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Le défi du samedi
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27 février 2010

Oncle Dan relève le défi #95

Bien chers Tiphaine, Janeczka, Valecrit, Walrus, Old Papistache, Mapnancy,
et à vous tous, amis du Défi du Samedi,

Vous connaissez tous ces petits ordinateurs pour enfants avec lesquels nos tendres chérubins font de la musique et s’instruisent en s’amusant.

Ces jouets modernes présentent la particularité de dialoguer avec nos informaticiens en herbe. Ils ont cet accent particulier aux androïdes enroués dans les films de science fiction : “ Choisis ton jeu. Appui sur la case rouge. Non, recommence. Non, recommence. Non, recommence ... ”.

Eh bien, figurez-vous, bande de sceptiques incrédules, que je me suis donc rendu, comme tous les cinq ans, à la visite médicale obligatoire du Ministère. Je répondais ainsi à la convocation d’un infirmier à l’inexactitude scrupuleuse. Comme tous ceux qui m’y ont précédé et tous ceux qui m’y suivront, j’attendais mon tour dans un étroit couloir encombré de cartons d’archives et de ramettes de papier pour photocopieur. Il y faisait une chaleur toïde, sans le moindre souffle d’air.

C’est alors que cette voix métallique et monocorde, si caractéristique de ces petits robots informatiques et reconnaissable entre toutes, traversa l’une des nombreuses portes qui bordaient le couloir.

J’étais outré, mais nullement étonné que ces tire-au-flanc des services sociaux s’amusent pour passer le temps avec les jouets de Noël destinés aux enfants du personnel. N’importe quelle mauvaise langue vous confirmera que les gens qui ont le bonheur de se faire affecter dans les services sociaux du Ministère accomplissent tous les actes de leur vie professionnelle dans une douce quiétude.

Il faut vous dire qu’à part deux ou trois voyages d’agrément organisés dans l’année, la principale occupation de ces gens là est d’acheter au prix le plus bas, dès le mois d’avril, les jouets de Noël qui seront distribués en fin d’année.

C’est avec une belle persévérance que notre amateur de jeux électroniques s’amusait car j’entendais sa machine lui parler à intervalles très réguliers. Toutefois, les portes étant fermées, cette conversation me parvenait de manière confuse et inintelligible. Il m’était impossible de discerner ni même d’interpréter le moindre mot que ce traître à l’administration laborieuse tirait de sa machine.

Je n’en avais cure, mais cela m’aurait aidé à tuer le temps que je commençais à trouver un peu long dans ce sinistre couloir surchauffé. Mes compagnons d’impatience l’avaient quitté un à un sur l’invitation d’une aimable doctoresse.

J’avais hâte de la rencontrer car je n’avais trouvé, pour m’occuper, que l’observation des imprévisibles déplacements d’une mouche cantharide sur une affiche représentant un individu écorché vif avec un chapeau breton dissimulant son appareil reproducteur. Une de ces affiches comme on en trouve souvent dans les salles d’attente du corps médical.

Enfin, je pense que c’était une mouche à merde, car le contre-jour et mes faibles connaissances en matière d’insectes ne me permettaient pas de distinguer s’il s’agissait d’une Fannia canicularis, d’une Poecilothus nobilitatus ou d’une vulgaire Musca domestica. Je vous sens passionné, toutefois je puis vous assurer que cette précision ne me paraît pas de nature à décupler l’intérêt de mon récit.

Mon tour fut long à venir, mais il arriva.

La doctoresse m’invita à m’asseoir dans un minuscule bureau qui avait du être repeint au XIX° siècle, environ. Elle consulta ma fiche dont les dernières annotations remontaient à une époque où le monde et moi étions beaucoup plus jeunes.

Après m’avoir posé quelques questions très indiscrètes mais fort heureusement peu nombreuses, telles que Combien pesez-vous ? et Prenez-vous des médicaments ? (A la réflexion, je crois que ce sont les deux seules questions qu’elle m’ait posées.), elle me proposa un examen de la vue.

Soit, voyons voir.

Je n’allais pas décliner une telle invitation après une si longue attente, et pour tout vous dire, j’attache la plus grande importance à la préservation de mes propres yeux, puisque c’est ceux-là que j’utilise pour vous admirer lorsque l’occasion m’en est donnée.

Alors que je m’attendais à ce qu’elle se lève, se saisisse d’une longue baguette en roseau ou en toute autre matière (peu m’importait), et me prenne pour un imbécile en me demandant si je pouvais lire l’énorme lettre Z qui se trouve habituellement en haut de leur traditionnel tableau de lecture
1, cette faignasse ne bougea pas de sa chaise et me montra un appareil bizarre, que je n’avais jamais vu, sauf peut-être dans le film Oranges mécaniques.

Elle me demanda de poser mon menton là, et d’appuyer mon front ici, afin d’avoir les yeux bien en face de l’énorme jumelle au fond de laquelle apparurent subitement des lettres, comme par magie.

Mince alors.

Je faillis sursauter lorsque cette machine, froide et inhumaine, se mit à me parler :


  J’énonce......les lettres.......qui apparaissent.

  En cas d’erreur......appuyez sur......le bouton......bleu.

Comment vous expliquer ? C’était si étrange... Cette machine me parlait avec cet accent particulier aux androïdes enroués que l’on voit dans les films de science fiction... Une voix métallique et monocorde, si caractéristique de ces petits robots informatiques avec lesquels jouent nos chères têtes blondes... Une voix reconnaissable entre toutes !

Bah ! Des erreurs, j’en ai fait ! Et comme le dit si bien Woody « D’abord, je suis né. Première erreur ! »

Olivier

1 Les derniers caractères, à l’autre extrémité, sont microscopiques et ne sont utilisés que pour la rédaction des contrats d’assurance.

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Commentaires
C
La doctoresse, c'était pour la déco alors?
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O
Promis : la prochaine fois, je n'oublie pas de mettre un titre !
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S
Et en plus c'est véridique tout ça !!!<br /> <br /> Bon sauf la mouche, à mon avis, s'il y avait un chapeau breton, il devait s'agir de la Delia radicum (mouche du chou) !!!<br /> <br /> Enfin merci ce joli divertissement cher oncle dan !
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M
AH les voix inhumaines des robots !!! <br /> Excellent exemple !!! Bien vu, si j'ose dire !
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W
Après avoir déchiffré la note en bas de page, je ne puis, cher Oncle Dan, que vous transmettre l'assurance de toute ma commisération devant cette traumatisante expérience.<br /> L'androïde (à défaut de la doctoresse) vous a-t-il au moins dit "merci" en fin de test ?
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V
Limite hors sujet... mais une "plume" fort agréable à lire!<br /> "vas-y recommence..."<br /> Sourire<br /> Vanina
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Z
on se demande à quoi sert le médecin, c'est vrai qu'elle a prévenu "soit, allons voir !" bonne formule .<br /> à essayer de déchiffrer les derniers caractères je vois qu'il est temps pour moi de prendre rdv... <br /> merci pour ce récit drôle et leger <br /> @ joe : mieux vaut tester la vision avant de choisir la taille du flacon ?(qu'importe le flacon)<br /> à l'hopital, j'ai testé ce genre de machine , je n'ai pas voulu être impoli avec les promoteurs du bidule qui assistaient à l'essai mais j'étais persuadé que la commercialisation serait un bide.
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P
Malgré l'autocritique terminale la charge est sévère.
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K
Argh.....c'est pas si loin de la réalité.
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V
C'était trop bon! Y a pas un bouton Replay?
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B
J'ai très bien entendu le "recommence" vite agaçant des jeux. "Essaye encore" donne envie de passer le machin par la fenêtre.<br /> C'est très drôle.
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J
Zigmund, c'est pour toi !!!
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T
Merci Oncle Dan ! Quel plaisir que la lecture de cette visite ! Presque, ça me donnerait envie, c'est dire !
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P
n'emmène jamais de lecture dans les salles d'attente STP ! ce serait trop bête de nous priver du récit de tes prochaines visites !<br /> Bon, et pour finir : t'as la vue qui baisse ou bien ?
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J
C'est terrible Oncle Dan ! Nous avons le même vécu ! Mais pourquoi ne dis-tu pas que la dame t'a demandé de faire pipi dans un verre trop petit pour ce que ta vessie, comme ta prose, peut libérer de substances hilarantes ? C'est drôle aussi, ce passage-là !
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