Rien ne va plus dans le village escargot (maryline18)
Sur la place du village escargot d'Aigne (dans l'Hérault), après la messe.
...
(Joséphine) _ Tiens, bonjour Henriette, comment vas-tu ?
(Henriette) _ Je vais, je vais, qu'est-ce-que tu veux, on ne rajeunit pas...
(J) _ Tu as vu qui était à la droite de la sacristie ?
(H) _ Tiens si je l'ai vue, elle est venue avec son Parigot cette fois !
(J) _ Oui ! Elle ne l'a pas trouvé de derrière les fagots celui-là !
(H) _ Oh, tu le trouves beau toi ?
(J) _ Et comment ! Il me redonnerait bien l'appétit va ! Tu sais que mon Jules, lui, je le retrouve chaque jour, plein de bave après la sieste, ça lui dégouline là, sur la chemise !
(H) _ Mais il faut lui relever le menton ! Un peu d'amidon de pomme de terre sur le col de chemise et hop, le tour est joué !
(J) _ Tu en as de bonnes toi... Et en plus il devient myope et sourd comme un berlingot !
(H) _ C'est pas plutôt comme un pot ?
(J) _ Si tu veux, c'est du pareil au même ; moi je me demande s'il ne se transformerait pas en escargot... Depuis qu'il est tombé dans le marigot du père Bouillon, il a perdu en rapidité et il ne parle plus.
(H) _ Bonne mère ! Il te ferait une crise de dégorgement que ça ne m'étonnerait guère...
(J) _ ...Tu crois ?
(H) _ Avec tous ce qui coure en ce moment ! Ne lui trouves-tu pas la langue un peu râpeuse ?
(J) _ je ne sais pas moi, il y a longtemps que je n'y ai pas goûté à vrai dire !
(H) _ C'est simple, achète-lui une glace et regarde bien les traces qu'il laissera tout autour en la léchant !
(J) _ frrou.. ! Tu me glaces le sang avec tes histoires !
(H) _ Et...si...enfin, s'il essaie... enfin tu vois ce que je veux dire ?
(J) _ Comment ça je vois ?
(H) _ Et bien SI ! Tu vois, s'il lui monte une envie de t'arranger...
(J) _Oh mais, Il y a bien longtemps qu'il ne bricole plus mon Jules !
(H) _ Mais non bécasse ! Je voulais te mettre en garde à propos de son DARD d'amour...
(J) _ Ne parle pas si fort, voyons ! On pourrait nous entendre !
(H) _ Donc, s'il VEUT, laisse-le faire mais regarde bien l'heure qu'il est, parce que vois-tu, s'il te l'oublie jusqu'au lendemain, c'est une affaire qui peut trainer bien une dizaine d'heures !
(J) _ Non ! Tu perds la tête Henriette ! Une dizaine d'heures, tu es sûre !
(H) _ Si ! Si ! Fais-moi confiance ! Je me suis documentée, tu penses bien... Ecoute-moi, tu pourras te préparer pour l'éclosion !
(J) _ L'eclosion ! C'est pas plutôt l'explosion que tu veux dire, non ?
(H) _ Eh bé ma pauvre, tu seras fixée quinze jours plus tard ! Tiens, tu passeras à la maison, je te donnerai mon panier à œufs, tu peux en mettre jusqu'à cent dedans, il est bien grand et résistant, ma fois !
(J) _ Bon, je te laisse ma Joséphine, qu'est-ce que je vais devenir... J'ai les jambes comme deux mollusques, les aisselles moites et la tête qui bouillonne !
(H) _ Reviens me voir demain, tiens, je te préparerais un beau bouquet de persil, et une tête d'ail, tout ça dans un cageot, ça pourra te resservir !
(J) _ Adieu Henriette ! Merci de t'inquiéter de moi mais Jules va s'impatienter ! Oh là là ...! Oh là là là là là là !
(H) _ Il lui faudrait un jardin pardi ! Adieu ma belle !