Le crépuscule des idoles (Laura)
Comme je suis passionnée par les images, comme mon idole Baudelaire, quand paraît le nouveau défi du samedi (ou autre sujet d'atelier), je regarde d'abord l'image, donc, sans être influencée, je crois par le souhait négatif des maîtres, je n'ai pas pensé à l'"idole des jeunes" ou autre idole de ce genre
mais à l'idole des hébreux, le veau d'or, avant que Dieu s'en mêle par l'intermédiaire de MOISE. Le veau d'or imite le taureau Apis des Egyptiens.
J'ai aussi pensé aux idoles que j'ai étudiées en sociologie quand j'étais en prépa HEC.
C'était plus l'aspect "culture générale" qui m'intéressait que les maths. Je pense aux peuples évoqués par Lévi-Stauss et ceux qui seront mis à l'honneur au Musée du Quai Branly et qui ont beaucoup inspiré les surréalistes. Comment ne pas penser aux idoles des Marquises évoquées par Gauguin? Je terminerais avec les Moai de l'Ile de Paques.
Ah j'allais oublier d'expliquer mon titre qui est celui d'un livre de Nietzsche qui est une référence ironique au "Crépuscule des dieux" de Wagner.
Tout cela n'est-il pas à l'opposé de l'idéologie du président normal? Y a t-il encore des idoles dans le cinéma, la musique? N'en avons-nous pas besoin?
L’idole (Lecrilibriste)
Vous êtes-vous jamais demandé
Dans quel coin de nos cerveaux embrumés
Se logeait l’image magnifiée de l’idole,
dont nous nous sommes entichés
à avoir des frissons jusque dans les guibolles
quand il ou elle apparait
Mais qu’est-ce qui nous accroche donc là ?
L’allure, le regard, l‘étincelle des yeux
La couleur flambante des cheveux
Les mots, l’émotion provoquée,
la voix ? Ou ce, je ne sais quoi
que nous sommes les seuls à percevoir , ou pas !
Car il y a notre idole, l’idole des masses et l’idole des jeunes
Mais qu’est-ce qu’elle diffuse, qu’est-ce qu’elle envoie
dans nos imaginaires débridés
cette idole, pour être tous galvanisés
devant le même énergumène projeté ?
l’image d’une perfection qui n’existe pas ?
mais que l’on trimballe cependant en soi ?
Moi, je me souviens de mes premiers émois
Avec les films de Gérard Philippe
Cet homme qui m’émerveillait, c’est cela
Aujourd’hui, je ne saurais pas dire pourquoi
De quelle image en moi était-il le reflet ?
D’un amour dans une autre vie ?
D’un désir fou et inaccompli ?
Des paroles à sa belle, prononcées
D’un amour impossible ou
De l’impossibilité à se laisser aimer ?
Aujourd’hui, le défi du samedi
Me force à plonger dans ce délire
Mais le résultat ?
je ne vous le dirai pas !
La poupée (Vegas sur sarthe)
Elle était mon e-doll, ma poupée virtuelle
sur les réseaux sociaux, moi je ne voyais qu'elle
je copiais ses postures et sniffais tous ses mots
les murs de ma chambrette en faisaient la promo
Et puis ce fut le drame, l'horrible tragédie
comment a t-elle chopé ma carte de crédit ?
En tombant tout à coup de son grand piédestal
elle a brisé ma vie et ma carte Vitale
J'ai fini à l'hosto au rayon Grabataires
le nez dans le ruisseau c'est la faute à ???
depuis je suis accro à l'halopéridol
c'est pas ma faute à moi, c'est celle à mon e-doll
Herman (participation d'Adrienne)
Il y avait plusieurs Mariette dans la vie de grand-mère Adrienne, aussi leur prénom s'accompagnait-il toujours de précisions du genre "Mariette-van-nevens-de-deur" ou "Mariette-van-tante-Palmyre".
Pourquoi Herman Van Springel, vous demandez-vous.
Et vous n'êtes pas les seuls.
Malgré ses questions à sa grand-mère et ses propres observations, la petite n'a jamais pu percer ce mystère: il n'était ni né dans le même coin de Flandre, ni beau, ni le plus grand champion du pays.
Mon ourson Cajole par bongopinot
Une simple peluche
Un ourson tout doux
A la fourrure blanche
Que je trainais partout
Je n’étais pas bien grande
Mais j’avais mon idole
Mon ourson Cajole
Qui sentait la lavande
Il était mon refuge
Mon cher confident
Il calmait mes tourments
En ami de mes songes
Il était doux et chaud
Il savait me rassurer
Et aussi m’amuser
Et adoucir mes maux
Les années ont passé
Et il est toujours là
Fatigué et las
Mais je vais le bichonner
Pour qu’il ait une nouvelle vie
Je vais aussi le recoudre
Pour ma petite Cassandre
Pour qu'il partage ses nuits
Vishnou de visu (maryline18)
Morphée me berçait encore quand le réveil sonna. Mes réflexes, entraînés à prendre les commandes en l'absence d'ordres émanant de mon cerveau (ce dernier, dérivant encore parmi des détritus en tous genres), jetèrent l'objet hurlant au sol. Je m'extirpai à contre coeur de la chaleur des draps, bien que soulagée d'interrompre mon rêve : J'assistais à l'immersion des restes d'une crémation humaine dans le Gange. Je n'aurais pas du visionner cette vidéo avant de m'endormir : "L'Inde : mystification et intoxication, les eaux maudites du Gange"
C'était une belle journée qui s'annonçait, l'aube étirait ses nuées roses, écartant au passage quelques nuages épars déjà traversés de soleil. L'air frais terminait de me réveiller, c'était bon...J'en absorbais de grandes goulées, par le nez et la bouche, comme pour me régénérer. Le printemps venait de débarquer avec ses piaillements, ces envolés de moineaux, ses jonquilles, ses primevères...Il ne manquait que le rire des enfants dans les rues, les écoles.
Je roulais depuis une vingtaine de minutes quand " l'incroyable " se produisit : Alors que deux biches bondirent subitement à ma gauche, cherchant à rejoindre le bois longeant la route, un sanglier leur interdit le passage. Je n'aperçus que sa tête sortant des fourrés, mais quel tête ! Elle était si brune et tellement énorme ! Dans ses yeux, j'y lus en un éclair, une détermination de géant, une force de super héro ! Par sa seule présence, il m'évita l'accident.
Je m'arrêtai quelques mètres plus loin, tremblante, les yeux rivés sur le rétroviseur. La bête avait disparu. Les biches poursuivèrent leur course aérienne. Je fermai les yeux. Des bribes de mon rêve et du fameux reportages se croisaient dans mon esprit troublé. Quelque chose d'important venait de se passer, de ces choses si belles que l'on n'ose tenter de les expliquer avec des mots, de peur de mal les choisir. Je pensai soudain à ces indiens vénérant leurs Dieux, parfois différents. Je me rappelai ces statues faites de pierre où de marbre qui donnaient corps à leurs idoles.
Une pluie fine nettoya mon visage de toute la fatigue collante du passé. Une voix, annoncée par le bruit d'une amulette que l'on secoue, me chuchota : < Tout va vien, tout va bien... >. Quel réconfort dans ces mots simples que j'ai répété à mon tour, comme une prière. La tention se relachait. Ce n'étaient pas des larmes de tristesse qui coulaient, non, c'était curieux. Mes chakras allaient peut-être pouvoir s'ouvrir et me permettre d'envisager l'avenir plus sereinement. Ce sanglier ne pouvait-être que l'un des dix avatars de Vishnou. Oui, ce miracle ne pouvait-être qu'un appel de ce Dieu protecteur faisant partie de la Trinité hindoue : création, protection, renaissance. Il venait me protéger pour m'aider à renaître bientôt. Il venait me réveiller en m'envoyant l'homme sanglier.
Voulait-il que j'aille l'honorer de ma présence, les bras chargés d'offrandes ? Que je me présente à lui, tant démunie qu'il me faudrait accepter de me faire tondre la tête pour revendre ma chevelure afin de poursuivre mon ascension jusqu'au sommet du temple de Tirupati ? forte et fragile, je m'agenouillerai devant lui, aussi démunie qu'une " intouchable " parmi les Dalits.
Et moi, qui avais cru déceler dans ce drôle de rêve de serpents, un sens érotique...
Ah, les idoles ! (Walrus)
Je me rappelle avoir lu, aux temps lointains de ma jeunesse, deux bouquins d'Isha Schwaller de Lubicz : "Her-Bak Pois chiche" et "Her-Bak Disciple".
Ils racontent l'histoire d'un petit garçon appelé "Her-Bak", ce qui signifie à la fois "pois chiche" et "face d'Horus".
Repéré par les prêtres, il suit d'abord un chemin de formation passant par un ensemble de métiers divers (il débute comme "porteur de sandales" pour un personnage important), puis un autre d'initiation puisqu'on le destine à être un prêtre.
Ce qui m'avait frappé, au milieu du récit, c'est qu'on le laisse pour une nuit seul, face à face avec la statue du neter (dieu) auquel le temple est consacré. À force de réflexion, il finit par cracher sur l'idole. Quand il s'en accuse très inquiet le lendemain à son mentor, celui-ci ne crie pas au sacrilège mais le félicite d'avoir compris que l'image du dieu n'est pas le dieu.
Un lointain prédécesseur sans doute de notre Magritte national et de son célèbre "Ceci n'est pas une pipe" !
Personnellement, si j'avais à élire une idole au sein du panthéon égyptien, je voterais sans hésiter pour Bastet, la déesse-chat !
On ne se refait pas : j'adore les femmes et les chats !