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Le défi du samedi
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27 février 2010

Être vivant (Claudio)

Olivier commençait à trouver le temps un peu long.

A quel moment ces carabins ébahis allaient-ils se rendre compte qu’il était toujours vivant ?

C’est bien beau de jouer les équarisseurs de CHU, de faire mumuse avec les osselets des honnêtes gens, soi-disant pour apprendre et faire avancer la science. Olivier n’avait rien contre le progrès. Mais qu’on s’attaque aux morts et qu’on laisse les vivants tranquilles !


Disséquer le phénomène qui défrayait la chronique depuis des mois, c’était l’idée du Professeur Le Mézec, grand ponte de la Faculté de Médecine de Rennes. Pour ce faire, il lui fallait le capturer. Alors il le fit écraser. Tout simplement.

Il le déclara mort et se mit au travail.

Le breton, jaloux, commença par émasculer le supposé cadavre. Car si jusque là, la Bretagne aimait à faire rimer ses chapeaux ronds avec les couilles en plomb de ses indigènes, Olivier les avait détrônés.


C’est tout un service en or que possédait notre homme. Or pur, s’il en est.

Brillant dans tous les sens du terme, souple, agile, exceptionnel aux dires de la gente féminine. Cadeau congénital resté, à ses yeux, longtemps sans importance. Il pensait naïvement que chacun était outillé de la même façon.

La puberté lui ouvrit l’esprit. Un jour, il s’aperçut que sa main droite « s’auriférait » peu à peu.

Plus tard, il fut bien obligé de reconnaître qu’il n’était pas commun de posséder des organes génitaux et une main droite… en or. Il avait bien constaté qu’il faisait de très beaux enfants, même à de vilaines porteuses. Il ne s’y attarda pas, mettant cela sur le compte d’une fierté machiste qu’il repoussa. Il avait bien vu qu’il claudiquait plus que les autres, obligé qu’il était de compenser le poids de la prestigieuse main. Ce sont les autres qui boitent, se dit-il.

L’étalon-or était, naturellement, très sollicité et les prétendantes faisaient la queue devant sa porte. Pour sauver la morale, elles prétextaient que la main d’or guérissait miraculeusement tous les maux de la terre. Ce qui était vrai aussi.


Ces dons de la nature valurent donc à Olivier, la Une des magazines et le tour de France des plateaux télé.

Ce fut le début des ennuis. Chacun voulait récolter son huile… d’or. Celle qui faisait de beaux enfants. Celle qui guérissait les corps. Celle qui magnifiait les sens, exaltait les passions et sublimait les jupons.

Un industriel flaira la bonne affaire. huiledolivier.com était né, déposé, administré. Il fallait maintenant, produire.

Hors de question ! Olivier prit la fuite.

Paparazzi, apprentis sorciers, femmes délaissées et autres rhumatisés chroniques se  lancèrent à ses trousses.


C’est ainsi qu’il se retrouva entre les bistouris du bretonnant Professeur Le Mézec.

Castré sans ménagement, scié, ouvert, exploré, trituré, il n’avait rien senti. Mais, Olivier commençait à trouver le temps un peu long. A quel moment ces charcutiers celtes, Ambroise Paré à coiffes, allaient-ils se rendre compte qu’il était toujours vivant ?


Toujours vivant et rien senti ? L’huile d’Olivier ne fit qu’un tour.

Serai-je donc mort ? Et pourtant je vois tout, je sais tout.

Et si c’était cela « être mort ». Si c’était comme, « être vivant » ?

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Commentaires
C
Un récit original et très agréable à lire. Pour moi aussi, des airs de "Lorsque j'étais une œuvre d'art".
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Z
visitez Rennes : sa faculté de médecine, son joe krapov, et maintenant son Claudio, ses chapeaux ronds, ses écorchés en or ...histoire fantastique pleine de pépites...<br /> bienvenue à vous Claudio
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C
Une recoversion dans le ciné X? Les films d'épouvante? L'or des morts vivants, un truc mâtiné des deux?
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C
Une recoversion dans le ciné X? Les films d'épouvante? L'or des morts vivants, un truc mâtiné des deux?
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S
Bravo Claudio, <br /> Ca m'a fait pensé au bouquin d'Eric Emmanule Schmitt "Lorsque j'étais une oeuvre d'art" ! <br /> Tu as vraiment du talent !
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W
J'ai fort apprécié que les "rhumatisés chroniques" se ruent à la poursuite du fuyard auréfié horrifié. On n'arrête pas le progrès, ils ont des voiturettes de course à c't'heure !
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V
Et quelle fin!!!<br /> Je m'associe pour le reste à nos co-défiants.<br /> Sourire<br /> Vanina
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P
Alphonse Daudet est renouvelé :"Malgré ses airs de conte fantastique, cette légende est vraie d’un bout à l’autre… Il y a par le monde de pauvres gens qui sont condamnés à vivre de leur cerveau et paient en bel or fin, avec leur moelle et leur substance, les moindres choses de la vie. C’est pour eux une douleur de chaque jour ; et puis, quand ils sont las de souffrir…"<br /> Bienvenue Claudio, revenez quand vous voulez !
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V
cet obélisque là même Osiris en rêve!!!
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K
Une histoire en or....
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M
Chapeau ... rond !!!
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B
Vive la Bretagne !
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J
@Joye : L'huile d'olivier extra-virgin ! ;-)))))))))))))))))))))<br /> Mort de rire ! <br /> A toi, je décerne le diplôme de Rabelaisienne d'honneur !
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J
Oh ben toi, tu fais partie de la famille, tout de suite ! Habitant Rennes et ayant oeuvré moi même à la Faculté de médecine, je te décerne d'emblée le diplôme de Breton d'honneur ! Cette publicité à la gloire des vertus stimulantes de la Bretagne vaut... de l'or ! Reviens-nous vite !<br /> <br /> P.S. J'ai particulièrement adoré cette phrase (ce qui me vaudra encore d'autres foudres de ma Joye préférée ;-)))) : "L’étalon-or était, naturellement, très sollicité et les prétendantes faisaient la queue devant sa porte."<br /> <br /> Kenavo !
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V
Autrefois on tuait la poule aux oeufs d'or... mais c'était avant Rocco le breton
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J
D'accord pour l'huile d'Olivier, mais comment faisaient-ils pour le, comme on dit aux Huesses, extra-virgin ?<br /> <br /> (excusez-moi, j'ai trop lu de Krapov, c'est de sa faute à lui)<br /> <br /> (non, non, non, je te le jure !)<br /> <br /> (okay, je sors !)<br /> <br /> (eh, ne pousse pas !)
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T
Ouaouh ! J'adore ! Un grand sourire ce soir sur ma face poupine ! Merci Claudio !
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