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Le défi du samedi
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15 juin 2009

Dominique (Moon)

Il n’y avait que trois endroits où je n’aurais pas voulu être.

Chez ma mère à Charleville :

« Je m'ennuie beaucoup, toujours ; je n'ai même jamais connu personne qui s'ennuyât autant que moi. »

A Louxor dans le temple avec Philippe.

« Je n’écrirai plus sur les murs qui virent la majesté. »

A Ashoqa, pas loin de Kandahar, le jour où on a découvert les pendaisons.

« Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées, un morceau de chair tremble à leur maigre menton »

Mais aujourd’hui, je n’étais pas loin d’en ajouter un quatrième. Celui où je me trouvais.

Au moment où le réveil avait sonné, j’avais regretté d’avoir accepté ce voyage.

Ce voyage à Coëtquidan qui avait décidé de ma vie aujourd’hui…

Bien entendu la carrière militaire avait toujours été une éventualité pour moi, papa était le héros de mon enfance et ses missions, ses départs, ses retours avaient rythmé mes jours et mes rêves de fillette.

Mais le commandement… Qu’est-ce qui m’avait pris ? Qu’est-ce que j’allais faire avec ce régiment qui n’avait jamais vu une femme à sa tête ? Comment allaient-ils me regarder et quels murmures allais-je entendre dans mon dos ? Aurais-je encore à prouver qu’on peut être une femme de rigueur sans être agressive ?

Que dirais-je à tous ces journalistes qui s’extasieraient sur mon parcours ?

Qu’est-ce que j’allais surtout dire à tout le régiment aujourd’hui pour expliquer que j’allais les mener à la dissolution en si peu de temps ?

« Vous êtes heureux d’apprendre que je vais vous disperser dans d’autres unités… »

Et si je retournais au lit me plonger dans mon beau volume de la Pléiade que m’a offert Philippe avant de partir ?  Le papier bible est si doux aux mots de Rimbaud…

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Commentaires
M
Caro Carito, tu seras peut-être surprise, tiens nous au courant surtout si tu y vas de ce pas cadencé.
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C
Dans ma ville où le smilitaires pullulent je vais de ce pas faire une enquète pour savoir qui lit du rimbaud!
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T
Ciel ! Une serial killeuse qui a des remords ! Comment ça j'ai pas compris? Elle va pas tous les dissoudre, non, j'ai mal lu?!
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Z
j'aime l'ambiguité de ce texte<br /> si j'ai bien compris on a refilé à la femme le sale boulot de dissoudre une compagnie...
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P
sans compter qu'il a aussi versé dans le trafic d'armes, le Rimbaud...<br /> <br /> Bon, je suis assez peu sensible à la cause militaire, moins encore à celle des femmes dans l'armée, alors je ne sais pas trop quoi dire non plus sur ce texte ;o)
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V
Ce qui boucle la boucle, c'est que Rimbaud appelait sa mère "le colonel", si mes souvenirs sont exacts, et que son père était militaire... ;-)
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J
On ne fait pas des métiers faciles ! Mais bon, on survit aux dissolutions : remember 1997 !<br /> Je ne sais pas trop quoi dire sur ce mélange surréaliste d'Ardennes et de Bretagne, de militaires et de poètes, de chaussures bien cirées et de semelles de vent.<br /> Alors je botte en touche : quand Sheila chantait "Petite fille de Français moyen", c'était aussi "Sincères couettes qui dansent".<br /> <br /> OK je sors du rang et je ferai trois jours, mon adjudant !
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M
Mon cher Papa à moi était Militaire mais je ne suis pas entrée pour autant dans la carrière ... quoique mon arrière grand-père était Tailleur de Pierre.<br /> Un très bon texte Moon ! Bravo !
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J
Ceux qui font le plus peur, comme dans les nouvelles de Poe, sont ceux qui n'ont pas l'air sinistre et qui cachent leur jeu derrière un visage d'ange heureux...<br /> <br /> Ouille !
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P
Oui, Joye, j'ai déjà lu un article chez vous qui lui était consacré.<br /> N'empêche que je le croiserais dans la rue, même de jour, j'aurais peur !
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J
Papistache, je voudrais te présenter le Général James L. Jones, francophile et francophone depuis son enfance en France. C'est maintenant le conseiller de la sécurité nationale des États-Unis nommé par Obama.<br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/James_L._Jones<br /> <br /> Je suis quasi-certaine qu'il aura lu Rimbaud, parmi d'autres poètes français.
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P
Du fifre, Moon, du fifre !<br /> <br /> Mais, bon, moi, je ne connais aucun général, ni lieutenant colonel, ni colonel, ni commandant, ni capitaine, ni lieutenant, ni adjudant, ni sergent, ni caporal, ni première classe... En fait j'ai croisé (pas connu) un capitaine qui jouait du piano et qui ignorait totalement qui était René Goscinny (les deux choses étant d'ailleurs absolument inutiles à l'exercice de son métier,lequel était complètement hors de ma compréhension de l'époque).
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M
Moi je connais un général qui joue de la flûte traversière... Si si et même qu'il aime l'opéra et pas Wagner !
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P
Un militaire reste un militaire.<br /> Un militaire qui lit Rimbaud reste une exception.<br /> Un militaire qui disperse et dissout me fait penser à Michel Audiard. Manquerait plus qu'il ventile.<br /> Il ou elle, mais ventelle ça ne veut rien dire.
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V
Moi aussi il m'a amusé; mon premier réflexe est souvent de consulter Google après lecture.<br /> Bravo pour l'idée, Moon.
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V
Même choix que Phil. <br /> C'est tout de même beau une petite fille qui prends le même chemin que son papa.
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M
Pardon, j'ai oublié le titre. En fait ce texte s'appelle Dominique, en hommage à Dominique Vitte (que je ne connais pas un brin, vive GooGle) et qui va devenir la première femme à commander un régiment de transmission le 18 juin.<br /> En plus son prénom ambigu m'a amusée...
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W
Allons, allons, ne nous dispersons pas là !
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J
Y lire _françaisE_ oeuf corse !
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J
Ah, quelle coïncidence, je suis en train de lire une longue nouvelle sci-fi où, justement, la commandante est une femme. Et français !<br /> <br /> J'aime beaucoup ton texte, Moon, je crois que l'histoire d'une femme chef d'armée pourrait remplir des volumes ! J'en reprendrais, volontiers !
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B
Pas facile d'être une femme dans l'armée !!!
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T
Pour les trois endroits où tu n'aurais pas voulu être je te comprends... et je comprends aussi ta réaction! J'aime la phrase "prouver qu'on peut être une femme de rigueur sans être agressive..."
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P
C'est sûr qu'entre la Pléiade et l'armée, mon choix serait vite fait.
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