L'ortograf pour les Nuls: (Vegas sur sarthe)
Aujourd'hui: Les accents
Songez qu'un texte sans accent serait comme un Pagnol sans bartavelles, un Rostand sans Roxane, un Cousteau sans mérou, un Vivaldi sans allegro, un Jacques Villeret sans son Glaude, The Voice sans Jenifer (euh non!), Lagerfeld sans sa suffisance, Cyril Lignac sans son gourmand-croquant, Jean Passe et des meilleures.
Lamartine n'a-t-il pas écrit: Un seul accent vous manque et tout est dépeuplé ? Euh... il aurait pu l'écrire!
Sans vouloir en coller partout, parfois avec effroi selon mon examen je vois qu'il n'y en a pas, je ne vois qu'e muets alors qu'il suffirait d'un simple évènement, un duo sucré-salé d'aigu et de grave pour me rassurer.
Rien de plus facile pour construire votre accent aigu:
Pensez au cri d'un goeland découvrant une huître (on parlera de celui-ci plus tard)
Tirez un trait dans l'axe sud-ouest/nord-est (sans blesser le goeland)
Et voilà, votre goéland peut lancer son strident gag-ag-ag!
Rien de plus facile pour créer votre accent grave:
Pensez au cri du cacatoes voyant sa crête de plumes (j'ai dit qu'on parlera de celui-ci plus tard)
Tirez un trait dans l'axe nord-ouest/sud-est (sans déplumer le cacatoes)
Enfin, votre cacatoès peut çà et là pousser son rauque et sonore raa-aach!
Construire votre accent circonflexe? Encore plus facile:
Jules Renard - en moins exotique que votre goéland et votre cacatoès - l'appelait joliment l'hirondelle de l'écriture.
Songez par exemple au Pense-bete d'un honnete reveur dévetu
Imaginez votre goéland poursuivant votre cacatoès (c'est un moyen mnémotechnique parmi d'autres).
Eurêka! Voilà votre honnête rêveur toujours dévêtu mais chapeauté pour la câânicule.
Notons que l'exercice fonctionne tout aussi bien avec un trouble-fête bêcheur même en tête-à-queue ou un aumônier criant grâce sous la voûte d'un château!
Maintenant que vous savez le construire, je peux bien vous dire que nous l'avons échappé belle lorsqu'il fut question de l'éradiquer malgré les coups de gueule des Bernard Pivot, Philippe Sollers et autres Jean d'Ormesson.
Imaginez-vous que si: Je mis un fût au pied d'un mur et attendis qu'il fut mûr... je serais - comme le maçon et sa cédille - encore en train d'attendre!
Aïe! C'est inouï, mais j'allais oublier le petit dernier... celui qui fait deux gros yeux bizarroïdes au caïman, à la cataracte de l'aïeul et à Caïn dans sa tombe, celui qui fait deux gros poings au caïd qui coïncident sur le i ou de l'oïdium au bonzaï.
Appelons-le simplement tréma et n'en parlons plus, pas besoin de vous en faire un naïf dessin ni un laïus inutile.
Vous voilà à présent maîtres des accents, c'est à vous d'en jouer car n'est-ce pas un jeu après tout?
Pierre Dac disait bien: C'est quand les accents graves tournent à l'aigu que les sourcils sont en accents circonflexes !