Un conte à dormir debout ! (Sergio)
Il était une fois, une fille de la cité, la plus jolie qu’on eut pu voir. Sa mère au RSA surnageait sous prozac et sa mère-grand, mère courage faisait vivre la petite famille en trafiquant de ci de là. Un jour son oncle Pablo lui demanda d’apporter des galettes de Chit à sa mère-grand qui deallait près du port .Elle renonçât à voler un scooter car avec sa coiffure rasta et son éternel jogging rouge à capuche les keufs de la BAC l’auraient vite repérée. Elle coupa donc à pied, mais aux aguets car elle savait que son itinéraire traversait des endroits sombres ou le danger guette .Elle traversa d’abord les immenses parkings vides de la cité des Vents et se trouva nez à nez avec les trois petits cochons. Son sang se glaça. Ces trois dépravés à la peau quasi translucide à force de vivre dans des caves depuis leur plus tendre enfance ; quoique cette expression dans leur cas fut inappropriée vu qu’ils avaient été martyrisés par leurs parents avant que ces derniers ne finissent en centrale & que les services sociaux désarmés ne les abandonnent à leur triste sort, étaient redoutés de toutes les mères de famille du quartier .Leurs regards libidineux appuyés & leurs plaisanteries salaces ne laissaient pas de doute sur leurs intentions . Heureusement PCR, (pseudo de Petit Chaperon Rouge dans la cité) avait toujours sous sa manche gauche un cutter neuf scotché par un élastoplast qu’elle pouvait saisir en un instant avec sa main droite. Elle n’eut pas à s’en servir et fut sauvée par l’arrivée de la cavalerie. Une fois n’est pas coutume. En effet ses deux vieux copains d’école primaire ; grand loup et l’ogre arrivait à sa rencontre. Il suffit d’un regard menaçant de l’ogre qui venait de rejeter sa capuche pour que les prédateurs s’évanouissent. Grand-loup, avec ses deux mètres, sa barbe & ses cheveux noirs de jais, ses yeux rouges injectés de sang et ses canines qui, faute de correction orthodontiste en sa jeunesse dépassait de sa mâchoire, ainsi que l’ogre, deux metres lui aussi, centre trente kilos de muscles, glabre & chauve, le crane tailladé de coups de lames rasoirs, souvenir d’un bref séjour en prison, n’invitaient pas à la confrontation physique. Elle demanda à ses deux amis de l’accompagner. Ce qu’ils firent, n’ayant rien d’autre à faire que de zoner à la recherche d’une occupation. Et puis traverser la cite avec PCR à leurs côtés renforçait leur cote de crédibilité et de virilité. C’était, de loin la plus belle meuf du coin .PCR partageait un secret avec ses deux compagnons et elle était sûre de ne rien craindre pour deux raisons simples. Elle, PCR, leur confidente & petite sœur autoproclamée s’avait qu’ils étaient gay, végétariens et accros à une discipline alimentaire macrobiotique. Ces deux-là, au fond de leur secret se papouillaient en dégustant du soja & des galettes de riz bio, bien sûr. Elle s’engageât donc le pas guilleret par-delà la cité du moulin dans les méandres de la cité du bois joli. En ce lieu deux gangs rivaux, grand admirateur de leurs homologues portoricains se livraient bataille, à coup d’AK 47. Pour le moment, décompte des victimes réalisé, le gang des sept nains damait sévèrement le pion au gang du petit poucet. Tatoués et percés, leur rencontre au coin d’un centre commercial abandonné & tagué 7NIN & P’TIPOU n’aurait enchanté personne, même pas Hansel & Gretel, les deux jumeaux pro-nazis de la BAC, qui pourtant étaient enfouraillés comme un porte-avion américain. Mais, aujourd’hui elle allait le cœur léger, fredonnant des contines, papillonnant. Cela faisait glousser ses deux compagnons qui, eux aussi s’avaient que personne ne leur chercherait des noises, au risque d’avaler son extrait de naissance à coup de batte de base-ball. Indigestion assurée ! Ils arrivèrent enfin au haut de la rue Leprince, qui n’avait rien de charmant. Apres avoir offert à ses deux chevaliers servants un Kebab & un Coca elle passa le SMS convenu à mère-grand. La réponse arriva aussitôt, trop vite même « OK cè bon ». Elle s’enfuit discrètement, se fondant dans la foule et dissimulée derrière des containers de tri, elle vit Hansel & Gretel en planque, assis dans leur voiture soi-disant banalisée en train de s’empiffrer de pain d’épice et ,divine surprise, assise derrière, Blanche-neige la chef du gang des sept nains. Cette sorcière noire, immigrée clandestine venant du Gabon avait failli lui faire croquer sa pomme rouge empoisonnée .Elle lui paierait cette traitrise. Elle en fit le serment. Elle vit mère-grand, menottée mais hilare que deux costauds embarquaient. Quelle princesse fine mouche cette mère-grand ! Elle avait hérité ses tics de prudence de ses jeunes années de résistance .La réponse correcte et convenue au SMS était :
« Tire la chevillette et la bobinette cherra »