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14 juin 2009

L'embarras du choix (Paspistache)

“Au moment où le réveil a sonné, j'ai regretté d'avoir accepté ce voyage.”

Fin

John-John Smith reposa, sur le maroquin élimé du bureau, son stylo-plume Parker — celui que son père lui avait acheté au monoprix de Saint-Symphorien-le-Château pour son entrée en 6e — . Le roman qui occupait ses jours depuis plus de huit mois était enfin achevé. Il allait pouvoir reprendre une vie sociale : aller au cinéma — tant de nouveautés lui avaient échappé — ; diner avec ses amis — il ne sortait pas de sa chambre tant que l‘œuvre sur laquelle il planchait n‘était pas achevée ; goûter les myrtilles des Vosges — il repoussait depuis trop longtemps la proposition de sa petite sœur exilée à Remiremont ; accompagner Sylvie en Toscane —elle n’osait même plus lui en parler— ; accepter cette tournée des plus prestigieuses universités européennes que son éditeur et ami tenait tant à lui voir effectuer ; traverser la Mongolie à dos d’âne avec Florence — son amie d’enfance — ; diriger la caravane qui localiserait, enfin, la météorite géante que Théodore Monod chercha en vain toute sa vie ; balayer le désert de cailloux du plateau de Nazca ; enchaîner — en costume d’époque— les périples historiques de la conquête des pôles de Roald Amundsen, Robert Peary et Frederick Cook  en une seule saison ; collecter l’intégralité des déchets spatiaux en orbite terrestre à l’aide du révolutionnaire filet en dentelle du Puy mis au point par son voisin, professeur émérite au Small House’s Institute ; au risque de voir sa masse tendre vers l’infini, accélérer l’allure, doubler l’instant T zéro et tutoyer le Grand Ordonnateur des Choses...

On frappa à la porte ; bien qu’il ne fût pas le dernier homme sur la Terre, John-John Smith sursauta. François, l’aide-soignant de jour, ouvrit sans attendre que quiconque l’y invitât :
— Votre thé, Monsieur John. J’ai pris la liberté de  remplacer les sablés bretons par des petits Lu, nous sommes en rupture de stock... vous comprenez... les vacances d‘été qui se profilent, l’inventaire... à moins que vous ne préfériez une madeleine de Commercy.
L’odeur du thé noir  chatouilla agréablement les narines de l'écrivain. Des petits Lu ? il n’en avait pas trempé dans sa boisson de 17 heures depuis le dernier inventaire, en juin de l’a
nnée précédente ; une madeleine ? c'était tentant également.  John-John Smith actionna la manette électrique de son fauteuil roulant ; le gouter serait servi près de la fenêtre : 2,50 m ; il réfléchirait pendant le trajet et annoncerait sa décision à François...

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Commentaires
C
Rien que le nom. C'est sans doute le merveilleux du texte court, l'impart du détail que l'on savoure avec délectation longtemps après que ce soit en l'écrivant ou en le lisant.
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Z
lu plusieurs fois avant de laisser un comm. j'aime le mélange des projets de plus en plus fous et droles et cette fin qui cloue sur place
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P
Merci Moon, ce n'est pas souvent qu'on me trouve astucieux, je relis le commentaire deux fois.<br /> <br /> On sent, Walrus, que vous craignez que votre épouse vous traine derrière elle même quand tous vos genoux (combien ? deux ?) auront rendu l'âme.<br /> <br /> Parker ? Joye, en France, en 1960, c'était le stylo-plume pas cher par excellence. Après, il y eut Stypen. <br /> <br /> Une Captaine aime les voyages, par définition. Merci.<br /> <br /> Virgibri, bonne lectures transversales, attention aux passages cloutés ! <br /> <br /> Merci Valérie, je suis honoré de pouvoir être soumis à comparaison, même si je ne lis pas Paul Auster.<br /> <br /> On demandera aux Vosgiens de nous éclairer, Phil.<br /> <br /> Merci Brigou, un clin d'œil spontané.<br /> <br /> Scandaleux mais provisoire Vegas sur sarthe.<br /> <br /> D'accord avec vous, Joe, le fauteuil peut parfois doper des volontés ; mon personnage serait plutôt âgé et plus à l'aise dans l'imaginaire que dans le faire.<br /> <br /> Merci Map, c'est le portrait somme toute assez convenu du rêveur en chambre.<br /> Que vous dire sinon Merci, des lectrices comme vous beaucoup d'écrivains en rêvent.<br /> <br /> Oui, Walrus, pas comme vous toutefois, celui-ci est quand même bien affaibli.<br /> <br /> C'est donc cela qu'il était élimé... il avait déjà servi, le maroquin de chèvre tunisienne. Moi, j'aime l'aventure homéopathique Tiphaine.<br /> <br /> Poupoune, je n'échange pas votre commentaire contre deux madeleines de Commercy ni même trois sablés bretons. Je le relis.
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P
Je le trouve très touchant, moi, cet écrivain. <br /> Un texte qui n'en fait pas des tonnes, qui se permet même d'être drôle et qui nous emmène l'air de rien vers un fin presque pathétique...<br /> J'aime.
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T
J'étais sûre que vous réutiliseriez le maroquin de Tiniak!<br /> J'adore les fins optimistes, moi aussi.
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W
Bien entendu que tu en as le droit Joe. Simplement, la présence de l'aide-soignant m'a fait penser que le John-John ne devait plus être tout neuf, un peu comme moi.
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T
Ce que j'aime chez vous, c'est l'originalité. L'incipit est là, mais vous ne développez pas... <br /> Du pur Papistache qui nous fait faire un tour du monde en quelques lignes... C'est super! (et je connais même Remiremont!...)
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M
J'aime beaucoup votre texte Papistache ! Vous nous promenez dans des projets qui semblent tout à fait naturels jusqu'aux plus grandes fantaisies de l'imagination. J'ai particulièrement aimé : "collecter l’intégralité des déchets spatiaux en orbite terrestre à l’aide du révolutionnaire filet en dentelle du Puy ..."<br /> Puis rupture totale avec cette chute inattendue et ce choix "embarrassant" ! C'est vraiment épatant !!!
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J
En tant que Breton (d'adoption) de service, je souscrirais bien à l'assertion de Végas, d'autant que ça repose la question "Nantes en Bretagne ?" qui fâche tout le monde !<br /> J'ai tendance à lire la fin du texte au premier degré et donc à bien aimer ce récit. Pour avoir connu et connaître des "Rolling men and women" qui ont voyagé jusqu'en Afrique ou à la Réunion, je fais une autre lecture que Walrus.<br /> (On a le droit, hein ?) Comme disent Boyscout et Rollingman "L'essentiel n'est pas de se tenir debout, l'essentiel est d'être vivant !'<br /> http://www.myspace.com/rollingmanslam
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V
Remplacer les sablés bretons par des petits Lu, <br /> c'est proprement scandaleux !
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B
Sympa d'avoir associé les deux consignes !!
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P
Mais ? Comment peut-on s'exiler à Remiremont ? C'est possible ça ?<br /> ;-)))
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V
Pffff, bécassine, va ! <br /> Je préfère que ce soit toi qui me répondes plutôt que Google, d'abord. <br /> Je n'ai pas lu "Moon Palace". Mea culpa.
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V
Rho, Virgibri, tu aurais pu poser la question à Google, il t'aurait répondu plus vite que moi.<br /> Moon Palace.<br /> <br /> Tu sais que j'ose à peine répondre à tes message, j'ai trop peur de faire une faute et que tu me dénonces sur ton blog :D .
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V
Shit, lequel ? Incroyable que je sois passée à côté ! <br /> Dans quel roman d'Auster se trouve-t-il, Val ?
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M
C'est exactement ce qui a dû se passer Walrus, je ferai attention dorénavant !<br /> Papistache, j'avais fait un petit texte utilisant des ressorts proches des vôtres. Si ça vous amuse, vous pourrez le voir ici :<br /> http://pleine-lune.over-blog.fr/article-28490867.html
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V
C'est un personnage de Paul Auster, Virgibri. <br /> <br /> Tu sais mille choses que j'ignore...
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V
C'est qui Thomas Effing ? (Je rougis de mon inculture, là)
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V
J'ai repensé à Thomas Effing en lisant votre texte, Papistache. Merci!<br /> La chute surprend. <br /> J'aime beaucoup.
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V
Je crois que votre texte méritera une deuxième lecture pour moi. <br /> Mais j'aime assez les lignes transversales qui le traversent...
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C
Je ne regrette pas d'avoir voyagé dans le débarras (ne prenez pas ce mot à mal !) des choix...
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W
@ Moon : une des possibilités pour ce bégaiement est que (pour voir s'il y a de nouveaux comms par exemple) vous rafraîchissez la page juste après avoir envoyé un commentaire, y a Canalblog qui vous dit que pour effectuer cette manoeuvre, il doit renvoyer les données etc... si vous dites oui, paf, vous avez droit à deux comms pour le prix d'un !
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J
Parker Pens, nés à Janesville, Wisconsin !<br /> Dommage que ce ne fût pas un Scheaffer de Ft. Madison, Iowa, c'est moins loin de chez moi. ;-)
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M
mais .... je ne bégaie pas pourtant ?
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M
C'est sans doute truffé d'intertexte que les novices comme moi ne saisissent pas, mais j'aime bien cette idée d'incipit/excipit... et puis la référence au #64.<br /> Astucieux
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W
Moralité, si tu veux voyager, vaut mieux une bonne imagination qu'un fauteuil roulant !
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M
C'est sans doute truffé d'intertexte que les novices comme moi ne saisissent pas, mais j'aime bien cette idée d'incipit/excipit... et puis la référence au #64.<br /> Astucieux
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