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Le défi du samedi
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11 avril 2009

Notes de lecture (Papistache)

Entre deux pages d’un livre.
Sentir monter la fièvre, la gorge se tapisser de carton, la vue se troubler...

 


Entre deux pages d’un livre.

 


Auschwitz. Charlotte Delbo.
Quitter le rang, se jeter dans le ruisseau fangeux.

 

A Auschwitz, les lourdes bassines de thé tiède destinées aux détenues sont détournées par les chefs de chambrée qui s’en servent pour leurs ablutions.

 

Charlotte Delbo n’a pas soif, elle EST soif.

 

De retour du chantier, quitter le rang pour plonger les lèvres dans le fossé où nagent les germes de la typhoïde, c’est mourir. Typhoïde ou balle entre les épaules, c'est mourir.

 

Fièvre. Gorge de carton. Vue qui se trouble, regard qui se voile.

 

Un jour. Dix jours. Cent jours.

 

Charlotte Delbo.

 

Travail au potager. Trou dans la surveillance. Un seau oublié. Un seau rempli. Se faire prendre, c’est mourir.

 

Charlotte Delbo s’agenouille. Comme un animal. Elle boit. Au seau. Le seau. Tout le seau. Tout le seau. Son ventre lourd, énorme. Sur le chemin du retour, il clapote. Elle le soutient de ses mains.

 

Le lecteur s’étonne. Quand on pèse quarante kilogrammes, peut-on avaler dix litres d’eau ?

 

Charlotte Delbo. Toute son énergie pour tenir. Un espoir : sortir du camp ; retrouver la vie.

 

De retour, chaque nuit qui la ramène là-bas.

    • Auschwitz et après, 3 tomes :
    • Aucun de nous ne reviendra, Minuit éd.
    • Une connaissance inutile, Minuit éd.
    • Mesure de nos jours, Minuit éd.



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Commentaires
C
Merci, Papistache.
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T
un pas de plus devant la nuit de l'oubli<br /> un pas qui n'a pas de patrie<br /> un pas qui s'écrit sur le socle commun<br /> un pas qui fait le poing<br /> le poing levé de Papistache<br /> le mien, le tien, les nôtres<br /> pour demain, d'une canopée l'autre<br /> de poings en marche<br /> levés<br /> enfin<br /> la paix !
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S
Dur.
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V
Difficile pour moi de commenter ce texte qui me fait penser aux récits de membres de ma famille...<br /> Un texte poignant, donc.<br /> Sourire<br /> Vanina
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P
La soif nous a conduit sur les mêmes chemins on dirait.<br /> L'"idée" de la cellule dont je parle dans mon texte me vient de ma visite du camp du Stuthof, où elle était un moyen parmi d'autres (mais probablement pas le pire) de punir les prisonniers...
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C
C'est immonde ce que l'homme inflige à ses semblables. Cela donne soif d'être d'une autre espèce animale.
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T
J'entendais ce soir dans ma voiture à la radio une interview de Planchon qui racontait ceci à propos de Ionesco : "son regard n’est guère optimiste. Il appartient à la génération qui a connu la guerre. Il a été au charbon pour savoir ce qu’on pouvait dire après Auschwitz. Pour lui, si Hitler avait perdu ses batailles sur le terrain, il avait gagné la guerre dans les têtes".<br /> Parfois, je ne suis pas loin de croire que Ionesco avait raison.
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R
tout est dit<br /> pas de mot, pas envi d'en rajouter
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V
C'est un très beau texte, Papistache. Vous partagez vos sentiments de lecture d'une manière remarquable. <br /> <br /> Terrible et superbe.<br /> Superbe et horrible.
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B
Que dire ? <br /> C'est beau, non, c'est terrible. Mais votre façon de le dire est terriblement belle.
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P
le manque d'eau comme la peur au ventre
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J
C'est rageant. Toute cette torture pendant la Shoah, mais on n'a rien appris, puisqu'il y a en ce moment des milliers et des milliers dans le Gaza qui sont torturés à leur tour, qui sont privés d'eau propre, parmi d'autres choses vitales, par la soif du pouvoir. C'est écoeurant.<br /> <br /> Texte simple, mais riche en même temps, Papistache, comme d'habitude.<br /> <br /> Merci beaucoup.
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V
Une manière poignante et dramatique d'évoquer la soif dans ce contexte... c'est bien de l'avoir fait. Merci
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Z
dur et émouvant <br /> ne pas oublier. jamais.
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T
Le pire, c'est que c'est une histoire vraie...<br /> Vous racontez là une soif horrible. Papistache, c'est un défi réussi... quelques phrases et tout est dit!
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P
voilà un texte qui nous laisse gorge sèche et regard humide.
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M
Terriblement émouvant Papistache !<br /> "Charlotte Delbo n’a pas soif, elle EST soif."<br /> J'ai lu, la gorge serrée, votre texte et les deux notes que vous nous joignez ! <br /> Quelle leçon de courage !<br /> Merci de nous avoir fait partager vos notes de lecture qui nous rappelle une si dure réalité mais il ne faut pas oublier .....
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