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12 mai 2012

La vie en rose (Sebarjo)

 

La Vie en Rose

 

petales_de_rose



Souviens-toi de ce jour où nous étions tout ouis !
Ce jour à l'unisson, main dans la main, où nous flottions sur notre petit nuage et puis nagions légèrement sur notre cirrocumulus.

Aériens.

Souviens-toi nous sortions tout ébahis et fûmes éblouis par la lumière soudaine. Et, sur le perron de la mairie, envahis par une pluie de pétales de rose, nous dessinions malgré nous et allègrement des sourires immenses avec nos lèvres rougeoyantes.

Notre arc-en-ciel.

Souviens-toi quelques jours plus tard, nous avons foulé cette place à nouveau. Amusés, nous avons retrouvé quelques pétales survivants qui avaient voleté gracieusement au vent, pour se coucher en face du théâtre de la ville.

Vestiges d'un jour
Pétales sur le pavé
Vent frais du printemps


Je me suis alors souvenu de cette chanson que j'aimais te chanter :


alt : Noomiz

 

 

 

 

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12 mai 2012

Il y a douze pieds dans un alexandrin (Joe Krapov)

Evidemment, dès qu'il s'agit de découper un cercle, les Bretons sont là ! Dans le rond de Saint-Vincent, ils découpent quatre-quarts, ils s'en paient une tranche, ils essuient leurs doigts bien gras sur le fond de leur bragoù-bras et ils font glisser par là-dessus un coup d'cid' dont vous m'direz des nouvelles, M'ame Corneille !

Côté kouign-amann, c'est peut-être plus sympa et plus prudent de couper le cercle en huit, rapport à votre taux de cholestérol limite et au fait que, justement, autour de la table, on est huit !

Ce qui est bien aussi, à part couper les cheveux en quatre et se fiche du tiers comme du quart, c'est de couper les tartes en douze. Surtout si on a invité Blanche-Neige, les sept nains et les trois petits cochons pour un buffet disneyatoire. Ou les sept mercenaires et les trois mousquetaires, les ceusses qui s'entendent comme les cinq doigts de la main pour mettre les bouchées doubles.

J'aime bien le chiffre douze. Il y a les douze travaux d'Hercule, le mystère des douze chaises d'Il'f et Petrov, les douze mois de l'année républicaine : Vendéemièvre Brunolemaire Primaire Névrôse Morôse Mixomatôse Terminal Loréal Orignal Labrador Corridor et Fruidor.

Il y a aussi, qui sont si drôles, les douze signes du zodiaque :

Le bélier, qui enfonce toutes les portes même quand elles sont ouvertes ;

Le taureau à qui l'on mène la vache en désarroi et la vie dure dans des arènes ;

Les gémeaux dont je ne sais jamais lequel est Pollux, lequel est Castor, lequel est Simone de Beauvoir et lequel Jean-Paul Sartre ;

Le cancer qui ne s'use que si pile Wonder (Stevie, tu ne devrais pas conduire avec ta vue qui baisse !) ;

Le lion mowim mowim qui dans la jungle terrible jungle est mort ce soir ;

La vierge bien souvent marrie d'échapper à la conception en vue de rester immaculée (surtout, si, ah le coup vache, on lui montre le taureau en action !) ;

La balance que j'ai failli oublier – quelle injustice c'eût été de ne pas la dénoncer à la police comme la championne des hésitantes ! - ;

Le sagittaire avant de s'en servir une rasade supplémentaire, de la potion magique du Sar Rabindranath Duval ;

Le scorpion qui squatte, mais jamais trop longtemps, le dos des grenouilles naïves ;

Le capricorne c'est finicorne et direcorne que c'était la villecorne de mon premier amourcorne ;

Les poissons qui n'ont pas forcément la taille réglementaire et qu'on est obligé de rejeter dans le marais de la maison VIII où leur regard vitreux s'épanouira sans doute, surtout celui des carpes s'il y passe un lapin ;

Le verseau qui gaspille si souvent la flotte – Mademoiselle Zell, sors de la douche, ça fait trois quarts d'heure que j'attends mon tour ! - et dont on ne voit jamais le recteau.

Il y a aussi les douze coups de minuit et surtout, plus scientifiquement, les douze heures d'une demi-journée que mesurent la trotteuse, la grande aiguille et la petite sur la montre ou la pendule en prenant toutes les positions du Time-Kama-soutra avant de se retrouver l'une par-dessus l'autre, comme en pile à midi ou minuit pile et de repartir pour un tour.

Il y a également les douze divinités de l'Olympe, douze hommes en colère et j'espère aussi qu'à me lire quelqu'un(e) se fendra un jour une ou deux de ses douze paires de côtes.

Vous avez remarqué le titre ? « Il y a douze pieds dans un alexandrin », c'en est un !

Mais assez philosophé pour aujourd'hui. Il est temps, grâce à Jacques Grello, Guy Béart, aux Frères Jacques et aux Krapov brothers, de savourer l'histoire d'un cycle * de douze heures dans un monde idéal : il y fait beau ! 


* En parlant de cycle, j'ai tellement pétalé dans le yaourt ailleurs sur la toile que j'ai oublié d'en parler, des pétales de la photo. Pour la peine, en voici d'autres. Des Rennais, cette fois. Et la boucle est bouclée !

DDS 193 120324 045

 

12 mai 2012

Oublier (Célestine)

Il lui fallait oublier sa bouche, surtout sa bouche. Une bouche grenade qui lui explosait la langue en étincelles. Un salmigondis de papilles fruitées et agaçantes comme une limette cueillie sur l’arbre un matin d’été, torrent de framboise et de menthe et d’anis.

Il lui fallait oublier sa peau, ses courbures de velours, un velours mat et fluide, et étourdissant et enivrant de la douceur salée dorée d’un coquillage. Oublier la suave langueur de ses bras blancs, naturellement refermés sur lui en berceau, ses mains virevoltantes qui se jouent de sa nuque, petit animal fou accroché à son cou.

Il lui fallait oublier ses cuisses ombrées de lune effarées de plaisir, son petit cul potelé,  la palpitation sauvage de ses seins de crème et de satin, sa fleur de lys immaculée aux feulements de tigresse engloutie. Sa voix passion de cascade fraîche, sa voix désir de colombe frémissante, sa voix tourment de fontaine et de soleil. Et puis ses yeux de jade intemporelle, tour à tour glace et feu, citron et miel.

Et tous les délicieux supplices de son cœur.

Elle avait ri, d’un sourire de perle vénéneux , l’éclair vert de sa prunelle laissant venir la tempête. Il lui faudrait oublier aussi son parfum flou de myrte et de cardamome, lui crevant les narines quand  l’image même de sa folie disparaissait dans un éclat de rire cruel.

 Elle lui avait balancé son bouquet à la tête en criant « c’est fini ».

Il regarda les pauvres pétales dispersés au vent gris de novembre, et y vit clairement les morceaux de son cœur égosillé de désespoir.

12 mai 2012

A rose is a rose is a rose is a rose‏ (Anémone)

         La roue est en mouvement, fut-elle immobile.
         Une rose est une rose est une rose,
         Ronde comme tous les cycles.
         Même éparse en pétales.
         L'oeil se fixe sur le centre du Labyrinthe,
         Sur ce qui se déroule dans ses méandres.
         Alors que dans le même instant tout va et vient, libre
         Entre l'intérieur et l'extérieur du Dédale.

        

12 mai 2012

Rose-bonbon (EVP)

Je suis venu sur la rosace de pierre,
Avec une rose en témoignage d’amour éternel,
Elle avait fichu le camp, la garce, avec marcel.
J’me retrouve couillon avec les pétales par terre.
La prochaine fois j’apporterais des bonbons,
Au moins, j’pourrais les manger,
J’aurais toujours l’air du roi des c…s,
Mais ça console ces trucs sucrés !

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12 mai 2012

À fleur, le temps (tiniak)

Le temps, c'est du vent, mais la pierre ?...

J'étais là, pour ma promenade
- un jeu pas loin de la parade;
au front logé quelque mystère
accaparé par l'atmosphère

J'observais dans mon entourage
les bâtiments plus ou moins vieux
au mitoiement pas très heureux
mais dont je tirais avantage

Et puis, j'ai regardé mes pieds
A l'endroit où je m'arrêtai
je découvris cette insolence :
la nature et sa résistance !

D'entre les pavés jaillissait
une banale touffe d'herbe
(pas de quoi en faire une gerbe,
 mais assez pour m'interpeler)

Pour ajouter à ma surprise
le hasard jeta sur le sol
quelques vestiges de corolle
soufflés par l'automnale bise

Je révisais mon jugement :
le temps ne donne pas mesure
par nos œuvres d'investiture
mais son naturel évident

Je finis donc ma promenade
sans jamais plus lever le nez
mais à surveiller qu'à mes pieds
ne se trouvât quelque boutade

Depuis, je ne vois dans la pierre
qu'une cynique et vaine injure
à ce que peut faire nature
sans prétendre à quelque carrière

Demeure le temps, son passage
Y cherche quel est mon courage.

12 mai 2012

Métamorphose (Lise)

Métamorphose
 
 
Quand la roue se repose
De sa course infinie.
 
Chaque métamorphose
La transforme et grandit.
 
Son oeil est une rose
Dont le coeur refleurit.
 
Ainsi en toute chose
S'éparpille la Vie.

12 mai 2012

Participation de KatyL

Les pétales de rose titre 

Les pétales de roses légers et vaporeux, couchés sur le sol depuis peu, d’où viennent –ils ??

Forêt K De ce tableau de la forêt près de chez moi ? Il y a bien du rose, un arbre rose en effet !

Jardin au printemps De celui-ci sans doute, le jardin au printemps ??

Boutique de fleurs De celui-ci représentant une boutique de fleurs où quelques pétales ont pu s’échapper du magasin et s’en aller vivre leur vie sur le trottoir ??

Hortensias De ce bouquet d’hortensias ???

 

Enfin allez-vous me dire d’où viennent ces pétales de rose ?

 

Je sais ! Ils viennent du bouquet de fleurs que vous formez tous, et de nos écrits, ils vont au gré du vent, ils s’éparpillent sur la toile, mais pas celle du peintre, l’autre toile, celle du net.

 

Comme il sent bon l’amitié ce parfum des écrits.

Bisous à tous, de la part de katyL                                          Roses Signature

12 mai 2012

J'inspecte votre cible (Walrus)

... et je dois le constater :  Joli tir groupé !

Vous devez avoir la main ferme, le regard aiguisé et une arme parfaitement ajustée.

5 mai 2012

Défi #193

Que vous inspire cette photo ?

DSCF1869

Respirez, inspirez et envoyez-nous

vos inspirations à

samedidefi@hotmail.fr

A bientôt le plaisir de vous lire !

5 mai 2012

Se sont embarqués

(Dommage que ce logo soit déjà pris, il vous irait comme un gant)

Accents2

Walrus ; Venise ; Vegas sur sarthe ; MAP ;

 Lorraine ; Anémone ; EVP ; Joye ; Lise ;

Joe Krapov ; Célestine ;


 

 

5 mai 2012

Grave manque aigu (Walrus)

... d'inspiration.

Alors, je me suis jeté sur ma bibliothèque
dont les rayons se circonfléchissent sous le poids des bouquins
et j'ai fait appel au nègre du "Grand Amour"
ou de l'Académie, c'est comme il vous plaira :


Accents

5 mai 2012

L'accent (Venise)

Mes premiers mots d’oreille je les ai appris en suivant l’accent.

            En hispano-occitan en chant contre champ.

            Dans un patois de soupe de soute ,en verlan petit nègre sans bagage.

            Une langue mâchée et entendue par Montaigne traversant la chaine des Pyrénées.

            Collant l’oreille vers le sud ,gascon de cœur roule l’accent

            Attrapant l’accent j’y suis j’y reste, car mon oreille a ouïe tout dans mon école buissonnière

            Ma langue agraire avançats sus camins ,les mots dansent  carmins.

            L’enfant d’âge que je suis restée parle avec le vent qui étire l’alphabet.

            Un accent chaud du rouge-gorge comme celui de  Claude Nougaro  qui chante avec l’accent de  la Garonne .

            http://www.larticole.org/accent/accent.html

            l’accent encore des gueux des villes et des champs avec son inimitable accent du terroir, flagelle les tartufferies et sonne le tocsin des révoltes.

L’accent aujourd’hui reste une nécessité majeure ousque les malins pêchent, ousque naviguent  les grous !"

                http://www.petit-chariot.org/spectacle%20gaston%20cout%E9/patois.htm

 

5 mai 2012

L'ortograf pour les Nuls: (Vegas sur sarthe)

Aujourd'hui: Les accents

Songez qu'un texte sans accent serait comme un Pagnol sans bartavelles, un Rostand sans Roxane, un Cousteau sans mérou, un Vivaldi sans allegro, un Jacques Villeret sans son Glaude, The Voice sans Jenifer (euh non!), Lagerfeld sans sa suffisance, Cyril Lignac sans son gourmand-croquant, Jean Passe et des meilleures.
Lamartine n'a-t-il pas écrit: Un seul accent vous manque et tout est dépeuplé ? Euh... il aurait pu l'écrire!

Sans vouloir en coller partout, parfois avec effroi selon mon examen je vois qu'il n'y en a pas, je ne vois qu'e muets alors qu'il suffirait d'un simple évènement, un duo sucré-salé d'aigu et de grave pour me rassurer.

Rien de plus facile pour construire votre accent aigu:
Pensez au cri d'un goeland découvrant une huître (on parlera de celui-ci plus tard)
Tirez un trait dans l'axe sud-ouest/nord-est (sans blesser le goeland)
Et voilà, votre goéland peut lancer son strident gag-ag-ag!

Rien de plus facile pour créer votre accent grave:
Pensez au cri du cacatoes voyant sa crête de plumes (j'ai dit qu'on parlera de celui-ci plus tard)
Tirez un trait dans l'axe nord-ouest/sud-est (sans déplumer le cacatoes)
Enfin, votre cacatoès peut çà et là pousser son rauque et sonore raa-aach!

Construire votre accent circonflexe? Encore plus facile:
Jules Renard - en moins exotique que votre goéland et votre cacatoès -  l'appelait joliment l'hirondelle de l'écriture.
Songez par exemple au Pense-bete d'un honnete reveur dévetu
Imaginez votre goéland poursuivant votre cacatoès (c'est un moyen mnémotechnique parmi d'autres).
Eurêka! Voilà votre honnête rêveur toujours dévêtu mais chapeauté pour la câânicule.
Notons que l'exercice fonctionne tout aussi bien avec un trouble-fête bêcheur même en tête-à-queue ou un aumônier criant grâce sous la voûte d'un château! 

Maintenant que vous savez le construire, je peux bien vous dire que nous l'avons échappé belle lorsqu'il fut question de l'éradiquer malgré les coups de gueule des Bernard Pivot, Philippe Sollers et autres Jean d'Ormesson.
Imaginez-vous que si: Je mis un fût au pied d'un mur et attendis qu'il fut mûr... je serais - comme le maçon et sa cédille - encore en train d'attendre!

Aïe! C'est inouï, mais j'allais oublier le petit dernier... celui qui fait deux gros yeux bizarroïdes au caïman, à la cataracte de l'aïeul et à Caïn dans sa tombe, celui qui fait deux gros poings au caïd qui coïncident sur le i ou de l'oïdium au bonzaï.
Appelons-le simplement tréma et n'en parlons plus, pas besoin de vous en faire un naïf dessin ni un laïus inutile.

Vous voilà à présent maîtres des accents, c'est à vous d'en jouer car n'est-ce pas un jeu après tout?
Pierre Dac disait bien: C'est quand les accents graves tournent à l'aigu que les sourcils sont en accents circonflexes !          

5 mai 2012

Mnémo-accent-technie (MAP)

Petite aide mnémotechnique à l’usage des oublieurs d’accents

 

Pour se réaliser

un rêve se doit

d’être chapeauté

d’un accent

circonflexe

qui l’aide à décoller

comme un petit

hélicoptère !

 

Pour être

de toute beauté

il faut mettre l’accent

aigu

sur le « E » final

petite touche

qui parfait

« l’œuvre » 

comme si l’on

se poudrait le nez !

 

Pour  bien pratiquer

le solfège

la règle veut

un accent grave

car ce n’est pas si facile

de démêler bémols et dièses

disséminés sur la portée

ou de sauter de clé en clé !

 

 

Ce serait très mal

croyez moi d’oublier

le joli tréma

qui couronne

vos ascendants !

Point de querelle

de famille !

Oh mes aïeux 

Oh non, pas ça !!!

 

Mais oui les accents imagés

peuvent devenir vos amis

Vous ne pourrez plus vous tromper

en leur inventant une vie !

 

5 mai 2012

L'accent (Lorraine)

  

Mon ami hollandais est le beau-frère de mon ami flamand . C’est simple. Mais pourtant le premier affirme que beau-frère se dit « zwager » ; le second prétend qu’il s’agit de « schoonbroer » ; moi je ne dis rien, je me contente qu’ils soient mes amis.

 Ils acceptent d’ailleurs que je leur parle en français, ce qui est heureux, car je ne connais pas leur langue, étant uniquement francophone. J’ai bien essayé, mais je n’ai pas l’ »accent ». L’accent guttural pour dire « jongen » (garçon ), me manque, je dis « jonjen » alors qu’il faut prononcer « yonguen » et ainsi de suite. Heureusement, nous sommes amis au-delà des prononciations et eux, ils ont eu le courage d’apprendre le français !  Donc, entre nous, point de chamailleries. On s’accepte tels qu’on est.

 

Les légers frottements surgissent parfois entre eux. Leur langue, pourtant si proche, contient des particularités et quand je demande un jus de fruits, Hans m’offre un « vruchtensap » que rectifie aussitôt Guido en me présentant un « fruitsap ». Je bois l’un ou l’autre sans sourciller. Quelquefois, dans le feu de la conversation commencée en français ils continuent dans leur langue. J’en profite pour passer une quiche au micro-ondes, ou plus exactement dans le « magnétron » cher à Hans, ou dans le « microgolfoven » que Guido surveille du coin de l’œil.

Quand nous avons enfin eu un gouvernement, Hans a exprimé sa sympathie en applaudissant à la création de ce « kabinet », qu’aussitôt Guido qualifia de « regering ». Parfois, ils me fatiguent un peu. Puisqu’ils parlent tous les deux le néerlandais, ce devrait aller tout seul, non ? Mais voilà, l’un parle le néerlandais des Pays-bois l’autre le néerlandais de Belgique. Et chacun avec son accent ! Qui diffère, bien entendu…

Vous avez dit « Tour de Babel » ?...

 

LORRAINE

5 mai 2012

Détournements d'accents (Anémone)

 
 
Lorsque je commençai l'exercice, je me rendis compte tout de suite combien l'objectif que je me donnais serait difficile.
Du moins c'est l'impression que j'eus au premier abord. Je ne savais pas encore que je me trompais.
J'ignorais qu'au contraire j'avais choisi une consigne sans relief, peu originale et bien trop rudimentaire pour ne pas pouvoir facilement la respecter.
Certes, il me fallait sans cesse louvoyer. Changer mon projet. L'affiner. Modifier constamment presque chaque composante.
Mais, un pas puis un autre, j'y arrivais. Un pari en somme que j'envisageais bien de gagner.
Toujours trouver l'alternative. Une gageure? Oh, pas si ardue finalement. J'allais y parvenir et remporter l'exploit sans effort, haut la main.
Trop simple, me dis-je. Vaincre sans danger, c'est triompher sans gloire.
Tel n'est pas mon propos ni mon destin: je convoite victoire plus remarquable, plus insigne prouesse, plus grand aboutissement.
En un mot comme en cent: plus brillant record, plus rare performance. Je nourris et je berce davantage d'amour propre et d'ambition.
J'entretiens plus de perspectives, et d'un plus haut niveau.
Complètement énervée en résumé par ce qui dût bien m'apparaître tout à coup comme fainéantise éhontée, bêtise et velléité, j'arrêtai en un éclair de me tâter, pour détruire d'emblée toutes précédentes données. Les ayant renversées avec fermeté, détournées, culbutées, sans nul égard pour leurs réactions bêtes et effarouchées, j'étais prête sans traîner à pénétrer la réussite et à m'en délecter, jusqu'à l'apothéose, la fête, l'apogée, dans ses plus hétérogènes variétés.
J'ai remarqué à ce moment précis que j'avais, de nervosité, plusieurs fois d'affilée éternué. J'étais comme en état d'ébriété. Légèrement affolée par les nuées d'échappées envisagées, qui se présentaient à ma vue comme réifiées.
Préférer à ma volonté première son opposé fédérait à l'expérience bien plus d'exubérance, d'émerveillement, de découvertes, débouchant sur de frémissantes félicités. Jamais je n'avais tant exulté. J'allais être comblée et me réjouissais déjà sans modération de la filière exploitée.
Inopinément émancipée, j'avais férocement décidé, sans plus flâner ni me repaître d'oisiveté, de goûter au succès suprême et véritable.
De prétendre sans gêne déplacée à une plus éblouissante et distinguée percée.
Me jetant avec énergie dans la mêlée, je désirais éperdument, avec allégresse et vivacité, des résultats non plus évanescents, mais éclatants, étincelants, extrêmes et osés défiant toute législature et tout procès, voire dépassant les lois de la gravité.
Il ne m'agréait plus d'éternellement les différer. J'avais assez postposé. Pas d'opportunité d'étendre ma réflexion: déjà j'étais sortie des allées coutumières et étriquées et j'étais entrée en compétition.
Le but le plus élevé que je m'étais fixé était créer un phénomène époustouflant: ériger un échafaudage échevelé, qu'on évente à satiété dans l'intimité des chaumières comme dans les lieux très fréquentés, et en toutes contrées aux qualités si démesurément diversifiées. Evénement sans précédent, révélé discrètement en début de soirée au coin de l'âtre, aussi bien que dans de grandes envolées, en matinée à la criée, aux cérémonies, aux conférences... bref partout où de la société était momentanément rassemblée.
Lancé à toute volée sur cette déclivité escarpée, le défi avait soudain cessé de paraître éminemment aisé.
Les visées avaient muté, inévitablement plus serrées devant l'immensité des tâches exigées à exécuter. Tout en préservant aux résultats escomptés une espèce de fraîcheur non écornée, il fallait découvrir, sans que cela semble drôle ou inadapté, des succédanés autorisés à suppléer aux modèles surannés datant du Moyen-âge ou de l'Antiquité. Que d'embûches!
J'ai commencé alors, énormément et sans y être préparée, à hésiter devant les quantités effrénées de difficultés prêtes à se hérisser.
J'ai douté, ébranlée, de mes capacités. Apeurée, anéantie même, effrayée plus qu'à peine, émue à tel degré qu'il m'en venait des suées. J'ai sans arrêt tergiversé. N'allais-je pas me prendre allègrement un râteau, une bûche? N'avais-je pas caressé une chimère? Et comme la chèvre âgée qui avait présumé de ses réserves et de sa résistance, j'ai lutté jusqu'à la nuit tombée et déployé crânerie, héroïsme et témérité. Comme si j'avais joué dans une pièce de théâtre où aucun spectateur n'aurait réservé. Esseulée et livrée aux éléments contraires. Jusqu'à la nausée.
J'ai éprouvé dans cet état combien je me sentais isolée. Dans l'impossibilité de déléguer. Impressionnée par mon inexpérience et ma naïveté. N'avais-je pas bâti là des châteaux en Espagne? Je n'allais tout de même pas enrôler un nègre. Une chose était réelle: cela n'allait pas être du gâteau ni d'une gaîté particulière. Plutôt une hérésie. On en avait placé sur le bûcher pour des délits plus bénins.
Moi qui étais si sûre de bien me connaître, j'étais sans préambule confrontée à l'obéissance sacrée à de nouvelles règles, âpres et épineuses.
Dépourvue entièrement de toute idée d'où par mes pas je serais menée.
Dénuée de présages sur ma destinée. J'étais sidérée.
Hébétée, je tâtonnais et trébuchais, telle un bébé éléphanteau qui vient de naître lâché dans un marché. Evoluant parmi les échoppes installées de tous côtés. Parmi les objets précieux à souhait.
A l'avance je me sentais brisée, éreintée, exténuée, épuisée. Persuadée d'avoir exagéré dans ma volonté d'épater mes congénères par un déploiement incontrôlé d'activité. J'avais mal évalué les étapes, calculé le bénéfice de manière erronée. Effrontée que j'étais dans ma quête! C'était là que le bât avait blessé.
Alors je n'ai pas tardé et me suis concentrée. Premièrement, j'ai élaboré dans la dignité une stratégie péremptoire sans réfutation qui eût pu être envisagée. Nullement démontée en définitive, j'ai ébauché pour débuter une prière assez développée, espérant quelle fût exaucée, afin d'être touchée par la grâce.
Pour me sentir rassurée, rassérénée, j'ai également relativisé et je me suis morigénée: en cas d'échec je me suis à l'évidence persuadée de l'impossibilité d'être amenée à comparaître. Nul châtiment n'était à la clé. Pas d'échafaud. Ni d'enquête, ni de procédure, ni de requête. Je ne serais jugée sous aucun prétexte et par aucun prêtre et je ne risquais ni mes diplômes liés à ma spécialité, ni aucun blâme vociféré avec cruauté, intolérance ou néfaste sévérité. Je n'allais pas être attachée, ligotée, emmenée à la Salpêtrière ou à la Santé. J'ai donc réfréné mon anxiété.
Il devrait se lever tôt, celui qui prétendrait être mon maître et me prendre en défaut. Son trône n'était pas prêt.
Et si par une disgrâce inexpliquée, personne ne me faisait l'aumône d'une appréciation agréable, si je n'étais pas complimentée en réaction appropriée à mes mérites incontestés, si nul ne se répandait en récompenses ni ne se pâmait de délectation, mon âme ne devrait pas pâtir du manque de goût de certaines créatures peu éveillées, dépossédées de la plus élémentaire sensibilité. Devant tant de désinvolte calamité, de réflexions inconsidérées pétries de pensées se prétendant éclairées, d'identités déréglées, je devais être édifiée et ne point montrer de crédulité. Je ne devais pas la trouver saumâtre ni me sentir reléguée. Moi qui n'avais jusque là pas éprouvé d'infériorité, pourquoi aurais-je interprété contre moi quelque décision hâtive édictée sans perspicacité?
J'avais d'ailleurs renoncé au désir insensé d'éveiller l'intérêt de quelque élève. Et j'envoyais paître les ânes bâtés (pas seulement les mâles, soit précisé ici entre parenthèses) de caractère pénible et acariâtre, qui prônent la bêtise et ne savent que bâfrer ou proférer des vérités éculées. Quand ils ne se mêlent pas de rédiger d'écoeurantes épîtres qu'ils donnent en pâture à une foule éplorée. Assemblée de déchets de l'humanité sur laquelle je m'étais méprise et que j'ai de façon bien injustifiée déifiée pendant tant d'années écoulées, alors qu'elle ne dévore, mâche et digère que des denrées étonnamment avariées (et en réalité prémâchées).
Il ne sera pas écrit qu'Anémone, héroïne véloce et futée, eût capitulé (ou capitulât) devant les élucubrations singulières, étranges et alambiquées de quelques têtes écervelées. Nul ne m'avait jamais dicté ses préceptes. Il n'était pas né ni près de naître, celui qui aurait commencé.
Je m'étais méfiée de moi-même, m'étais montrée perturbée par l'appréhension de ne pas entraîner derrière moi en les traînant à mes guêtres que des apôtres. Mais nul n'avait étêté mon édifice. Personne n'avait étouffé ma créativité. J'étais sauvée. J'avais gagné et j'étais fière, sans humilité mensongère. Emule du coureur qui émerge, fiévreux, dressé sur son vélo, de la conquête méritoire d'une crête. Peu importaient le mépris, l'imbécillité, l'incompétence. J'avais triomphé de mes démons. La chèvre n'avait pas cédé, pas décédé, devant la bête affamée qui avait revendiqué de faire bonne chère et réclamait de la chair fraiche pour que fût calmé son désir brûlant. Elle sortait de l'arène tête bien levée et triomphe assuré, appuyée aux fûts des colonnes, prête pour des salves déchaînées.
Quelles que soient les réactions à proximité, j'aurais donc réalisé mon rêve. Ce n'était guère compliqué. Je n'étais pas vénale. Nul appât du gain ne venait gâter ma démarche, ce qui élève le coût de l'effort. Je n'avais pas non plus, par piété exacerbée, sacrifié a des divinités assoiffées. Je n'avais entamé aucun pèlerinage et avais terrassé moi-même les malédictions rencontrées. Tant pis si ma ténacité n'était pas couronnée et si je ne pouvais prétendre à être éditée. J'aurais tout de même d'une certaine manière accouché en bonne mère d'un bébé prospère et en bonne santé, à défaut que ce pauvre môme eût, comme tout être est en droit de l'espérer sur cette planète, un père présent, prévenant et attentionné.
Là où j'aurais en suivant ma première idée fait de viles courbettes, je me répandais dès l'instant en de narquoises et élégantes révérences dirigées vers les irrévérencieux eux-mêmes: voilà qui est appelé savoir récupérer les événements. Savoir ouvrir une fenêtre pour aérer à point nommé quand l'air se raréfie inéluctablement
J'ai révéré alors la sagacité vénérée qui m'avait insufflé tant de lucidité. J'avais assurément évité les pires extrémités. 
Face à l'éventuelle dèche, au mépris, aux déceptions, à l'adversité, je ne connaîtrais pas la frénésie du désespoir ni la désillusion amère. Secrètement éblouie par la précieuse multiplicité de tous ces accents déchirants émis avec tant de fierté, j'éprouverais à l'intérieur de moi-même une plénitude équilibrée et une sérénité jusque là ignorées. Véritable régal à déguster sans modération mais avec ô combien de délicatesse inégalée... Ô voilà que je me sens légère, libérée, sans chaînes, comme si j'avais très agréablement lévité pendant une partie de la journée. Ou médité seulement?
 
5 mai 2012

Les Accents (EVP)

 

L’accent aigu n’est pas du tout incongru.

Il parle et chantonne à mon oreille,

Depuis les calanques de Marseille.

Il me dit les vacances et les rires pointus :

 

«  Té ! Vé le pépé qu’a trop tété, la mémé va se le tanner ! »

 

L’accent grave est plein de componction.

C’est celui, snob, des dames de Versailles.

Il me parle de vertu et de saintes épousailles,

Accent des bourgeoises à perles et à chignons.

 

«  Chère Mère, vos problèmes m’exaspèrent, c’est galère ! »

 

L’accent circonflexe est un petit chapeau,

Il habille d’un rien les voyelles coquettes.

Accent des belles campagnes en goguette,

Il me parle fourrage et greniers et silos.

 

« En hâte, je suivis ce bellâtre qui devînt acariâtre et verdâtre ! »

 

Chantez, sonnez, carillonnez, charmants accents,

Vous dites si bien qui l’on est, d’où l’on vient.

Et ne vous cachez plus sous le seul habit parisien,

Soyez fiers au contraire et restez biens vivants !!

5 mai 2012

Un accent (Joye)

5 mai 2012

Au delà du trait (Lise)

Quand les mots fatigués de cette étrange fuite
Où ils passent figés dans une morne suite
Viennent à se réveiller pour tenter d'exister.
 
Ils sortent de nos bouches comme transfigurés
Par un petit détail à peine déposé
Qui du bout de la langue semble les emporter.
 
Vous dirais-je qu'en parlant il m'arrive de chanter
Perpétuant les accents de toute une contrée
Pour que vive le verbe au delà du trait.
 
Ami, écoute là, la Musique est en toi
Toute entière portée par le son de ta voix
Qui vibre et se souvient d'où tu viens.
 

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