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Le défi du samedi
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3 janvier 2015

Goût amer (Vegas sur sarthe)

Je me souviens du goût de l'encre violette
des bons points rose, bleu, du chant de la sonnette,
des agates queutées, des calots en acier,
des goûteux Malabar chipés chez l'épicier.
-
Je me souviens aussi des genoux couronnés
de cette eau qui piquait, de la gaze de laine,
des filles ricanant, ces rosses, ces vilaines
tandis que je mourais, piteux, saucissonné.
-
Je me souviens surtout de mon ensorceleuse
elle disait souvent “Je suis ton amoureuse”
Moi - roi du chat perché - je la croyais, naïf.
-
Je possédais de loin le plus beau des canifs
et qui mieux qu'elle aurait dansé la capucine?
Mais je n'oublierai pas ses prunelles assassines...
 
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27 décembre 2014

Le plus beau jour de ma vie (Vegas sur sarthe)

Chaque année à la même période, la Chose revenait où on l'attendait le moins.
Nul ne savait qui apportait la Chose pour la déposer dans les endroits les plus improbables.
Les spéculations allaient bon train au village et - trois jours avant Noël - on ne comptait plus ceux qui avaient aperçu la Chose au cimetière, dans le champ du Matthieu ou encore sous le préau de l'école communale.
Nous autres - libérés pour deux semaines de toute obligation scolaire - courions aux quatre points cardinaux pour être les premiers à vérifier si la Chose était enfin arrivée.
Celui qui verra la Chose le premier vivra le plus beau jour de sa vie” répétait le vieux Simonot qui en avait vu d'autres.
On ne savait pas quels autres il avait vu mais le bout de sa canne pointé au ciel achevait toujours de nous convaincre.
C'est Bébert qui avait eu envie d'aller voir par hasard si la Chose n'avait pas atterri au lavoir mais comme j'avais eu la bonne idée de couper par la ruelle de la Célestine, j'arrivai bien avant la meute des copains, aiguillonné par les rugissements du molosse de ladite Célestine.
Et elle était là... pas la Célestine mais la Chose.
J'ai d'abord cru à un nuage, un gros nuage bleu comme l'indigo dont les femmes teintaient les draps, les jours de grande lessive.
Et puis en m'approchant je les ai reconnus... des dauphins ailés comme ceux de mes livres de coloriage sauf que ceux-là scintillaient de mille étoiles.
Comme la meute des copains se rapprochait en hurlant je me dépêchai de répéter la phrase magique du vieux Simonot qui en avait vu d'autres:”Çui qui verra la Chose le prem's vivra le plus beau jour de sa vie”.
Alors le bruit de la meute lancée sur mes traces cessa d'un coup et le plus gros des dauphins - celui qui était en bas à droite du groupe mais que vous ne verrez jamais - vint poser son nez dans ma main et cliqueta:”Aujourd'hui sera le plus beau jour de ta vie”.
Si je comprenais la langue dauphin... alors je devais pouvoir la parler!
Plus beau que tout ce que j'ai déjà vécu?” demandai-je dans un dauphinois hésitant.
La Chose avait l'air de me comprendre puisqu'elle siffla:”Bien plus beau”.
Plus beau que les câlins de mes parents?” insistai-je dans un dauphinois approximatif.
Bien plus beau” gloussa le dauphin avec une petite pointe d'agacement.
Je sais que chez le dauphin ailé, la petite pointe d'agacement se dresse à la base de la nageoire caudale mais je feignis de n'avoir rien remarqué.
Plus beau que les virées dans la Juva 4 d'Oncle Hubert?” insistai-je effrontément.
Oui, bien plus beau” s'énerva le dauphin qui se fichait pas mal de la bagnole d'Oncle Hubert.
Plus beau que les...”
Ca suffit!” trompeta le dauphin.
Je ne souhaite à personne d'entendre trompeter un dauphin qui a le tarbouin dans votre main... c'est insupportable, et ça vous passe l'envie de poser des questions.
Comme je m'excusais - avec toute la délicatesse qu'autorise la langue dauphinoise - La Chose m'intima l'ordre de l'enfourcher.
C'était doux et chaud comme quand je montais le percheron du Matthieu, mais sans cette infâme odeur de paille et de crottin.
Je dirai que ça viaunait plutôt les effluves marines, ces relents d'iode et de varech que j'avais découverts en même temps que les côtes sauvages de Quiberon aux dernières vacances d'été.
Es-tu prêt pour la plus belle journée de ta vie?” jappa la Chose.
Les autres dauphins piaffaient d'impatience et les étoiles se mirent à clignoter frénétiquement, un peu comme la guirlande électrique qu'on avait une fois branchée par erreur sur le triphasé!
La Chose toute entière n'attendit pas ma réponse et décolla en deux temps et trois coups de queue.
Cramponné aux ailes battantes, j'eus à peine le temps de voir disparaître le petit rectangle du lavoir et plus loin un groupe stupéfait de fourmis vociférantes.
Cré vain dieu! Le vieux Simonot qui en avait vu d'autres disait vrai!
Je me sentais libre, invincible et je chantais, je criais à tue-tête: “Je vais vivre le plus beau jour de ma vie, plus beau que tout ce que j'ai déjà vécu, plus beau que les câlins de mes parents, plus beau que les virées dans la Juva Quatre d'Oncle Hub...”
Un concert de trompettes me transperça les tympans tandis qu'une nageoire invisible bâillonnait ma bouche jusqu'aux oreilles!

J'étais muselé mais fin prêt pour vivre le plus beau jour de ma vie comme disait le vieux Simonot qui en avait vu d'autres... et vous n'en saurez pas plus.

20 décembre 2014

Gros mensonzes (Vegas sur sarthe)

Ze crois bien qu'mon nez s'est allonzé!”
Fais voir un peu... bof”
Z'te zure qu'il était moins long hier”
Mais il a toujours été long ton nez”
C'est pas vrai! T'es qu'une menteuse!”
Non! Même qu'à la crêche on t'appelle Pinochiotte! Alors, tu vois”
Même pas vrai! Et pis c'est quoi une pin aux chiottes?”
C'est la soeur de Pinocchio, une marionnette qu'a le nez qui s'allonge quand elle ment”
C'est toi la menteuse et tu dis que j'suis une pin aux chiottes?”
Forcément! Moi j'ai un très joli p'tit nez”
Tu t'es pas r'gardée! T'as un gros vilain nez d'sorcière crochu et tout violet avec des boutons poilus dessus comme la nourrice!!”
Menteuse! On voit bien qu'tu l'as pas regardé de près mon très joli p'tit nez”
Z'ai pas envie d'm'approcher passeque ça pue dans ta cousse et pis en plus t'es mosse”
Menteuse! Ma couche elle est propre et pis c'est toi qu'es moche!”
D'abord à la crêche on t'appelle la mosse! Alors, tu vois”
Bon on arrête maint'nant?”
Ouais... si t'arrêtes la première!”
Pourquoi j'arrêterais la première?”
Passeque c'est la plus mosse des deux qui arrête en premier”
Où t'as vu jouer ça?”
C'est ma grande soeur qui l'a dit”
Ca m'étonne pas! Elle est tellement moche ta frangine!”
D'abord tu la connais pas”
Si j'la connais! Elle est en maternelle chez Mademoiselle Carton et elle sort avec Kevin, le plus moche de sa classe!”
Kevin, c'est l'plus beau de toute l'école!”
Où t'as vu ça toi?”
Parfaitement! Z'le sais passeque c'est ma grande soeur qui l'a dit et qu'elle l'a vu tout près!”
Ah? Tout près comment?”
Ben tout près comme les zamoureux qui s'toussent le nez!”
Y sont obligés de s'toucher le nez, vu qu'y sont menteurs tous les deux!”
Bon on arrête encore?”
Ouais... si t'arrêtes la première!”
Pourquoi j'arrêterais la première?”
Ze suis pas oblizée d'répéter! T'avais qu'à suivre quand z'l'ai dit!!”
Redis-le! Pourquoi j'arrêterais la première?”
Passeque c'est celle qu'a fait dans sa cousse qui arrête en premier!”
J'suis sûre que t'as fait dans ta couche avant moi...”
Tu peux pas l'savoir... faut avoir un grand nez pour sentir çà!”
Hé les pisseuses! C'est pas bientôt fini d'vous bouffer le nez?”
13 décembre 2014

Espionnite aigüe (Vegas sur sarthe)

C'est bien connu tous les espions bouffent des micro-films, aussi quand j'ai constaté la disparition de ma cassette VHS de Goldfinger le doute n'était plus permis: une espionne vivait sous mon toit!
J'avais déjà repéré son manège quand elle comptait le nombre de morceaux de sucre que je mets le matin dans mon bol de chocolat... cinq.
J'ai découvert que si je faisais mine de n'en mettre que quatre, elle restait en apnée jusqu'à ce que je mette le cinquième... alors elle détournait le regard avec un profond soupir en faisant mine de s'occuper à autre chose.
S'occuper à autre chose! Elle en est bien incapable, trop occupée à vérifier dans la corbeille de linge sale si mes chaussettes vont par paire, si la lunette des toilettes est indemne de toute projection de mes propres urinations, si j'ai bien rebouché à fond le tube de dentifrice, si je n'ai pas jeté un sac plastique dans la poubelle à couvercle jaune, si je n'ai pas chamboulé sa collection de Barbies qui occupe tout le lit, et coetera et coetera!
Si je remarque tout ça c'est qu'elle m'oblige malgré moi à espionner tous ses agissements, alors qu'avant je m'en foutais royalement.
Du coup je l'espionne pour être sûr qu'elle est bien en train de m'espionner. C'est le serpent qui se mord la queue sauf qu'il n'y en a qu'une dans notre couple hétéro, la mienne... et de nos rares moments d'intimité, je sais bien qu'elle ne perd pas une miette, la fureteuse.
J'aimerais bien savoir à qui elle “rapporte” mes faits et gestes, car qui ça peut bien intéresser de savoir que je mets cinq sucres dans mon chocolat?
Pas mon patron, ni le fisc. Un amant, peut-être?
A force de l'observer et de fil en aiguille, j'ai découvert qu'elle prend des cours de filature... j'ai trouvé des courriers en langage codé qu'elle reçoit d'un certain Joseph Jacquard à Lyon, mais j'ai réussi à casser le code: c'est du parler lyonnais!
Si elle croit que je ne la vois pas faire la navette en guettant le facteur; je sens bien qu'il se trame quelque chose.
Humm... et si elle avait un amant?
Hier soir alors que je visionnais “Rien que pour vos yeux” et surtout la sublime Carole Bouquet, ne choisit-elle pas le moment crucial de la course-poursuite à ski sur le domaine de la station de Cortina d'Ampezzo pour m'interroger sur une certaine Mélina-qui-laisse-tant-de-sms-sur-mon-portable?
Oui, parfaitement ma psychothérapeute s'appelle Mélina No, et alors?
Les autres disent Docteur No, mais je préfère dire Mélina.
Oui elle m'envoie dix sms par jour mais ça fait partie de mon suivi thérapeutique; ça s'appelle la e-thérapie et ça me coûte assez cher comme ça pour ne pas avoir en plus à supporter ses interrogatoires.
Onze sms, pas dix! Elle les a comptés la fouineuse mais je ne polémiquerai pas là dessus.
Si j'avais su qu'un jour, moi Jacques Bonde j'accepterais de prendre pour épouse Mattea Harry ici présente pour qu'elle bouffe mes cassettes VHS et me cherche des embrouilles à propos de ma psy...
Elle s'imagine que je n'ai pas repéré la petite webcam incrustée en haut de l'écran de l'ordinateur portable qu'elle m'a offert pour mon anniversaire! J'ai beau y mettre du feutre noir dessus, la vicieuse y passe l'éponge tous les jours.
Je sais que vous ne le croirez pas mais de temps en temps elle met des yeux dans mon potage et ça me coupe l'appétit.
Notre siamois, Octopussy me regarde faire la gueule devant mon assiette... je sais qu'il est dans la combine, l'espion aux pattes de velours.
Si je pouvais le “retourner” celui-là, j'en apprendrais de belles, mais j'aime pas faire mal aux chats, d'autant qu'elle l'a payé une fortune: pensez-donc, un chat équipé de lunettes de vision nocturne à illuminateur infrarouge!
Heureusement Mélina sait tout ça et sans elle, je ne sais pas ce que je ferais face à cette barbouze qui vit sous mon toit.
Tiens justement, un nouveau sms de Mélina: “Vivre et laisser mourir pour 400 euros”.
Ça doit être mon nouveau programme en dix séances et vu ce que ça coûte, je sens bien que ça va marcher!
6 décembre 2014

Procrastinus temporis (Vegas sur sarthe)

Allumer le Soleil, c'était pas qu'un luxe (le plein soleil vaut 100 000 Lux soit environ 100 000 Lumen au mètre carré) vu qu'on n'y voyait que dalle sur Terre.
Remplir le fond des mers avec de l'eau salée pour faire barboter les vacanciers et mettre de l'eau fade dans les nuages pour emmerder les mêmes vacanciers, c'était assez jouissif.
Ajouter de la végétation pour y planquer des tigres, des reptiles, des moustiques tigre, enfin des tas de bestioles... c'était délassant.
“Mais lâcher des piafs dans les cieux, ça commence à bien faire et des baleines dans la mer, c'est assez!” maugréait Le Tout Puissant. Pour un peu, ça tournait au calvaire!


Alors quand il s'est agi de créer les deux zigotos, le Tout Puissant eut un coup de mou, une sorte de grosse flemme, comme une envie de remettre à deux mains ce qu'il savait faire d'une seule, un truc indéfinissable qu'il mit du temps à interpréter.
Ainsi donc lui vint 'pro' qui veut dire en avant et puis 'crastinus' qui veut dire demain.
Au risque d'y perdre son latin, il créa procrastinus et il vit que c'était bien. Pour la première fois il se mit donc à procrastinationner.
C'était bizarre ce nouveau verbe - d'ailleurs il remit à plus tard l'essai de l'imparfait du subjonctif - mais en même temps ça le rendait tout léger, tout guilleret.
Un ange ou un démon - il n'avait pas encore expérimenté la différence - lui soufflait que ces deux loustics pouvaient bien attendre et que personne n'en saurait rien, vu qu'il n'y avait personne. Alors il baptisa ce jour là 'Samedi'... ce fameux jour qui remplit les supermarchés (avant on disait Mammouth) et vide les comptes courants.


IL n'en était encore qu'au sixième jour d'une semaine qui devait en compter sept avec ce fameux 'Jour de Lui-même' ou jour du Seigneur qu'il était bien décidé à passer sous la couette (un machin rempli des plumes des piafs qui tombaient du ciel).


Au diable l'agenda (agenda, agendus, agendum en latin et planning, planning, planning en anglais)!
Qu'est-ce que ça pouvait bien foutre qu'Adam et sa greluche naissent un dimanche plutôt qu'un samedi?
Ils auraient tout le temps de s'empiffrer de pommes, de poires ou de scoubidum et d'aller forniquer Caïn-caha... et faire tous ces trucs dont j'ai déjà parlé maintes fois et que je ne répéterai pas.
Vous n'aviez qu'à suivre!
En différant la conception des deux zigotos, il retardait d'autant la création d'un tas de machins tous aussi chiants et pas catholiques les uns que les autres comme le slip kangourou, les charentaises (non, pas les charentaises), le rouge à ongles, le fer à friser, le canard vibrant et Closer.


Le Tout Puissant procrastinait et il vit que c'était bien, ma foi.
Alors il institua une journée mondiale de la procrastination qui tomberait le 25 Mars, jour de la fête nationale de la Grèce dont le monde entier se fiche pas mal sauf les grecs.
Puis il eut cette phrase malheureuse: “Demain, j'arrête de procrastiner” qu'il regretta aussitôt puisque le lendemain tombait le 'jour de Lui-même' c'est à dire le jour du Seigneur consacré à dormir sous le machin rempli de plumes et caetera...


 Par sécurité - du latin Sécuritas ou télésurveillance - il inventa la précrastination qui vient de 'pré' et de 'crastinus' et qui veut dire Fissa ou Pronto.
Il décida d'en tester plus tard les effets sur la greluche en la mettant au pied d'un pommier, d'un poirier ou d'un scoubidoutier, enfin il verrait ça plus tard... et puis si ça ne se passait pas comme prévu, il serait toujours temps d'inventer la sérendipité - serendipity en anglais - qui est l'art de découvrir les choses sans le faire exprès, comme les sels de bain d'Archimède, la pénicilline, la tarte tatin, la fourchette en inox ou l'aspirateur sans sac!


Il vit que c'était bien et que ça suffisait pour un samedi, et comme c'était la croix et la bannière pour se garer devant le Mammouth, il éteignit le Soleil... il n'y avait pas de petites économies.


Pour moi aussi, ça suffit pour aujourd'hui...
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29 novembre 2014

J'ai horreur du samedi (Vegas sur sarthe)

Samedi
10H15:
J'ai horreur du samedi!
Deux heures que j'poirotte dans la boîte à lettres et j'ai même pas droit à un vrai regard.
Si encore j'avais la tronche d'un avis d'impôts fonciers, je comprendrais qu'on m'fasse la gueule... mais là! Quand j'pense qu'on a mis l'paquet cette semaine sur l'habillage et les gros titres!
Si c'est pas malheureux.
Y a que moi pour tomber sur la lectrice de base: Robe de chambre en pilou, bigoudis et toutou à sa mémère.
On est 355 830 à inonder nos fans chaque semaine et il faut qu'je tombe sur ELLE!
Ferme la porte Bon Dieu! Ca caille!!”
Lui, c'est son Jules. Pas de danger qu'il s'intéresse à moi, même si on n'est pas obligé d'être cultivé pour regarder les images.
Page 63 on a fait exprès d'coller un Sudoku force Zéro pour les mecs, mais c'est encore trop.
10H20: Le toutou à sa mémère me renifle comme si j'annonçais la fin du monde.
Rien de tout ça, saucisse à pattes! Chez moi y a que du charme, de l'intime, du glamour, de la French touch, des confessions, de la sueur des podiums, de la beauté en tube-en pâte-en spray-en veux-tu-en-voilà, Pffuuiii... j'en reviens pas moi-même.
11H00: Pardon! ELLE est connaisseuse, cette lectrice assidue qui se délecte de mon avant-dernière page, celle de l'horoscope.
ELLE est quoi la mémère? Balance? “Sensualité et mots d'amour. Vous sortez de votre léthargie”... je crains le pire!
Sûr qu'ELLE va s'prendre pour Marilyn, accélérer l'mouvement et me prendre à rebrousse-poil jusqu'à la page de garde à grands coups d'ongles acérés. Si jamais ELLE s'arrête sur Brad Pitt, on va finir écartelés sur le lit son Jules et moi!!
 
11H15: Bien griffé mais toujours vivant. Le Jules a rien d'un Brad Pitt et me sauve la mise avec une grosse gueulante :”Quand c'est qu'tu vas aller t'préparer? J'te rappelle qu'on bouffe à midi chez ta frangine!!”
11H16: On va s'préparer, on investit la salle de bains. L'humidité c'est pas mon truc.
Le pilou est tombé et j'ai pas envie d'finir avec l'eau du bain.
11H25: De la mousse jusqu'aux bigoudis, ELLE déguste la recette du moelleux façon “Carrot Cake”.
Pourquoi y mettent 50g d'orange confite? Est-ce que j'sais, moi? J'ai juste envie d'sortir du bain.
11H35: Comment ça? “Ils sont les premiers à quitter le navire” en quatre lettres! ELLE va quand même pas faire les mots croisés en barbotant!
11H40: Un puissant “Qu'est-ce que tu fous là-dedans, bordel?” provoque un tsunami dans la baignoire et je finis sur la carpette côté Charlène et ses futurs jumeaux... j'aurais pu tomber plus mal, en compagnie de Sabatier par exemple.
11H45: Le moteur de la Twingo rugit devant la porte, le toutou aussi.
ELLE n'en revient pas! Le prince Harry voudrait des implants capillaires! Qu'est ce que ça peut bien nous foutre? Si j'tenais celui qu' a écrit l'article... Euh, c'est un pote? Alors je prends sur moi.
11H48: Une chance sur deux qu'ELLE m'emmène déjeuner chez sa frangine. C'est un coup à changer d'crèmerie parce qu'un hebdo gaulé comme moi... ça se refile aussi vite que d'la daube à Saint Ouen.
11H50: Le Jules est sorti furax de sa Twingo et m'arrache des mains de ma lectrice de base.
Je vais finir écartel...
MON CLOSER!!!!!”
22 novembre 2014

Roudoudous (Vegas sur sarthe)

Ornant une demi-couronne de lauriers
trônent trois mots: travail, industrie et sciences
il est bien défraîchi mais c'était mon cahier
témoin de mes exploits et de mes défaillances.
 
J'y gardais les bons points âprement disputés
un buvard aux couleurs d'un fameux dentifrice
les pleins et les déliés d'une mine affutée
et les appréciations de notre directrice.
 
Dans ses pages flétries je cherche les odeurs
de l'encre d'autrefois, d'une gomme hévéa,
celle des roudoudous d'un voisin chapardeur.
 
Mais où sont ma candeur et mon insouciance
je crois les deviner à chaque alinéa.
Aux marges raturées je cherche mon enfance...
 
15 novembre 2014

Valentine Pétasse (Vegas sur sarthe)

Ouatson exultait: “Ca y est, chef! On l'a serrée!”
L'inspecteur La Bavure n'avait jamais aimé finir sa daube froide et il rejeta le puchoir à la fois dans son caquelon et dans un geste d'agacement.
Venez-en au fait, mon vieux”
Figurez-vous qu'elle marchait au travoul, chef! C'est pas croyable, hein?”
Au quoi?”
C'est Ouatelse qui l'a fouillée et elle a trouvé un travoul dans son soutif, chef!”
Comprends rien... c'est quoi un travoul?”
J'étais comme vous chef... avant d'apprendre qu'un travoul c'est un machin qui sert à plier les lignes”
Des lignes? Vous avez serré une dealeuse?”
Euh... non chef! Des lignes de pêche... ça sert à plier les lignes de pêche! Un plioir si vous préférez en langage de sardinier ou d'morutier”
Attendez... vous êtes où là? A la criée de Rungis?”
Euh... non, chef. On est aux Galeries Lafayette, Boul'vard Haussmann”
Et qu'est-ce qu'on peut bien foutre aux Galeries avec un travoul?”
Attendez, chef!”
Mais la daube n'avait pas attendu et des échalotes nummilitiques figeaient dans leur vin rouge pétrifé...
L'inspecteur La Bavure soupira.
 
Elle avait aussi une grande freloche sur la tête et c'est ça qui nous a intrigués, chef”
Et en quoi c'est intrigant une freloche?”
Inspecteur! La freloche est interdite dans les lieux publics depuis qu'on est passés en vigilance niveau Deux!”
S'cusez-moi... j'avais zappé ça... et c'est quoi au juste une freloche?”
Euh... Ouatelse dit qu'ça ressemble à un filet à chignon mais bizarrement Levantine n'avait pas d'chignon!”
Le vent... quoi?”
Levantine, chef! J'vous ai pas dit qu'elle s'appellait Levantine... Levantine Pétasse!”
C'est quoi comme origine, Levantine? Egyptien, jordanien?”
J'crois plutôt qu'c'est d'origine verlan, chef... une déformation d'Valentine. Se faire serrer quand on s'prénomme Valentine, c'est un peu relou quand on s'appelle déjà Pétasse, non?”
J'en conviens... autre chose, Ouatson?”
Les échalotes fossilisaient au fond du caquelon.
 
Oui chef. Cette Pétasse porte plainte, rapport au fait qu'on l'aurait un peu voire beaucoup courtaudée!”
Vous l'auriez courtaudée? Pour qui elle se prend la Valentine? Est-ce qu'on est seulement formés pour courtauder au 36 Quai des Oeufs Frais?”
Bien sûr que non, chef! Si on savait courtauder, j'dis pas, mais là... non. On l'a juste serrée, si vous voyez c'que j'veux dire”
Mais vous l'avez serrée légalement ou un peu plus que légalement?”
C'est pas l'envie d'la mutir qui nous manquait chef, mais on l'a juste serrée, croyez-moi!”
Au fait, elle avait volé quoi?”
Euh... rien chef. Elle a pas eu l'temps. Et pis faucher un truc au rayon des cocottes en fonte, c'est pas c'qu'y a d'plus discret! Elle avait p't'être l'intention d'mijoter d'la daube, chef?”
Et vous trouvez ça drôle?”
(Clic)
L'inspecteur La Bavure tenta de se persuader qu'un ragoût est toujours meilleur réchauffé...
 
8 novembre 2014

L'effet papillon (Vegas sur sarthe)

Eternel soupirant, Arlequin tend l'oreille
à cet étrange jouet nommé Phone love-in
censé le rapprocher de celle qui, la veille
lui enflamma le coeur d'une oeillade divine.
 
Mais à des lieues de là, coquette Colombine
brûle par les deux bouts sa vertu galvaudée
la soubrette ingénue est devenue has-been
et la Colombina préfère marivauder.
 
Au bout du pavillon nait un froissement d'ailes
un frisson de jupons, ça ne peut être qu'elle!
le candide valet n'en peut plus d'espérer.
 
Le bruit fait son chemin, le voici égaré,
d'une maigre chenille est né un trublion
ce n'est qu'une chimère, c'est l'effet papillon...
 
1 novembre 2014

Non Merci! (Vegas sur sarthe)

Un thème sur les remerciements? Non merci!
Pas de temps à perdre avec ça. Les remerciements, c'est du temps perdu.
La meilleure preuve: les rares fois où j'ai eu à dire “Merci”... on m'a répondu: “De rien!!” comme si j'avais pissé dans un violon.
Quelquefois même, on m'a répondu: “Je t'en prie”...
Je t'en prie de quoi?
On m'a parfois répondu: “Pas de quoi”
Pas de quoi, quoi?
Alors je répondais: “Je vous demande pardon?”
Et la confusion s'installait et on me répondait: “Autant pour moi”
Autant quoi pour moi?
Déjà tout petit, quand j'avais le malheur de dire “Merci”, on insistait: “Merci qui?” et si je n'avais pas la réponse à la question subsidiaire on me proposait: “Merci mon chien” et comme on n'avait pas de chien je n'étais pas plus avancé.
J'ai souvent entendu des “Merci beaucoup” aussi stériles qu'un “Merci” normal et des “Merci mille fois” tout aussi stériles, comme quoi le nombre de Merci importe peu... d'ailleurs ça s'écrirait comment Merci au pluriel?
Je ne veux même pas savoir si c'est masculin ou féminin. Manquerait plus que ça déclenche une guerre des sexes!
Des Merci, on en sert à toutes les sauces et pas seulement au restaurant.
Et Merci de m'avoir lu
Et Merci de ne pas m'avoir lu
Et Merci de bien vouloir rapporter ce livre après lecture
Et Merci de votre compréhension, de votre obligeance
Et Merci du compliment
Et Merci de vos remerciements
Et Merci d'être venu
 
J'ai fini par péter les plombs et puis - Dieu merci - j'ai réparé les plombs et j'ai choisi de me spécialiser dans le Merci.
J'ai longuement étudié le sujet et j'ai remarqué que plus on remerciait les gens et plus ils avaient envie d'en refaire des tonnes, alors même qu'on les remerciait uniquement pour qu'ils en restent là!
Je crois que le pire des Merci, c'est le “Non, merci”, quand tu dis Non à quelqu'un tout en le remerciant de bien vouloir agréer ton Non!
Et le “Merci quand même”? C'est pas hypocrite, ça? Remercier quelqu'un en lui disant d'aller se faire foutre?
Quant au “Merci d'avance” c'est la pire manière de forcer la main aux autres! Remercier quelqu'un pour quelque chose qu'il n'a pas encore fait et qu'il n'a peut-être jamais l'intention de faire, c'est gonflé.
Dire Merci pour rien, c'est comme quand on me répondait “De rien”... ça ne sert à rien!
 
Et puis quand on sait que la vie est un combat sans merci, pas la peine d'en rajouter.
Alors votre thème sur les remerciements... Non merci!
25 octobre 2014

Willy et John (Vegas sur sarthe)

Sa mère l'avait prévenu : “Ne t'étonnes pas s'il t'arrive des bricoles à force de t'éloigner de nous”.
Willy - bébé manchot royal - resta interdit devant les énormes traces.
Depuis sa naissance, c'est à dire depuis peu, Willy s'étonnait constamment.
Le vieux manchot de la colonie lui avait répété: “Le sage est celui qui s'étonne de tout, le stupide est celui qui s'étonne de tout aussi”... alors où était la logique là-dedans?
Etait-il né stupide ou sage? Et comment devenait-on blasé? Fallait-il passer un examen, une épreuve quelconque?
Willy s'étonnait même de se poser toutes ces questions à l'âge où tout ne devrait être qu'insouciance.
Epaté, il l'était depuis le premier jour avec ses courtes pattes palmées qui lui donnaient cette démarche presque humaine.
A en juger par la taille des traces dans la neige, cet oiseau rare devait bien faire cinq mètres de haut et pondre un oeuf d'au moins cent kilos!

Blasé, John l'était depuis bien des années, à force de travailler dans cette station polaire Concordia en terre Adélie.
S'il avait été dérouté au début par l'immensité glacée, les températures extrêmes, les micro-météorites, tous ces équipements hautement sophistiqués et tant d'autres bizarreries des lieux, il avait acquis une sagesse à toute épreuve.
Pourtant quand il croisa l'étrange trace, il en fut tout estomaqué.
En tant d'années il n'avait jamais rien vu de tel: une trace unique et titubante d'une créature unijambiste qui se perdait au loin... comme... des points de suspension!
Oh! My God!!”
Ses épais sourcils s'étaient haussés malgré la gangue de glace qui les emprisonnait et il sentit son coeur bondir dans sa poitrine.
Les animaux fantastiques de J.K. Rowling n'étaient rien face à ce qu'il imaginait de LA bête!
Son talkie-walkie grésilla:”Ca va, John?”
Il rassembla ses forces:”Faut que vous voyiez ça, les mecs...”

A trois cent mètres de là, Willy regagnait la colonie en jabotant et à cloche-patte...


18 octobre 2014

Rantanplan (Vegas sur sarthe)

C'est pas ma faute, je suis comme ça depuis tout bébé, je dors en chien de fusil.
Je n'ai pourtant jamais été chasseur et je les ai même en horreur.
Aussi quand - dès potron-minet - la caravane des prédateurs du canton est passée sous mes fenêtres, je n'ai fait qu'un bond hors du lit.
D'habitude quand la caravane passe, le chat miaule - comme dans le dicton - mais pas cette fois-ci!
Je reconnais que mon chat a du chien et je n'ai qu'une crainte c'est qu'il rejoigne un jour la meute par je ne sais quelle envie d'aller jouer à chien perché dans les bois.
Je tiens beaucoup à ce petit compagnon que j'avais eu un mal de chien à trouver en ligne.
Enfin... c'est l'animalerie qui était en ligne. Mon chat - croisé gouttière et chêneau - lui était en rond quand je l'ai trouvé, en rond et en ronron ce qui fait que j'ai craqué.
C'est vrai qu'il a du chien, mon chat! D'ailleurs il aboie, des petits miaulements brefs en rafales pour saluer les randonneurs ou bien la factrice... si bien que j'ai été obligé de mettre un écriteau sur la boîte à lettres “Attention. Chat hyperactif”.
Certains disent qu'il faut appeler un chat un chat mais c'est au dessus de mes forces et puis c'est souvent lui qui m'appelle et pas le contraire.
Malgré ça - nom d'un chien - je l'ai appelé Rantanplan, n'en déplaise à l'animalerie qui lui avait établi un passeport européen au nom d'Adonis... pourquoi pas Apollon!
Le passeport européen, le tatouage et les vaccinations, c'est pas donné alors quand ils m'ont proposé de lui mettre aussi une puce j'ai décliné sous prétexte qu'il en avait déjà plusieurs sur lui.
La caravane est loin et j'entends les cris des chasseurs, les aboiements des chiens mais pas celui de Rantanplan.
Alors je fouille sa panière, enfin... sa niche dans l'espoir d'y trouver une explication. Il y a un bordel là-dedans! C'est pourtant pas faute de lui dire “Range ta panière!”
Mais rien, pas une lettre, aucune trace. Je tombe sur un os, celui que je lui avais donné à ronger la veille et qu'il a à peine touché.
C'est vrai qu'il n'est pas très os, mais moi encore moins alors je les dépose devant sa niche, juste entre les deux chiens de faïence qui décorent l'entrée.
Il y en a qui donnent leur langue au chat, moi je lui donne les os, c'est mon choix.
J'ai d'autres chats à fouetter que lui donner de la langue, au prix où ça coûte!
Et puis est-ce qu'on sait d'où vient leur langue? Et si c'était de la langue de chat? Il aurait un chat dans la gorge? Non, merci!!
J'entends la proche qui ameute... non, ça doit être la meute qui approche. Déjà?
C'est égal, je n'entends toujours pas mon Rantanplan.
Où est passé ce corniaud?
Rantanplan!!”
D'habitude il ne répond pas et c'est exactement ce qu'il fait en ce moment.
La meute passe comme une tornade devant la maison - troupeau braillard, vulgaire et anarchique - suivie des prédateurs armés jusqu'aux dents.
L'un d'eux s'arrête, m'interpelle:”Z'auriez pas vu une espèche de chat chauvage, M'sieur?”
C'est marrant cette manière qu'ils ont de parler quand ils sont armés jusqu'aux dents!
Le M'sieur le dévisage, blémit à la pensée que son Rantanplan est en grand danger et s'entend répondre:”Z'auriez intérêt à aller voir par là”.
Je pointe bravement mon doigt en direction de la route de Changé où se trouve le refuge de la SPA.
Il a l'air satisfait, vaniteux et satisfait.
Dans mes jambes, une petite chose vient se frotter avec des miaulements brefs en rafales...
11 octobre 2014

Misairable (Vegas sur sarthe)

Mon Totor bien-aimer,
Je suis une misairable.
Je dois t'avouer une chose que je t'ai cacher pendant nos cinquantans de bonne heure.
Je ne suis pas lauteure de toutes ces laitres que tu as ressu jour après jour et qui ne sont rien dôtre que leuvre de masseur.
Ô je ne prétends pas te faire sourire haliday qu'un porteplume dans la main de masseur ait pu te trompé ainsi, toit l'extra-ordinaire poète, le romanssier, le drame à turge.
Si mon cor, mon cent, mon cœur, ma vit, mon âme se sont employer à t'aimer - comme l'écrit si bien ma frangine - il n'en est pas de maime de ma pôvre plume tout juste bonne à balailler devant ma porte.
Bien sûr, c'est normale tu vas croire que ce n'est pas moi non plu qui écris cette laitre mais une dernière fois encore cette seure dont tu ignores l'existance.
Oui je l'appelle ma Cosette, oui je l'ai forcer à écrire jour après jour sous la contrainte mais sa plume est si talent tueuse... et puis à bien y réfléchir tout ça est un peu de ta fôte, non?
J'aurais aimé t'écrire “Ton amour est un élixir divin qui enivre tout mon être”, mais j'en suis bien incapable - c'est quoi un élixir - et ma “boniche” le faisait si bien à ma plasse.
Si ses pâtes de mouche ont pu fatiguer tes pôvres zieux, j'en suis fâcher mais n'est-ce pas le fond qui conte plus que la forme?
Vingt mille laitres, vingt mille forfétures mais c'était si bon de relire dans tes bras ces jolis maux que je n'ai jamais écrits et qui te plaisaient temps.
J'espère que cette dernière laitre comptera autan que toutes les zautres et maime qu'elle aura plus de valeure que toutes les zautres puisque c'est vraiment la mienne et qu'il m'en aura bien coûter de l'écrire.
C'est à paine si j'ai la force de tenir la plume, il est vrai que j'en ai si peu la bitude et je sais que tu sauras me pardauner toutes mes fôtes jusqu'à la dernière.
Ta Juju
4 octobre 2014

Y'a pas marqué Patrimoine! (Vegas sur sarthe)

Dis l'Antoine, t'en as un d'patrimoine, toi?”
Pour sûr que j'en ai un d'patrimoine. J'ai la ferme des vieux et les animaux des vieux et la fille des vieux aussi... la Georgette”
Ah? Moi, j'sais pas si j'en ai un”
T'en as forcément Lucien! On a tous un patrimoine”
Et ça s'reconnait à quoi au juste un patrimoine?”
C'est un truc, comme qui dirait un machin qu'est pas complètement à toi mais un peu quand même, vu qu'tu dois l'sauvegarder, l'entretenir sinon quelqu'un viendra t'le piquer!”
Ah ouais... alors ma p'tiote factrice ça s'rait comme qui dirait mon patrimoine?”
Quelle p'tiote factrice?”
Ben celle de Fouzy-sur-la-Tronche que j'entretiens d'puis six mois et que j'veux pas qu'on m'la pique, c'est mon patrimoine?”
Vu comme ça, l'Antoine... c'est comme qui dirait ton patrimoine”
 
Mais pourquoi ta Georgette que personne en voudrait, tu dis qu'c'est ton patrimoine?”
C'est pas pareil, l'Antoine... c'est du patrimoine par alliance et ça, tu l'traînes toute ta vie jusqu'à ta mort ou ben la sienne”
Sauf que toi, ton patrimoine y t'rapporte du blé alors que l'mien y m'coûte le peu qu'je gagne!”
Ouais mais y'a patrimoine et patrimoine! Parait que plus il est jeune et plus y coûte cher.
J'ai entendu dire qu'y en a qui volent des vieux patrimoines pour pouvoir en entretenir des plus jeunes”
Ah? Et c'est quoi la différence entre un vieux patrimoine et un jeune?”
Ben c'est un peu comme qui dirait ma Georgette et ta p'tiote factrice... ça a pas la même tête ni les mêmes envies... et pis ça fait pas la cuisine pareil”
Hein? La cuisine, ça compte aussi dans l'patrimoine?”
Cré vingt diou! Sans la boustifaille, y aurait pas d'patrimoine! Regardes les amerloques avec leurs beurgueurs et leur coca... y z'en ont pas d'patrimoine!”
Ah bon? Et tous leurs indiens, leurs valets en silicone et leur rézosoçio... c'est pas du patrimoine?”
Un rézosoçio? C'est quoi ça?”
J'en sais foutre rien! C'est un rézosoçio, c'est comme ça”
 
Tu veux que j'te dise l'Antoine, tous leurs trucs qu'y savent même pas eux-mêmes c'que c'est, ça peut pas être du patrimoine”
Pourquoi ça?”
Ben parce que l'patrimoine c'est du concret, de l'authentique. Faut qu'ça t'colle aux sabots comme qui dirait une terre bien grasse... enfin tu m'comprends!”
Ouais! Pour sûr que ma p'tiote factrice c'est du patrimoine, passe qu'elle est bien grasse et pour me coller elle me colle!!”
Tu vois ben qu'j'avais raison l'Antoine... te v'là avec un patrimoine”
Pffuuiii... quand j'y pense ça fait quelque chose... un p'tiot patrimoine qui bosse aux PTTs! Hé, Bernard!!!”
Quoi?”
Sers-nous une tournée d'ton patrimoine 2002!”
27 septembre 2014

Schwarzy de Châteauroux (Vegas sur sarthe)

Au tout premier gorgeon, il perdit les deux roues
d'un fauteuil devenu sa dernière voiture,
au second lui revint cette musculature
qui l'avait consacré Schwarzy de Châteauroux.
Le troisième sifflé, une étrange raideur
d'un futal trop étroit explosa la braguette,
de lointains souvenirs tombés aux oubliettes
en vagues de désir montaient des profondeurs.
Mais au gorgeon suivant, il se trouva imberbe
le front tout boutonneux des pubères en délire
qui lisent des romans comme Le blé en herbe.
Après quelques Areu et s'il avait su lire
du haut de ses Pampers au fronton de Provence
il aurait vu écrit Fontaine de Jouvence.
20 septembre 2014

Self-control (Vegas sur sarthe)

Qu'elle ait de leur maison défoncé le portail
oublié les gamins à l'étude du soir
lavé à quatre vingt son unique chandail
et fait sauter les plombs avec la rôtissoire...
 
Qu'elle ait dilapidé tout l'argent des vacances
déclaré au voisin qu'elle était nymphomane
postulé pour un job dans la jungle birmane
et de tous leurs contrats résilié l'assurance.
 
Inspirant par le nez, expirant par la bouche
il allait retrouver la paix et l'harmonie
en lançant ce CD Vaudou-Patagonie...
 
Du lecteur encombré s'enfuyaient quelques mouches
une mini-pizza en sortit... aux anchois
il perdit à la fois son souffle et son sang-froid.
 
13 septembre 2014

Chabrol, blanc-cass et cagnoles (Vegas sur sarthe)

J'étais à l'âge des culottes courtes, celui où on ne se pose pas la question de savoir pourquoi on fait ces trucs là et depuis quand on fait ces trucs là...
En ce qui concerne le cérémonial de chabrot - en cinéphile averti, nononque Hubert disait Chabrol - j'avais toujours vu les anciens rafraîchir le fond de leur assiette de soupe avec une grande rasade de Passetoutgrain et on jouait à qui imiterait le mieux leurs grands Sluurp qui ponctuaient ce rituel ancestral.
Qui c'était ce Chabrot ou Chabroù? Sans doute un bienfaiteur de l'humanité à en croire les yeux pétillants des vieux.
Tante Anastazia s'y était mise aussi, même si rien n'égalerait jamais son affreuse wodka frelatée.
Un lointain cousin des Baux de Provence racontait que ça venait de cabroù parce qu'on boit comme une chèvre, mais Oncle Hubert qui avait vu Le beau Serge en cinémascope tenait à son Chabrol.
 
Puisqu'on en est au chapitre des étrangetés je me dois d'évoquer l'incontournable ban bourguignon qu'on entonnait dans les banquets et toujours au dessert après quelques chansons paillardes dont j'ignore l'air et les paroles puisqu'on nous envoyait voir ailleurs si on y était!
Quiconque sait chanter “Tra la... Tra la... Tra la la la lère...” en approchant les mains en forme de coupe à hauteur de sa trogne pour les faire tourner comme si on regardait à travers devient un pro du ban bourguignon.
Mes cousins et moi-même avions une variante à une seule main qui permettait de pincer les fesses du voisin ou de la voisine; du coup, nos vieux utilisaient cette variante pour nous coller une baffe au passage.
A quoi ça tient une coutume? A cinq pauvres notes, deux maigres onomatopées et neuf claquements de mains, pourtant ces scènes de liesse me manquent aujourd'hui.
Aujourd'hui on ne chante plus, on fait des selfies qu'on balance aussitôt sur fesse de bouc, histoire de montrer sa tronche, son cul ou deux doigts d'honneur à la terre entière et puis on va faire une sieste...
Et le kir, le vrai kir... celui auquel le chanoine céda l'usage commercial de son nom?
Ca tient en trois lettres, dix centilitres et c'est magique.
Un vrrrai blanc-cass, M'sieurs Dames c'est un tierrrs de vin blanc cépage aligoté et deux tierrrs de crrrème de cassis à 20°. Ajoutez-y un bon tierrrs d'accent bourrrguignon en rrroulant les 'Rrr' et vous voilà au parrradis!!
De plus chez nous on en boit jamais un mais deux!
Vindiou! Tu vas pas rrrepartirrr sur une seule jambe!” disait le voisin qui un jour ne remonta jamais de sa cave... sacrrré Dudule!
Taratata! Vous repasserez avec vos communards au vin rouge, rince-cochons, kir gaulois à l'hydromel, breton au cidre, royal au crémant ou impérial au champagne! Pourquoi pas un kir à la Kronembourg tant que vous y êtes?
 
Je sens bien que mes coutumes vous ont ouvert l'appétit, alors je suis forcé de parler des escargots qu'on sert autant aux fêtes joyeuses qu'aux enterrements, surtout aux enterrements.
Si aujourd'hui l'escargot de Bourgogne arrive tout droit et sans se presser des pays de l'Est, à l'époque il naissait, vivait et mourait chez nous... surtout aux enterrements.
Pour ces funestes réjouissances le plat de cagnoles était servi religieusement avec le sachet de cendres adjoint à sa cuisson pour figurer une sorte d’hommage rendu aux cendres des morts.
Oncle Hubert rompu aux cérémonies funèbres y allait toujours du même bon mot pour détendre l'atmosphère :”Si haut qu'on monte, on finit toujours par des cendres” disait-il en évitant l'oeillade assassine de tante Anastazia.
Je ne vous bassinerai pas avec “la paulée” - le banquet de fin des vendanges - ni la saint Vincent tournante qui n'a rien d'obscène, ni la vente à la bougie des Hospices de Beaune, ni les Chevaliers du tastevin et leur drôle de coupelle à dégustation, bref... comme disait Oncle Hubert qui ne ratait pas une occasion d'embistrouiller son Anastazia :”Les coutumes comme les femmes, sont faites pour être respectées et bousculées aussi”.
30 août 2014

Brecouille (Vegas sur sarthe)

La mioche - qu'on appelle Cappuccetto Rosso et plus simplement en vieux françois la Petite Cape Rouge, mais qu'on appellait Blanche comme qui dirait de la neige - se trouva fort dépourvue en approchant du château de sa marâtre.
Elle rentrait brecouille, pas même ingrédient ou deux pour sa marâtre impatiente de confectionner son masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.
C'est ainsi que naquit l'expression : Pas plus d'ingrédient que de beurre en pot.
Comme Blanche passait le petit pont de bois vermoulu pas vert mais bien moulu, un boucan se fit entendre derrière elle.
Le boucan caractérise un loup lancé à pleine vitesse sur la mobylette qui chut du tirage de la bobinette de la porte de la maison d'une great-mother-fucker mais ça, ceux qui ont suivi ne le savent que trop...
Blanche n'eut que le temps de se retourner pour admirer la chute du loup et de la mobylette dans le ruisseau, chute semblable à celle du 8 mars 2014 décrite dans le 288ème défi du samedi...
Ah ben, elle va beaucoup moins bien marcher, forcément” avança le loup qui n'avançait plus.
Blanche trouva la réplique truculente et se dit qu'elle pourrait s'en servir un jour, alors comme elle gardait tout, elle la mit dans sa poche.
Depuis le château de la marâtre - ce qui fait quand même deux accents circonflexes très rapprochés, maintenant vous pouvez dire: chasteau de la marastre, c'est vous qui voyez - on avait tout vu et comme de féroces et véloces molosses déboulaient en aboyant, le loup s'évanouit sans demander son reste.
La marâtre allait s'empresser de réclamer :”Et l'ingrédient ou deux pour mon masque de beauté de Cesare Frangipani?”.
Elle répondrait qu'elle rentrait brecouille, sans évoquer les trois gorets Three, Little et Pigs, ni l'homme-à-la-tête-de-poire, ni la mauvaise mine des sept nains, ni la vilaine forêt noire fourrée aux griottes, ni Fifi Brindacier, ni ces bottes de sept lieues que sa great-mother avait troquées contre une pantoufle de vair à une petite sirène qui voulait échanger ses jambes à une sorcière contre une voix mélodieuse et une peau d'âne, enfin bref elle ne dirait rien (tant pis pour ceux qui n'ont pas suivi).
La marâtre entrerait dans une colère noire à propos de son masque de beauté de Cesare Frangipani car la colère est souvent noire dans les contes.
Blanche en serait quitte pour aller se réfugier chez les voisins, il y a bien longtemps qu'elle n'avait pas fait la causette avec les Thénardier.
RIEN? Tu n'as RIEN rapporté?” majuscula la marâtre.
Dans les contes, le majusculage est l'expression traditionnelle d'une colère noire.
J'ai bien là - dans ma poche - une truculente réplique du loup dont je comptais me servir plus tard” répondit Blanche d'une voix de la même couleur.
Aboule toujours” éclata la marâtre en se mirant dans son miroir magique et tactile qui parle et qu'on appelle aujourd'hui un smartfaune.
La marâtre n'avait que faire d'un “Ah ben, elle va beaucoup moins bien marcher, forcément” mais elle le prit quand même, histoire de contrarier Blanche.
En échange, Blanche prit congé - ce qui est mieux que rien - en songeant déjà à un prochain épisode plus lucratif.
2 août 2014

J'ai fait l'ENA (Vegas sur sarthe)

De tout temps j'ai toujours essayé de protéger mes arrières.
Dès ma naissance et parce que les Pampers n'avaient pas encore été inventées, j'avais exigé des rouleaux d'ouate de cellulose multiplis et surtout du talc à cause des caresses qui vont avec...
J'étais un bébé Cadum parce que je le valais bien et au jardin d'enfants je dois sans doute mes premières conquêtes féminines à ces gracieuses pointes en plastic poudrées à souhaît qui me donnaient un petit air de Kirk Douglas dans Spartacus!
Plus tard j'ai frotté mon cul aux rudes bancs de l'école, ces trucs en bois qui font qu'on ne tient pas en place... primaire, secondaire, universitaire (que des trucs en aire) jusqu'à cette fameuse école où on apprend à faire son blé sur le dos des autres - les potes disaient l'école des hautes fonctions de la raie publique – j'ai nommé l'ENA.
Non pas l'école des grands faucheurs, des Fabius, Soisson, de Charette, Sapin et bien d'autres moissonneurs mais l'Ecole Normale d'Agriculture.
J'occupai différentes hautes fonctions, juché tour à tour sur une faucheuse, une moiss-batt ou un enjambeur jusqu'à l'apparition de mes premières escarres.
Escarre, nécrose, tous ces mots qui sentent le cutané me donnaient des boutons rien que d'y penser.
Cutané! Qui a inventé ce mot-là?
J'envisageais déjà de changer de position quand je fus subitement invité à coups de pieds au cul à aller voir ailleurs si j'y étais.
Je n'y étais pas.
C'est alors que l'opportunité s'est présentée sous la forme d'une ridicule petite annonce au coin d'un canard de banlieue, entre un édito sur le chômage et les résultats des courses à Auteuil : un poste haut placé dans un lieu prestigieux que Georges Clémenceau en son temps appelait l'académie des quarante trous du cul, j'ai nommé l'Académie Française.
J'allais enfin siéger ! C'était le rêve de toute une vie passée à chercher le meilleur endroit pour poser mon fondement.
L'annonce n'avait pas menti car le poste était haut placé - Quai Conti - un cagibi genre placard à balais au ras de la coupole - disons un comble - et équipé d'un matériel sophistiqué nécessaire à mon poste de technicien de surface, balais, serpillères et plumeaux.
J'allais pouvoir tout à loisir observer les trous du cul et rêver au quarante et unième fauteuil depuis mon tabouret.
J'ignorais que les Immortels ne se réunissent que deux à trois fois par an et je me trouvai bien seul dans ces lieux chargés d'histoire.
Alors je siège, chaque jour je siège sur un fauteuil différent, je palpe, tâte, évalue le grain du velours, la souplesse des assises, la fermeté des dossiers.
Je jubile, songeant que si j'avais intégré le ministère de la Justice j'aurais apprécié différemment la souplesse des assises et la fermeté des dossiers.
Alors du matin au soir je jauge d'Ormesson, apprécie Decaux, inspecte Giscard d'Estaing, époussette Orsenna ou renifle Dabadie...
Mes voisins disent que maintenant, je pète plus haut que mon cul ! C'est faux, d'ailleurs si le cœur vous en dit, venez me rendre une petite visite... je ferai le ménage, mais pas tout de suite.
Quand vous lirez ces lignes, j'aurai les fesses bien calées sur United Airlines en direction de Las Vegas...
See you soon
26 juillet 2014

Au vieux clou (Vegas sur sarthe)

J'ai la selle qui chancelle, le guidon qu'a l'bourdon
j'ai la fourche qui se cherche, la poignée castagnée
j'ai l'moyeu limailleux, les rayons en haillons
j'ai les jantes convergentes, les pédales... un scandale
j'ai la chaîne incertaine, le hauban titubant
j'ai les freins sous-marins, l'dérailleur bousilleur
les plateaux sont marteau et la tige... un vestige
l'pédalier est plié et les pneus farineux
 
Ah! Bon Dieu! que c'est embêtant
un vieux vélocipède,
Ah Bon Dieu! que c'est embêtant

un clou incompétent

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Le défi du samedi
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