendres. Inlassablement, comme pour lui donner à boire, avec des manœuvres de haute voltige, des escadrilles de Canadairs tentaient de l’enivrer jusqu’à ce qu’il s’affale ; des colonnes ininterrompues de pompiers montaient à l’assaut des flammes ; l’état de guerre était proclamé…

Sur le chemin du retour anticipé des vacances, on voyait les figures décomposées des estivants ne sachant plus s’il fallait fuir ou prendre des photos de ce gigantesque incendie. Sur les visages, on lisait la peur, l’effroi, l’incompréhension, la petitesse ; on y voyait ce sentiment d’humain fragile et impuissant face à la force destructrice du feu.
Dans la file des véhicules bloqués, parce que c’était trop dangereux d’aller plus loin, encore jeune dans la boîte, simple magasinier, réquisitionné, je faisais partie d’un effectif d’intervention d’EDF. C'est-à-dire, aussi inutile que les autres, au milieu de tout ce spectacle de désolation, je regardais nos équipements électriques partir en fumée. Les fils avaient disparu ; dans la forêt dévastée, ils formaient des traces rectilignes d’un métal fondu ; les poteaux en bois se consumaient lentement et ceux en acier étaient tordus, comme s’ils étaient passés dans le pressoir d’une fonderie d’abîme…  

L’ogre avait traversé plusieurs fois la route ; aidé par le vent tournant, il avait rebondi de colline en colline, était revenu prendre un peu de dessert dans cette châtaigneraie ; il avait envoyé des animaux sauvages en éclaireurs, pauvres torches vivantes, qui allumaient sur leur passage d’autres brasiers le long des talus ; il avait balancé des pignes de pin dans les airs, telles des bombes incendiaires, qui embrasaient à leur tour d’autres hectares déjà condamnés. À perte de vue, l’enfer était reconnaissable. Puisqu’il y avait beaucoup à dévorer, l’ogre avait dépêché ses petits qui, eux-mêmes, s’essaimaient en d’autres foyers.
Parfois, un Canadair passait au-dessus de nos oreilles ; il volait si bas, c’était l’impression tenace d’un gigantesque frelon accroché dans nos cheveux. Le bruit infernal, l’air vicié, la fournaise proche, la fumée oppressante, le goût irritant du brûlé dans la bouche, on se sentait autant utiles que des arrosoirs vides dans un jardin assoiffé. On ne savait pas où regarder pour se reposer les yeux dans cet holocauste, et croire à un début d’accalmie.
Parfois, un bout de ciel bleu se découvrait ; c’était une illusion apaisante, un semblant d’éclaircie, un tour de prestidigitation de la nature pour nous faire croire que le beau existait encore mais, très vite, comme si le feu, en plus de la terre, conquérait aussi le ciel, un lourd nuage de scories et de pépites de flammes venait obscurcir cette petite lucarne optimiste. Parfois, des pompiers revenaient du front ; sur leurs visages maculés de sueur et de suie, ils ressemblaient tous à des mineurs de fond. De tout leur être, il n’y avait plus que la couleur de leurs yeux rougis par la chaleur qui pleuraient leurs escarbilles de charbon…  

Concentrés de résine, des troncs d’arbre explosaient comme s’ils se suicidaient avant la tempête de la fournaise, arrivant droit sur eux. On entendait l’explosion macabre et, je vous assure, on était petits dans nos souliers. Tout à coup, tel un nouveau supplicié, un pin s’embrasait, et tout son habit de verdure se décomposait en myriades d’étincelles éblouissantes s’enroulant autour de lui et l’entraînant dans une tempétueuse danse enfumée et macabre. La douleur de l’arbre, c’était ses crépitements infernaux ; on aurait dit qu’il criait sur son bûcher ; on aurait dit qu’à lui seul, il représentait la fin du monde. Puis c’était un autre, et un autre qui posait la tête sur le billot de l’infortune. On n’arrivait pas à parler parce qu’on voyait tous la même chose…

Quels décors plus apocalyptiques peut-on rencontrer au cours de son existence ? Immondes champs de bataille, il ne restait plus que des pointes d’arbres encore fumantes, des branches plantées dans le sol comme des hallebardes brisées, des friselis rougissants de flammèches léchant l’orée des champs, des cendres grises et encore des cendres grises en tas informes, comme dans un incinérateur de crématorium en panne de ses fonctionnaires. Il faisait anormalement chaud comme si la chaleur montait de la terre ; le feu avait enfanté son vent. Spontanément, il se créait des mini-tornades qui s’élevaient du sol ; tourbillonnantes et cleptomanes, elles ressemblaient à des pilleuses de cadavres, avides d’un peu de leur essence, d’un peu de ce qu’elles pouvaient encore leur prendre, comme des trophées arrachés à l’ennemi. La nature est sans pitié ; ce qu’elle élève à ses sommets, tout aussi vite, elle le souille d’un seul coup de pied ; la grandeur est subjective, la petitesse est l’apanage de l’humilité. En mer, j’avais connu des grandes tempêtes, avec des creux insondables et des crêtes tout aussi incalculables ; petit sorcier de mes sensations, j’aurais voulu en garder un peu dans mes poches pour les jeter dans ces brasiers. Je rêvais de barrage pour tout inonder, mais je ne sentais que mes larmes brûlantes d’amertume couler sur mes joues ; elles avaient le goût de l’inutilité, de l’impouvoir, de l’incompétence…  

Pauvres lieux communs, paysages lunaires, cratères découverts, dévastation, ici, la vie n’était plus qu’un cendrier rempli de mégots au seul pouvoir du cancer. Mais l’ogre n’était jamais rassasié ! Ici et là, ces avions héroïques, jetant du retardant, ce n’était qu’un peu de maquillage rouge sur sa boulimie ! Je me souviens de cette nuit, où nous avons vu danser les flammes sur toutes les collines avoisinantes ; l’horizon était barré par une forme de coucher de soleil qui ne s’éteignait jamais. Cela dépassait tout ce qu’on pouvait imaginer ; même les films d’anticipation les plus terribles, même les cauchemars les plus terrifiants ne pouvaient rivaliser avec cette pénible réalité, au goût de cendres ; je vous assure, il y avait des insomnies en gestation…  

À cinq heures du mat, les pontes du poste de commandement nous avaient libérés ; il n’y avait rien d’autre à faire que d’attendre que le feu et ses flammes s’épuisent d’avoir trop embrasé, trop incendié, trop martyrisé. Demain, à sept heures trente, c'est-à-dire tout à l’heure, une autre mission bien plus périlleuse m’attendait. Épuisé, j’étais rentré à la maison ; j’étais allé voir ma fille qui dormait dans son berceau, et je me disais qu’il y avait encore de l’espoir dans l’humanité.
Je m’étais allongé tout habillé sur le lit ; je puais la fumée, la transpiration et tout ce qu’on voudrait jeter… dans les flammes, pour ne plus jamais les respirer. Ma femme s’était réveillée ; elle m’avait parlé, m’avait questionné à cause de cette barre lumineuse à l’horizon qui ne se départait pas du balcon du salon. Mais oui, tout allait bien… Je me souviens d’un gant de toilette frais sur mon front, sur mes joues, de sa voix douce comme un jet de pomme d’arrosage, et je m’étais endormi…

 

15 janvier 2022

Ogri etc (Kate)

 

Répliqués

Arc-boutés

Ogri et Grochka

Unis à jamais

Liés et las

Terriblement vrai

Le virus a gagné

Perdue

Belle santé

Vie foutue

Science

Science-fiction

Inconscience

Stupéfaction

Dormez

Ici

Demeurez

Inséparables

Eternellement

Réunis

15 janvier 2022

Ogre (TOKYO)

 

Ya un problème encore plus grave André mon singe a disparu.

Je sais qu’il adore la pluie et ce soir il pleut. La pluie bénit les naïfs les espiègles

 M’a toujours expliqué André dans son langage de gorille.

Mais moi je ne partage pas ce point de vue. La dernière fois les pluies acides ont brulé sa peau au deuxième degré et mon pauvre André s’est retrouvé aux urgences.

C’est un ogre qui vous a dévore à dit l’urgentiste. Il te faut de l’eau bénite André, lui ai-je dit en fonçant dérober cette eau dans la cathédrale.

Depuis je soupçonne André de prendre régulièrement des bains dans les bénitiers des églises.

A la vue de l’état comateux de notre foi dans ce pays, c’est un miracle qu’un gorille croit encore à la sainte eau de nos chapelles ;

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 J’ai cherché André dans tous les lieux confessionnels, pas une trace de lui.

Le petit poucet a plus de talent que mon gorille pour marquer son chemin. Cet imbécile s’est encore perdu.

Je dois avoir un esprit bien morbide pour penser qu’André est en danger ou qu’il se fasse dévorer à nouveau par un Ogre.

Le téléphone sonne André vient de verser de la térébenthine dans le rectum du curé de notre paroisse.

Je tape térébenthine sur le clavier de mon ordinateur pour comprendre les vertus curatives de ce produit.

Sauf erreur de ma part on est dans la merde.

 

15 janvier 2022

O comme ogre (Adrienne)

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Voilà un mot qui a occupé l’esprit de l’Adrienne toute la semaine. Et pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas en néerlandais !

Vous allez dire : « mais quelle drôle d’idée ! » ou « est-ce donc si important de pouvoir le traduire ? »

Et bien oui : s’il n’existe pas en néerlandais, il devient une sorte de mystère. Une énigme à résoudre. Pourquoi cette absence ?

En néerlandais, on connaît les géants. On les connaît dans toutes les cultures sur terre. Rappelez-vous, ils sont aussi dans la bible :

« Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans les temps anciens. » Genèse 6:4

Ils sont dans toutes les littératures, dans toutes les mythologies. Parfois ils mangent de la chair humaine, mais pas toujours. C’est même plutôt rare.

En Flandre, le plus connu est Druoon Antigoon, qui exigeait son impôt sur tout passage de l’Escaut, à Anvers. Il est attesté dans le folklore local depuis le moyen âge.

Dès le 14e siècle, de nombreuses villes flamandes ont leur géant qu’elles promènent aux fêtes, kermesses et autres processions. On les promène d’ailleurs encore aujourd’hui, il s’agit souvent de héros ou de braves géants débonnaires, comme dans la ville de l’Adrienne, où ils représentent le principal corps de métier – le tisserand – et ils ont femme et enfant : Madame est fileuse, fillette est couturière.

Tout ça, donc, nous mène très loin de l’ogre.

Le plus méchant, l’Anversois Druoon Antigoon, se contentait de couper la main de ceux qui ne lui payaient pas leur droit de passage. Raison pour laquelle, comme dans David et Goliath, quand il a été vaincu par plus petit que lui – un dénommé Brabo – il a eu à son tour la main coupée.

***

photo: la tête de Druoon Antigoon réalisée par Pieter Coecke van Aelst en 1534/1535 pour l'Ommegang annuel anversois.

 

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