Good Vibrations (Walrus)
Étrangement, je ne suis pas certain de connaître le prénom de mes deux* grands-pères.
Le premier, mon grand-père paternel, a, comme bien des hommes de sa génération, péri lors de la première guerre mondiale et je ne l'ai donc pas connu. Ma mère m'a dit un jour, il y a très longtemps, qu'on avait failli m'appeler Jean-Louis en souvenir de lui, ce qui m'incite à penser qu'il devait se prénommer Louis, ou plutôt Lodewijk (mais va savoir avec les Anversois, aujourd'hui, ils ont rebaptisé leur célèbre café "Roode Pelikaan" en "Pélican Rouge" parce que ça fait plus... international !). Mais en fin de compte, on m'a appelé Jean-Claude.
Le second, le père de ma mère donc, s'appelait peut-être Félix, comme son fils aîné, mais je n'en suis pas certain non plus : personne ne l'appelait par son prénom. Dans son patelin, on l'appelait par son surnom ou sobriquet (en wallon on dit parfois "Spot" un mot issu du flamand comme beaucoup de vocables de cet idiome), comme quoi on n'a pas attendu le Net pour inventer les pseudos (sauf que là, ce n'est pas vous qui le choisissiez).
Je ne l'appelais donc que "Bon-papa Guèw".
Et à Seilles, qui fait la frontière entre les régions liégeoises et namuroises, "lu guèw", c'est "la guimbarde". La version verviétoise est encore plus "parlante" : "Lu Gaw" où l'on entend bien le bruit caractéristique de la lamelle vibrante de la chose.
J'ai joué de cet étrange instrument (un truc à te niquer les dents pire que les carambars) au temps où je m'occupais d'une unité scoute, mais je dois bien avouer que j'avais du mal à concurrencer mon ami Écureuil, virtuose de la guitare folk. Mais paradoxalement, je n'ai jamais vu celui qui portait son nom utiliser de guimbarde.
* Vous serez peut-être étonnés d'apprendre que j'ai eu quatre grands-pères
mais ça, c'est une autre histoire.