Feu n’être (Vanina)
La fenêtre est fermée. Je la devine derrière
ces volets clos aux planches désunies.
La vigne vierge a repris ses droits sur les murs de pierres, épais. Elle dévore
tout sur son passage pour périr, fanée, un peu plus loin.
La vie semble en suspens. Le silence s’impose.
Même le soleil s’est absenté.
J’imagine une veillée, autour d’un lit, dans
une pièce sombre, une femme en noir que le chagrin accable… Et puis, pas
d’héritier ou des héritiers qui ne s’accordent pas.
Sur la place du château, la fragile maison se
meurt.
Je l’imagine dans quelques années, ruine
offerte, sans plus de toit, de volets ou de fenêtres, racontant son histoire
aux quatre vents : qui saura l’entendre ?
Sous mon grand voile qui me sert de linceul, je suis cette maison délabrée, aux fenêtres fermées, aux volets clos, que le silence isole…