Participation de Tilleul
Comme chaque été, nous nous retrouvions mes frères et moi, en vacances chez mes grands-parents. Ce n'était pas l'hémisphère sud, parfois le soleil boudait mais nous adorions ces jours où le ciel montrait grise mine. Après un copieux petit déjeuner, nous nous enfermions au « grenier des anges », une mansarde surnommée ainsi par mon grand-père – sans doute nous trouvait-il bien sages... Là, étaient stockés de véritables trésors. Chiner était la passion de ma grand-mère. Sur un vieux secrétaire, la plume d'oie, ramassée lors d'une balade à la ferme voisine, trempait dans un vieil encrier de bronze. L'encre bleue ardoise avait séché depuis bien longtemps mais nous aimions jouer à faire semblant, tantôt j'étais marquise, tantôt j'étais reine et prenait plaisir à diriger mes valets...
Dans un coin, une Marianne grandeur nature, donnait l'impression de surveiller nos moindres faits et gestes. Elle avait longtemps trôné au milieu d'un parc, au temps où mes aïeux, jeunes mariés, habitaient une petite maison bleue. Ils avaient emporté la statue en changeant de demeure. Elle était dans le grenier provisoirement avant de retrouver une place dans le nouveau jardin... Le provisoire était devenu définitif...
Sous la toiture, à l'endroit où il fallait se baisser pour avancer, il y avait un grand coffre noir. Nous aimions fouiller ses secrets... Des vieux chapeaux, des photos jaunies, couleur du temps qui passe, montraient bon-papa et bonne-maman tout jeunets... A l'arrière d'un cliché, on pouvait lire « promenade d'un dimanche dans l'allée des orangers »... Il y avait un paquet de lettres aussi, serrées par un ruban de satin bleu. C'était sans doute le courrier échangé par mes grands-parents au temps de leurs fiançailles mais nous n'avons jamais lu ces missives, par respect pour leur vie privée. Pour des enfants, les grands-parents ont toujours été vieux. Il était dès lors difficile d'imaginer que papy et mamie aient pu être de jeunes amoureux...
La rentrée des classes approchant, nous repartions le cœur gros mais la tête remplie de doux souvenirs en attendant les vacances suivantes...
N.B Je n'ai pas connu mes grands-parents... Aujourd'hui, je suis mamie et j'aimerais que mes petits-enfants gardent de tels beaux souvenirs de leurs vacances chez moi...