tentative d'esquisser le portrait d'une presqu'inconnue - Tilleul
Madame
Katia, Quel ne fut
pas mon étonnement, ce matin en recevant votre missive… Je me demandais qui
pouvait être cette Madame Mireille qui avait pris la peine d’inscrire mon nom
sur son carnet… Maintenant, je me souviens… Madame Mireille ! J’avais huit
ans, elle en avait cinquante. Dans ma tête de petite fille, elle était vieille…
toujours vêtue de gris et de noir. Etait-elle ridée ? Je ne sais plus,
quand j’y repense, je vois seulement ses yeux qui souriaient…
Elle habitait
dans une toute petite maison, seule. Elle avait un chat qu’elle appelait
Minoussi. Un jour, je l’avais
caressé et c’est grâce à lui que nous étions devenues amies.
En revenant de
l’école, je m’arrêtais devant sa porte et elle me donnait un bonbon, parce que
j’étais gentille disait-elle. Elle était un peu comme une grand-mère pour moi
qui n’avait pas de mamy… Si je me plaignais des trop nombreux devoirs ou des
leçons à étudier, elle m’expliquait la chance de pouvoir fréquenter l’école…
Elle avait du travailler très jeune, sa famille n’étant pas bien riche…
Quand le
soleil brillait, elle était assise à l’ombre d’un vieux pommier, je m’installais
quelques minutes sur le banc à côté d’elle et nous bavardions… Elle me racontait
ce qu’elle faisait à mon âge… A huit ans, elle avait brodé un abécédaire…
Un jour, elle
m’avait accueillie en me disant « j’ai un cadeau pour toi ». Dans le
grand placard en chêne qui trônait dans sa cuisine, elle avait pris un paquet enveloppé de papier gris
et m’avait offert cet abécédaire…
Je l’ai toujours, il est encadré et suspendu au-dessus de la cheminée, dans mon
salon… Voilà les
seuls souvenirs qu’il me reste… Veuillez
agréer Madame Katia, l’expression de mes sentiments les plus
distingués… Tilleul P.S. Vous
dites qu’elle s’appelait Mireille ? C’est bizarre, maintenant que j’y
pense… je l’ai toujours appelée
Mariette…