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Le défi du samedi
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18 avril 2020

Personne ne t'a dit d'André ! (Joe Krapov)

DDS 607 Citroën sur la Tour Eiffel

Dans le Bistrot des Six troènes
Le mastroquet a trop de haine !

A-t-on pas idée ? Un covID 19 !
Plus un seul client !
Pas même deux chevaux de retour !
Plus une seule amie sise ailleurs qu’en sa maison !
Plus une seule déesse sous la suspension !

Et pourtant, et pourtant
Le Café des Six troènes,
C’était l’attraction, avant !

Tout le monde est confiné !

A boire son fonds,
S’il est condamné
Il touchera le fond,
Fermera l’estaminet
Et, cela est connu depuis Boby Lapointe,
Dans un commerce c’est moche quand le fonds fond
Poil aux pieds.




Si encore on pouvait

Aller faire le Tro Breizh,
Prier pour le retour
Des beaux jours,
Visiter Saint-Tropez
Ou danser le foxtrot
Sur le Trocadéro !

Macache ! Faut pas bouger,
Pas s’attrouper,
Plus voir les courses de trotteurs
Ranger sa trottinette
Des voitures !

Le théâtre aussi est fermé !
C’est niqué pour les Troyennes
Et râpé pour les Atrides
A cause de cet apatride.

Le général Trochu
A déclaré la guerre
Mais c’est par trop la pénurie
De masques à gaz :
Maginot s’atrophie
Et se sent naze
Sur toute la ligne.

DDS 607 1200px-Louis_Jules_Trochu copie

Vraiment tristes tropiques !
Amère valse de Levi-Strauss !
Aucune astrologie
N’avait prévu que la trotteuse
S’arrêterait sur « catastrophe ».

DDS 607 Pub citroën

Dans le Bistrot des Six troènes
Le mastroquet a trop de haine !
Pareil à Castro il éructe :
C’en est trop, il veut un trophée,
Pangolin ou chauve-souris !

Il décroche son vieux tromblon
Et sort dans la nuit déverser
Son trop plein d’ire sur le covid.

Il défouraille pis qu’à Sceaux
Ou à la Foire du Trône,
Tire sur le capitaine Nemo,
Le postillon de Longjumeau,
Le virus sans visa
Qui nous sort des naseaux
Et nous rend tous gagas.

Autant chanter
« Il Trovatore » à Beethoven
Finissant son dernier tableau !

J’ai demandé à la Lune,
Dyane, qui a vu ce spectacle :
Jamais elle n’a tant méhari ! 

Citroên méhariDDS 60

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18 avril 2020

depuis ma fenêtre ce matin (joye)

depuis ma fenêtre ce matin

18 avril 2020

Marie (Pascal)


« Parle !... Dis quelque chose !...

Essuie le sang qui coule de ta bouche tordue, tu es en train de tacher notre bel uniforme. Celui qu’on nous a donné pour patauger dans la boue, sauter sur les mines et se laisser déchiqueter par la mitraille…

Allez, respire !...

Tu sais bien que je ne peux pas rentrer au Pays tout seul ! Et puis, qu’est-ce que je vais faire sur ce maudit champ de bataille sans toi ?  Il a plu tellement de bombes sur nos têtes qu’il a fait nuit toute la journée et je ne sais plus de quel côté est la guerre. Je n’entends plus rien et j’ai un sale goût au bord de mes lèvres desséchées. J’ai dû vomir tant de fois, pour tous les morceaux de chairs calcinées, découpées, qui traînent çà et là...
Le combat fut atroce et une maudite baïonnette est restée empalée en plein milieu de ta poitrine. Tes mains ont bien essayé de la faire sortir mais elles restent figées, collées contre cette ferraille aiguisée comme une faux au début d’une belle moisson de blés mûrs…

Marie t’attend chez nous et toutes les lettres enrubannées dans ton barda sont là pour te faire revenir bien vite. Elle a fait courir sa plume pour te garder vivant et elle a usé tellement de chandelles pour rester avec toi des nuits entières à distance avec son parfum et ses pleurs, pour sceller les enveloppes. Te voilà bien décoré avec cette médaille plantée bien profond, si près de ton cœur. Les brancardiers vont bientôt arriver, il y a tellement de fumée…  
Regarde ! Il y en a qui courent sans plus savoir où aller. Ils chargent à l’envers, sans leurs  fusils. Ils repartent sans plus rien comprendre et leurs yeux sont dans ce brouillard infini. Ici, c’est la fin du monde et c’est l’enfer qu’on est allé combattre…  

J’ai très mal aux jambes mais je ne les sens pas, et tu m’es tombé dessus. Je n’arrive plus à bouger… Je vois la vierge de ta communion qui dépasse, sur ton cou noirci. Tu te rappelles quand on était gamins ? On avait caché les cierges de l’église avant la grand messe et le curé les a cherchés sous les bancs et, nous, on riait de le voir courir, avec sa robe sur les genoux, dans toutes les travées. Pour ça, on ne s’est jamais confessé…

Arrête de saigner, il ne va plus t’en rester pour rentrer à la ferme. Pour sûr, qu’avec ta blessure, ils vont te renvoyer chez nous avec les galons de caporal, au moins !
C’est Marie qui sera fière de toi avec ton bel uniforme recousu. C’est elle qui va parader accrochée à ton bras, dans la grande rue du village.
Depuis toujours, elle t’a voulu pour mari, depuis même la petite école dans la cour ; déjà elle te courait après, avec ses petites jambes et ses longues nattes. Elle cachait ton béret pour te taquiner et toi, tu faisais semblant de ne pas le trouver…Elle va s’apercevoir que ta moustache est encore plus belle et elle va y accrocher son cœur. Je suis sûr qu’elle connaît déjà les prénoms de tous vos enfants qui vont arriver…  

Et puis, le père a besoin de toi. Il se fait bien vieux et il y a tellement de travail aux champs qui t’attend au retour. Tu te rappelles quand on avait attrapé les grosses truites du torrent ? On avait attendu toute la nuit avec nos cordeaux en regardant les étoiles et par moments, on sentait des touches si fortes qu’on transpirait de savoir ce qui était au bout. Au matin, on a tiré doucement et c’était lourd, c’était bien… On a pu éviter le garde-champêtre mais j’ai encore les cris de son sifflet rouillé dans un coin de ma tête si lourde.
Arrête de refroidir, tu deviens tout blanc et j’ai du mal à te reconnaître. Tu as vu ?... Il y a les jambes d’un pauvre gars, plantées dans la glaise juste à côté ; il courait si vite qu’il les a oubliées, sans doute… Mais j’arrive plus à bouger, tu deviens trop lourd…  

Tu te rappelles, à la fête du village, quand on avait fait le concours ? Je t’avais porté en courant jusqu’à l’église en faisant la course avec ceux des autres villages alentour et on avait gagné le jambon et les cocardes du premier prix !... Je crois bien que c’est ce soir-là que tu avais embrassé la belle Marie pour la première fois ; tu étais tout fier et tu me le racontais tout le temps, pour me rendre jaloux… Vous êtes même allés au bout du champ de mon père, derrière la haie de troènes en fleurs. Oui, celle où on ne voit rien au travers et qui ne sent pas bon… Allez, ne fais pas l’innocent, je t’avais suivi. Je vous entendais rire et, moi, je mordais mes lèvres. Je te l’avais jamais dit... Mais c’est du passé tout ça, je sais bien qu’elle est pour toi…  

Tu n’arrives pas à m’entendre ?... C’est normal, il y du sang noir qui coule de tes oreilles découpées... Mais tu souris quand même... J’ai froid... Pourquoi on est là ?... Je ne sais même pas lire les journaux qui disaient qu’il fallait faire la guerre. On était tout fier avec ces uniformes et regarde dans quel état on les a mis…
Tu sais ?... Je m’engourdis et tout se trouble autour de moi. Les secours vont arriver. J’espère qu’ils nous voient, on doit faire un tas en couleurs tous les deux avec nos restes d’uniformes un peu bleus, ta peau devenue blanche, et notre sang rouge ; on abreuve nos sillons et je crois qu’on va manquer les semailles. On va nous faire un monument, je crois… Écoute !... Tu entends notre clocher ?... Le curé doit forcer sur sa corde pour faire rentrer ses petits…J’ai mal… Tu as vu ?... Le ciel se dégage enfin… Il fait soleil entre ces nuages. Tu entends… cette musique ?... Je vais dormir… un peu et me laisser… bercer, je rêverai… peut être… sans les… cauchem… ».
 
« Il y en a deux là, l’un sur l’autre… Te presse pas, ils sont morts, celui-là a laissé ses jambes… ».

18 avril 2020

Mon quartier par bongopinot

 

C’était au quartier de Montreux

Où chantait mon enfance

Et comme une évidence

Dansaient mes jours heureux

 

Et à l’allée des mimosas

Habitait Nicolas

Allée des myosotis

Il y avait Alice

 

Allée des troènes

Le petit Eugène

Allée des lauriers

C’était Olivier

 

Allée des bouleaux

C’était moi Bongo

Allée des thuyas

Mon amie Clara

 

C’était dans ce lotissement

Que l’on se retrouvait tous

Après l’école des jeunes pousses

Pour passer de jolis moments

 

18 avril 2020

Troène (JAK)

 

Dans mon jardin trône  un troène

Qui  vient  tout droit de Californie

Mais depuis peu , dans mon jardin, le troène s’ennuie et traine sa peine.

Car il ne voit plus trainer en chemin les petits

Les petits de l’école d’en face

Mais direz vous,  grand bien lui fasse

Son air n’est pas pollué ainsi

Et des atchoums il est garanti

Mais le troène ça l’agace

Car les petits de l’école d’en face

C’était  la vie  quoi ! ces ses- petits.

Et mon troène se fane et se défraichit,

il devient tout petit, tout flétri.

Et moi qui le regarde dépérir ainsi

Je me demande si tout sera un jour fini ?

 

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18 avril 2020

« C' dans l' R » (Lecrilibriste)


L'R de rien
le printemps a fait son entrée
et le parfum des troènes
embaume l'air à satiété
mais dès le matin la télé
nous pompe notre oxygène
avec ses propos anxiogènes
et nous laisse tout confinés

L'R du temps
n'en est pas aux folies
Il faut se montrer fort patient
On voudrait danser sous la pluie
ou faire l'école buissonnière
quand le soleil flamboie
et quand l'herbe verdoie
Mais y a rien à y faire
Il faut rester dans son tipy

L'R malin
on exhibe son masque
ou bien on en fabrique
pour conjurer l'ennui
on se pare de gants
pour acheter son pain
Bientôt, on coiffera un casque
si c'est dans l'R et prescrit
aux futurs lendemains

Oh ! Quand pourrons nous
gambader à l'R libre
et changer d' R  
quand Coronavirus
ayant fini son temps sur t'R
ne sera plus dans l'R
Enfin !

18 avril 2020

À l'arrière des berlines (Vegas sur sarthe)


J'aime bien les défis, surtout quand je gagne et je n'allais faire qu'une bouchée de celui-ci.
Laconique, elle avait juste chuchoté « A minuit derrière les Citroën» et cet ultimatum m'excitait comme un adolescent qui fantasme à l'idée de s'envoyer en l'air à l'arrière des berlines.
Après bien des recherches il était presque une heure du mat et à la lueur de ma torche qui vacillait moins que mes guibolles il n'y avait que deux bagnoles planquées dans le petit bois.
La première était une Peugeot – je n'ai rien contre la marque au lion, bien au contraire – et l'autre était déjà habitée à en juger par les jambes qui dépassaient et s'agitaient par la fenêtre arrière …
Pourquoi avait-elle dit « les Citroën» alors qu'une seule suffirait à nos premiers ébats fussent-ils débridés ?

J'approchai résolument du compas qui sortait de la voiture, bien décidé à trouver le corps auquel il appartenait afin de demander à la tête s'il existait dans ce petit bois un endroit réservé aux Citroën.
Je dus me pencher à l'intérieur pour deviner la tête de cette bête à deux dos qui se démenait fougueusement sur la banquette arrière.
Entre deux « Han » et trois « Oh Oui » je distinguai un « Va t'faire foutre » qui correspondait bien au lieu et à la situation.
Comme je me permettais d'insister une masse s'extirpa de la voiture et fondit sur moi en rugissant.
Je n'ai pas pour habitude de courir vite mais je cours toujours plus vite que n'importe quel type qui a son pantalon sur les chevilles.
Au bout de cent mètres je trouvai refuge derrière une haie tandis que le type retournait à son affaire en sautillant.
A en juger à la lueur vacillante de ma torche ma haie protectrice était une haie d'arbustes somme toute rustique de la grande famille des Oleaceae dont je n'avais rien à faire à cette heure indue.
Etonnamment il s'en dégageait une forte odeur de jasmin qui me faisait vaguement penser à ce flacon de Lancôme que j'avais offert à Germaine pour notre première rencontre …

La coïncidence était ahurissante, bref j'en étais là de ma réflexion quand une furie à la bouche vorace mangea la mienne.
Je tombai à la renverse sous la sauvagerie de l'agression et récupérai ma langue à grand peine en reconnaissant mon agresseur : »Qu'est-ce que tu fais là ? »
Telle une harpie  échevelée, Germaine m'étranglait : « ça fait une plombe que j't'attends derrière ces troènes ! » et elle ajouta « t'as failli m'poser un lapin dès la première fois ? »
« Euh... la deuxième fois » rectifiai-je en lui rappelant notre speed dating de la semaine passée.
Elle s'était inondée de Jasmins Marzipane et j'en eus aussitôt la nausée tandis qu'elle s'employait à rattraper cette heure perdue.
Pas facile de rattraper une heure d'extase quand on a encore à l'esprit ma course folle avec le malabar déculotté !
Je n'osais avouer ma mésaventure à Germaine mais quelque chose me turlupinait ; entre deux apnées je réussis à demander : « Au fait, elle est garée où ta Citroën ? »
Germaine se redressa, tout aussi échevelée : « Quelle Citroën ? J'ai une Mazda»
Une Mazda … à défaut de Duracell ça m'aurait dépanné pour ma torche qui vacillait de plus en plus mais je me gardai bien de lui en faire part.
J'avais dû mal comprendre et ça ne présageait rien de bon pour Germaine et moi
 

18 avril 2020

Tous les chemins mènent au troène (Laura)

 

De mon premier poème à sept ans
A mon bac économique
De la prépa HEC au droit
De la fac aux lettres par correspondance
De Baudelaire et Nerval à la peinture
De l'art aux paysages
De l'art topiaire au troène

 

18 avril 2020

Tropismes (Ilonat)

 

Allez ! On s’y remet
Le Marseillais a dit que le printemps arrive
Et le dégel
Alors allons y voir…
Troëne !
Troëne : dicotylédone à fleurs blanches etc.
Un p’tit truc volontaire ???
Qu’est ce qu’il nous cache à ce propos le pinnipède ?
Ce mec est too much
Ce mec est too much
Mais parfois trop c’est trop !
Qu’est ce qu’il nous cache en vrai derrière sa haie fleurie ?
un Trop plein d’anémie ?
un Trop perçu de réclusion ?
Restons sur le Robert
Mais il n’est pas si riche en la matière
une Trotte-menu souris ?
un Troll ?
un vieux Trognon de pomme ?
ou un Tropinambour ?
une Trottinette rouillée ?
Peut être une Troïka Trotskiste
qui se révèlera la cause
de ce Tropisme ravageur…

Alors je vais vous dire…
Sur le chemin des Pannetiers
Ce matin.
Je me suis attardé à regarder la haie de mon voisin
A en scruter les fleurs, en humer le parfum (pas terrible !)
Cherchant à déceler quelque mystère
Quelque révélation…

Quand mon voisin est arrivé pour tondre le gazon, derrière sa haie
A la première pétarade
Après un grand bonjour
J’ai poursuivi mon p’tit chemin dérogatoire un peu plus loin
En bénissant le ciel de ce joli matin.

 

18 avril 2020

Participation de Sebarjo

 

Tourte

  Chers amis bonjour et bienvenue au jeu des mille francs belges ! Plein de nouveaux défis aujourd’hui avec des questions noires, jaunes et rouges !

Et tout d'abord une première question noire envoyée par Brice Lecrili qui nous vient d’Anvers...

et je remets ma carte à l’endroit pour vous la lire !

Donc voilà...Qu’est-ce qu’un thérémine et quelle est sa particularité ?

On entend alors le régulier et réconfortant son du triangle joué par l’inimitable André Obey qui connaît si bien cet instrument qu’il pourrait en faire un roman.
Ding ding ding…

- Un médicament contre le covid-19 ?
- ...Non...on est assez loin… quoique... le thérémine peut être un bon remède à la mélancolie en cas de confinement… C’est plutôt bon pour les oreilles si vous voyez ce que je veux dire…
- Un instrument de musique ?
- Oui mais... ?
- médiéval ?
- Non c’est beaucoup plus proche de nous.
- électrique ? électronique ?
- Oui électronique ! Et donc qu’est-ce qu’il a…
- Qui fait des sons... grâce à des mouvements !
- OUI ! Le thérémine de son inventeur Leon Theremin est l’un des instruments électroniques les plus anciens. Il a la particularité de produire de la musique sans être touché par le musicien. Idéal comme écoute pour planer dans son sofa ! D’ailleurs de nombreux artistes l’ont utilisé comme Jean-Michel Jarre notamment ou encore les Pixies.

Et maintenant, passons à la deuxième question. C’est une question jaune. Elle nous vient de Will Rus qui nous l’a envoyée par carte postale virtuelle : Le troène est un arbuste à fleurs blanches très odorantes. Mais pouvez-vous me dire ce que peut désigner encore, un troène ?

Ding ding ding ding…

- Une galère romaine ?
- Ah AH ! Pas du tout !!! On dirait bien que Will Rus vous mène en bateau avec cette question !

Ding ding ding…

- (qu’est-ce qui lui prend à Nico, il se fout de moi ou quoi) Euh...alors restons dans la musique … Un chanteur de folk ?
- Ah AH ! Très bon ! Leonard Trohen !!! Je pense que cela plairait beaucoup à notre ami Will ! Mais hélas, vous refroidissez mon cher !!! Resaisissez-vous !

Ding ding…

(C’est lui qui est dingue, qu’est-ce qui lui prend !)...Ah ça y est je crois que je l’ai !!! Le troène est bien entendu un mot qui comprend au moins trois n !!! Troiène devenu avec le temps troëne puis troène !!!
-  Ah AH AH AH AH !  Dingue ! Dingue ! Dingue ! Ding ! Ding ! Ding ! DING ! DING !!!

C’est alors que je me rendis compte que ce ding qui commençait à me taper sur les nerfs n’était pas le son métronomique et réconfortant du triangle mais bel et bien la sonnerie de mon radio réveil !!!

Je sautai aussitôt de mon lit et allai directement saisir le petit Robert qui se trouvait dans l’étagère du milieu de ma bibliothèque (de mes étagères pour être honnête…). Je l’ouvris et comme vous vous en doutez je cherchai Troène ..................................................

(le temps de trouver la bonne page, pensez-bien que je ne suis pas réveillé!) ...............................................................................................................................................

Zut alors ! Troène n’avait qu’un seul sens ! Ce n’est qu’un misérable arbuste !!!
Décidément le confinement- qui entraîne un surplus d’écoute radiophonique ! - combiné au défi du samedi me fait faire de drôles de rêves !!!

L’illustration est l’oeuvre d’Axel Ruch, extraite ici

 

Où écouter Sebarjo : https://soundcloud.com/user-14258780

18 avril 2020

Malgré tout, la vie (Yvanne)


Non, je ne sauterai pas la haie ! D'abord parce que j'ai perdu ma souplesse d'antan (!) et ensuite parce que c'est interdit. Enfin je me l'interdis. Si je commence à mettre un pied en dehors de mon chez moi, je suis perdue. Va savoir si je me contenterais du kilomètre réglementaire, frein momentanément consenti à notre liberté,  pour le bien de tous ! Quand j'emprunte un chemin je ne sais pas où il m'emmène et m'entraîne. Peu m'importe. Je le suis, c'est tout, perdue dans mes rêveries. Alors, vous pensez : je ne me soucie alors ni de la distance parcourue, ni de l'heure à ma montre.

Mais lassée d'entendre les discours très souvent contradictoires des « logues », je me réfugie, comme chaque jour depuis un mois, à l'ombre de mes troènes pour prendre l'air. La nature, goguenarde, n'en finit pas de s'y montrer sous des verts insolents. Le soleil a chauffé ses rayons comme en plein été. Les fleurs des tulipiers et camélias quittent comme à regret, pétale après pétale, les branches des arbustes pour joncher le sol de rose, de rouge et de blanc couleur de lin et de nacre. L'or des forsythias  rivalise avec celui des tulipes et le vieux pommier laisse craquer ses bourgeons pour délivrer ses délicates fleurs blanches teintées de rose vif. Un enchantement !

Et quel tintamarre autour de moi ! Les oiseaux n'en finissent pas de lancer leurs trilles, de voleter de ci, de là emportant dans leur bec des brins de laine de verre arrachés sous les avants toit de la maison. D'autres ont fouillé le compost à la découverte de quelques vermisseaux qu'ils s'empressent de  distribuer à leur marmaille affamée. La haie bruisse et palpite de vie. Je frémis de ce printemps splendide qui fait la nique à la peur des hommes.

A  mes pieds, la terre silencieuse et souveraine éclate de pousses tendres et fragiles dont la vigueur, cependant, s'affirme jour après jour, incroyable miracle sans cesse renouvelé.  Bourdons et papillons  se posent, repartent, reviennent dans une danse folle, agacés par les senteurs puissantes et sucrées émanant des fleurs de troène. Sur les fils, là-haut, au-dessus du rosier grimpant, rouge du sang de ses roses épanouies au parfum capiteux, roucoulent deux tourterelles en mal d'amour.  

J'observe, fascinée, ma voisine l'araignée, emmaillotant patiemment un moucheron dans sa toile. Je caresse distraitement les pages du livre ouvert devant moi. Je n'ai pas lu une seule ligne. La nature n'est-elle pas le plus beau, le plus complet, le plus mystérieux des ouvrages ? En même temps  je m'interroge sur les capacités de l'homme à s'en faire une alliée. Aurions-nous atteint les limites de notre royaume ? Prenons garde !

Le poète « à la veste de soie rose »est parti cette nuit retrouver un paradis perdu.  Un paradis où il chanterait pour l'éternité « les mots bleus, ceux qui rendent les gens heureux. »  Je le souhaite mais existe-t-il dans un ailleurs un autre paradis ?  Je crois que nous devrions, tout d'abord préserver celui dans lequel nous vivons - même s'il n'est pas parfait – et que nous nous escrimons à anéantir en le saccageant toujours un peu plus.

Mon jardin est mon paradis  que la nature rend lumineux en ces jours de tristesse. Que c'est bon de s'y exiler quelques heures pour écouter l'hymne à la vie !
Demain il fera beau.  

18 avril 2020

Fleur de troène (TOKYO)

 

On a un petit problème, le muguet n’a pas poussé cette année. J’ai du mal à imaginer le 1 MAI sans un brin de muguet.

Je suggère que cette année on raye du calendrier le 1 Mai et qu’on passe directement au 2 mai.

 Tu peux arrêter de faire un bruit de trottinette avec ta bouche !

On ne peut pas cloner le Muguet. On n’a même pas gardé un échantillon dans notre labo.

On n’est déjà pas arrivé à ressusciter un pharaon . Comment veux-tu qu’on s’y  prenne pour le muguet. Tu te souviens ce que ça a donné pour les tomates ?

Elles étaient pleines de protubérances et elles palpitaient comme des calamars.

v

Oui je me souviens ce n’était pas une réussite.

C’est quoi déjà le cœur du sujet ?

Le muguet du 1 Mai .

Mais qu’est ce que ça peut faire si le muguet a disparu de la planète terre.

Je suis pas psychiatre ni un sage d’orient, mais je présume que pour notre civilisation bien endommagée le 1 mai est un symbole fort .

Pour qui ? y a plus de boulot d’abord. Ils vont fêter quoi le 1  Mai . ?

Sais-tu que déjà les manuscrits de la mer morte évoquaient déjà le muguet.

Tu es astigmate ou quoi ?

 Qu’est-ce que je tiens dans ma main ? je ne sais pas ?

Une branche de fleur de troène.

 Ha bon on dirait du Muguet.

C’est dingue avec toi on va pouvoir bientôt mettre un terme à la sècheresse en Somalie. C’est incroyable cette trouvaille je n’y aurait jamais penser faire passer la fleur de troène pour du muguet.

Ce qui serait malin de faire c’est de communiquer là-dessus afin qu’ils oublient la gueule du muguet.

Ça me rappelle la campagne qu’on a foirée l’année dernière quand on leur a fait passer les vessies pour de lanternes.

On n’a pas le temps de tergiverser et de lancer une étude de marché.

On fait passer la fleur du troène et ils y verront que du feu.

On aurait dû écouter Darwin, on avait tous la gueule du chaperon rouge qui s’était pris le loup en plein poire.

La foule criait /imposteurs rendez-nous notre MUGUET.

Est-ce qu’on leur dit que l’eau va bientôt disparaitre de la terre ?

Non, le succès dépend du moment que tu choisis et là ce n’est pas le moment.

C’est quand le moment devant cette foule inculte et stupide.

 Demande à Brian on ne va pas passer pour des prophètes nous on est des scientifiques.

 

11 avril 2020

Défi #607


Un petit truc volontaire :

Troène

6071

 

11 avril 2020

Ont donné dans le moelleux

11 avril 2020

L'amour avec toi (Laura)

 

L’amour avec toi

C’est une explosion de joie

Qui me laisse baba

 

L’amour avec toi

C’est mon dada

Mon nirvana

 

L’amour avec toi

Sur un sofa

C’est extra

 

L’amour avec toi

C’est un gala

Qui me rend gaga

 

Dans tes bras

Je suis un dahlia

Une rose, un camélia

 

L’amour avec toi

C’est tout un panorama

Du vrai cinéma

 

L’amour avec toi

C’est au-delà

De ce qu’on voit

 

L’amour avec toi

Beaucoup d’émois

 

Et bien plus que ça

 

11 avril 2020

Dans mon sofa (Lecrilibriste)

 

La do mi ré do sol fa
il me faut de la musique
quand lovée dans mon sofa
je rêve d'une échappée
vers la mer des Caraïbes
pour combler mon desarroi

Le virus dicte sa loi
de l'Afrique à l'Antarctique
tout le monde est aux abois
c'est un truc amphigourique
Je voudrais avoir des ailes
mais elles n'sont que virtuelles
affalée dans mon sofa

La do mi ré do sol fa
Heureus'ment y a la musique
qu'on écoute et qu'on s'envoie
un air d'theremin* quantique
qui nous laisse médusés
par l'énigme qui est posée
qu'on n'comprend pas

La do mi ré do sol fa
quand je suis dans mon sofa

 

 

* c'est un instrument quantique qui se joue uniquement avec l'énergie des mains.
Trois pays seulement dans le monde ont des écoles de musique qui apprennent à jouer du Theremin:
la Russie, le Japon et l’Irlande . Écoutez, c'est beau ! Le Theremin a été inventé par Léon Theremin, un Russe qui en 1920 le présenta à Vladimir Ilich Ulíanov, alias Lénine, qui fut impressionné par son son. Il fit fabriquer 600 pièces et envoya Léon dans monde pour le faire connaître. C'est un instrument qui forme un champ magnétique et qui se joue sans être touché. Son son est comme la voix humaine.

 

 

11 avril 2020

C'est Ektorp (Vegas sur sarthe)


Je me souviens qu'il est arrivé un vendredi.
J'en suis sûr parce que le vendredi c'est jour de brandade et on en avait mangé à la maison.
D'ailleurs j'ai été malade le lendemain et c'était un samedi.
Pourtant Germaine n'a pas son pareil pour dessaler la morue mais c'est pas le sujet du Défi.
Il a eu du mal à passer par la porte mais dans l'immeuble y a pas d'autre solution.
On l'a entendu arriver au bruit que faisait la concierge !
Madame Dugenou – je l'appelle comme ça parce que je la vois toujours à genoux dans l'escalier – hurlait qu'elle ne voulait pas le laisser monter vu qu'on est confinés mais il était assez baraqué pour avoir le dernier mot.
Et puis on sentait que les deux malabars masqués qui l'accompagnaient étaient du métier.

Germaine était aux anges ; elle a toujours aimé les gros bras ce qui ne l'a paradoxalement pas empêchée de m'épouser.
Donc il est entré par la porte, tout rouge après avoir monté les cinq étages et aussi parce qu'il était naturellement rouge, le rouge Lipstick comme dit Germaine qui lit Closer …
La concierge suivait – plutôt rouge tomate et essoufflée d'avoir gueulé – curieuse de savoir où on allait l'installer.
Pas facile de leur trouver leur place quand c'est votre premier.
Je ne sais pas comment vous avez fait pour votre premier ; nous on avait galéré au fil des ans avec le vaisselier – celui qui gère la vaisselle – puis avec notre plumard – un King size de chez Galipette&Co – puis avec le secrétaire – Germaine voulait un secrétaire particulier – puis avec mon Dyson mais ça j'en ai déjà parlé.
« C'est gros pour un canapé » a commenté la concierge.
Germaine était furieuse et elle est montée dans les tours : « C'est un sofa, pas un canapé ! ».
J'allais m'informer de la différence quand Germaine a enchaîné : »Un canapé c'est deux places et un sofa c'est trois places ! »
Ce machin avait trois places alors qu'on n'est que deux à s'asseoir ici.
Ca sentait l'arnaque. Ce truc rouge Lipstick avait un bras droit pour un droitier et un bras gauche pour un gaucher mais qui allait occuper la place du milieu ?
Les deux malabars masqués se poussaient du coude. Non, ça ne pouvait pas être eux.
« C'est Ektorp » a dit Germaine.
J'ai aussitôt pensé à un roumain ou à un turc alors j'ai bredouillé : « et il sort d'où ce Ektorp ? »
«Mais il est là, gros naze» a dit Germaine en montrant le truc – il faudra que je m'habitue à dire sofa –  « on va le mettre devant la télé »

C'est chaque fois pareil, quand on reçoit quelqu'un Germaine l'installe devant la télé comme si c'était le raffinement suprême de regarder les Feux de l'amour en sirotant un jus de goyave.
Alors on a poussé mon fauteuil – Germaine dit Voltaire depuis qu'elle lit Closer –  pour faire la place au sofa … ça y est, je l'ai dit.
Va falloir que je m'habitue au rouge Lipstick.
La concierge s'était vite habituée, déjà assise dedans – on dit dedans ou dessus ? – avant même que les malabars masqués ne se démasquent pour réclamer un pourboire.
«Il est confortable votre canapé » a osé la concierge.
Germaine était furieuse et elle allait remonter dans les tours quand je ne sais pas ce qui m'a pris, j'ai crié : »Un canapé c'est deux places et un sofa c'est trois places ! »
Germaine m'a lancé un regard reconnaissant avant de m'inviter à tester notre sofa.
Je dois reconnaître qu'entre Germaine et la concierge, la petite place qu'elles m'avaient laissée au milieu était assez confortable.
J'ai refilé dix balles aux malabars masqués et on est restés seuls, enfin tous les trois à regarder l'écran vide.
Je ne sais plus quel célèbre inconnu a dit : « On naît, on achète un canapé et puis on meurt » et cette pensée m'a tellement fichu le bourdon que je suis allé me coucher direct.

11 avril 2020

Jusqu'ici tout va bien... un petit défi sofalesque ! (Nana Fafo)

 

Jusqu'ici tout va bien.

 

0-alligator au crochet

 

"et toi Al, qui es-tu ?"

Pendant que Al réfléchissait à une réponse

Ronchonchon plongea dans ses souvenirs.

 

C'était il y a SO FAr away... et pas dans une galaxie lointaine.

A cette époque, Ronchonchon et Al travaillaient encore ensemble.

Ils cherchaient une sorte de pierre philoSOFAle dans la mémoire humaine.

Ils avaient donné quelques conférences TED (X)

où ce petit tapis rouge était au centre de la scène.

Une scène montée sur une estrade improvisée.

Improvisé, comme la plupart de leurs discours d'ailleurs.

C'était le 1er duo chez TED, du jamais vu !

Ils étaient en SOF, Ah les 2 compères, aucune limite à leurs élucubrations !

A l'image de la SOPHA (SOciété de PHilosophie Analytique, made in Belgium)

ils tergiversaient des heures pour chercher la petite bête, tisser des liens entre les choses.

Ils pratiquaient une nouvelle forme de thérapie sofalesque.

 

0-crocodile au crochet

 

Puisque Frédu préconisait "Sur le divan", eux préféraient "Sous le sofa"

pour finir Saoul de paroles.

Cette activité était d'ailleurs d'actualité avec le SOFA Festival, 

où chacun reste chez soi et les vaches ne seront plus gardées.

Mais bon, ce SOFAmed leur assurait tout le confort nécessaire

et propice à l'émergence d'archaïques conflits héroïques.

Sophocle était de rigueur et ... c'était bien ça le drame !

 

SAUF A dire que SO FAr so good, "jusqu'ici tout va bien"

il y en a des choses à raconter sous le sofa.

Dépoussiérer les coins d'ombre à l'Ajax

Refaire son monde sous un autre angle, un angle confiné et contenu

"sous le sofa"

Dommage que Al avait perdu cette fichue mémoire,

il en aurait des souvenirs à raconter.

 

Après maintes réflexions, finalement, Al répondit :

"Je suis... le Croc Odile, bien sûr ! ou le Croc Mitaine, qui sait..."

 

Belle lecture créative à toutes et à tous

Pour le défi 606 - Sofa- du défi du samedi

 

Episode 01 - Episode 02 - Episode 03 - Episode 04 - Episode 05

11 avril 2020

Sofa away (Pascal)


Te souviens-tu ?... Confinés d’amour, dans notre petit appartement, tous les jours, nous apprenions à le faire. La somme de nos deux âges, c’était la quarantaine ; c’est pour cela qu’on s’enfermait loin du monde souffreteux et de ses agitations guerrières. Les volets à l’espagnolette, dans un moment de matin, seul le soleil pouvait nous rendre visite. Sa clarté voulait nous surprendre dans notre lit douillet. Pour t’enlever, pour t’envoûter, il « vertébrait » la poussière, il la maquillait en paillettes multicolores qui s’élevaient jusqu’à ressembler à un galant cousu d’or. Divinement impudique, vêtue d’une seule barrette, tu allais jusqu’à la fenêtre, tu te plaçais dans son rayon lumineux, tu te laissais éblouir, et j’étais jaloux, et je venais te chercher, et je venais te soustraire à ses sortilèges savants…  
 
Comme deux gosses, on se courait après, autour de la table ; je ne sais plus qui rattrapait l’autre ou qui se laissait prendre. On se donnait des gages ; diablesse, ensorceleuse, avec des effets de sourires enchanteurs, des doses savantes de chair blanche découvertes, un trait de parfum accaparant mes narines frémissantes, tu savais rallumer le feu de ma passion ; en braille de mes doigts, de ma langue, au jeu de piste de mes sens, j’avais des chemins balisés à caresser, des collines à visiter, des forêts à traverser, des grottes à explorer. À pleines dents, je croquais dans le fruit offert. À deux, on tenait le monde ; on s’exerçait à le repeupler en riant, en râlant, en criant. Essoufflés, sur ce sofa défoncé, encore, on s’échangeait nos frissons, nos murmures, nos secrets, nos illusions ; on se tricotait un futur ambitieux en forme de bonheur…  

Te souviens-tu ?... Quand tu sortais de la douche, je te réchauffais, je t’essuyais avec la grande serviette, tu cherchais un baiser, et tu volais le chewing-gum dans ma bouche. Au coin du sofa, comme deux souris affamées, on grignotait des gaufrettes et quand on s’embrassait, quand on se redécouvrait, on léchait nos miettes. On dansait nus, on avait les mêmes refrains de chanson, on fumait la même cigarette, on buvait dans la même bouteille d’eau ; tu me donnais la becquée, j’essayais tes bagues, tu tentais ma chemise, je récupérais mon chewing-gum, et je te regardais te recoiffer dans la glace de la vieille armoire, et ma seule pensée, c’était de te reprendre dans mes bras…  

Telles deux mouches éprises, sous l’éclairage de l’ampoule-lustre, on se tournait autour ; on cherchait la faille, j’étais taureau, tu étais banderille, j’étais Pégase, tu étais Vénus, j’étais Dylan « Just like a woman », tu étais sa guitare, et mes doigts couraient sur ton corps à la recherche des meilleurs accords. Coude à coude, yeux dans les yeux, pendant de longs silences connivents, chercheur de saphir et de topaze, je scrutais le fond de tes pupilles ; en apnée d’admiration, dans l’immensité de ces bleus abyssaux, je voyais des trésors, je voyais mon avenir, je voyais mes décors. Toi, comme si tu ne savais pas que tu étais aussi la détentrice de mon âme, tu cherchais toujours à savoir ce que je pensais. On faisait semblant de bouder pour mieux nous retrouver…

Te souviens-tu ?... Nos gourmands bouche-à-bouche nous ravitaillaient d’Amour, nos somnolences nous enlaçaient, nos endormissements nous scellaient aux mêmes paysages voluptueux. Quand je me réveillais de cette douce léthargie, j’avais le nez dans ton cou, j’étais bercé par ta respiration, réchauffé par la chaleur de ton corps ; je flottais dans une allégresse incommensurable, et je ne savais pas si je rêvais ou si c’était la réalité. Zéphyr de désir, en soufflant doucement sur ton duvet, je créais des frissons courant sur ton corps et, explorateur infatigable, je cherchais où ils pouvaient se cacher…

Tout ça, c’est si loin…  

11 avril 2020

Madame Carrier (Yvanne)


    • Oh, pardon !

Josy referme doucement la porte du salon. Elle s'apprêtait à faire le ménage dans cette pièce comme chaque lundi, suivant les instructions de son employeur, Monsieur Carrier. Mais elle a été coupée brutalement dans son élan. Josy s'appuie contre le mur du couloir et réfléchit : que faire ? Le salon est occupé et ce qu'elle a aperçu la laisse pantoise. Elle ne peut  quand même pas entrer. Elle reviendra plus tard pense-t-elle. Peut être la personne entrevue sera-t-elle alors plus présentable. Ou aura déguerpi.

Tout en s'affairant dans la cuisine, Josy se pose des questions. Que fait cette femme dans la maison ? Qui est-elle ?  Pas possible : Carrier aurait-il déjà trouvé quelqu'un ? Son épouse  vient juste de refroidir : à peine trois mois depuis son décès. D'une longue et cruelle maladie comme on dit. La pauvre. Ces hommes. Tout de même !  Et le genre de la remplaçante ! L'image de la jeune femme – car il s'agit d'une jeune à n'en pas douter – s'impose à son esprit. Elle a vu, de ses yeux vu une silhouette allongée sur le sofa. Le beau sofa que Madame Carrier  avait choisi elle-même quelques mois avant son décès et qu'elle aimait tant. Un canapé de cuir pleine fleur, aux belles lignes et très confortable. Blonde aux longs cheveux défaits, la demoiselle, avec une bouche rouge et pulpeuse comme celle de Marilyn et d'immenses yeux bleus qui la regardaient tranquillement. Nue, entièrement nue avec de gros seins. Une prostituée sûrement. Quelle indécence ! Et puis Carrier ne lui a rien dit à sa poule ? Il sait pourtant bien que le lundi est le jour de Josy. Qu'a cette créature à traîner encore dans la maison à cette heure ?

Josy s'énerve. Elle n'aime pas être contrariée dans son travail. Et puis, si la pauvre madame Carrier, si gentille, si douce découvrait ça !  Même morte elle ne mérite pas que cette gourgandine trône ainsi chez elle. Sans aucune gêne. Sans aucun scrupule. Sa rage se tourne maintenant contre son patron. Mais comment ose-t-il ce saligaud ? Il n'attendait que ça : le départ de sa malheureuse épouse  pour assouvir ses bas instincts sans doute ! Dégoûtant.

Josy guette l'arrivée de la jeune femme.  Elle finira bien par sortir du salon quand même ! Elle ne la saluera pas. Ah ça non ! Une heure passe et rien ne bouge. Josy bout d'impatience. N'y tenant plus, elle marche d'un pas décidé dans le couloir. Elle ne va pas pas passer toute la journée à attendre que la...chose se décide à partir.  Et puis hein se dit-elle je vais aller passer l'aspirateur dans le salon. Si la traînée campe toujours là, elle fera son travail en l'ignorant. Le silence n'est-il pas le plus grand des mépris ?

Josy frappe assez brusquement à la porte. Écoute. Rien : pas un bruit. Elle recommence une deuxième, puis troisième fois. Pas davantage de mouvement à l'intérieur de la pièce. Faut-il insister ? Elle dort peut être, cette...cette...Manquerait plus que ça tiens !  Je vais la réveiller moi ! Ou bien, elle fait semblant de ne rien entendre. On va voir . Là, c'est trop.

Cette fois, Josy ouvre en grand la porte du salon, le traverse et se plante devant le canapé. La créature gît toujours dans la même posture. Mon dieu, mais elle est morte, on dirait. Qu'est-ce que je fais ? Je ne vais tout de même pas lui fermer les yeux ? J'appelle Carrier à son cabinet – ben oui, Carrier est dentiste -  et je file. Il n'aura qu'à se débrouiller. Moi, je n'ai rien vu hein ! Je ne veux pas me mêler de ça. Déjà que les flics me connaissent à cause de mon fils, ce crétin qui circule sans permis...

Josy ne peut résister à une certaine curiosité cependant. Je vais regarder de plus près quand même. Après tout, cette personne a peut être besoin d'aide. Je ne peux pas me tirer comme ça. A moins que...Une idée germe dans la tête de la femme de ménage. Elle se penche et surprise ! Elle éclate de rire devant sa découverte : la remplaçante de Madame Carrier, dans le cœur et surtout  - qui l'eût cru – la libido de Monsieur Carrier est une vulgaire poupée gonflable.

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Le défi du samedi
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