18 août 2012
Histoire d'un bâtard (Anémone)
Il portait depuis toujours la coupe au carré, la seule qui lui permit de dompter son épi rebelle.
Il avait les cheveux naturellement platine, ou plutôt un peu couleur ficelle, et la peau criblée de taches de son, ce qui le démarquait un peu trop des autres à son gré, vu qu'il était le genre d'homme ayant toujours marché à la baguette et se rendant en complet gris au boulot.
Certes, il n'était pas de ceux qui avancent dans la vie comme coiffés d'une couronne.
Il ne fréquentait pas les cocktails où l'on sert des canapés et porte des toasts.
Et il ignorait tout à fait qu'il avait quelques traits de Michel Serrault en Albin quand il beurrait ses biscottes.
Il avait parmi ses collègues quelques originaux de mouture spéciale, cheveux longs portant la tresse, toujours prêts à s'en payer une bonne tranche et pour qui tout faisait farine au moulin en matière de bon temps à prendre.
Figurez-vous que l'un d'entre eux, pétri de bonnes intentions, s'était mis en tête de lui apprendre la flûte! Cette proposition signa le début d'un ferment de discorde. A propos de moulin, celui-là ne savait donc pas qu'on ne peut y être en même temps qu'au four?
Non, pour lui la vie n'était pas de la tarte, pas du gâteau. Il fallait veiller au grain. Le meunier ne pouvait dormir. Il y avait du pain sur la planche pour arriver à gagner sa croûte. Il fallait trimer dur pour mériter sa tartine et grappiller quelques miettes.
Il présentait d'ailleurs physiquement les marques du labeur. Même s'il n'avait pas l'air trop rassis, il commençait à prendre de la brioche, et concernant ses exploits physiques, il se disait qu'il avait fini de manger son pain blanc.
Une seule fois il avait décidé de s'octroyer quelques vacances: il s'était rendu à Paris. Cela ne lui avait pas du tout réussi.
A peine arrivé, il se trouvait dans une boulangerie quand il se rendit compte qu'on lui avait volé son portefeuille.
Il ne comprit jamais l'air mi-effrayé mi-narquois de la police, quand avec beaucoup de sérieux et une mine longue comme un jour sans pain, il affirma qu'il n'avait même plus de quoi s'acheter une couque ou un pistolet*! Sa panique allant croissant, il se sentait complètement perdu, comme tourné et retourné dans une poêle et il suait abondamment. Il s'était donc trouvé content de rentrer, après avoir dû dénicher sur place pour se dépanner, un job temporaire d'homme-sandwich.
Il se dit qu'une fois de plus il était là avec sa tronche de cake, et qu'il aurait aimé connaître ici pour l'accueillir quelqu'un de bon comme le pain. Mais hélas nul copain, nulle mie. Personne ne se montrait bonne pâte et prêt à se lever pour lui. La situation n'avait rien de cramique*. Ce qui lui arrivait était complètement fougasse, au point d'en perdre l'usage correct de la parole, ce qui le mettait en boule.
Ah! Il n'était pas de la bonne graine. Pas arrivé sur terre le cul dans le beurre. Si seulement il n'était pas né bâtard... En le faisant naître de père inconnu, on avait empêché le levain de faire son ouvrage. Et même fauché le blé en herbe.
Ah! Il n'était pas de la bonne graine. Pas arrivé sur terre le cul dans le beurre. Si seulement il n'était pas né bâtard... En le faisant naître de père inconnu, on avait empêché le levain de faire son ouvrage. Et même fauché le blé en herbe.
* venez plutôt les goûter en Belgique!
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