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Le défi du samedi
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11 avril 2009

LES SECS ET LES HUMIDES (Martine27)

Depuis longtemps déjà la tribu de Secs avait soif.
Il faut dire que la tribu des Humides avait fait main basse sur la totalité de l’eau courante, l’enfermant dans des réservoirs et des canalisations. Les Secs n’avaient accès qu’à l’eau de pluie quand elle voulait bien tomber.
Ca ne pouvait plus durer ainsi, les Secs avaient de plus en plus soif. Ils se desséchaient, les plus durement touchés étaient les jeunes. Assez curieusement, les plus petits avaient été pris en charge par les Humides qui leur donnaient régulièrement de l’eau. Mais pour les Secs, ils n’étaient ni plus ni moins que des esclaves, d’ailleurs ils en payaient souvent le prix en disparaissant purement et simplement dans les maisons des Humides pour n’en ressortir que sous forme de cadavres.
Il était temps de réagir, les Secs ne pouvaient plus se laisser ainsi assoiffer.
Alors, la guérilla fut lancée.
Des espions commencèrent leur quête.
Il fallait savoir comment les Humides acheminaient l’eau des immenses réservoirs jusqu’à chez eux.
Les Secs sentaient cette eau et cette senteur les rendait fous.
L’apaisement de leur soif dévorante était si proche et en même temps si lointaine.
Il fallut du temps aux espions pour remonter jusqu’aux diverses voies de diffusion du précieux liquide.
Mais bientôt, de partout dans la région les informations affluèrent jusqu’aux représentants des tribus des Secs.
Petit à petit, la carte des flux d’eau fut dressée.
Il fallait maintenant agir de concert.
Les plus forts d’entre eux entrèrent en action.
Perçant la terre sèche, ils forèrent des tunnels jusqu’à atteindre enfin les sources multiples de leur désir.
Ils attendaient maintenant le feu vert du Grand Sec pour lancer l’attaque finale.
Et une nuit, l’ordre tant attendu retentit.
Dans un dernier effort, les forts percèrent les canalisations.
L’eau enfin libérée se rua au travers de la terre sèche et les racines purent enfin se gorger du liquide nourricier et l’envoyer nourrir les arbres, enfin ils allaient à nouveau pouvoir développer des bourgeons et des feuilles.
Le lendemain, au réveil, les tribus des Humides s’aperçurent que l’eau n’arrivait plus à leurs robinets, ils découvrirent que les racines des grands arbres de la forêt environnante avaient dévasté les canalisations et que l’eau précieuse qu’ils ne voulaient plus partager se répandait tout autour des leurs habitations.
L’herbe commençait à perdre sa teinte jaune pour retrouver un vert éclatant, les arbres paraissaient plus forts, presque menaçants, les mettant au défi de voler à nouveau le sang de la terre pour leur seul profit.

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11 avril 2009

La soif, et ce qui en découle... (Akel)

Elle lit la consigne en plissant des yeux. Qu’est-ce que c’était que ça, encore ? Pourquoi aborder un thème aussi… inhabituel ? Elle soupire, se reproche son manque d’ouverture d’esprit. Ou autre chose ? Elle ne sait plus vraiment, elle voudrait savoir ce qui cloche, pour une fois. Et puis, sans oublier d’écrire à partir de la consigne, bien sûr.

En souriant, elle se demande ce qu’elle peut bien pondre avec une consigne pareille. Certainement pas grand-chose ! … Enfin, dans le sens où ce ne sera pas excessivement long, bien sûr, parce que bon, elle a promis de se modérer. Et Akel tient à tenir parole, ou faire bonne figure. Au choix.

Elle repose son menton sur ses mains levées en soupirant, l’air soudainement très très embêtée. Pour une fois, elle se fiche que quelqu’un de sa famille débarque dans la chambre, et, plus encore, elle se fiche d’être prise en ridicule, en train de lire à haute voix la consigne, l’air très concentrée :

« Cette semaine la soif sera omniprésente dans notre défi… Ni monologue, ni dialogue, ni narration à la 1ière personne… Cap ? Ou pas cap ? »

Elle plisse les yeux encore une fois, pas sûre de comprendre. Elle a toujours eu l’habitude d’interpréter assez platement ce qu’elle entendait, alors, ce n’est pas surprenant que son imagination commence à voltiger vers la vision paradisiaque d’une douzaine de cocktails alignés sur une même table qui n’en finit pas. Elle se retient de baver, cette fois-ci bien décidée à ne pas passer pour une assoiffée invétérée. Quoique, vivre dans un pays chaud comme le Maroc aurait pu excuser un peu son écart, sauf que… sauf qu’elle a peur du ridicule, tout simplement.

En relisant encore une fois la consigne, cette fois-ci avec un ton très détaché, mais condescendant, elle a l’impression d’entendre une publicité de mauvais goût. C’est à peine si elle ne la compare pas à toutes ces lointaines pubs d’été (quoique, pas si lointaines, nous sommes presque en été, ici) où on faisait assez cruellement saliver la minorité du peuple devant des bouteilles de Coca Cola, de Fanta, Hawaii, Fairouz ou autres. Et le comble c’était que ça marchait bien, et que, Akel, elle, se retenait à chaque fois de courir illico vers l’épicerie du coin, histoire de leur donner raison.

Comme c’était loin, maintenant, tous ces souvenirs liés au soleil qui lui brûlait la peau à chaque fois qu’elle sortait ! La piscine, aussi, où elle n’osait plus aller, pour on ne sait quelle raison. « Peur de l’eau », répétait-elle à ses cousins qui n’arrêtaient pas de se moquer d’elle. Parfois même ils lui demandaient si elle ne se foutait pas un peu de leur gueule, derrière sa petite mine renfrognée… mais elle ne niait pas, quoiqu’elle n’acquiesçait pas non plus. Elle restait muette, comme toujours, comme lorsque son entourage l’ennuyait avec ses questions répétitives, comme lorsqu’elle se retenait d’être méchante, parfois. Non mais, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire, dites-donc, pour qu’on lui foute la paix. Deux minutes, c’est trop leur demander ?

Pauvre Akel ! Pour une fois elle aurait bien aimé les mettre en tort, leur lancer un : « Mais vous vous foutez de moi, là ? Tout le monde sait nager, même les casse-couilles ! ». Mais elle ne disait rien, elle savait qu’ils avaient raison de se moquer d’elle et que, au fond, si leurs moqueries la blessaient, c’était forcément sa faute. Parce que oui, jamais, au grand jamais, elle ne laisserait ces petits morveux se moquer d’elle, pas même au prix de deux minutes de silence. Ah ça non !

Malheureusement, sa fierté ne repartait pas au grand galop, comme à l’ordinaire, et c’était bien la seule fois où elle se retenait de se montrer méchante. A quoi bon, au final ? Puisque tout était vrai, puisqu’elle ne savait pas nager. Du moins, pas assez bien pour s’éterniser dans l’eau. Elle a trop peur pour ça, de toute façon.

Depuis quand elle le sait ? Et surtout, comment ? Depuis quand, elle ne sait pas, mais comment, ça, elle le sait. Elle le sait depuis qu’elle a l’impression de couler, d’être absorbée par un creux interminable, les yeux fermés, à chaque fois qu’on lui verse un seau d’eau glacée sur la tête. Depuis que, quand elle se lave les cheveux, elle se débat, elle secoue vigoureusement la tête pour que l’eau, ce monstre dégoulinant et ruisselant de vie, ne vienne pas inonder son visage, s’immiscer dans sa bouche. Elle la garde souvent résolument close, par peur de sentir le flot du liquide pourtant tiède glisser entre ses lèvres, trouver sa langue, lui brûler la gorge, l’étouffer, petit à petit. Parfois, quand c’est sa mère qui s’occupe de ses cheveux, elle se tient très raide, n’ose pas faire de mauvaises manœuvres, pour ne pas semer de doute. Pour ne pas l’inquiéter, peut-être. Bien que, elle pencherait plutôt pour la deuxième hypothèse, histoire de garder la tête haute, hein.

Alors donc, quand sa mère ne remarque rien, quand elle verse verse verse l’eau, continue à verser, verser, verser jusqu’à ce qu’une grande marre se forme autour d’elles, quand Akel en a trop marre de garder les lèvres serrées, quand elle ne respire pas assez bien du nez, elle exhale brusquement, elle s’écarte en grognant un gros mot, sans le faire exprès. Sa mère la regarde alors très méchamment, mécontente. Elle se soucie peu des yeux rougis, de la mine hagarde, de la figure altérée par la peur.

Mais Akel ne dit rien, elle s’excuse, tout simplement. Puis elle retourne à sa place initiale, très lentement, comme si elle ne voulait pas, finalement. Comme si elle s’apprêtait à courir hors de la salle de bain, comme une gamine, sans lui laisser le temps de protester, à cette femme qui se prenait pour une tortionnaire. En sentant les griffes de la brosse lui érafler à nouveau le cuir chevelu, elle se rendra simplement compte que ce n’est qu’à ces moments-là seulement qu’elle a le plus soif de vivre, de fuir l’abîme, de patauger frénétiquement dans boue, dans l’espoir d’en ressortir vivante. Bien sûr, elle sait que l’eau est la source de vie, mais n’oublie pas pour autant qu’elle peut tout aussi bien être source de peur, d’angoisse et de crainte.

Bref, elle sait qu’il n’y pas que le bon côté des choses, dans ce bas monde.

Mais elle émerge, enfin. Elle se rend compte qu’elle était en train de contempler pensivement son écran, les yeux dans le vague. En y regardant plus attentivement, elle lit ce que la saisie automatique de Google avait affiché pour sa recherche, jusqu’à lors même pas encore commencée :

soif de culture
soif permanente
soif de sang
soif début de grossesse
soif intense
soif de vivre
soif excessive
soif grossesse
soif la nuit
soif du malt

 

Elle voit qu’en définitive, il y en a pour tous les goûts et les couleurs, alors elle décide de s’arrêter là, satisfaite.

11 avril 2009

Notes de lecture (Papistache)

Entre deux pages d’un livre.
Sentir monter la fièvre, la gorge se tapisser de carton, la vue se troubler...

 


Entre deux pages d’un livre.

 


Auschwitz. Charlotte Delbo.
Quitter le rang, se jeter dans le ruisseau fangeux.

 

A Auschwitz, les lourdes bassines de thé tiède destinées aux détenues sont détournées par les chefs de chambrée qui s’en servent pour leurs ablutions.

 

Charlotte Delbo n’a pas soif, elle EST soif.

 

De retour du chantier, quitter le rang pour plonger les lèvres dans le fossé où nagent les germes de la typhoïde, c’est mourir. Typhoïde ou balle entre les épaules, c'est mourir.

 

Fièvre. Gorge de carton. Vue qui se trouble, regard qui se voile.

 

Un jour. Dix jours. Cent jours.

 

Charlotte Delbo.

 

Travail au potager. Trou dans la surveillance. Un seau oublié. Un seau rempli. Se faire prendre, c’est mourir.

 

Charlotte Delbo s’agenouille. Comme un animal. Elle boit. Au seau. Le seau. Tout le seau. Tout le seau. Son ventre lourd, énorme. Sur le chemin du retour, il clapote. Elle le soutient de ses mains.

 

Le lecteur s’étonne. Quand on pèse quarante kilogrammes, peut-on avaler dix litres d’eau ?

 

Charlotte Delbo. Toute son énergie pour tenir. Un espoir : sortir du camp ; retrouver la vie.

 

De retour, chaque nuit qui la ramène là-bas.

    • Auschwitz et après, 3 tomes :
    • Aucun de nous ne reviendra, Minuit éd.
    • Une connaissance inutile, Minuit éd.
    • Mesure de nos jours, Minuit éd.



11 avril 2009

L'ombre au tableau (Caro_Carito)

A A. en toute amitié.

 

Il la regarde. C. a toujours de drôles d’idées. Des sautes d’humeurs aussi. Elle a le chic pour les plans foireux. D’ailleurs c’est comme ça qu’il l’avait rencontrée, pendant une soirée foireuse. Ils étaient étudiants. Il avait bu ce soir-là. Beaucoup. Elle aussi mais l’alcool avait moins prise sur elle. Ils avaient dû se raconter des tonnes de conneries. Il était rentré dans son foyer sans penser que leur amitié avait déjà démarré.

Il jette un coup d’œil. Elle sautille dans tous les sens. Une dizaine d’inconnus hétéroclites sont rassemblés à la sortie du métro. Il ne connaît que sa coloc. Une grande bringue férue d’art et de peintres décadents C’est pas elle qui a ramené dans leur petit appart ce nu masturbatoire d’Egon Schiele ? Après tout, C. a toujours fréquenté des gens bizarres, des conférences obscures, des auteurs nébuleux. Ils parlent de psychologie et théorisent le monde. Comme elle, ils sont tous fauchés. On aurait pu croire qu’elle se donnait un genre. Mais il en était venu assez vite à la conclusion que, chez elle, c’était naturel.

Il aimerait savoir où va les mener ce pique-nique. Manger dehors en septembre, il n’y a qu’elle ! Heureusement il fait beau car C. n’a sans doute pas prévu de solution de repli. La bande est là au complet et sans retard notable. Première étape : s’entasser dans les deux petites voitures. Deuxième étape : dès l’arrivée à Ville d’Avray, débarquer paniers, boutanches et plaids. Il se demande bien pourquoi il accepte ses invitations. Elle lui a pourtant pété quelques câbles et des méchants. L’un surtout un matin alors qu’ils devaient assurer ensemble un vague taff de WE. Elle était partie en vrille, il avait faillir se barrer juste avant de la voir en larmes. Ce jour-là, il avait eu mal alors qu’elle sanglotait dans ses bras. Barjo, elle l’était restée, à coup sûr. Imprévisible ; si elle lui annonçait son intention de rentrer dans les ordres ou de partir en Afrique, cela l’étonnerait à peine. Il jette un coup d’œil à sa montre. L’après-midi est entamée mais des lampes ont été prévues. Pas de connerie notable en vue. Est-ce l’amour qui la rendrait enfin raisonnable?

Pas mal cette assiette de fromage et bien trouvée l’idée des salades et des pains variés. Il reprendrait bien celui aux noix. Le côte du Rhône est parfait. Il observe à la dérobée, celui qui l’a amené. C’est donc lui. Il a l’air sympa. Il en a rencontré des pires. Il se marre en douce. Il a, lui-aussi, présenté à C. quelques spécimens notables de foldingues. Quelqu’un lui passe le dessert, raisins et pommes, avec quelques chocolats et biscuits secs et remplit son verre. On sort un thermos de café et même une bouteille de cognac d'un des paniers en osier.

Il contemple les étangs de Corot. Il comprend que l’on ait voulu les peindre. Il ne peut s’empêcher de penser que c’est quand même con toute cette étendue liquide sans  même une seule bouteille d’eau minérale à portée de main.


corot1

11 avril 2009

Soifs conjuguées (Captaine Lili)

Je soiffe de lui
Juteux fruit
Au creux de mes appétits

Tu soiffes de tout ?
Le vin de corps fous
L’eau de chez nous

Il soiffe d’elle
Et tangue la ritournelle
Aux mirabelles

Elle soiffe d’il
Comme le trésor a son île
Les bulles en exil

Nous soiffons
L’ivresse des sons
Des mots dans les flacons

Vous soiffez
L’exubérance de fée
De ma langue décoiffée

Elles soiffent d’ils
Etancher les idylles
Sous leurs cils

Ils soiffent d’elles
Et rêvent de l’hydromel
Des demoiselles

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11 avril 2009

Agenda du 11 avril

Prochaines parutions à 12 h 00 puis à 15 h 00.
Voir ici

11 avril 2009

Cinderela a une petite soif... (Cinderela)

Le paysage s'étend à perte de vue. Désertique. Aride. Le sol est tellement brûlé que sa surface est dure et calcinée. On pourrait y faire cuire un oeuf au plat. A supposer qu'un oeuf arrive à survivre ici sans être instantanément transformé en paquet de Mouchelinde déshydratée.

Deux silhouettes titubent à l'horizon. La petite vampirounette est tellement obnubilée par la soif qu'elle en a des hallucinations. Elle imagine qu'elle est dans une oasis, qu'elle boit tout son soûl à une source fraîche à l'ombre d'un palmier. Sauf que l'eau de la source n'est pas cristalline et pure mais rouge et épaisse. Ce n'est pas de l'eau d'ailleurs. Les vampirounettes carburent plutôt aux globules rouges. Peu à peu l'épuisement l'engourdit. Elle n'est déjà plus capable de voler et doit marcher sur deux pattes. Et seule son affection pour son compagnon l'empêche de le mordre.
Le chat, justement, n'est pas en meilleur état. Il lui semble que le sang dans ses veines n'est plus qu'un magma informe. Sa gorge est parcheminée et le brûle comme s'il avait bu tous les feux de l'enfer. Pas tous en fait. Les autres feux se battent sous son crâne et obscurcissent sa vision qui devient toute rouge.
La soif. Cette brûlure. La soif...
La brûlure... ROUGE.

Un bruit de vaisselle retentit brutalement. Soudain, le chat et la vampirounette se rendent compte qu'ils se sont endormis dans le canapé en regardant
La Libellule du désert. Ils se précipitent tous les deux dans l'évier et ouvrent le robinet en grand en avalant de grosses goulées et en éclaboussant tout autour. La cigale va encore s'énerver...


11 avril 2009

Triste fin (Walrus)

Sa jeunesse n'était que soif.
De découvrir et d'apprendre,
De connaître et de comprendre.
Mais l'âge est passé par là.
Il n'a plus de soifs.
Il boit !

11 avril 2009

Marre à bout (Teb)

 

La nuit m'avait apporté un texte que je trouvais génial...

Le matin me l'a repris, me laissant exhangue et assoiffée de mots...

Le matin m'a repris les mots... ne me laissant que la construction du texte.

J'aurais du me lever et noter !! Noter ?? No Thé !!!

Tant pis, à défaut de grives, vous mangerez des merles ;-))

 

Elle a soif

 Soif de doux

Doux et fort

 Fort et chaud

 Chaud et Sucré

 Sucréle thé !!!

 Le thé.. pour Elle J


11 avril 2009

PolyGlotte la pilule multi-usages (Vegas sur sarthe)

Présentée dans le cadre du sommet annuel de Blois-Sansoif, les spécialistes s'accordent à dire que PolyGlotte est à la soif, ce que Zitrone était à Intervilles et Couderc au rugby... une formidable médication à usage des assoiffés de la vie.
A l'ère des OGM, de la climatisation, du SuperLoto, du MacDo et du silicone, le monde a encore plus soif de tout; soif de vivre, de connaissances, de pouvoir, d'espérance, de vengeance.
C'est pourquoi en avant première et tandis que les essais sur une grande échelle attendent toujours des bonnes poires pour la soif, nous vous dévoilons l'ébauche d'une plaquette commerciale qui devrait en faire saliver plus d'un:

Soif de vivre:    Symptômes: Vie à la colle, en pacs, sans amour ni eau fraiche.
                      Vie de fou, de dingue, de patachon, de bohème, de débauche.
        Médication: PolyGlotte en traitement individuel, familial ou collectif
        Effets secondaires: Double vie, Vie politique (Voir Soif de pouvoir)

Soif de connaissances:
        Causes: Disparition d'Encarta par jet de l'éponge de Microsoft, disparition du Quid en version papier
        Apparition d'expressions barbares: paradis dorés, parachutes fiscaux (?)
        Médication: PolyGlotte en association avec la consultation des Robert.
        (les Robert autrefois en poire, en pointe ou en sacs de plage sont désormais disponibles en ligne)
        Effets secondaires: Grosse tête ou vie politique (Voir Soif de pouvoir) 

Soif de pouvoir:
        Symptômes: Les osmorécepteurs de type sarkosiens, sublimés par les cellules carlabrunies
        réagissent à l'hyper-os-moralité, provoquant l'atrophie des partis.
        Médication: En traitement homéopathique par périodes de 5 ans.  Proscrire la karchérisation!    
        Effets secondaires: Soif de vengeance, soif Delors (!), soif d'espérance (Voir ci-dessous)

Soif d'espérance:
        Symptômes: Tête vide, suées, désèchement de la plume, essoufflement du bulbe..
        Médication: PolyGlotte jusqu'au samedi suivant en priant Dieu que les
        gestionnaires du site proposent un thème plus interessant
                      Lien pour prier Dieu: Prie-Dieu

11 avril 2009

Soif d'eau irlandaise (Plume Dame)

Enchanteresse des nuits d’ivresse

Aux effluves de senteurs profondes

Ulcérante de joie et d’allégresse

.

Délivrance et doucereuse de l’onde

Entourant les verres de délicatesse

.

Vue surprenante mon âme vagabonde

Irlandaise et combien pure maltaise

Eau de vie dans les veines abonde

.

11 avril 2009

Quand une fontaine nargue un assoiffé (Tilleul)

Cette année-là, la canicule sévit sur toute l’Europe…

Madame et Monsieur Deleau ont dressé une table à l’ombre du tilleul… Un buffet campagnard attend les invités… Le champagne refroidit dans un seau à glace, une carafe d’eau fraiche trône parmi  diverses salades multicolores…

Kevin a faim. Il avale des chips, il ingurgite trois grandes tranches de jambon, du saucisson et du saumon fumé… En apercevant les plats dégarnis, sa maman, mécontente,  l’envoie dans sa chambre…

Il fait chaud… Avec toute cette nourriture salée qu’il a dévorée, le gamin a soif… ses lèvres sont sèches, il a l’impression que sa langue colle à son palais et qu’un hérisson lui gratte la gorge… Il boirait n’importe quoi ! Même du café qu’il n’apprécie guère… ou une tasse de thé… Il rêve d’un verre de grenadine ou de menthe glacée… d’un jus d’oranges ou de cerises, rangé dans le frigo de la cuisine… ou d’un raisin, un seul raisin bien juteux…

Il fouille dans les tiroirs de sa commode, espérant dénicher une cannette dissimulée derrière une pile de linges… Sous le lit, il trouve une boite de chocolats… Rien qui puisse le désaltérer, pas une goutte d’un liquide quelconque…

Le rire des invités qui sont enfin arrivés monte jusqu’à la chambre de Kevin, mais ses oreilles n’entendent que les doux clapotis de la fontaine du jardin…

Deux solutions s’offrent à lui, soit, il descend, avec ou sans permission, ou bien il meurt déshydraté… Cette carafe qu’il a vue à côté des crudités, il sent qu’il va la vider d’un coup…

11 avril 2009

Quelques Haddockismes sur Scrabble (Zigmund)

capitaine_adoc



Cherchez l’erreur…

(Collectif l’Escale)


11 avril 2009

A votre bonne santé !!! (MAP)

A_l_eau

11 avril 2009

MAIS QUELLE POIRE ! (Joye)

Mais_quelle_poire__

11 avril 2009

Fait soif ! (Poupoune)

C’était un sacré boit-sans-soif

ce gars qu’on appelait Olaf

y disait qu’il était mataf

mais fallait voire s’poiler son staff

 

à part pour peigner la girafe

on l’voyait pas beaucoup au taf

y avait un pompon sur sa coiffe

que quand t’y touches les gens s’esclaffent

 

il filait des bourre-pifs et paf

pour un verre t’laissait en carafe

mais un jour qu’il a pas fait gaffe

il a traité d’sale faf un faf

 

il a mangé une drôle de baffe

et a tiré sa dernière taffe

alors ses potes comme épitaphe

y z’ont gerbé dans l’cénotaphe

4 avril 2009

Ont bu jusqu'à plus soif

Soif001à 9 h 00 : Cinderela ; Walrus ; Teb ; Vegas sur sarthe ; Plume Dame ; Tilleul ; Zigmund ; MAP ; Joye ; Poupoune ;


à 12 h 00 : Virgibri ; tiniak ; Laura ; Joe Krapov ; Martine 27 ; Akel ; Papistache ; Caro_Carito ; Captaine Lili ;

à 15 h 00 : rsylvie ; Pandora ; Le Zeph' ; Tiphaine ; Alice ; Vanina ; Berthoise ; Val ; Cartoonita ; Shivaya-warduspor...

4 avril 2009

La consigne #55

soif1

soif2

soif3

4 avril 2009

Un idiot amoureux (Akel)

Il referma la porte blanche derrière lui, d'une brève pression sur sa poignée, en retenant son souffle. Elle grinça à peine, il se félicita d'avoir gardé en tête que c'était la seule porte de la maison qui ne grinçait pas. Sans réellement se l'expliquer, il songea à la manière avec laquelle il s'était introduit au cœur de la demeure. Tout d'abord, la clé de la porte principale. Dom n'avait pas eu à trop longtemps interroger sa jeune amie pour deviner où on cachait le seul double dont tout le monde se servirait, le jour où ses clés se volatiliseront dans la nature.

La propriété était grande, comptait un jardon d'une dizaines de kilomètres, ainsi qu'un large portail qui restait toujours ouvert, sauf occasion exceptionnelle. Au pas de la porte, un gros battant en bois vernis, s'étalait un discret tapis de couleur sombre. Le curieux contraste avec le sol sans nuances, ajouté au nombre important de films qu'il avait déjà vu par le passé, et où on montrait assez naïvement la cachette des fameuses clés doubles, tout cela avait suffit à Dominique pour deviner et déduire ; et effectivement, les fameuses clés se trouvaient sous le tapis. Dominique avait cependant songé à la réponse toute réfléchie qu'il aurait servie sur un plateau à quiconque oserait contredire sa fantastique théorie.

"Et si la clé ne s'y trouvait pas ? Et s'il n'y avait pas de tapis au pas de la porte ?"

Des questions fort stupides, auxquelles il répondrait en plagiant scrupuleusement le ton assuré du Détective Conan, ou, celui beaucoup plus modeste encore, de Sherlock Holmes :

"C'était ça ou le petit pot aux fleurs. Sinon, appuyer tout simplement sur la sonnette aurait mis fin au problème."

Cependant il ne songea pas au genre de digressions que cette réplique fructueuse entrainait, pas plus, du reste, qu'il ne comprit qu'en s'en tenant à ce qu'il aurait dit, sa visite surprise n'aurait plus eu d'une surprise. Sans doute s'était-il dit que s'en tenir à cette réponse serait plus que suffisant à plaider son intelligence hors du commun !

En y réfléchissant bien, Dom avait constaté qu'il avait eu de la chance de trouver la clé sous le tapis, glissé au pied de la porte. Tout comme il en avait eu, d'ailleurs, en ne trouvant personne d'autre que la très sympathique, très belle Mrs. Bowen, la mère de Patricia, affairée dans la cuisine.

Pendant le court moment de flottement qui suivit cette curieuse découverte, Dom avait éprouvé un étrange sentiment de malaise, cette sorte de gêne coupable qui vous tiraille l'estomac seulement à l'instant où vous vous rendez soudainement compte de la stupidité de votre geste. Comme il aurait aimé avoir trouvé suffisamment de temps pour faire demi-tour, à ce moment-là ! Et comme il s'était senti bête, lorsque, par mégarde, son corps avait butté contre un meuble, attirant par là l'attention de la maîtresse de maison, jusqu'alors inconsciente de ce qui se passait autour d'elle !

Le supplice dura longtemps, et, quand sous le regard curieux – mais nullement surpris – de Mrs. Bowen, il remit fébrilement les bibelots tombées à terre à leurs places initiales, il entendit une phrase nette, qu'il n'aurait jamais imaginé sortir de la bouche de cette femme :

"Si c'est Path que vous cherchez, jeune homme, elle se trouve en haut, dans sa chambre à coucher."

Une phrase simple, prononcée avec tant d'amusement, qui pourtant était loin de convenir à la situation, finit par la faire éclater de rire.

Reconnaissant, confus, Dominique n'avait rien trouvé d'autre à murmurer qu'un vague "Merci" qui fit sourire la bonne femme.

Voilà donc comment il s'était retrouvé à parcourir le couloir et, au bout du compte, chercher à repérer d'où provenaient exactement les dérivations de notes qui parvenaient par faibles ondes à ses oreilles. Voilà encore comment il avait pu trouver la fameuse chambre, en se fiant à ses oreilles qui ne le trompaient pas et, comment, presque sans scrupules encore, il y avait jeté un petit coup d'œil discret à l'intérieur, pour s'assurer qu'il n'était pas venu à un mauvais moment.

Néanmoins son sentiment de gêne fut bien moindre lorsque, posant ses mains glacées sur les paupières de Patricia, qui avait alors le dos tourné à la porte, il entendit un petit cris de surprise surgir de ses lèvres.

"Qui est là ?"

Il souriait, mais elle ne pouvait pas le voir, pas plus qu'elle ne pouvait deviner qui c'était. Elle n'était pas paniquée (passé l'effet de surprise), mais elle cherchait. La petite Patricia cherchait, en tâtonnant de ses petites mains blanches celles, beaucoup plus vigoureuses de son ami. Elle les étendit même, à sa surprise, derrière son dos, pour toucher ses épaules, ses cheveux, son visage.

Son sourire s'élargit soudainement lorsqu'elle palpa ses lèvres.

"Dominique... c'est bon, enlève tes mains, je sais que c'est toi."

Dans sa voix il n'y avait aucune trace d'un sourire. Déçu, il s'exécuta.

Elle se retourna vers lui, en soupirant d'un air las :

"C'était vraiment pas drôle, Dom...

- Vraiment ? – il sourit – J'avais envie de te voir."

Deuxième soupir.

"Ah oui, l'excuse..."

Elle lâcha sa main, se dirigea vers son bureau, où était posé un PC portable dernier cri, flambant neuf. Elle tapa quelques touches au clavier, puis retourna s'asseoir à son lit, sans rien dire. Quelques secondes plus tard, quelques notes au piano, à la basse, suivies de paroles significatives commencèrent à envahir petit à petit la pièce, en même temps que Dom se dirigeait à son tour vers le lit, pour s'y asseoir.

...

He broke your heart
He took your soul
You're hurt inside
Because there's a hole
You need some time
To be alone
Then you will find
What you've always know
(1)

...

L'atmosphère aidant, Dom s'arma de courage et lui demanda :

"Ça va ? T'as pas l'air d'aller bien, en ce moment...

- Ça peut aller, ça peut aller... C'est juste que... – elle posa sa tête contre son épaule, en soupirant – je ne sais pas, en fait... je ne me sens pas bien, je crois."

Il y eut un silence, avec seulement la musique qui tournait, qui tournait... en sourdine.

...

I'm the one who really loves you baby
I've been knocking at your door

As long as I'm living, I'll be waiting
As long as I'm breathing, I'll be there
Whenever you call me, I'll be waiting
Whenever you need me, I'll be there

...

Mais ce fut de gêne, cette fois, qu'il redemanda encore :

"Tu es sûre que ut ne veux pas en parler ?

- Non, c'est bon... Merci quand même."

Elle se lève.

Un sourire, une larme. Elle l'essuie vite fait ; il la remarque à peine.

...

I've seen you cry
Into the night
I feel your pain
Can I make it right
I've realized there's

"Au fait, où est Eze ? Il n'est pas venu avec toi ?"

Elle avait brusquement fermé sa session. Dominique la regarda d'un drôle d'air – lui en voulait-il ?

"... Oh, Eze... Il est parti au cinéma avec sa copine."

Il avait répondu en souriant, les yeux dans le vague. Comme si... comme si quoi ?

"Ah bon, il a une copine ?"

Un sourire. Amusé, cette fois.

... Bien réel, pensa-t-elle.

"Tu savais pas ?

- Non, – elle haussa les épaules – de toute façon il ne nous dit jamais rien, lui, alors..."

Dominique ne répondit pas, mais ce fut à son tour de la trouver bizarre.




"Bon, tu m'écoutes, oui ? Hé, j'te parle !!

- Hum ? Qu'est-ce que tu veux, Dom ? ... Tu pourrais pas me laisser un peu tranquille, là ? Tu vois pas que je suis occupé, par hasard ?"

Le prénommé Dom retomba lourdement sur le lit, abattu. À peine deux jours après être allé voir Path, le jeune homme était venu voir Eze – et ça devient une mauvaise habitude, pensait-il amèrement. Nous étions un samedi matin – un samedi matin tout ensoleillé, songea Dom en regardant évasivement par la fenêtre. A dix heures moins le quart Dominique avait débarqué en trombe dans la maison, réveillant par la même occasion tous ceux qui ne c'étaient pas encore réveillé, c'est-à-dire tout le monde – même les gosses. À l'exception de Eze qui, d'après la mauvaise mine qu'il arborait, devait très certainement avoir passé une longue nuit blanche devant son écran – comme d'habitude, pensa Dom, dépité.

Arriver à destination s'était avéré plus difficile que prévu, ainsi pour cela avait-il fallu à Dom aller d'abord s'excuser en personne devant la mère de Eze. Et l'aider, aussi, à calmer un peu le raffut dont il était le principal responsable. Il cru ne jamais y arriver, mais au moins madame ne lui en voulait-elle plus, c'était déjà ça de gagné.

Les enfants furent les plus difficiles à calmer, mais son charme aidant, Dom parvint à les faire taire, à grand renfort de bisous et de mots doux.

"Oui, promis, la prochaine fois je vous amènerai des bonbons et un gâteau au chocolat. Mais soyez sages en attendant, d'accord ?"

Le tout ponctué d'un clin d'œil significatif. Une dernière embrassade, un dernier sourire, et il s'était aussitôt rué vers l'escalier aussi vite qu'il était venu, sous le regard ébloui de la mère – qu'une terrible envie de tous les prendre en photos avait instantanément démangé.

Dominique songea aux enfants. Comme ils étaient adorables ! Surtout la petite Dini, qui le surnommait "mon mari futur", et qui n'arrêtait pas de répéter à longueur de journée : "Tu seras mon mari, plus tard !". Eze avait de la chance d'avoir une famille aussi nombreuse et attachante. Les réactions des enfants dues à sa présence étaient certes loin d'égaler celles que suscitait Eze, mais Dom se plaisait à croire qu'il l'aimaient tout autant que leur grand frère. Et quel grand frère ! Si au moins ils savaient ce qu'il faisait dans sa chambre, une fois la porte fermée à clé ! Il le croiraient à peine, un vrai casanier des temps modernes !

Dominique sourit à sa propre bêtise. Il n'était pas venu ici pour amuser les enfants, mais pour parler à Eze, lui proposer son idée, et le convaincre de l'aider, si celui-ci s'arrêtait un peu de trop se coller à son écran – à croire que c'était un aimant !

Comme Eze ne répondait toujours pas, Dominique songea à une autre tactique.

"Path va mal, je crois."

Comme il s'y attendait, la réaction fut immédiate. Une tête de chat apeuré se tourna tout d'un bloc vers lui. Des yeux verts, inquiets, le regardèrent sans ciller – comme s'ils attendaient, le cœur battant, songea-t-il avec humour, quelque chose, un signe, peut-être. La barbe qui lui mangeait la mâchoire, une barbe de plusieurs jours, suffisait à détruire le sacrilège, mettant fin à l'illusion factice d'une décadence précoce.

L'heure est grave, mes chers spectateurs ! Même le plus insensible des hommes, oui, même celui-là, – je vois d'ici votre air peu intéressé, messieurs dames, eh oui ! – peut céder à l'évocation fortuite du nom de sa bien aimée !

"Qu'est-ce que tu dis ?!"

En serrant les points sur le matelas, Dom reprit :

"Tu as très bien entendu. Je suis allé la voir, l'autre jour, pour voir comment elle allait. Et je peux te dire qu'elle avait aussi mauvaise mine que toi aujourd'hui. Enfin, ajouta-t-il avec un sourire caustique, avec les cernes et la barbe en moins, bien sûr..."

Eze ne releva pas.

Mais Dom continuait à sourire, d'un sourire ironique, sans joie.

Ce n'était pas tant la réaction de Eze qui l'avait énervé – bien qu'elle y soit pour quelque chose, quand même – mais le fait qu'il se soit montré aussi... inquiet, aussi concerné que lui l'exaspérait. Eze avait toujours su veiller sur ses amis, son petit air de mec apathique et désintéressé ne le trompait pas. Il le connaissait, il savait que le sujet "Path" pouvait être aussi sensible que celui de ses frères et sœurs ou même celui de sa mère. Cependant Dom se demanda vaguement s'il se montrerait aussi intéressé s'il c'était s'agit de son cas à lui, et non pas de celui Path ou de sa famille.

"Au moins cela montre qu'elle n'est pas sujette à des insomnies, hum."

Dom releva la tête. Eze ne lui tournait plus le dos, il n'avait plus sa mine des mauvais jours – comment faisait-il ? – il était sérieux. Le menton appuyé sur ses bras, eux-même posés sur le dossier de sa chaise, il le fixait de ses yeux trop verts, l'air d'attendre quelque chose. Dominique fronça les sourcils. Où en étaient-il, déjà ? Ah! Oui, Patricia. Patricia qui n'allait pas bien, Patricia qui n'était pas sujette à des insomnies. Dom sourit.

"Oui, si on veut. Il n'empêche que ça a l'air d'être plutôt grave, d'après ce que j'ai vu. Attends – il farfouilla dans la poche de son jean, en sortit son portable qu'il alluma, anxieux – Merde, j'ai plus de batterie. Bon. Nous sommes quel jour, aujourd'hui ? Samedi ? Le samedi 15 Mars ? ... Ok, c'est un peu tard pour le dire, mais ça tombe bien ; son anniversaire est dans deux jours."

Hochement entendu de la part de Eze.

Dom remit le téléphone portable dans sa poche, puis regarda Eze en souriant :

"Je compte sur toi pour m'aider, bien sûr.

- T'aider ? Mais en quoi ? demanda-t-il, pas sûr de comprendre."

Dominique haussa un sourcil moqueur, ne sachant s'il devait croire à l'évidente naïveté du jeune homme, où pencher plus pour une ruse de sa part. Qui sait, pensa-t-il, s'il ne cherche pas dès maintenant à fuir ses responsabilités.

Non mais quelle mauvaise foi, cria une voix en fond, qu'il fit taire. Ce n'était pas le moment d'avoir des remords.

"Mais pour m'aider à préparer une fête d'anniversaire, pardi ! Pourquoi crois-tu que je me donnais tant de mal pour savoir quel jour nous sommes, hein ? Ça me ressemble, ça ? Tu crois ?

- Ha... ha... ha... Très drôle, Dom, vraiment très drôle. Je suis mort de rire. Seulement, désolé de couper court à ton formidable élan du meilleur ami fidèle, mais c'est non.

- Qu-quoi ? fit-il légèrement déconcerté par son ton catégorique – il ne s'attendait pas à ça ! – M-m-m-m-m-mais, Eze, voyons ! Tu adores Path – regard noir de ce dernier – T'as pas le droit de lui faire ça, mec. Ça serait vraiment trop dégueulasse !!

- Merci de ton attention, mais je n'ai pas besoin de toi pour soulager une soi-disant conscience qui me démangerait. T'as qu'à lui offrir un cadeau, si ça te tient tellement à cœur – d'ailleurs c'est ce que je ferai aussi, maintenant que je sais que son anniversaire approche – mais ne compte pas sur moi pour préparer une fête en son honneur.

- Mais pourquoi ? Putain ça va pas, quoi ! T'as pas le droit de lui faire ça !!

- Excuse-moi mais, je suis libre de faire ce que je veux. J'ai encore bien du mal à gérer trois anniversaires par ans, alors de là à en rajouter d'autres... non, merci, je préfère de loin rester dans ma monotonie. De même, c'est des choses auxquelles il faut penser bien avant. Et moi je déteste les plans de dernière minute, alors..."

Dom roula des yeux, pas le moins du monde impressionné.

"T'exagère vraiment beaucoup, là. Si Path savait qu'elle comptait un égoïste parmi ses am–

- Ferme-la, Kerl, sinon tu le payeras cher, ça je peux te l'assurer."

Dom s'arrêta net, frissonnant imperceptiblement, complètement refroidi. "Kerl"... Jamais Eze ne l'avait appelé par son nom de famille, il l'avait toujours appelé "Dom", comme un bon vieil ami le ferait. Dom était allé trop loin, il le savait. Il aspira une longue goulée d'air ; Eze était sûrement en colère, maintenant. Mince mince mince, calmer le jeu, calmer le jeu, vite vite vite. Opter pour le deuxième plan : "faire le martyr".

"Oh! Eze, pardonne-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris ! Je ne devrais pas... Non, je n'aurais pas dû, sincèrement, excuse-moi. Je ne suis qu'un idiot am–

- Un idiot quoi ? demanda Eze en délaissant son écran, soudain très intéressé par ce qu'il disait. Il souriait discrètement – connard, pensa Dom qui regrettait d'avoir laissé sa langue fourcher (il avait lui-même baissé sa garde, il le savait) –

- Non, rien, marmonna-t-il dans sa barbe. Meeerde, pourvu qu'il ne dise rien ; Oh mon Dieu. Pas ça, surtout pas ça.

- Je n'ai rien dit, merde ! dit-il plus bas encore.

- Oh! Ne me refais pas ton numéro de sainte-nitouche, s'il te plaît – il fit claquer sa langue, agacé – je suis prêt à t'écouter, cette fois. Vas-y, vas-y, le pressa-t-il, ne sois pas si timide...

- Va crever, oui. Pas avant que tu n'acceptes ma demande...

- Quelle demande ? demanda naïvement ce dernier. Et surtout, qu'est-ce qu'il a, cet idiot ? Hein ?"

Dominique se fit tout petit dans son coin. Il serra les dents ; ce qu'il pouvait être énervant, Eze ! À toujours chercher à l'humilier, comme d'habitude. Il éprouva un vague remords d'être venu lui demander son aide. Comme s'il n'avait que ça à faire, tiens ! lui demander de l'aide. Et pourquoi pas chercher un traiteur, tant qu'il y était ?

"Alors, ça vient ? demanda la voix doucereuse de Eze, qui s'était faite soudain très proche."

Dom le regarda. Il avait les genoux sur le sol, les talons aux fesses, les mains posées sur ses propres cuisses, comme pour l'inciter à avouer son crime – quel crime, merde ? hurla une voix en son fort intérieur, qu'est-ce qu'il y a de mal à être amoureux, hein ?!

Dominique dut le penser un peu trop fort, car il vit une étincelle de victoire s'illuminer dans les yeux verts de Eze, ainsi qu'un sourire béat orner ses lèvres. Eze qui souriait, Eze qui lui tapotait la cuisse, Eze qui n'était plus en colère. Ah! Dom était soulagé, dans un sens, d'avoir pu faire rire son ami – bien que cela fût plus humiliant pour lui qu'autre chose – mais c'était bien fait pour lui, bien fait pour lui... !

Le jeune homme en était là à ses pensées, lorsqu'il remarqua que Eze était déjà retourné à sa place, sans rien ajouter. Un nœud lui serra l'estomac. Qu'est-ce qu'il allait dire, maintenant ?

Un silence passa. Le léger ronronnement de l'ordinateur l'agaça, l'effraya, même.

"... Sinon, tu comptes toujours la faire, cette fête d'anniversaire ? Parce que bon, j'ai finalement promis de t'aider, hein... Hum, – il tapote son menton d'un air songeur – tu n'auras qu'à m'attendre tout à l'heure – puis il regarda sa montre – disons... vers onze heures, au café du coin. On aura tout le temps d'en discuter.

- Je euh... d'accord. Alors je... je vais y aller. De toute façon on se voit là-bas, hein ?"

Une voix désespérée, qui le rendit – et il en était parfaitement conscient – complètement idiot. Un idiot amoureux, hein ? Dominique baissa la tête. Ce qu'il était, c'était bien plus pire qu'un idiot amoureux, c'était un sale égoïste qui reprochait aux autres de l'être tout autant que lui, sans réfléchir. Il sentit des larmes de rage lui piquer les paupières, mais il releva la tête, décidé. Pas question de paraître plus misérable devant Eze, pas plus qu'il ne l'était déjà !

Eze se retourna vers lui au même moment, en souriant gentiment.

"Bien sûr, Dom. Bien sûr."

Un blanc passa.

...

Dominique se l'était désormais juré, c'était là la dernière fois qu'il se laissait aller à pleurer devant Eze.

Oui, la dernière fois.

Fin ?

NB:

(1) Vous l'aurez sans doute deviné, il s'agit là des très belles paroles de la chanson I'll Be Waiting, de Lenny Kravitz. J'avoue, c'était ma principale source d'inspiration pour la première scène. ;-)

Nombre de fragments introduits : 6

- "Ah oui, l'excuse."

- "Il est parti au cinéma avec sa copine."

- "Tu savais pas ?"

- "Putain ça va pas, quoi !"

- "C'est des choses auxquelles il faut penser."

- "De toute façon on se voit là-bas."

Claimer : tous les personnages sont à moi, merci de ne pas les réutiliser son mon autorisation (surtout que je ne les cerne pas encore très bien).

4 avril 2009

Brushing (Caro Carito)

« Tu comprends, j’ai voulu me faire un brushing pour cet entretien mais ce foutu engin était cassé. Je suis arrivée avec une tête de folle. Ils ne risquent pas de me rappeler !» 

Un léger tremblement a parcouru son corps râblé. Il pense à elle, sa femme. Marie-Christine. Des bouffées de souvenirs l’envahissent. Il se souvient de cette colère alors qu’elle venait d’ouvrir sa valise. « Mon sèche-cheveux m'a lâchée ce matin, je ne sais pas comment je vais faire» Ils rentraient d’un séjour à Rome. Des années durant lesquelles ils avaient rêvé partir sans se décider jamais. Et finalement... Il se tenait juste derrière elle, l’écoutant s’irriter, l’observant passer une main nerveuse dans ses boucles rousses. Elle n’aimait pas le gaspillage, supportait difficilement que les objets se cassent, qu’il faille les jeter. Elle le ressentait comme un défi personnel, une attaque à l’ordre réglé des choses. Une manie ancienne dont elle n’avait jamais pu se défaire et que les enfants moquaient gentiment. « Maman est sentimentale... mais pas avec papa. Ou nous. Uniquement avec les fourchettes à dessert et les ampoules basse tension ! » Lui ne disait rien. Il maniait les outils, pas les mots. Ce jour-là, il avait pris le sèche-cheveux de ses mains et l’avait descendu à son atelier. Il l’avait dépecé, nettoyé, ausculté. Il lui avait redonné vie. Étrangement, c’est entre ses quatre murs que leur amour semblait le plus présent. Quand il se demandait pourquoi elle l’avait choisi, lui si modeste, il revoyait les objets que ses mains avaient remis d’aplomb. Pour elle. Parfois, il sentait qu’elle était là, que ses yeux gris se posaient sur son bleu de travail, sur ses mains calleuses. Elle aimait le surprendre. Il jetait un coup d’œil à l’épaisse alliance qu’il avait posé sur le rebord en se disant qu’un bref instant il savait.

Marie-Christine. Il la revoit encore. Une valise éventrée sur le lit. Elle se tourne vers lui et lui tend le sèche-cheveux « Prends-le. Je n’en aurais plus besoin là-bas, à la clinique. » Il s’en saisit trop vite. Il ne peut s’empêcher de voir le bras mince sous la blouse. Il lève les yeux, rencontre son regard gris. « Tu ne le jetteras pas ; il peut encore servir à quelqu’un. » Elle répète. «  Tu le donneras, hein ?...» Cette voix suppliante, inconnue, le désarçonne. Il acquiesce en silence. Elle se penche à nouveau sur le linge éparpillé sur l’édredon. Il contemple sa nuque fragile. Elle a noué un foulard pour masquer son crâne à nu. Il sait désormais que cela sera son dernier voyage. Elle ne reviendra pas.

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Le défi du samedi
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