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Le défi du samedi
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4 juin 2011

Un tram en moins (Caro_Carito)

 

Matthieu n’a pas bougé du quai. Une heure, dix minutes, ça n’a aucune importance, personne ne le voit. La ville est trop grande et la gare charrie des corps et des vies qui s’éloignent à grandes enjambées mécaniques.

Immobile, il rembobine : le réveil à 6 h, ses mains à elle qui le poussait hors du lit, la douche et les céréales versées au petit dernier. La cravate salie par l’enfant et le soupir de soulagement à l’instant de partir. Pas une minute de retard, non un quart de minute, un rien, une poussière.

Le quai est vide, le train pour Strasbourg est parti à l’horaire dit, sans lui. Une panne, une bousculade. Un wagon de tram qui s’immobilise, sans raison, une course à perdre haleine. Il est resté là, bras ballants. Il a repris son souffle. Le téléphone portable s’est allumé, la voix chaude de Marion, son assistante. Oui, elle trouvera le dossier, les docs, les enverra. Il s’est excusé platement. Nul n’est vraiment irremplaçable.

La journée défaite, il rejoint un café où des voyageurs taciturnes se perdent dans une lecture à scandales. Un regard à son BlackBerry, il n’a plus rien à faire. Le temps se dénoue. Il commande un deuxième verre de blanc. Un prospectus traîne, une conférence, un vague thème spirituel. Accrocheur.

Si seulement, revenir en arrière. Pas juste remonter les minutes jusqu’au matin, avec un réveil qui sonne sept minutes plus tôt. Non plus loin… Jusqu’où ? Peut-être avant cette phrase : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour. » Oui, quand le temps n’existait pas. Plus de contingence. Un corps ? Même pas. Endosser une existence sans origine, ni destination, sans demain, sans pourquoi. Et ce Dieu, pas commode, pas bavard, le laisserait peut-être tranquille, au bout du vide, avalé par une vie sans consistance.

Il serait cela : un silence, un souffle qui s’étiole sur cette terre sans nom, une poussière. Loin des trams, de ses bras à elle, de l’enfant aux yeux clairs qui lui reste inconnu. Loin de tout, loin de lui-même, ce Matthieu qui roule comme une bille affolée dans des jours et des semaines translucides.

Sur le quai vide, Matthieu est à deux doigts de se recroqueviller. Une poussette l’effleure, une voix aboie à un interlocuteur lointain un : « Tu ne réponds jamais, salaud ! » Sa main se crispe sur son billet. Même s’il tourne le dos au train d’après, qu’il aille au bureau ou qu’il se réfugie dans une salle obscure, le temps a ressaisi le cours de sa vie dans sa poigne d’airain.

Matthieu jette le billet inutile. Ses épaules se sont affaissées. Dans dix minutes, il appellera Laure pour un déjeuner impromptu. Il achètera le cadeau du petit, promis depuis deux semaines. Il aura tout remisé, le train qui l’oublie et ce creux de quiétude un instant si proche. Il est 10 heures.

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4 juin 2011

Jour de fête (suite des défis #147 et suivants) (Jo Centrifuge)

 

Dom et Karine tentaient de se frayer un chemin dans la foule du marché.

-Tu la vois, cria Dom?

Mais Karine, plus petite, était bien trop affairée à jouer des coudes pour tenter d'observer quoi que ce fut.

 

Il était déjà passé deux année depuis leur étrange enlèvement. Alors qu'ils se disputaient dans l'appartement de Dom, un drôle de petit machin à l'éclat métallique, semblant sortir de nulle part, se mit à crépiter dans un angle du plafond. Puis ce fut une nuée aveuglante et une interminable sensation de chute, pour enfin se retrouver le derrière dans les épis de blé. D'un point de vue géographique, le phénomène ne les avait pas déplacé d'un iota. Ce qui leur mit la puce à l'oreille ce fut ce vieux paysan en costume de velours à côte qui tirait à grand peine la longe d'un acrébonsouèr de tête de mule de bourricot. Lorsqu'ils reconnurent au loin les clochers et l'hôtel de ville dépouillés de tout immeuble contemporain, ils durent se rendre à l'évidence. Non, ils n'étaient pas sur le tournage d'un film historique, c'était la réalité... de 1891.

Ils s'adaptèrent plutôt rapidement à vrai dire. De toute façon leurs ventres bien vite affamés ne leur laissèrent pas d'autres choix. Karine trouva un emploi à l'usine de tissage et Dom, devenu tâcheron, louait ses bras à la journée, tantôt pour des travaux agricoles, tantôt pour des commerçants. Ils purent ainsi emménager dans un petit meublé sous mansarde. Le soir venu, ils évoquaient « le bon vieux temps » de leur futur, les yeux perdus dans la lueur vacillante d'une lampe à huile. C'est lors d'une de ces veillées qu'ils se résolurent à adresser un message. Et ils pensèrent immédiatement à cette vieille photographie que possédait Léa, leur amie commune, qui était si fière de leur conter son histoire encore et encore. C'était une vue de la chapelle Sainte Eulalie devant laquelle figurait l'arrière-arrière-grand-mère de Léa. Le ferrotype portait au dos une mention manuscrite « 1893, midi, le dimanche de la foire annuelle ». Un jour mémorable au cours duquel le photographe, fou amoureux de la trisaïeule, pris ce cliché espérant attirer ses faveurs et faire sa demande en fiançaille, blablabla... C'est dingue ce que Léa et ses histoires de famille pouvaient leur manquer...

 

Ils atteignaient enfin la chapelle. Le clocher sonnait moins le quart, le photographe, en redingote et chapeau melon, avait mis en place son appareillage. Le soleil de midi inondait la place où vaquaient tranquillement badauds et camelots. Resplendissante dans sa longue robe blanche, la trisaïeule de vingt ans, tout sourire sous son ombrelle, prenait déjà la pose. Des étals, la bise emportait des effluves fruités et partout des pétales de fleurs d'acacias virevoltaient dans l'air lumineux.

 

-On ne bouge plus!

 

Avec leurs tristes mines, enveloppés de haillons, Dom et Karine s'empressèrent de de se placer. Bien en vue, ils brandirent une planche sur laquelle ils avaient inscrit au charbon de bois un « Léa, tout va bien », pathétique et inutile appel au secours.

 

Le magnésium s'enflamma.

 

-Voilà, c'est fait, fit Dom dépité. J'espère que Léa saura nous voir sur cette photo.

-Et après? Reprit Karine, amère. Qu'est-ce qu'elle pourra bien faire? Personne ne pourra rien d'ailleurs.

-P'tin, le pire c'est que tu as mille fois raison...

Deux ans à attendre cet instant, espérant confusément un miracle, mais rien... A présent, ils devaient s'inventer une nouvelle vie, vaille que vaille. C'est Karine, émue par le désarroi de Dom, qui donna le coup d'envoi.

-Ah ce que j'ai mal aux pieds! Foutus sabots.

Cette supplique rasséréna Dom :

-Je t'avais dit d'y mettre plus de paille. Allez, viens, on va chez Germaine, je te paie une absinthe. C'est jour de fête, oui ou non?

4 juin 2011

fantome :voyageur du temps‏ (titisoorts)

Nous avons été les premiers.Je me souviens au tout début, j'ai embrassé tout ceux que j'aimais avant de partir.Nous avons été les pionniers de cette aventure de l'humanité.Pouvoir être spectateur de notre histoire. J' ai d'abord senti pendant le voyage comme des picotements. Grace aux études de Ronald mallett, la science avait fait un grand pas. Ils avaient choisi la date du 14 Mars 1610, l'assassinat d'Henri IV. Je me suis retrouvé dans ce château au matin. Ma mission: savoir ce qui c'est vraiment passé cette journée. J'ai donc erré comme un fantome, d'ailleurs j'étais un fantome. Je ne pouvais qu'observer les scenes.Je croisais plusieurs personnes qui ne me voyaient pas, quelle sensation bizarre.Je me suis mis à chercher le roi.Une fois devant lui, je n'en revenais pas (je sais, pour un fantome)"je suis devant le roi Henri IV, tout en sachant que bientôt il se fera assassiner.Je connaissais mon sujet sur le bout des doigts.Je savais que sous sa barbe, il y avait la cicatrice d'une tentative de meutre au couteau en 1594. Mais je nétais pas pour çà. Je devais juste le suivre et en apprendre plus.J'étais fier d'être le premier voyageur du temps. J'allais être un heros, en esperant que le retour se passera bien.
Maintenant que j'y repense, la premier mission s'est bien passé.
J'ai ensuite continué cette mission quelques temps plus tard, après l'engouement médiatique. Ma mission: savoir pourquoi et comment la tête d'Henri IV a été retrouvé en 2008 à Paris chez un couple de retraités de la fonction publique qui la conservait depuis 1955.
Maintenant tout le monde voyage, surtout les classes d'élèves pour apprendre et revivre l'histoire.
Si quelques fois vous avez froid dans le dos ou bien vous sentez comme un courant d'air je suis peut être en train de vous étudiez...
 

4 juin 2011

tempi (tiniak)


Le temps... Le temps... mais qu'est-ce ?
Considérant celui d'une vague caresse
polissant la surface au dos d'un galet rond
celui du météore au flanc de l'horizon
passant inaperçu dans le jour qui paresse
où vivre ?
À ce moment près d'elle seule ? dans son livre ?

Temps passés ou futurs n'êtes à l'aujourd'hui
que reliquats obscurs, rêves inassouvis
- mêmes, imaginaires...
C'est d'ici, maintenant, que je prends le parti
d'en faire
un endroit familier où je vais prendre l'air
du temps
tel qu’il me plaît vraiment

Me voici dans Paris croisant un éléphant
connu de mes amis et de moi seulement
à cette heure
(où l'On craint le hulan cantonné à demeure)
et qui sera bientôt des plus problématiques
quand l'ère aura versé d'Empire à République

Trois Jules vont venir au devant de la scène
arracher les marmots à la mine et aux champs
pour les jeter sitôt brailler "Allons z'enfants !"
sur les chemins de gloareu...
Sans faire autant d'Histoire de France
moi, je n'en aime qu'un pour tout ce qu'il balance
et prône au Décadent sur les quais de la sienne
de Cène

L'à-présent me taillade et son vent libertaire
me prêtera sa main pour entrer en enfer
comme on va d'un bon coup achever la semaine
passant à la revue des deux mondes le seul
qui vaille
de souiller nos linceuls aux fruits de nos entrailles

Sorties des toits bourgeois dont les cheminées fument
grisant le ciel joufflu, des colonnes d'écume
plombent, empestent
l'âpre souper frugal des demeures sans restes
la voisine repue sous son mari trop gras
le paternel inceste
la poularde
qu'arrose de son jus la bonne - campagnarde !
la suée des dortoirs
et le vieux saucisson pourrissant sous les draps
qui finiront charpies paquetées aux armoires
sanitaires
et panseront les plaies de trop pauvres misères

Des fenêtres les pianos las
pleurent des doigtés réfractaires
à ces mélodies populaires
qui romancent les célibats

Dans cette vaste fourmilière
au quotidien
je bade un art à son affaire
aussi mon chien
relevant la piste tracée
par les humeurs
d’artistes battant le pavé
jusqu’à pas d’heure

C’en est fini du bon Parnasse
levons haut le vers libéré
sur le boulevard Montparnasse
les apaches vont défiler

Jusqu’à pas d’heure, alors c’est dit
tandis qu'auprès de moi tu lis
je rêve encore et reste ici

28 mai 2011

Défi #152

Et si vous pouviez remonter le temps ?

Quelle époque choisiriez-vous ?

Contez-nous votre aventure !

remonter_le_temps

Envoyez vos récits à

samedidefi@hotmail.fr 

Ne vous perdez pas en chemin !

à tout bientôt !!!

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