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Le défi du samedi
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15 septembre 2012

Souvenirs de ma vie d'avant le Défi (Joe Krapov)

1 Basketchup : sport américain particulièrement débile qui consiste à se disputer la propriété d’un bol empli de ketchup qu’on doit aller déposer à l’autre bout du terrain dans un panier déjà empli de galette et de petits pots de beurre.

2 Cassoulèvement : phénomène de geyser qu’on trouve dans les marmites des cuisines toulousaines lorsqu’on y plonge des saucisses cueillies sur un caoutchoucroutier (voir ce mot en 4 dans la liste).

3 Brahmanite : culte rendu à une divinité hindoue dont les six bras sont prolongés non pas par des mains mais par des champignons. Sur certaines représentations iconoclastes les champignons sont remplacés par des sexes masculins il s’agit alors d’un culte déviant dénommé brahmanite phalloïde.

4 Caoutchoucroutier : variété d’arbre qu’on ne trouve qu’en Alsace et sur lesquels poussent des saucisses particulièrement élastiques.

5 Barquadrumane : ancien gorille de boîte de nuit promu préparateur de milk-shakes à la banane.

6 Fissaturne : chambre vite dégotée dans laquelle on se rend pour y exécuter un coït généralement furtif.

7 Déshabtitiller : déshabiller quelqu’un(e) en prenant soin de stimuler dans le même temps ses zones érogènes.

8 Convoittiser : désirer quelqu’un et l’allumer suffisamment pour être payé de sa flamme en retour.

9 Gourgamandiner : promettre tant de friandises aux amandes ou de plaisir charnel à une jeune femme qu’elle en perd tout sens moral, toute retenue et tout porte-jarretelles par la même occasion.

10 Byzanthrope : qualifie un individu chanceux qui n’est jamais content de son sort et se plaint toujours que ça ne soit pas Byzance en parlant de sa villa à Saint-Trop’.

 

P.S. Il s’agit ici d’extraits d’une liste de 28 mots-valises pondus dans une séance d’atelier d’écriture « en vrai » en mai 2006.

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8 septembre 2012

Rue de l'Etuve (Joe Krapov)

En toute impunité j’ai volé des images,

Braqué mon appareil sur un monde inconnu

Et je dois avouer que j’ai été ému

De les voir poser tous devant le personnage

 

Innocent qui s’épand sans cesse devant tous.

Nul ne s’est étonné de mon long mitraillage.

Prenant la pose ou pas devant le noir grillage,

Ils avaient l’air très sage et peu faisaient les fous.

 

Et je repense encore au rituel étrange

Du portrait à l’endroit où l’on fait la vidange,

De la joie éprouvée à œuvrer au grand jour.

 

Photographe de rue, j’ai dans mon escarcelle

Des visages humains qui font grandir l’amour

Que j’avais déjà pour les amants de Bruxelles !

  

1 septembre 2012

Un échec de Rouletabille (Joe Krapov)

 

DDS 209 110820_A_021

 

Il avait tant de charme, alors, le presbytère !
Et le jardin resplendissait d’un tel éclat !
La violette embaumait avec le seringat,
La dame en noir laissait un parfum délétère

 

 

 

DDS 209 verrou

 

 

 Et dans la chambre jaune au mobilier austère
On fermait le verrou pour de trouble ébats :
Certaines joues souvent s’embrasaient d’incarnat,
Certaines éruptions rougissaient le cratère

 

 

 

 

DDS 209 Rouletabille

De ce chaudron torride où nous tournions en rond
Tandis que s’agitait ce reporter fécond
Désireux de venir à bout de tout mystère.

 

 

Jamais il ne trouva la clé de cette énigme
Car je l’avais cachée derrière ces trois stères :
« Tout se barre en sucette » était mon paradigme !

 

 

 

DDS 209 stère réduit (MAP) DDS 209 stère réduit (MAP) DDS 209 stère réduit (MAP)

  

P.S. Dans certaines régions de France, trois stères de bois correspondent à une « sucette » et quatre stères à une « pile ».

         Vous serez gentil(le)s de me retirer les miennes en sortant !

25 août 2012

Dernière station avant le désert numérique (Joe Krapov)‏

J’irai, sous la cabane au toit de maroquin

Ramasser quelques mots échappés de ses pages,

Quelques lettres perdues tombées de ses étages,

Le petit matériau qui fait le grand bouquin.

 

Je ne vous promets pas qu’il vaudra un sequin

Le sonnet qui naîtra de mon présent courage

Mais, fidèle à la scène, au public, au mirage,

J’essaierai d’endosser le manteau d’Arlequin,

 

Je ferai le Gugusse au violon famélique

Et frotterai l’archet sur la corde, comique

Ainsi qu’un cigalon engourdi par l’hiver,

 

Obligé de danser, de compter ses pas, ivre

Et de faire rimer peu à peu chaque vers.

Voilà, c’est terminé, Fourmi, je vous le… LIVRE !

DDS 208 livre-cabane (MAP)

 

30 juin 2012

Le petit bal perdu mais pas pour tout le monde (Joe Krapov)

Le mot « miroir » a mis son huit-reflets tout noir...

Mais qui voudrait danser avec huit fois soi-même ?

Le mot « anthropophage » se cache derrière un loup.
C'est sûr, ça a de la gueule...
Mais qui se jettera, blottira dans ses bras qu'il a grands
Autant que Mère-Grand ?

Le mot « tomate » a pris sa canne à pommeau d'or
Mais il est si timide qu'il se cache derrière afin de mieux rougir !

Le mot « sucre » a vêtu sa robe d'organdi
Mais cette bête rave est interdite aux travelos
Alors il fond tout doucement d'amour qui boit la tasse pour le café qui fume en lisant le canard

Plus tard, à la buvette, coiffé de sa chapka,
Le mot « scooter » noie son chagrin dans la vodka :
Personne n'a dansé sur sa musique d'enfer
C'est le bal le plus triste qu'il ait jamais animé.
Où sont les blousons noirs, les chaînes de vélo et les bastons de Colombey-le-Bal tragique ?
Oui vraiment c'est la crise on n'est plus à la fête !

Quand, soudain, « cotillon », « java », « langue de belle-mère », « paluches », « Apache », « ampli » se pointent à l'entrée. Le petit Robert Larousse, videur vidé, va donc, les laisse pénétrer, - il est passé minuit – et tandis que « citrouille », « carrosse », « pantoufle », « vair », « bling-bling », « aristocrate » et « chanteuse à voix molle » s'en vont à l'horizon vers leur vestiaire antique voici que « tequila », « tango », « boogie-woogie », « gisquette », « keupon », « picrate », « bibine », « guinche », « lampion » « tchikipoum » et « flon-flon » ne se font pas prier pour mettre sans chichis l'ambiance, le bazar, le torride, et l'humain sans minceur dans la roulotte du suave.

Et tant pis si demain on ne trouvera plus sous sa casquette de plomb ni ses mots ni ses fringues : cela aura été une belle fête impromptue, un beau défi de vie, quelques moments perdus d'égarement des mains et de nouement des langues, d'oubli des maux, sans abus, de fait.

Un petit bal perdu mais pas pour tout le monde !

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23 juin 2012

Microcosmos (Joe Krapov)

 

- Alors ? Heureuse ?

- Très heureux ! Et toi, heureux ?

- Très heureuse ! *

 

 

* Ne l'oublions pas, les escargots sont hermaphrodites.

16 juin 2012

Coure à cloche-pieÏ / zéro ! (Joe Krapov)

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120527 136Le 29 mai dernieu la patronne et mai on allit bourlinguer dans la campaigne avec tout un troupiao de villotins comme nous. Un rallye, qu'on appeleu ça. Ce sont un arrachou d'dents et des ensegnous de Rennes qui organisent cet arpentaige de coins perdus de la Haute-Bertaègn. On se véhiculit avec nout' chârte jusque Broualan, au-dessus de Combourg, le villaige de Chateauberiand.



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Ma bounefame et mai, on nous collit dans l'équipe des « mignons troglodytes ». C'est pas qu'on marchit dans la grotte la darnière fois qu'on fut à Lourdes, c'est juste que c'est le nom d'un moiniao de par ici qui fait son fricotaige, son ménaige et son tapaige dans les bosquets du voisinaige. On posit des questions pour savair le nom de l'église, où ce que nichaient les cinq piscines du bled mais ni la servouze du bar, ni la coiffouze ni le plombier-zingou ne surent nous conteu où c'qu'était la plus longue avenue de Broualan.

 

 

 

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Tant pis ! Le troupiao s'ébrouit et une longue file de jouvenciaos forts en goule et de spécialistes du bavardaige s'allongit su' le chemin qui nous menit à la forêt. Ce fut un biao voyaige ! Le solai était d'la partie et toute la compagnie coiffit bientôt de biaos capiaos. On comparit son ramaige avec son piumaige, on batifolit et restit saige pendant un certain kilométraige. Au bout d'une heure, on entrit dans un bouès d'ormiaos. Et pis ao midi , ça gourgoussit là-deden ! L'heure de roûcheu ! On pique-niquit au bord de l'iao, près de l'étang de la Pompe.


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Ah la la ! Les bons bervaches avec lesquels le galipaod accompagnit les tours de pain, le viao fret, la paire et le fromaige. Ah le baio partaige. On bezit une darnière boléed'cidr' pour la route et à partir de là tous les arpentous eurent de l'abattaige ! Après le déshabillaige – pas pour le badinaige ou le mraivaudaige , juste que « i f'sait ti chaod d'un coup ! » –on traversit un ruissiao qui faisait barraige, on glissit dans la forêt sur un passaige pentu, sur un chemin bouillonouz, on cherchit le moine au moulin pis on arrivit au chatè du Landal. C'est là que je participis à la coure à cloche-pieï ! Veuridique !


A mi chemin, je renfilis ma choqe, nouis le laceu mais en repartant je me ramassis la goule de tout mon long, m'écorchis la piao, me cognis le g'nou et les coudes et c'est tout juste si je n'eus pas la cheminze en lambiaos et des bosses au visaige ! Quel sabordaige ! Coure a cloche-pieï : zéro ! Ah le nochu !

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Il n'empêche, malgré cette mésaventure, lorsqu'on dépouillit les questionnaires, le sair, à Combourg, au restaurant « le Romantic », grâce à la fable que j'aveu écrite et que je contis, nous autres les troglodytes mignons, on était les permiers ! Hissez les drapiaos, allumez les flambiaos ! A nous le tropheu !

Depuis, et jusqu'à l'anneu perchaine, je seus dépositaire d'une coupe véritablement hideuse qui trône au-dessus de mon buriao ! Et a c't'heure, je n'attends pus qu'une chouse : c'est d'y r'trourneu à la randonneu des étonnants baladous! Afin de me débarrasseu de c’t’horreur, je seus prêt à accumuleu les zéros, quitte même à r'tombeu par terre, par la faute à Voltaire, les nasiaos dans le ruissiao, faute à Jean Jacques Roussiao !


« Je seus pas un zéro, mes faux-pas me collent à la piao ! »qu'y chanteu, Balavoine ! Mai, je rêve de retourneu en faire un de faux-pas ! D'y r'tourneu... au gallo !

9 juin 2012

Black et Mortimer (Joe Krapov)

DDS 197 061217_10bisIl prend quelquefois au soleil la lubie de briller, de brouetter, depuis les limbes, sa lumière au travers des brumes.
Ce timbré oblitère tout ! L'Ombrie, Rome, la mer, la Brière et aussi le pays des terrils où, tout môme, j'ai ouvert des mirettes en billes de loto sur ce monde où l'on touille, ou l'on trime, où l'on rouille, où l'on tue, où l'on meurt mais où l'on aime et chante et rime aussi.
 

Contre le feu de l'éclaireur chacun lutte pour ne pas brûler : Robert le couvreur sur le toit mouille sa tête d'un mouchoir, Gribouille dans la rue s'engouffre dans le métro et va cuire chez lui des tourtes dans d'immenses moules en un four déjà préchauffé.
 

DDS 197 060725_251La rivière, sans détour ni retour, roule ses claires eaux où se baigne une loutre.
Elle va en forêt se mettre bien au frais, coincer la bulle dans un coin de verdure, écouter le roitelet qui lance du haut de l'orme un trille dont est ému plus d'un Milou tiré de chez Tim (1).


DDS 197 111020__018Moi je n'oublie jamais d'obéir à ce metteur en scène du spectacle du monde. Papillon attiré toujours par les sunlights, il y a belle lurette que j'aime à le voir luire.
Je vous fiche mon billet qu'au sortir du boulot, la bouille réjouie, je m'en vais militer pour tous les éclats d'or qu'il met à nos automnes, tous les jeux sans limites que son rayon imbu calcule avec le sombre.
 

DDS 197 reflets 2Et c'est dans ces églises, entourées par ici par les tombes des morts, que je viens recueillir sans bruit dans mon béret l'obole d'Ombre et de Lumière.
Brimée par le vitrail qui ne la laisse entrer que fragmentée ou transformée, limitée par le bleu et les autres couleurs sur les manteaux des saints, elle s'embrume et fait son trou au carrelage, moulue d'avoir perdu à cette loterie.

 

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Pour moi, c'est dans la boîte, dans le boîtier plutôt !
Lors je gagne la route au-dehors qui flamboie.
L'intérieur des églises me fout toujours la trouille : on s'y meut en silence sous l'œil des Saintes-mères et des statues d'évêques à la mitre mitée obèrent ma conscience.

 
 

Dehors, illimité, libéré de tout boulet, aux orties, aux bleuets et aux morilles même, alors qu'on a dit « Gare... » (2), d'une voix de rémouleur pas toujours affûtée, je puis lancer mes folles bluettes, me faire ouïr par les louloutes, les brus, les rombières et me brouiller même avec elles au prétexte que je les broute ! Ouille ! Ouille ! Non, les filles, on avait dit « pas les coups de boule » ! C'est malin, vous avez chargé la mule avec vos coups de pieds dans les tibias, maintenant je boite !
 

DDS 197 piliersTrouble troubadour d'outre-tombe, je vais ainsi souvent de l'ombre à la lumière et j'y retournerai, sous la motte de terre que vous appelez tombe.
Mais... à chacun son tour !
Oui, j'ai ça quelque part dans ma ligne de mire mais pour ce genre d'embrouille, pour ce brouet infâme, ce n'est pas demain la veille que j'irai poireauter à la billetterie.


En vérité, je vous le dis ! Fiat Lux, encore et toujours !

Et même, comme dit Florent Fouillemerde, Fiat Panda !
 

DDS 197 fiat lux


(1) En allemand, Tintin et Milou deviennent Tim et Struppi. J'ai fait un mix des deux, mon objectif caché étant d'insérer dans ce texte plus de cent mots-anagrammes composés avec les lettres de « OMBRE ET LUMIERE ». Et ces deux-là collaient bien. Zut, mon objectif est révélé, je me suis trahi !

(2) « Gare aux morilles », c'est de qui déjà ? Gotlib, encore une fois, sans doute ! Ou Jean Yanne !

2 juin 2012

Le panache, elle aime ! (Joe Krapov)

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Plume chue du ciel

Je la mets à mon chapeau

Et fais le zozo


DDS 196 plumes

 

26 mai 2012

Galets-jade (Joe Krapov)

A chaque marée montante, la mer arrivait avec une nouvelle vague de plaisanteries stupides, de devinettes et d’attrape-couillons dont elle faisait cadeau aux galets :

- Pincemi et Pincenous sont dans un bateau. Pincemi tombe à l’eau. Qui est-ce qui reste ?
- Pincenous ?

Et la mer pinçait les galets et rigolait bien.
 

DDS 195 100803E 054La fois suivante, elle leur demandait :

- Est-ce que vous avez déjà glissé dans la piscine ?
- Non, répondaient les galets.
- Et manié le béton à la tonne ?
- Non plus.

Et la mer s’écroulait de rire.

- Pourquoi tu ris ?
- Ce sont des contrepets. Si vous changez deux lettres de place ça prend un tout autre sens.
- Manier le tét… Ah oui, tu nous as bien eus, disaient les galets !


Douze heures après elle disait :


- Il fait beau et chaud aujourd’hui
- Oui ?
- Allez je vous aide, c’est aussi un contrepet !
- Il fait chaud et beau ? Mais ce n’est pas drôle ?
- C’est parce que c’est un contrepet belge !
- Ah ?

Et la mer se pliait de rire de plus belle.


La fois suivante :


- Savez-vous pourquoi les paquebots belges ont trois cheminées ?
- Non . C'est un contrepet ?
- C'est parce que les transatlantiques !
- ???
- C'est une devinette absurde que j'ai piquée à Gotlib !

Et la mer se couvrait de rides sur toute sa surface à force de rire.


Et toutes les douze heures, la même situation se répétait sur la plage de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
La mer sans arrêt roulait ses galets.

 

19 mai 2012

L'art vulgaire est de retour (Joe Krapov)

J’ai toujours la chair de poule quand je pénètre dans un musée. Mais je m’illusionne : Isaure Chassériau, en chair et en os, ne viendra pas à ma rencontre pour me dire qu’elle a aimé les aventures que je lui ai inventées. Ou pour se chicorer avec moi en me traitant de tronche de cake. Qu’elle surgisse d’un seul coup dans cette exposition d’oeuvres de Léonard de Vinci serait un peu fort de café.

DDS 193 mona_lisaUne fois cette première appréhension passée, il me faut mettre les bouchées doubles et jouer des coudes comme tout un chacun pour m’approcher de la Joconde. Mona Lisa ! Cette fille-là, mon vieux, elle est terrible ! Et l’offrir en pâture à des régiments de touristes japonais au Louvre c’est comme donner de la confiture à des cochons ! Notez que je n’ai rien contre nos amis les Nippons bien nippés mais ce n’est pas la peine d’avoir inventé le Nikon, le Canon et le Minolta pour venir se presser comme des citrons devant le tableau et faire chou-blanc photographique : un flash, devant une vitre, tu ne vois que le flash sur la photo, eh, cornichon ! Je sais bien que vous avez les pieds en compote et l’esprit en capilotade après avoir expédié Florence, Venise, Amsterdam et Bruxelles en quatre jours mais quand même !

De toute façon, cette fille nous rend tous fous. Même les Allemands, gens d’une extrême sagesse, déclarent désormais devant le chef-d’œuvre : « Ach so ! Das ist Da Vinci code ! ».

Mais bon, faisons comme tout le monde et jetons un œil à cette croûte. Tâchons de comprendre pourquoi il y a lieu de se faire envoûter et de devenir le dindon de la farce. Certes, Mona nous tient la dragée haute avec son petit sourire en coin et l’air mi-figue mi-raisin de celle qu’on dévore des yeux, qui a de l’estomac et aussi les moyens de te rouler dans la farine. Mais est-ce que toutes les femmes ne sont pas un peu comme ça ?

Et à ce moment-là, pour plomber ma croustillante théorie, il y a Isaure Chassériau qui me balance sa légende urbaine préférée :

- La Joconde, Joe Krapov, c’est un homme ! Comme Sheila ! ».

En général, je digère mal ce genre de plaisanterie et cet humour assez GLLOQ. Je deviens comme tous ceux qui ont vu la moustache ajoutée par Marcel Duchamp à la binette de la donzelle et en sont restés comme deux ronds de flan. Au lieu de se fendre la frite, le gratin aime assez à se scandaliser, cela permet de discuter le bout de gras dans les salons où la marquise sucre les fraises et où Marcel jadis trempa sa madeleine (il s’était embarqué sans biscuits !).

Léonard a-t-il peint son giton ? Faut-il en faire tout un fromage ? Il y a plus de cinq cents ans Gala Voici et Closer n’existaient pas. On ne trouvait pas encore des conseils pour garder la ligne haricot vert dans les gazettes de l’époque, noyés entre douze pages de pub pour surgelés de luxe et l’horoscope des lions : « Ne ramenez pas trop votre fraise aujourd’hui, sauf si vous venez d’être élu Président d’une république ».

Comme ces ragots sur les « people » me font bâiller ainsi qu’une huître et qu’Isaure, pour le coup, m’ennuie, je traîne mes guêtres un peu plus loin et me retrouve nez à nez avec « L’Annonciation », directement importée depuis la Galerie des Offices de Florence.

DDS 193 annonciation

- Je suis désolée de soulever un lièvre, me glisse à l’oreille Isaure Chassériau-Lecrampon, mais la jeune Vierge à qui on vient dire qu’elle aura droit à un lardon sans même passer à la casserole avant, on n’a pas l’impression que ce soit la fin des haricots pour elle, tu ne trouves pas, Joe Krapov ?

- Les voies du Seigneur sont impénétrables, Isaure. Personnellement j’aime surtout l’ange dans ce tableau. Il, ou elle, a l’air assez peu concerné par son message à la noix de coco. Si les anges avaient un sexe et qu’il fût masculin, je dirais même que ça lui casse les noix, d’annoncer, tout sucre et tout miel, à l’heureuse élue que les Dieux de l’Olympe ont encore mijoté un mauvais coup et que c’est elle la victime. Mais maintenant qu’on lui a mangé le morceau, Marie, la moutarde ne lui monte pas au nez parce que…

- Moi, ce qui me troue, m’interrompt Isaure Lamalpolie, ce sont les bouclettes des deux morues. On ne donne pas l’adresse de leur merlan dans l’audio-guide ?

DDS 193 dame-a-l-hermineJ’essaie de semer le fantôme déchaîné d’Isaure – et ce n’est pas du nougat ! – et je me retrouve devant « La dame à l’hermine ». Ca ne mange pas de pain de le dire, ce portrait est une réussite. On marche sur des œufs pour ne pas troubler ce moment-monument de grâce pendant lequel la jeune fille à la résille semble tourner la tête vers quelqu’un qui lui cause. Et l’hermine immobile, avec sa patte gauche levée, est comme le symbole absolu de l’aristocratie : pour cet animal-là toute la maisonnée est aux petits oignons et l’on pense à Baudelaire : tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté…

- Oseille, oui, Joe Krapov ! Je l’ai bien connue, ce sac d’os ! A l’époque je me faisais appeler Isaura Chasserio avec un « o ». Elle, c’était Cecilia Gallerani. C’est son mec, Ludovic le more qui avait tout le blé. Il l’a pour ainsi dire tirée du ruisseau, elle a juste eu le cul bordé de nouilles…

Il ne faut pas pousser grand’mère dans les orties ! Trop d’Isaure tue Isaure ! Je m’enfuis en courant et je sors du musée. J’avoue, j’ai fait le mauvais choix. J’aurais mieux fait d’aller visiter l’expo du douanier Rousseau. Là ils ne l’auraient pas laissée passer, l’étrangère à la robe rose qui a tant à déclarer. Finalement, ils n’avaient peut-être pas tort, les autres avec leur slogan « FRONTIERES ! »

Tu parles, Charles ! Va-t-en lutter, toi, contre ton ennemie intérieure, quand elle utilise tes propres armes !

12 mai 2012

Il y a douze pieds dans un alexandrin (Joe Krapov)

Evidemment, dès qu'il s'agit de découper un cercle, les Bretons sont là ! Dans le rond de Saint-Vincent, ils découpent quatre-quarts, ils s'en paient une tranche, ils essuient leurs doigts bien gras sur le fond de leur bragoù-bras et ils font glisser par là-dessus un coup d'cid' dont vous m'direz des nouvelles, M'ame Corneille !

Côté kouign-amann, c'est peut-être plus sympa et plus prudent de couper le cercle en huit, rapport à votre taux de cholestérol limite et au fait que, justement, autour de la table, on est huit !

Ce qui est bien aussi, à part couper les cheveux en quatre et se fiche du tiers comme du quart, c'est de couper les tartes en douze. Surtout si on a invité Blanche-Neige, les sept nains et les trois petits cochons pour un buffet disneyatoire. Ou les sept mercenaires et les trois mousquetaires, les ceusses qui s'entendent comme les cinq doigts de la main pour mettre les bouchées doubles.

J'aime bien le chiffre douze. Il y a les douze travaux d'Hercule, le mystère des douze chaises d'Il'f et Petrov, les douze mois de l'année républicaine : Vendéemièvre Brunolemaire Primaire Névrôse Morôse Mixomatôse Terminal Loréal Orignal Labrador Corridor et Fruidor.

Il y a aussi, qui sont si drôles, les douze signes du zodiaque :

Le bélier, qui enfonce toutes les portes même quand elles sont ouvertes ;

Le taureau à qui l'on mène la vache en désarroi et la vie dure dans des arènes ;

Les gémeaux dont je ne sais jamais lequel est Pollux, lequel est Castor, lequel est Simone de Beauvoir et lequel Jean-Paul Sartre ;

Le cancer qui ne s'use que si pile Wonder (Stevie, tu ne devrais pas conduire avec ta vue qui baisse !) ;

Le lion mowim mowim qui dans la jungle terrible jungle est mort ce soir ;

La vierge bien souvent marrie d'échapper à la conception en vue de rester immaculée (surtout, si, ah le coup vache, on lui montre le taureau en action !) ;

La balance que j'ai failli oublier – quelle injustice c'eût été de ne pas la dénoncer à la police comme la championne des hésitantes ! - ;

Le sagittaire avant de s'en servir une rasade supplémentaire, de la potion magique du Sar Rabindranath Duval ;

Le scorpion qui squatte, mais jamais trop longtemps, le dos des grenouilles naïves ;

Le capricorne c'est finicorne et direcorne que c'était la villecorne de mon premier amourcorne ;

Les poissons qui n'ont pas forcément la taille réglementaire et qu'on est obligé de rejeter dans le marais de la maison VIII où leur regard vitreux s'épanouira sans doute, surtout celui des carpes s'il y passe un lapin ;

Le verseau qui gaspille si souvent la flotte – Mademoiselle Zell, sors de la douche, ça fait trois quarts d'heure que j'attends mon tour ! - et dont on ne voit jamais le recteau.

Il y a aussi les douze coups de minuit et surtout, plus scientifiquement, les douze heures d'une demi-journée que mesurent la trotteuse, la grande aiguille et la petite sur la montre ou la pendule en prenant toutes les positions du Time-Kama-soutra avant de se retrouver l'une par-dessus l'autre, comme en pile à midi ou minuit pile et de repartir pour un tour.

Il y a également les douze divinités de l'Olympe, douze hommes en colère et j'espère aussi qu'à me lire quelqu'un(e) se fendra un jour une ou deux de ses douze paires de côtes.

Vous avez remarqué le titre ? « Il y a douze pieds dans un alexandrin », c'en est un !

Mais assez philosophé pour aujourd'hui. Il est temps, grâce à Jacques Grello, Guy Béart, aux Frères Jacques et aux Krapov brothers, de savourer l'histoire d'un cycle * de douze heures dans un monde idéal : il y fait beau ! 


* En parlant de cycle, j'ai tellement pétalé dans le yaourt ailleurs sur la toile que j'ai oublié d'en parler, des pétales de la photo. Pour la peine, en voici d'autres. Des Rennais, cette fois. Et la boucle est bouclée !

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5 mai 2012

Quelques divagations chez le chapelier fou (Joe Krapov)

L'accent circonflexe est tellement un accent à couper au couteau que  qui le coupe en deux se retrouve avec un accent grave et un accent aigu !

L'accent circonflexe a plusieurs noms. Les enfants des écoles primaires l'appellent chapeau. Il existe cependant plusieurs sortes de chapeaux.

Sur le â de Cléopâtre le chapeau s'appelle une tiare.

Sur le ô de trône, ce qu'on voit c'est une couronne.

Sur le â de pâte une toque de cuisinier.

Sur le ô de patenôtre une mitre d'évêque.

Sur le a de hatif, vous étiez tellement pressé de brasser de l'air que le chapeau s'est envolé et son nom aussi.

Sur le â de « se faire porter pâle » le chapeau est un képi de deuxième classe à la visite chez Courteline. Ca peut aussi être un calot de soldat Chveïk (ca se lave à sec, Jaroslav !) et ça me fait penser que l'accent circonflexe à l'envers sur le r de Dvořák vous oblige à prononcer son nom "Dvorjak".

Sur le â de âne, le chapeau s'appelle un bonnet d'écolier.

Lorsque règnent les duègnes sévères, on comprend que l'heure est grave pour les midinettes ibères et que l'accent l'est aussi.

Et maintenant, des nouvelles de la crise aiguë :

On appelle éphéméride (effet mes rides) un truc qui sert à marquer sur les traits (ou d'un trait) le passage des années.

On appelle épée l'instrument tranchant avec lequel Alexandre le Grand résoud l'énigme du nœud gordien et Saint-Georges de Lydda... Non pas aujourd'hui, j'ai pitié !

Même s'ils se ressemblent beaucoup, il ne faut pas confondre l'accent aigu et l'apostrophe dont l'animateur immortel, M. Bernard Pivot, déclarait encore il y a peu que sur le ï de coït il y a deux points qui s'envoient en l'air ! Merci Bernard !

Revenons au cirque Cornflakes :

Sur le û de brûler, le chapeau s'appelle casque de pompier (pyromane ?).

Sur le ô de Ventôse, Pluviôse et Nivôse c'est un bonnet phrygien.

Sur le ê de pimbêche le chapeau est bien souvent un petit bibi prétentieux.

Sur le ô de Côte d'Azur, le chapeau de paille, ma biche, est souvent d'Italie.

Née en 69 avant Jésus-Christ, Cléopâtre dormit quelquefois tête-bêche avec son Jules coiffé d'une couronne de laurier.

Qu'il y ait un chapeau sur le ô de "ôter son galurin en entrant dans une église" me semble assez contradictoire.

J'ajouterais bien aussi que sur le â de zouâve le chapeau s'appelle une chéchia mais faudrait voir quand même à pas trop déconner, ma e-réputation en souffrirait peut-être jusqu'au pied du pont de l'Alma !

Le saviez-vous ? Les accents ne servent parfois à rien d'autre qu'à embrouiller le peuple sur les règles d'orthographe et de prononciation. Ainsi on écrit « pèlerinage » mais on prononce « pèlerinage » et on écrit « réglementation » pour prononcer « règlementation ».

A part ça monsieur et madame Toidlà-Keujmymette ont un fils. Comment s'appelle-t-il ?

Umlaut ! Bravo Angela !

120501 A 089

28 avril 2012

Le grimoire d'Uriah Heep (Joe Krapov)

DDS 191 UH Very eavyNous aurons des mots audacieux,
Le coeur humble et l'armure lourde
Pour chasser le démon du dogme
Et les discours de haine lente.






DDS 191 UH Demons And Wizards

Alchimistes du verbe
Et des hymnes d'amour,
Dans l'antre des sorciers
Nous prendrons le meilleur.


 
 

DDS 191 UH MagicianLa femme aux cheveux noirs
Montrera le chemin de la fête des mots
Et nous célébrerons le verbe magicien
A chaque anniversaire de soleil et de pluie





DDS 191 UH Look at yourselfLe regard en nous-mêmes,

La douce liberté,
Les merveilles du monde
Seront notre fortune.




DDS 191 UH FireflyNous aurons des mots fiers
Et des vies de lucioles
Et rien n'empêchera
Le grimoire achevé de notre vie tracée,





DDS 191 Hensley 73 frntPosé à tout jamais dans la bibliothèque

Sur une étagère poussiéreuse,
De faire entendre à l'avenir
Notre aventure musicale.

21 avril 2012

99 dragons : exercices de style. XII, Dialogue avec des "si" (Joe Krapov)

DDS 190 120324 162- Ne me dis pas que ce dragon ridicule a besoin, pour assurer sa subsistance, de bouffer deux brebis entière chaque jour que Dieu fait ?
- Si !
- Tu ne vas quand même pas nous faire croire qu'il en arrive ainsi à épuiser toute la production ovine d'un royaume entier ?
- Si ! Ca se passe en Libye. Le royaume est petit et le mouton s'accommode mal au désert.
- Et après, il réclame carrément de bouffer un jeune homme ou une jeune fille du pays ? Tu ne te payes pas un peu ma tête ?
- Si ! Ou plutôt non. Les monstres ne marchandent pas, ils prennent. C'est sans doute là une proposition d'un ministre ou d'un courtisan.
- Mais le roi n'a quand même pas accepté une idée aussi stupide ?
- Si !
- Sans compter qu'il organise un tirage au sort pour désigner le bifteck du dodu ! Ca n'existe pas, mon vieux, des rois démocrates !
- Si mais en général ils sont un peu cons, du genre à se casser une hanche en chassant l'éléphant !
- Et c'est la fille du roi qui est désignée pour être la première victime ! C'est pas un peu énorme, ça ?
- Si ! Mais Corneille raconte-t-il autre chose dans ses tragi-comédies ?
- OK, je te concède ça et je passe sur la suite : tu as l'air d'avoir autant de « si » en réserve qu'un bûcheron canadien ou qu'une chanteuse québécoise ! On l'attache au rocher, la fille, et comme par hasard, au moment où le dragon va la bouffer, un aventurier de passage l'affronte, en vient à bout et délivre la jouvencelle ! Ca n'a pas un petit goût de déjà vu ?
- Si ! Mais à chaque fois que Joe le Bouffi va coincer la pauvre Suzy pour la transformer en purée, Zorro aussi est arrivé !

 


- Ce qui me sidère chez toi, c'est ton goût pour les références bien datées et les fins déjantées ! Parce qu'alors, au bout du conte, ce type qui repart en plantant là la donzelle, c'est une chute morale, ça ? Est-ce que ce genre de légende édifiante n'a pas pour vocation au départ de diffuser le fameux « croître et multiplier » sous forme de « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » ?
- Si ! Mais on est sept milliards d'individus sur la terre maintenant et il n'y a plus forcément à bouffer pour tout le monde, juste pour les rois du pétrole. Et puis un héros qui pousse le chariot à provisions au supermarché, sort le chien, fait la vaisselle, regarde TF1 3 h 38 tous les jours et emmène sa tribu à Eurodisney aux vacances, excuse-moi mais je ne trouve pas ça très glamour ! Tu imagines Corto Maltese en charentaises ?
- Non, tu as raison. Le plus étonnant, encore une fois, c'est que tu aies réussi à publier la même histoire que d'habitude sur le Défi du samedi sans que personne ne moufte ! Ils ne sont pas un peu trop gentils avec toi, là-bas ?
- Si ! C'est pô juste, hein ?
- Non, c'est pô juste !
- Allez, n'en fais pas un drame ! Sing « C'est la vie » !


14 avril 2012

Return to fantasy (Joe Krapov)

- Vous n'auriez pas dû mettre cette robe-là, Rebecca !
- Je ne m'appelle pas Rebecca ! Mon prénom est Alice ! Et vous, qui êtes vous ?
- Moi je suis Daphné du mûrier.
- Vous m'avez l'air d'être un drôle d'animal en tout cas !
- Je ne peux pas dire mon nom. Je suis comme le silence. Dès qu'on prononce mon nom, je n'existe plus.
- Allez, ne me laissez pas sur ma faim !
- Je suis une bombyx !

La drôle de bête explosa, Alice fut projetée sur la case départ, elle relança les dés et fit encore un double six.


- C'est stupéfiant ! Quand je pense qu'on a transformé la cigarette de Lucky Luke en brin d'herbe et que vous vous êtes toujours là sans que personne ne cherche à contrôler ce qu'il y a exactement dans votre narghilé...
- Tss... Tss... Allez y doucement, fillette ! Au cas où vous ne le sauriez pas, le champignon que vous allez croquer après mon départ pour grandir ou rapetisser à volonté... Il n'est pas qu'un peu hallucinogène !

Le vent ! Il entraîna Alice de l'autre côté du miroir et là Tweedledum et Tweedledee lui chantèrent une chanson de leur façon.



N.B. Pour la petite histoire, dans mon pays des Merveilles à moi, M. Jibhaine est le frère aîné de Mademoiselle Zell.

31 mars 2012

Quoi de neuf ? Pérec ! (Joe Krapov)

DDS 187 drapeau_canada_1_Ca se passe dans un paradis sur la terre, une contrée de grands lacs, de forêts profondes. Le gibier abonde, on peut le suivre à la trace dans la neige, poser des collets, tirer le caribou ou, plus original, l'orignal au fusil. On commence à situer ?

On récolte la sève sur le tronc des érables pour en faire du sirop et la feuille de cet arbre a fini, elle aussi, par coller au drapeau. La région est vaste, peu peuplée, sauvage au possible et pourtant, la perfection n'étant pas de ce monde, Georgette Pérec est bien en peine.

A l'inverse du sieur Juvet – rien à voir avec Louis ! -, elle se demande : « Où sont les mecs ? ». Ces pleutres se calfeutrent : ils s'avèrent incapables de remédier à l'état de siège. Il est impossible en effet de sortir de Silène de Mont-Louis, leur village, car un monstre sanguinaire terrorise les passants sur la route menant à la bourgade. Il ne réclame ni brebis ni fille de roi, il dévore tout le monde, ce gros insecte rançonneur, les entrants comme les sortants.

- A grand mal, grand remède ! Prenons notre destin en mains nous-mêmes, les filles ! a déclaré Georgette Pérec. Le moment de mettre fin à la vie de ce tourmenteur sur pattes est arrivé !

L'aimable Canadienne enfile sa canadienne et prend sa canadienne car il lui faudra bien plus d'un jour de route pour atteindre l'ennemi.

DDS 187 aiguiser- Tu vas camper au bord du lac ? lui demande son amie Madeleine Basdelaine. Caaalice ! J'irais bien avec toi mais j'suis ben trop molle du genou ces temps-ci !

- Crisse de Tabarnac ! Je m'en vas l'assassiner, ce dragon ! J'ai entendu une jolie tune d'un nommé Daniel Lejeune dans mes écouteurs. Ca dit ceci : « Je sais une ville au nord de l'Ontario. J'ai là des souvenirs de jours paisibles et bienfaisants. Si jamais j'ai besoin de me ressourcer, je retourne vers elle de manière à renaître. » Moi aussi, Madeleine, je rêve de voir cette ville et des tas d'autres endroits du monde où l'on s'amuse sûrement beaucoup et pour cela, ben, il faut nous débarrasser de c'tenflure de maringouin géant !

- Je t'admire Georgette, mais comment vas-tu faire pour venir à bout de c't affaire ?

- Je vais d'abord affûter mes outils et je l'amadouerai en lui balançant l'air du gars Daniel. Il m'écoutera et pis au moment où lui aussi se sentira « désemparé et sans aide » je lui collerai un grand coup d'ma cognée en gueulant « Timber » ! D'ordinaire j'sus contre la violence mais là, t'avoueras, elle est nécessaire. Comme le maudit gouvernement ne veut pas s'emparer du problème, c'est à nous de le régler, non ?

DDS 187 090819_030


Ainsi fit-elle. Elle se mit en route et parvint face au monstre dans le milieu du troisième jour de son périple. Le gros diptère était au milieu du sentier en train de se taper une broue avec une paille.


Georgette posa sa guitoune, entama sa tune, la bête l'écouta puis, comme un ouragan, la routarde lui monta au pif et, vengeresse, lui planta le fer dans l'antepronotum, lui coupa la somite et la culicida du Gregor Samsa du démon clamsa ! Un coup d'aiguille et le dommage était causé, la cause gagnée et morta la vaca !


***


Depuis ce jour, grâce à la courageuse Georgette Pérec, les maringouins de cette partie du Canada où l'on parle encore le français ont tous rapetissé, ne voulant pas connaître le sort réservé au clone de la bestiole pragoise par notre personnage de maîtresse-femme. Ils sont maintenant tout petits et, pour tout dire, inoffensifs. De plus on trouve auprès de tout bon dépanneur de l'endroit de la crème efficace et des voiles de tulle à se mettre par-dessus la tête pour se protéger des bibittes.

En souvenir de Georgette Pérec, de sa force d'âme, de son regard bleu vosgien et de sa victoire sur le maringouin géant, les générations suivantes ont inventé la journée internationale de la femme. Le 8 mars de tous les ans, on a désormais pour coutume là-bas d'offrir à sa porteuse de brassière d'amour, à sa blonde ou à son agace-pissette préférée une brassée de mignonnes fleurs bleues dont j'ai oublié le nom. Je sais, je n'aurais pas dû. Ce sont peut-être des « Forget-me-not » ? Ca justifierait mon trou de mémoire !

Cette jolie légende aurait pu bien se terminer mais c'était sans compter sur Groscouillu Joliesgosses, le dieu des coupeurs de bois du Canada et des porteurs de pourpoints en tissu écossais et bonnets de castor.
Pour se venger de l'outrecuidance féministe de Georgette et de ses pareilles, pour réparer l'outrage du ravalement de la gent masculine de la région au rang de lopettes indéfendables, Groscouillu Joliesgosses dota les auteures interprètes féminines de ces coins-là d'un organe vocal à faire trembler les épicéas. Cadeau empoisonné ! Du coup on ne comprend même plus, tant elles gueulent, les paroles de leurs bluettes !
Depuis-ce jour, moi-même, je préfère le maringouin de Silène au baragouin de Céline. Comme je dis à mon épouse dans notre vieille automobile : "C'est Dion, tourne le bouton ".

DDS 187 je me souviens


Pour se souvenir davantage encore de Georgette Pérec, « je me souviens » est devenu la devise de cette partie du monde et Mme Marie Travers, dite la Bolduc, a composé et interprété une gaudriole intitulée « Les maringouins ». Si ça vous dit de la turluter avec moi et d'entendre mon ruine-babines à fausses notes, c'est ici !

 

 

P.S. Les lecteurs assidus et les lectrices perspicaces auront deviné qu'il s'agissait ici de « 99 dragons : exercices de style. IX, Lipogramme ».
Ce texte a en effet été écrit sans utiliser les lettres H,K,Q,W,X,Y et Z.
Quoi de neuf ? Pérec !

P.S. La photo de Georgette et Madeleine a été fournie par Joye qui est un peu leur voisine !


 

24 mars 2012

99 dragons : exercices de style. VIII, Rêve (Joe Krapov)

Oui, bien sûr, j'ai enregistré « File la laine » et « La légende » hier soir. Mais ça n'explique pas tout. Ce n'est sans doute pas pour cela que j'ai fait ce rêve étrange qui m'a réveillé à trois heures du matin.

J'étais tombé en panne et j'avais dû poser mon avion dans le désert libyen. Pas trop de bobo à l'atterrissage mais il allait falloir que je me débrouille tout seul pour réparer et repartir.

J'étais donc en train de trifouiller dans le quadrimoteur avec mes deux fois cinq doigts quand tout à coup j'ai entendu une petite voix derrière moi qui demandait :

- S'il vous plaît, dessine-nous un bazooka ?!

DDS 186 090521 423Je me suis retourné et je me suis retrouvé face à deux moutons dont un noir et un à cinq pattes.

- Un bazooka ? Est-ce que vous saurez seulement vous en servir ?

- Aucun problème, Red baron ! On a fait nos classes. Je suis le lieutenant Pascal Panurge et celui-ci est le sergent Ovid D. Sheependale.

- Je ne suis pas le Red Baron, je suis le capitaine Georges Poujouly. Et d'abord, contre qui voulez-vous l'utiliser, ce bazooka, si je le dessine ?


- Contre le méchant dragon qui terrorise la contrée. Chaque jour il boulotte deux d'entre nous.


- Bêêênédicte, Bêêêlinda, Bêêêrnadette, Bêêêrthoise, Bêêêttina, Bêêêatrice, Bêêêrengère, Elisabêêêth, Bêêêthsabée, Robbêêêrta, Bêêêrénice et Bêêêrgamotte y sont déjà passées, ajouta le sergent. C'est la Bêêêrézina ! Nous ne sommes plus que deux pelés, trois tondus et une brebis galeuse. Et le roi de Silène s'inquiète, lui aussi !


- Pourquoi ? Le dragon bouffe aussi les rois et se tire avec la galette ?


- Quand tout le troupeau aura été décimé, il y a de fortes chances pour que le monstre réclame de bouffer ses jeunesses. Il aime tout ce qui gigote.

DDS 186 091114 088Tout en les écoutant dérouler leurs doléances de cette façon un peu bébêêête, j'avais continué mes réparations. Je fermai le capot, m'installai aux commande, tournai la clé. Miracle, les hélices se mirent à tourner. J'allais pouvoir repartir et mener « Le petit prince », mon avion chéri, vers d'autres aventures.

- Mon capitaine... Très saint Georges Poujouly... Ne nous abandonnez pas ! Vous êtes notre seul espoir. Tous ces bêêêllâtres de chevaliers qui entourent le roi n'oseront jamais aller affronter la Bêêête du Gévaudan.

- Montez ! leur dis-je, aux deux frisés défrisés. Pas besoin de long discours ni de petit dessin. Vous allez me guider vers l'endroit où sévit ce guignol, j'en fais mon affaire.

Dans son marécage boueux, il était vraiment bien hideux et si je n'étais pas intervenu, cela aurait été une plaie pour le roi de devoir donner sa fille à becqueter à cet effroyable animal.

En deux rafales de mitrailleuse, l'affaire fut réglée. On ne m'a pas surnommé l'allumeur de réverbêêêres pour des prunes - zut, voilà que j'ai attrapé le tic de langage de l'autre, maintenant - !

Le seul problème c'est que le bruit de la mitrailleuse me fit sortir de mon sommeil. Je jetai un œil au réveil à cristaux liquides de la chambre. Il indiqua deux heures, puis, tout aussitôt, trois heures. Ah oui, c'est vrai, on changeait d'heure ce week-end ! Allons bon ! Que de contrariétés ! Pourvu que je me rendorme ! J'ai horreur de découcher et d'aller lire « A la recherche du temps perdu » dans la chambre d'amis en vue de ne pas réveiller Françoise, mon épouse, et de retrouver mon cycle de sommeil.

- Ne te bile pas, Georges, me dirent Panurge et Sheependale, on va t'aider. Ca on sait faire !

DDS 186 laineIl y avait avec eux toutes leurs brebis ressuscitées. Leur laine avait repoussé et, au lieu d'être blanche, elle était devenue multicolore. Chaque épaule d'agneau était devenue un patchwork de fils de couleurs variées savamment emmêlés. Ils se mirent en file indienne et entreprirent de sauter par-dessus une haie.

- Compte nous !

Je les comptai et effectivement, je ne fis ni une, ni deux, je me rendormis.

Au matin, quand le radio-réveil se mit en route, j'entendis Françoise, déjà levée, qui pestait contre le chien :

- Une écharpe à 32 euros, complètement déchiquetée ! Décidément, Câline, tu fais tout pour qu'on te préfère les chats !

DDS 186 120304 032Mon dragon domestique allait encore venir me secouer les puces pour que je sorte de ce lit où je me sentais si bien. Je n'allais tout de même pas lui raconter ce dont j'avais rêvé pendant le reste de la nuit ! Parce que la fille du roi, son trikini à 129 euros, je crois que je lui avais fait subir un sort aussi peu enviable ! Qu'est-ce qu'elle était jolie la sirène de Silène ! Une rousse flamboyante ! Un vrai renard du désert ! Ce n'est pas toutes les nuits qu'on apprivoise un animal pareil ! Mmmh !

Et justement, en rejetant les draps, je l'aperçois. Le trikini en lambeaux est là, à la place qu'occupe d'habitude mon épouse. Je me rappelle alors la chanson « J'ai encore rêvé d'elle et j'ai rêvé si fort que les draps s'en souviennent » du groupe « Il était une fois ».

Si Françoise la voit, cette pièce de lingerie, ça va être le martyre toute la journée pour moi, car ma bergère, native du bélier – ça ne s'invente pas – est d'un naturel très jaloux.


C'est alors que je réagis. La femme que j'ai épousée ne s'appelle pas plus Françoise que je ne me prénomme Georges et, Câline ou pas, nous n'avons pas de chien, de chat ni de mouton chez nous. A part sous le lit peut-être. Et pourquoi est-ce qu'on aurait mis le réveil un dimanche ?

A ce moment-là, le réveil sonne et je me réveille réellement. Avec ce changement d'heure, je trouve qu'on est encore partis pour de beaux décalages !

[signé : Antoine de Saint-Exubêêêrant]

17 mars 2012

Une prétérition pour un rendu nul (Joe Krapov)

Plutôt que de vous livrer ceci...


Y avot ben des années que, ed Cambrai, tout ce qui n’étot pas euch cinéma et cheul comédie d’min couquer n’existot pus pour mi, quand un jour eud l’hiver, comme euj rintros à l’mason, eum mère, véyant qu’ j’avos fro, a’m’proposa eud prinde, contre em’n habitude, un tchio peu d’café. J’y dis non tout d’abord et pis, jé n’ sais nin pourquoi, jé m’ ravisos. Elle alla quer eune tartine avec du burre et du Maroilles eudzeur. Et ch’est là que, machinalemint, tout mat d’avoir traîné m’corée tout l’journée et in m’dijant qué d’main cha s’rot tout parèl, euj porto à m’bouc eune goutte eud jus d’ù qu ch’est qu’j’avos laissé ramollir un morceau dé m’tartine eud Maroilles. Mais à l’instant même d’ù qu’ min gorgeon d’chirloute mélingé à un morciau d’cheul tartine ed ’fromache i’ toucho min palais, euj berloquos su’m cayelle et pis j’sintis qu’i s’ passot quétcose d’extraordinaire in mi. Ej me sintos fin bien, là, tout seul ed’vint min berlafache, sins que j’sache trop pourquo.


120304 011... ou cela... 


« Tous les paradis sont à perdre,
Tous les paradis sont perdus.
- Marcel Proust ? Moi je lui dis « Merdre ! »
A décrété le père Ubu »


... j’ai préféré ne pas participer au Défi du samedi n° 185. Je n'avais pas envie de froisser les adorateurs et adoratrices du petit Marcel qui pourraient se trouver parmi vous.

- C'est raté, Joe Krapov !

- Comment ça ? Qu'est-ce qu'il fout là mon texte ? Pourquoi il est publié ?

- T'es tellement un homme d'habitude qu'hier soir à 20 h 48, pendant que tu nettoyais ta madeleine, le coup est parti tout seul : t'as posté !

- Ah ben ça, c'est trop fort ! Proust, alors !


3 mars 2012

Quatre-vingt dix-neuf dragons : exercices de style (Joe Krapov)

ACTE 1 SCENE 1

La scène représente une auberge à Silène en Libye en 300 après Jésus-Christ. Pierre, Bertrand et Jehan sont assis et consomment à une table tandis que l’aubergiste essuie les verres au fond du café en sifflant un air d’Edith Piaf. Entre Boucicaut, en larmes, coiffé d’un képi de légionnaire et sentant bon le sable chaud.

 

Bertrand – Hola, tavernier ! Mettez donc une cervoise de plus pour notre ami Boucicaut !

Boucicaut – Eh bien ça y est mes amis ! Nous voilà débarrassés du dragon ! Mais quand même ! Quand j’y repense ! (Il s’assied et se met à sangloter)

Pierre – Eh quoi, Boucicaut… Tu sembles bien regretter quelque chose !

Jehan – Peut-être bien qu’il est déçu par la tête du vainqueur du monstre. Ou surtout par le fait qu’il s’agit d’un étranger !

Bertrand – C’est vrai, ça la fiche mal qu’on n’ait pas été foutus, à nous tous, de conjurer le sort qui nous avait été jeté.

Boucicaut – Quand même … Bou ouh ouh !

DDS 183 Saint-Georges 3Jehan – J’aurais bien voulu t’y voir, toi, face à cette bestiole infernale ! Tous ceux qui s’en sont approchés pour l’affronter sont tombés inanimés, intoxiqués à cause de son haleine pestilentielle. Des monstres qui crachent des flammes, qui ont des griffes pointues, douze têtes qui repoussent une fois qu’on les a coupées, ça, moi, Môssieu, je te les estourbis en cinq secs quand tu veux. Mais qu’est-ce que tu veux faire contre un dragon qui empeste le Munster avancé et le fromage corse des maquis reculés ?

Pierre – C’est vrai que terrasser le dragon et dragouiller en terrasse, ce n’est pas la même chose ! N’empêche, l’étranger, lui, il a réussi !

Bertrand – Moi je dis qu’il a triché pour pouvoir épouser la fille du roi !

Boucicaut – Quand même ! Quand je repense à elle ! Bouh ouh ouh !

Jehan – Triché ? Comment ça !

Bertrand – Oui, il a triché, le Georges de Lydda dirladada ! D’abord son épée n’était pas de taille réglementaire ! Et puis ce signe, là, qu’il a fait. Si ce n’est pas de la magie noire, qu’est-ce que c’est ?

Jehan – C’est un signe de croix, idiot ! Et tu as intérêt à t’y habituer maintenant parce que tu vas le voir faire. Plus souvent ! pas qu’un peu !

Pierre – Magie noire, magie blanche…En tout cas, l’étranger, il nous en a débarrassés, de l’oppresseur.  On allait se retrouver sur la paille à lui  refourguer toutes nos brebis, nos agneaux, nos bestiaux et voilà qu’il exigeait nos enfants. Heureusement le sort est tombé sur la fille du roi.

Bertrand – En même temps, nos mouflets, pour la vie qu’on leur fait ! Autant qu’ils finissent là, au chaud !

Boucicaut – Bouh ! Ouh ! Ouh !

Pierre – Holà, tavernier ! Donne-lui tout de même à boire ! Et amène-nous la piste de 421 et les dés. On joue quelques sols, messeigneurs ?

Jehan – Ah non, Pierre ! C’est interdit, ça désormais !

Pierre – Comment ça, c’est interdit ?

Bertrand – Oublierais-tu que nous avons tous été baptisés avant le combat ? Nous nous sommes convertis à la religion des Chrétiens. Et celle-ci interdit les jeux d’argent.

DDS183giogiodechirico-saint-georgesPierre – On va quand même pas miser des haricots ? Maman m’a toujours interdit de jouer avec la nourriture. Il nous emmerde, ce Georges ! Ah ben zut alors mais  tu me la copieras, celle-là ! Les étrangers, quand ils sont plus de trois, déjà, ça me donne des boutons mais alors celui-là, à lui tout seul, bonjour les dégâts ! Tout ça pour que Dgeorges épouse la princesse au petit pois dans la tête, c’est trop fort.

Jehan – Il ne l’épousera pas.

Pierre – Ah bon ? Il va juste lui faire son affaire et se tirer ? Et le roi a accepté ça ?


Bertrand – Il est déjà reparti, le Georges. Il veut mourir au combat, tout seul face à l’artillerie, j’ai pas trop compris. Il veut se faire « canoniser », qu’il disait !

Boucicaut, redoublant de larmes - Cette pauvre Blanchette !

 (On entend au dehors les cloches qui sonnent.)

 Pierre – Qu’est-ce que c’est que ce boucan-là ?

Jehan – Ce sont les cloches. Il faut qu’on arrête tout et qu’on aille à la messe.

Pierre – A la quoi ?

Bertrand – A la messe. Viens, tu verras ! C’est un truc en latin, y’a un gazier qui cause, on y comprend rien, on chante, on se lève, on se rassied, c’est très reposant au total !

Pierre – Et… on est obligés d’y aller ?

Jehan – Eh ben ouais ! On a promis ! Maintenant qu’on est baptisés, faut tout faire comme eux !

(Ils se lèvent tous sauf Boucicaut toujours noyé dans son chagrin.)

Bertrand – Tu viens, Boucicaut ?

Boucicaut – Cette pauvre Blanchette ! Si seulement ce con était venu deux jours plus tôt, elle serait encore en vie !

(Et il reste effondré sur le guéridon de la taverne à pleurnicher de plus belle.)

Pierre : Qu’est-ce qu’il a avec sa Blanchette ? C’est sa fille ? Le dragon la lui a bouffée ? Ou alors sa femme ? Mais je ne savais pas qu’il était marié !

Jehan – C’est sa chèvre !

(Ils sortent.)

 

SCENE 2

 

Roger (c’est le comédien qui interpréte Boucicaut. Il relève la tête et s’adresse à Thierry, le metteur en scène qui est assis dans la salle) – Je ne comprends vraiment rien de rien à ton concept de mise en scène ! Pourquoi est-ce que je porte un képi, d’abord ? Ca se déroule en 300 après Jésus-Christ !

Thierry – Roger, tu es un légionnaire romain qui a déserté !

Roger – En emportant le képi ?

Thierry – Le personnage est un grand sentimental, au cas où tu n’aurais pas remarqué !

Roger – Mais c’est complètement anachronique ! Les Romains portaient des casques à l’époque ! Et ce décor de machines à coudre et de phonographes, typiquement années 1950, qu’est-ce que ça vient faire là ?

Thierry – Roger ? Tu te rappelles le titre de la pièce ?

Roger – « 99 dragons, exercices de style ». Ca a à voir ?

Thierry – Ca a à voir ! Les exercices de style, c’est un livre de Raymond Queneau, un auteur qui a eu son heure de gloire au siècle dernier. Comme toi . Sauf que lui il est mort et que toi tu joues les prolongations ! L’auteur de cette pièce-ci a entrepris d’écrire 99 versions de la légende de Saint-Georges tuant le dragon en reprenant la formule de Queneau, une même histoire racontée de 99 manières différentes.

Roger – Mais alors… Pourquoi les personnages portent-ils les prénoms des compagnons de Thierry la Fronde ?

Thierry – Bon, tu nous fais perdre du temps. Va rejoindre les autres et appelle Judas pour la scène 2

 Roger sort

 Thierry, à part – Lui, quand il a commencé à jouer au théâtre, les décors étaient de Roger Harth et les costumes de Donald Cardwell ! Et je commence à comprendre pourquoi il n’a jamais été ne serait-ce que nominé au Molière des lumières !

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Le défi du samedi
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