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7 décembre 2019

Anamnèse (Ilonat)


Anamnèse ?
Il aimait bien ce mot  ce mot mystérieux
Cet effort de mémoire pour essayer de concevoir
Comment il en était arrivé là dans ce trou noir
Sans espoir d’en sortir puisqu’il était devenu vieux

« C’est bien la pire peine de ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine mon cœur a tant de peine »
Une autre résonance qui l’habitait parfois
Sans qu’il en partageât la juvénile antienne

« Mon mal vient de plus loin » se disait il aussi
Bien sûr, l’âge venant  l’on n’a plus d’énergie
Tout devient difficile et tout devient plus gris
On voudrait bien savoir pourquoi l’on reste en vie

Et ce matin encore se regardant dans le miroir
Il a pris vraiment peur de ce triste regard
Où se lisait sa honte d’en être arrivé là
A vouloir en finir, ne plus aller plus bas

« Finir ce peu de soupe » disait souvent son père
Lorsqu’il n’en pouvait plus avec tous ces tracas
Nourrir cette famille  affronter la misère
Ces jours sans horizon qui n’en finissent pas

« Mon mal vient de plus loin » se disait-il encore
En pensant à sa mère à son regard chagrin
Après qu’elle ait vécu ces tragédies sans fin
Ces drames quotidiens malgré tous ses efforts

Il aurait pu parler aussi de ce frère jumeau
Parti sans qu’il lui dise à quel point il l’aimait
Lui demander pardon de l’avoir humilié
Quand ce souvenir là  pèse comme un fardeau

Il lui aurait encore fallu chercher plus loin
Dans le fouillis obscur de sa mémoire
D’autres défaites et d’autres ombres  qu’il ne voulait pas voir
Mais dont il ressentait le poids chaque matin

Il en venait à se haïr de sa désespérance
Lui qui avait vécu tant de vies insouciantes
Connu quelques instants de grâce souriante
Pour se retrouver seul devant cette béance

Tout  cela lui pesait  cette réminiscence
De ceux qui n’étaient plus mais qui vivaient en lui
Qui lui parlaient encore dans ce profond silence
Cette présence absence d’hier et d’aujourd’hui

Il lui faudra pourtant  sortir de cette impasse
Retrouver quelque espoir quelque envie d’entreprendre
Ou bien en terminer sans même quelques traces
Tirer un trait ! Adieu ! Quand il faudra se rendre.

« Coucou papa c’est moi »
C’est le message que j’ai reçu hier au soir de ma fille adoptive, la  petite Nini que j’ai laissée là bas à l’Ile aux Nattes.
Allons, il faut sortir de ce brouillard….écrire peut être d’autres choses, plus apaisées


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Commentaires
B
C'est un texte de toute beauté la solitude est parfois si pesante heureusement il y a une petite qui va tout changer Une main tendue <br /> <br /> Bienvenue ici Ilonat ce fût un réel plaisir de te lire
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T
Combien j'ai aimé ' ce mal vient de plus loin' combien il ouvre grand nos yeux vers immense océan de la vie qui en remuant remonte une vase regardez bien au fond des perles vous y attendent a bientôt de vous lire
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Y
Un rayon de soleil enfin dans la grisaille de la vieillesse ! Jusqu'au bout, il faut espérer.
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M
J' ai lu sans savoir en apprécier les rimes tant le texte est profond. Très émouvant.
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P
Nous portons, en effet, le meilleur et le pire de l'histoire familiale qui nous précède et que nous transmettrons à nos suivants. Belle poésie pour une entrée chez les défiants. Bienvenue.
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V
Il y a des efforts de mémoire qui font du bien ...
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J
Très beau jeu des rimes, jouer avec fait vivre un texte, à mon avis. Comme dit sieur Walrus, Bienvenue chez les Défiants, c'est un bon début !
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W
Bienvenue chez nous (ou chez vous, ça ne tient qu'à vous) ! <br /> <br /> Vous avez du style malgré ce cœur lourd !
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L
Heureusement que la petite Nini arrive pour mettre un peu de gaieté dans tout ça !
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K
Tout ce que tu écris si bien est vrai et veillesse pauvre (ou moins pauvre) est difficile...
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