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Le défi du samedi
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3 décembre 2022

OK, il (se préserve du mauvais) sort ! (Joe Krapov)

- Vous êtes apotropaïque du Cancer ou apotropaïque du Capricorne ? Vous préférez la peinture à l'hawaïle ou la peinture à l'ohieau ?

Tristes tropiques 

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26 novembre 2022

Zapette de joie ! (Joe Krapov)

J'ai zappé Zoroastre mais pas zappé Zorro qui signait son nom à la pointe de l’épée le jeudi après-midi chez les enfants du voisin.

J'ai zappé Zarathoustra le bouquin dont ainsi parlait Friedrich Nietzsche, mais pas la musique de Richard Strauss qui introduisait les Dossiers de l'écran sur la télé de mon arrière-grand-mère.

Pas non plus zappé Zébulon qui n'a jamais manqué de ressort pour animer les abords du Manège enchanté.

J'ai zappé le général Alcazar. Pas les albums de Tintin, bien sûr, je les ai tous sauf « chez les soviets », pas le militaire – je les aime peu en général et même en adjudant-chef - mais le lanceur de couteaux : je déteste les jeux et spectacles dangereux.

J'ai zappé la grande Zoa et son boa, la chanteuse Zazie, Zizi Jeanmaire et son truc à plume mais pas zappé Bernard Dimey dont j'adore justement la plume, les poèmes et les chansons.

J'ai zappé la zarzuela, le zouk et le kazatchok car je suis un piètre danseur.

J’ai zappé « Zaïde » car je n’ai aimé Mozart qu’après avoir vu « Amadeus » de Milos Forman.

J'ai zappé Zatopek, Émil parce que mon maximum quand je cours c'est 7 km.

J'ai zappé le Zaïre, la Zambie, le Zambèze, la Tanzanie, Zanzibar, les Zoulous, les pays où survivent les zèbres et les zébus, parce que Giscard ne m'a jamais invité à un de ses safaris. Je n'y serai pas allé de toute façon. Pourquoi est-ce que j'irais tuer des bêtes qui ne m'ont rien fait ?

Plus encore que le Kazakhstan, le Baloutchistan et le balourd qui se détend j'ai zappé les zakouski, les Frères Karamazov, Zamiatine et Zinoviev mais pas Michael Zochtchenko et ses contes de la vie de tous les jours que je vous recommande.

J’ai zappé « Bajazet » de Racine et « L’Emile » de Rousseau mais j'ai lu tout Zola, enfin, tous les volumes de la série des Rougon-Macquart.

J'ai zappé ZZ Top, Léon Zitrone car pas turfiste, Zeffirelli (lui ai préféré Bertolucci), Zoltan Kodaly, Zurbaran (mais pas « la vie c'est pas tous les zurbaran »), Led Zeppelin, Frank Zappa. Je n'ai jamais crié « Viva Zapata ! ». Zazie dans le métro ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, je ne suis jamais allé à Knokke-le-Zoute, je n'habite pas dans la ZUP même si je sème parfois la zone. Je n'ai pas encore lu « Zorglub », pas vu « Zardoz » ni de film de Werner Herzog. Je ne roule pas en zigzag quand je prends le volant. Je ne suis jamais entré chez Zadig et Voltaire, je n'emploie jamais le mot « zob » mais je sais qu'il existe des gens zarbis, des zadistes, des zazous, des zozos, de drôles de zigotos et des plombiers zingueurs qui font leur turbin dans les salles de bain notamment chez Pierre Perret dont j'ai parfois chanté « Le Zizi » et « Les Baisers » surtout celui de Zézette (épouse X ?) le plus salé, le plus sucré, c'est le plus chouette.

Je me souviens de « Avec son tra la la » de Suzy Delair, des crêpes Suzette, de Zénaïde Fleuriot mais pas de ce qu'elle a écrit et je n'ai pas zappé que la fille des Thénardier qui ne s'appelle pas Eponine se prénomme Azelma. Je me souviens du duc de Gonzague dans « Le Bossu ».

J'ai zappé le zona, « Le Diable amoureux » de Cazotte, le général Koutouzov, Mona Ozouf, Zabou Breitman mais j’adore Sabine Azéma. J'ai dit zut au zirconium, je n’ai pas fait le zouave à Mazingarbe, pas croisé de zombis à Anzin, pas promené Azor sur la Côte d'Azur, jamais pris le zinc pour aller aux Zuhesses, pas applaudi Joop Zootemelk par grand zéphyr.

Quand Daniel bat l’avoine, je ne suis pas un zéro. Manquerait plus que ça, nom de Zeus, mais j'adore les zeugmas et les œufs en omelette et je joue du kazoo. Quand je chante « Le Chapeau de Zozo » j'essaie de ne pas zézayer. J'ai bu du café dans un mazagran et je ne me suis pas servi d'une fronde pour cabosser Mazarin. J'essaie toujours de rester zen.

J'ai visité le zoo de La Flèche mais pas le site d’Azincourt. J'ai acheté plein de magazines et j'ai troué la couche d'ozone comme tout le monde mais j'ai zappé Sarkozy et Zemmour les dernières fois où j'ai voté. Je ne sais pas si Zinedine Zidane entraîne le club de Ouarzazate mais je m'en fiche comme de mon premier slip en zibeline aéré.

Je n'ai jamais passé de week-end à Zuydcoote et je ne sais pas où se trouve Mazamet (j’ai vérifié depuis : c’est dans le Tarn ta g... à la récré !)

Cette énumération ne vous harrasse t-elle pas, ami Bidasse ? Parce que certaines personnes prétendent que Zarastro et que la reine de la nuit pas assez. Ze n'ai pas d'avis précis sur le suzet.

J'ai pris des photos avec un appareil Zénit mais je ne porte aucune marque au pinacle, surtout quand le soleil est au Zénith.

Bizarre ? Moi j'aurais dit « bizarre » ? Comme c'est bizarre, tout ce bazar !

Je me souviens qu'il y a un barrage à Donzère-Mondragon et des pêcheurs de perles chez Saint Georges Bizet.

Je n'ai bizuté personne à Uzès ou à Béziers. Je pense qu'il n'y a pas eu de duo Laurent Voulzy Marcel Zanini ni de Zucchero-Panzani.

Au bout du décompte je crois que j'ai zappé Mazeppa, Frazetta, Buzzelli, entre le zist et le zest (de citron), les zonzons (les moustiques), le passage du rouleau compresseur des Zan, Zachary Richard, Zelda Fitzgerald et son jeu vidéo, l'album « Zuma » de Neil Young, Hervé Bazin, Bazouges-la-Pérouse, Mézidon, Bozo le clown, Marcel Bozzuffi, Dizzy Gillepsie, Michel Jazy, les zygomatiques, Zigomar et Palomar de Delfeil de ton, les zigouigouis, les Gazaouis, Zénon, Marcel Azzola (Chauffe, Marcel!), la couleur zinzolin mais si je n'avais rien zappé on m'aurait accusé de faire de l'excès zèle ou d'être azimuté !

Il y avait encore l’illustrateur Caza, le Congo-Brazzaville, Zaza Fournier, Melchior et Balthazar, les jazzeux, les lazzis qui n'épargnent pas la mezzo-soprano, les pizzicati du pizzaïolo, Astor Piazzolla, « Razzia sur la chnouf », les petits rhizomes qui font les grandes rizières, Henri Krasucki sur sa Suzuki, le bouzouki de Zorba le grec, l’azalée c'est une valse ou une mazurka que dansent Arthur et Zoé.

Par Belzébuth j'ai failli oublier aussi Razibus Zouzou, le compagnon noir de Bibi Fricotin !

J’ai aussi zappé Zsa Zsa Gabor mais j'étais trop petit pour lui déclarer ma flamme . Elle est morte, feu Zsa Zsa gabor, paix à ses cendres. J'ai zappé le Zippo car je suis non-fumeur et puisqu'on parle de ça, d'allumer plutôt que de zapper, je ne zapperai pas pour finir Zavatta le clown dont j'ai découvert récemment cette géniale chansonnette dans laquelle il n'y a pas un seul « z ». Quelle belle zappette, le lipogramme ! 

19 novembre 2022

Youpi ! (Joe Krapov)

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- Youpiiiii ! J’ai retrouvé et scanné la boîte de diapositives des barques colorées de l’Île Renote à Trégastel, dans les Côtes d’Armor ! Elle date de 1997 ! Quelle année magique ! C’est celle où nous nous sommes installés à Rennes et où, donc, je suis devenu Breton !

- Toi, Breton, Joe Krapov ? Avec tes origines ch’ties et ton quart de trente-deuxième de sang belge, que même ça, ça ne compte pas ? Tu rigoles ! Tu es et resteras ce que tu as toujours été partout où tu vas : un extra-terrestre ! 

12 novembre 2022

99 dragons : exercices de style. 74, Zeugmatique (Joe Krapov)

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Il y a des gens qui sautent des repas et sur tout ce qui bouge. Ce dragon-là n’était pas comme ça. Il se tapait la cloche et des brebis dodues et c’était moins pour la bagatelle que pour l’estomac. Il était par là-dessus enclin à s’asseoir, une fois repu, sur l’herbe et sur son code de déontologie vu qu’il n’en possédait pas. Le fait que ces animaux couverts de laine et de probité candide appartinssent à l’ordre des ovins et au père Mathurin ne le gênait en rien.

Or, depuis qu’il était sur terre, Mathurin élevait des brebis et la voix quand quelque chose le contrariait. Il ensevelit le contrevenant sous un tombereau d’injures et une tonne de cailloux balancés avec force mais cela n’entrava point l’appétit de la bête ni sa carapace d’écailles résistantes.

L’éleveur mal élevé partit donc au château et au galop de sa mule pour soulever le problème et des troupes qui puissent le résoudre.

***

Quand on est roi d’un petit pays, même en 303 après Jésus-Christ, on peut être appelé à un grand destin et en même temps « Cuisses de fennec, fleur de Baalbek ». Le populo des temps anciens avait bien de la misère à lui tomber dessus et bien de la gouaille pour lui résister. Ça équilibre, croit-on, du moins un certain temps.

Quelquefois les monarques perdent le sens de la mesure et les pédales. Ils peuvent perdre pied et la tête sur la lancée et leur chef de chef tombe dans un panier et le son de leur dernière parole au pied de la guillotine, machine à trancher les têtes temporaires et les opinions définitives. Mais point n’est besoin ici d’uchronie ni de tirer à la ligne. Quoique…

Cuisses de fennec n’était pas aussi con qu’il en avait l’air. Cette histoire d’envahissement du pays par inadvertance et par un dragon était plutôt du ressort de Fetchez Lavach, son commandant en chef des armées et des pâtisseries orientales du petit-déjeuner. Il le convoqua, lui exposa la situation et ses motifs d’inquiétude.

- Vous, vous en avez gros sur la patate et de drôles de façons d’interrompre mon petit-déj, protesta le militaire. Qu’est-ce qui se passe qui ne passe pas ?

- Ce n’est rien qu’un étranger à expulser ou à trucider.

- Ça, je suis prêt à parier que c’est la bonne nouvelle. C’est quoi, la mauvaise ?

- C’est un dragon qui pète de santé et un boulon : il sort vite de ses gonds et des vérités premières comme quoi il faut manger pour vivre les moutons de Mathurin.

- Le genre balanceur de punchlines qui vous grillera la priorité et les guibolles au chalumeau ? Un lanceur d’alerte et de flammes ? Sire c’est une affaire d’entreprise privée. Quand les bénéfices enflent on ne vient pas nous gonfler. Mais dès qu’il cesse de pleuvoir, les paysans nous bassinent ! Savez vous que mes combattants ne sont pas des flèches ? Face à de tels avatars ils se tiennent à carreau. On peut très bien tirer à l’arbalète et au flanc. Vous connaissez leur devise : « Si vis pacem para bellum et à virer ! ».

- J’aime mieux courir sur votre haricot que vers la catastrophe, dit le roi. Si je ne vous fais pas faire un grand pas en avant on va se retrouver au bord du précipice et de la crise de nerfs.

Mais rien n’y fit.


***

Bref, une fois de plus, devant la défection de ses troupes, le roi dut faire contre mauvaise fortune bon coeur et appel à « Georges de Lydda Ltd » pour que le Romain éliminât le fléau (à coup de blé ?), l’aidât (Par Zeus ! Quel beau cygne !) à vaincre l’adversité et sa 74e déprime, lui redonnât du poil de la bête et du peps, lui fît reprendre goût à la vie et deux fois des nouilles à midi. C’est à ça que ça sert, la religion, non ? Ou sinon, mais plus tard, ça sert d’auto ? D’autodafé comme dans les contes de gagas du même nom ?

***

DDS 741 Saint-GeorgesAlors (« Bis repetita nic et hunc placent » comme on dit en lapin de cuisine) revint le moment crucial où il refallut, pour le chevalier romain, entrer dans le lard de la bête et dans la mythologie chrétienne.

Ô rage, ô désespoir, comme a écrit Corneille en bâillant et en préambule d’une célèbre tirade. De l’Iliade à Game of thrones, d’Azincourt à OSS 117 et sans vergogne, c’est toujours avec des bourre-pif qu’on bourre le mou aux mômes, c’est toujours des mandales que se refilent les Vandales en sandales et en sueur qui nous ravissent le coeur, nous clouent sur les fauteuils et le bec au cinéma !

Muets d’admiration et à cause du pop-corn « qu’on ne parle pas la bouche pleine », bouche bée, le cul vissé au siège lorsque ça devient chaud au niveau effroi, plus gagas que Lady devant Rocky, Rambo, quand se pointe Maciste ou quand s’avance Hercule, que ces gens descendent dans l’arène et des zigues en pagaille – ce ne sont que des figurants, acteurs de second rang et vous êtes au troisième – vous aimez quand ça castagne et la baraque au box-office ! Bref d’Ulysse à Bruce Willis, pour que la populace se délasse, sur la place des Lices on rompt des lances et le silence.

Or, voyez-vous, quand on se bat on inflige des coups au flanc droit de son adversaire et des blessures à son propre code de l’honneur. Car enfin, qu’a-t-elle fait, cette bête, sinon manger pour vivre et un mouton énervant qui n’arrêtait pas de réclamer qu’on lui dessine un petit prince ? Ça ne vous arrive jamais à vous de tomber en panne dans le désert et en arrêt devant un menu de restaurant qui vous met l’eau à la bouche, vous ouvre l’appétit et des perspectives de félicité post-prandiale ?

L'illustration ci-dessous est de Xavier Collette

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« Tu ne tueras point » a dit le commandement mais toute règle a ses exceptions et ses graduations qui servent à mesurer la longueur de tissu qu’il faut pour faire un kilt et celle des phrases de Marcel Proust mais là on est excusable par avance de l’envie de sauter des pages et au visage de cet insomniaque moqueur pour lui signifier qu’au moment de trancher dans le vif du sujet et la chair du dragon on n’a pas besoin de littérature somnifère ; range ta logorrhée sous ta préciosité et ta pile de marcels, Marcel ! Ici on s’en cogne et on cogne, on distribue des pains avec ostentation et force moulinets des avants bras (de Bazouges?), on constelle d’horions, on pousse son avantage et le gars Elliott dans les orties, on estoque, on esquive, on esquinte, on essaie des tactiques, on esquisse des pas de côté et des crayonnés qui sont tout sauf des gravures de mode (on fabrique du Bacon ?), on zigzague, on zigouille, on lance des invectives et son beau cheval blanc-t-à l’assaut (thérapie?) de l’ennemi, on assène (Lupin?) des coups insanes (Antonio), on lance des assauts et des insultes, on fait gicler le sang, jaillir les tripes, exorbiter les satellites, exhubérer (néologisme ?) les langages militaires, on ouvre des parenthèses (vous avez remarqué ?) lorsque tout part en couilles en même temps que le ventre du paria (on met dans le mille, Zola ?).

***

Justement Saint-Georges vient de briser sa lance en même temps que la glace lors du énième contact avec la cuirasse potemkinienne du dragon. Il sort de ses gonds et de son fourreau une courte épée appelée xiphos et à entamer la confiance et l’épiderme de la bête, ce qu’elle accomplit bientôt.

Un coup de cette épée très courte et donc très bonne peut provoquer de graves blessures et de vraies réactions en chaîne de tronçonneuse chez l’adversaire pour peu qu’il soit avide de massacre au printemps (en Père Igor) ou de dollars du Salvador (la pilule d’Ali ?) en hiver. Après, tout dépend de ce qu’on préfère et de la grandeur de l’andouille : une mélodie en sous-sol ou cent mille dollars au soleil ? Un Henri Verneuil ? Un klaxon-automne ? Yvonne Printemps ? Suzy Delair ?

- Ô Dragon que je taille en même temps que ma bavette, Romy Schneider rend-elle Claude sot l’été ? demande Saint-Georges au dragon en lui ôtant le goût des choses de la vie.

Lors, filmé en contre-plongée – on est au cinéma, rappelez-vous le ! - le gros dinosaure lâche prise et un pet sonore, tangue, tangote, valse, vacille, inonde de son sang le sable du désert et la surface de l’écran sur lequel s’écrit enfin le mot « Fin ».

Puis au moment de conclure, de mettre un terme aux piles avant de se défiler avec les généraux gênés et le généreux générique, le « préquel » de Lucky Luke part vers son destin et le soleil couchant tandis que le tireur à la ligne plus vite que leur nombre que je suis s’ébahit de la façon dont le saint solitaire tire sa rêve-errance.

P.S. Parfois mon écriture baroque et la breloque ! Qu’on me pardonne la taille XXL de ce texte, inversement proportionnelle à celle de l’épée imposée comme sujet et à 5,5 % de taux de TVA !

5 novembre 2022

Quand on lit trop de po-lards (Joe Krapov)

Il se passe de drôles de choses, ces derniers temps, dans les musées. L’écoterrorisme est en net progrès. Mais cette histoire-ci dépasse les bornes.

La marquise entra à 16h 45. On commençait à fatiguer dans le commissariat. On avait sans doute besoin d’insolite, d’inattendu pour clôturer une journée qui ressemblait terriblement à la précédente dans sa banalité-morosité. Et là on était servi.

A tout casser, elle mesurait quatre-vingt dix centimètres de haut mais était agréablement proportionnée. Une déesse en miniature. Elle avait une robe rose très longue et portait une coiffe moyen-âgeuse ornée de longs rubans blancs. « Genre double hennin, beaux monts, la meuf ! » aurait dit Katarelmek qui mélangeait toujours vocables scientifiques et formules en langage des cités dans ses phrases d’une brièveté antiproustienne concis-ro-dérable. Par-dessus tout ça elle – la marquise, pas la phrase, quoique - dégageait une odeur peu habituelle. Elle sentait le cramé. Le roussi. Le feu de forêt.

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- Que puis-je pour vous, chère Madame ? Montaliban, je suis. Commissaire.

- Je viens déposer une plainte.

- Oui. Contre qui ? Qu’est-ce qui vous arrive ? Vous avez rétréci au lavage ?

- Je porte plainte pour violences conjugales.

- D’accord, je prends le formulaire idoine et je suis à vous. Votre nom ?

- Marquise Anne de Mamerloye.

- Vous portez plainte contre le marquis ?

- Non je porte plainte contre mon beau-frère, Wolfram Adegang Zamotus von Blaubart.

- Que vous a-t-il fait ?

- A moi, rien. A ses sept épouses beaucoup. Il les a assassinées. Et je ne sais pas ce qu’est devenue ma sœur, sa huitième épouse, qu’il essayait d’égorger. Quand je suis descendue de la tour où je guettais l’arrivée des secours, le château était en flammes et le feu se propageait aux écuries. Je crois que sa pauvre jument est morte.

- Vous avez appelé le vétérinaire ? Un médecin ? Police-secours ? Les pompiers ?

- Ils étaient déjà là. Ce sont eux qui m’ont tendu la grande échelle pour que je sorte du tableau.

- Le tableau ? Mais où est-ce que ça se passait tout ça, Madame Marmerloye ?

- Au Musée des Beaux-Arts de Rennes !

- Bon j’envoie une équipe là-bas. Où est-ce que je peux vous joindre ? Vous êtes hébergée chez une amie ?

- Chez le capitaine des pompiers, Monsieur Ronchonchon. Il habite 7, square de Provence à Rennes Villejean. Très gentil, ce monsieur.

- Dès que j’ai du nouveau, je passe vous avertir.

La marquise sortit à cinq heures. Je décrochai mon téléphone et appelai le musée.

- Dites-moi, vous avez un sinistre chez vous ?

- Pas plus que chez les autres. On a tous plus ou moins nos défauts et pas plus de raisons que les autres d’être joyeux ou déprimés.

- Non je parle d’un incendie.

- Pas que je sache !

- Et vous avez encore une fille habillée en rose qui a quitté son tableau ?

- Toujours ce délire à propos d’Isaure Chassériau ? Vous allez nous lâcher, bientôt, avec ces conneries ? Qui vous êtes d’abord ?

- Montaliban, je suis. Commissaire de police. Une disparition à signaler, vous avez ?

- Tout est normal, commissaire, sauf que vous parlez comme un Brestois, présentement. Tout va très bien madame la marquise ! Personne n’est venu balancer du talc sur les fesses du nouveau-né de de La Tour ! A part qu’on a perdu la clé de la réserve et qu’on a mis un serrurier dessus, tout était normal aujourd’hui.

- Une clé, vous dites ? Disparue ? La clé d’un grand placard ? D’une salle condamnée ?

- Pas disparue. Fondue, carbonisée. Retrouvée au pied de la porte sous forme d’un morceau de charbon. Du wolfram, qu’a dit M. le conservateur. Une lumière, lui, bien qu’il soit tout mince. On l’appelle Filament parce que son vrai nom c’est Philippe-Armand Tung-Sten !

- Il est encore là votre serrurier ? Qu’est-ce qu’il fait ?

-Ben.. il crochette ! Vous voulez que je vous le passe, le capitaine ?

- Le capitaine Crochette ?

- Non, le capitaine des pompiers, c’est lui le serrurier. Il n’arrête tellement pas de râler contre cette porte qu’on l’a surnommé Ronchonchon !

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L’étau se resserrait ! L’énigme allait être résolue ! Ca devait être encore un coup de l’ARVOR, l’Association des Rigolos de Villejean et de l’Ouest de Rennes ! Sauf que j’arrivais au début de la page 3, qu’il était 21 h 09 et que j’avais promis à l’oncle W. de faire court pour pouvoir envoyer ma contribution dans des délais corrects.

Bah ! Avec un peu de chance on trouverait l’explication de cet imbroglio chez Nana Fafo !

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29 octobre 2022

Prix de vertu et gadins badins ? (Joe Krapov)

Mais, bon sang de bon soir, quel crime a-t-on commis pour qu’on nous enfermât sous ce vertugadin ?

Et, saperlipopette, à cette bonne dame super-lisse et proprette, qui eût pu supposer cette vie foisonnante sous le jarnicoton de ses jupons tout blancs ?

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Le monde est-il soumis à la ventripotence, à la toute-puissance des instincts, du bas-ventre, du tripotage, de l’attirance, du fricotage, de l’indécence ?

Stupre et Fornication ne sont-ils pas au fond le Dieu et la Déesse qui régissent le monde ? Et celui-ci ne serait-il pas qu’une fête à scrong-neuneu ?

Foutriquets, merveilleuses, dandys, gandins, luronnes et fiers godelureaux dès matin se lutinent et s’allument pour que le soir pénètre en un lieu très secret une tête de nœud à grimper aux rideaux, un vitupérateur qui pisse sa chronique, un jeteur de gourme à gourmette, un jean-foutre, peut-être. Tout est fait, diantre, pour qu’on entre dans cet antre dont Eros est le chantre !

Pour la bignole rousse comme pour la reine de Prusse, ô l’étreinte, ô l’étrenne ! Mazette ! Le manant se voit dans la gazette des gagnants-gagnants, détrônant Don Juan, poussant Casanova dans un cul-de basse-fosse alors qu’il n’a produit rien de très étonnant : tout juste répondu à l’appel de nature et peut-être hérité d’une progéniture !

Fichtre ! Dire qu’il nous faudra appeler cela « Papa » !

D’un suivez-moi-jeune homme à ce bonheur-du-jour, ne serait ce pas là, pourtant, ce poussage de verrou aux orties fragonardes, tout ce qui met du sel à l’aventure humaine ?

En attendant, ventre saint-gris, c’est moi ici qui dois supporter la prison mais croyez moi, morbleu, dans neuf mois, je sortirai. Et il se passera un certain temps avant que j’aille m’intéresser à ce jeu de dupes, « voir sous les jupes des filles » ! 

22 octobre 2022

A quoi bon se guémener toujours ? (Joe Krapov)

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Cette photo a été prise le jour où j'ai été nommé chef d'escadrille au 503e Régiment d'ufologie de Mourmelon-le-Grand.

15 octobre 2022

Greta T. plombe l'ambiance (Joe Krapov)

- Vous les boomers, vous êtes comme une girafe qui aurait attrapé un torticolis. Pas moyen de vous faire tourner la tête ! Pas moyen de regarder le monde d’en bas. Vous ne détournez pas votre regard du ciel bleu, des nuages, des avions, du bonheur éthéré de la consommation à tout crin, vous êtes las des Seychelles et vous êtes déjà partis à la conquête de Mars.

Sous vos pattes la savane brûle et vous ne sentez rien ! Vous regardez ailleurs, vous n’avez rien à dire, pas de commentaires à faire. D’ailleurs, vous ne pouvez pas. Coincés, vous êtes, dans le confort, la certitude et l’égoïsme, la suffisance et la hauteur.

Vous les boomers, vous êtes comme un rhinocéros qui aurait des œillères. Impossible de rien voir sur les côtés. Une corne droit devant, un regard qui louche, vous foncez sur ce qui bouge. Il ne doit pas y avoir d’obstacle à votre route, à vos visées.

Vous les boomers, vous êtes comme un gorille en rût. On ne sait pas qui a ouvert la cage mais, vas-y, Dugourdin, vous sautez sur tout ce qui bouge et n’êtes même pas fichus de faire la différence entre une vieille décrépite et un jeune juge en bois brut.

Vous les boomers, vous êtes comme un manchot qui aurait chopé la gale. Comment faire pour se gratter et pourquoi se gratter puisque ça glisse sur vous, la démangeaison est pour les autres et qu’eux, pour ce qui est d’avoir un avenir, ils pourront ? Se gratter.

Vous les boomers, vous…

- C’est bon, c’est bon, Greta ! On va refaire une prise mais essaie d’être un peu moins raide !

- Je peux pas, j’ai un torticolis !

DDS 737 Greta Thunberg

8 octobre 2022

Moi, mes amours d'antan. 4 ! (Joe Krapov)

2223-04 Consigne Facteur filigrane psychédélique

Comme elle sent bon cette lettre !

Elle sent... Elle sent les marchés de Provence, le bagou des commerçants, le voleur à la tire, le garde-champêtre, le gendarme à rouflaquettes et à moustache, l'escapade du forçat enfermé, l'arrière-pays du Cap Ferrat, la montagne mon Dieu qu'elle est belle !

Qu’est-ce qu’elle sent encore ?

Elle a un goût de liberté, une pointe de passion animale aussi. S'il y a une femme là-dessous, elle tient plus de la sauvageonne que de celles qu'on appelle Bichette!

Elle est sûrement du genre à promettre de belles nuits... et à assurer jusqu'au petit matin !

Allez trêve de supputations, examinons le nom inscrit sur l'enveloppe :

Yves Leloup, grossiste, rue Le Bastard, 35000 Rennes

Voilà ! J'ai gagné ! C'est bien une femme qui écrit à son chevalier servant !

Et comme elle est discrète et modeste malgré tout, elle n'a pas inscrit son nom au dos de l'enveloppe. Allez zou ! Je me la garde aussi, celle-là ! Je la décollerai à la vapeur ce soir chez moi et je la remettrai dans ma sacoche pour ma tournée de demain. Le marchand de crayons en gros l'attendra bien un jour de plus, sa carte postale !

***

Scrongneugneu ! s'écria le facteur en sortant ceci de l'enveloppe :

DDS 736 pub frormagerie Seguin

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CHEVRES_2022-poster-v3-01 rectifié

1 octobre 2022

Les Rouflaquettes ? Pour ce que ça vaut (à barbe) ! (Joe Krapov)

DDS 735 Louis-PhilippeD’aucuns trouveront ce sujet des rouflaquettes assez barbant. C’est mon cas. D’aucunes apprécieront et le trouveront au poil.

J’ai failli me faire des cheveux toute la semaine en songeant à ce que je pourrais bien écrire sur ce type de pilosité qui ne m’inspire rien du tout, pour ne pas dire qu’il me rase.

J’en étais même à me demander ce matin si les mots que nous suggère semaine après semaine le tenancier de ce salon de coiffure qu’est le Défi du samedi n’étaient pas un brin sexistes. Mais aujourd’hui, hélas, tout l’est !

On ne peut pas proposer bigoudi, choucroute, Wonderbra, oeillade sans recevoir un coup de klaxon et se faire taxer de misogynie de tous les côtés ! Il y a trop de flou dans la raquette !

Bref ! Étant peu inspiré par la façon dont mes congénères gèrent ces poils hirsutes ou pas qui nous jaillissent ici et là et donc sur la tête, sous le menton et sur les joues, j’ai refilé le bébé à mon pote Jean-Emile Rabatjoie qui, un peu fainéant lui aussi sur les bords mais toujours bien féru d’histoire et dégagé sur les oreilles, a bien voulu étudier l’influence du roi Louis Philippe et de son look de roi bonne poire sur nos monarques républicains récents et même sur Mona Lisa.

DDS 735 Présidents à rouflaquettes

Vous remarquerez que dans ce texte même pas oulipien, je n’ai pas fait de jeux de mots capillotractés, sauf dans le titre, ni utilisé le mot « blaireau » de peur de susciter des frictions. J'espère juste ne pas avoir été trop rasoir !

Et donc, n’ayant pas fait d’effort particulier cette semaine, et n'étant pas déprimé par le chauve-qui-peut général, même pas victime d’un quelconque vague à lame, je ne m’accorde pas le droit de boire une petite mousse harassé.

Mais ne prends pas ombrage de cette non-participation, cher oncle W. ! Tu restes toujours mon animateur d’atelier d’écriture… favori ! 

24 septembre 2022

Kiko Nimportekwa (Joe Krapov)

DDS 734 Status quo

Il ne faut pas prendre Kissinger pour Kossyguine. C’est qui, ces cocos-là ?

Ne confondons pas Jean-Pierre Mocky et Josiane Balasko, Kiloutou et Koh-Lanta, Kiri le clown et Corot le peintre, la consultation de volumes encyclopédiques avec la rôtisserie de la reine Pédauque.

Faut pas prendre la Queen consort pour une conne qu'on rentre.

César Cui ne fait pas la même musique que Status quo.

Faut pas prendre Jean-Claude Killy pour un moniteur de colo : son téléski ne peut pas monter chez Manon Lescaut.

On ne trouve pas plus de kibboutz à Quiberon que de kolkhoze à Cambrai ou même à Combray si on préfère lire des bêtises.

Il ne faut pas mélanger les quiches lorraines de tante Marie avec les cochonneries d’Honorine Tintamarre, sa marraine.

- Les quizz débiles du prof de maths ne sont pas forcément la cause pour laquelle tu déballes ton paf devant les mottes ! » dit le psychanalyste à l'exhibitionniste.

Faut pas prendre « Qui l'habille ? » pour un quolibet. Quoique !

« Kim Basinger écoute Come together des Beatles habillée en Elizabeth Arden », ce n'est pas pareil que « Qui wassingue les cours des corons écoute plutôt Stone et Charden ».

Ne mélangeons pas Yoko Ono, Wikipédia, Marco Polo, marquis de Sade, le sirtaki, un vieux tacot, un baraki ,un bourricot, ne me quitte pas, cot cot cot Kodak, un kil de vin rouge, un alcool de riz, un kimono noir sans ceinture et des façons comminatoires, Valérie Kaprisky et Elvire Popesco, Eleska c'est exquis et Eugène Ionesco, riquiqui et rococo, Rocky Balboa et Rocco Siffredi !

DDS 734 MoussorgskySapristi! C'est presto qu'il faut jouer Moussorgski et c'est moderato qu'on interprète Enesco, pas l'inverse !

Ne mélangeons pas « Bien mal acquis » et « Paye pas ton écot ! » même si ça revient au même.

Qui cocoone tout l'été s’enquiquine tout l'hiver.

Défense de cogner sa coquine même si elle vous enquiquine, surtout place de la Concorde !

A trop kiffer les coffres forts de Fort Knox on risque de se faire coffrer et d'enquiller les années au trou en Alkatraz ou à Sing-Sing.

DDS 734 Kara-koNe confondons pas Takeshi et Kitano, la Guinée et Conakry, la Tchéquie et le shako, l'expédition du Kon-Tiki et l'étrange odyssée du Kara-Ko.

Fin de l'abondance : Qui kiffe l'enfilade et le Kâma-sûtra copulera en pull cet hiver plus que jamais !

Faut pas prendre Yom kippour pour Raymond Kopa ni François Coppée pour un fromage qui pue.

Ce blé du kilimandjaro colle aux dents : manger horrible

Kilt à l'envers, costard austère, Colt à l’holster : un killer en colère !

Qui torée aux arènes parmi les cotillons sait aussi marier l'art de la critique ciné de Marion Cotillard.

Faut pas confondre l’aura qui limbe Christophe Colomb sur son esquif avec le renom de la coke des nuits festives de Kiki à Montparnasse.

DDS 734 AstérixSi sur le Quirinal Rémus et Romulus burent de la Corona - et pas qu'un doigt ! - ce n'est pas à la louve qu'on le doit.

Ne pas confondre kitchenette et kot chelou !

Laisser filer Kylian M’mbappé vers les filets des buts adverses est moins grave que choper le scorbut sous l’averse ou filer un collant... au capitaine Haddock addict du sparadrap.

A part ça vous avez tout à fait le droit de prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages mais pas de tirer dessus !

Et même aussi celui de prendre l’Helvétie pour une lanterne ! Mais attention de ne pas vous brûler !

17 septembre 2022

Ode au scanner (Joe Krapov)

Alors que le pantographe du dessinateur sert à augmenter la distance entre les points les plus opposés d'un dessin, celui de la locomotive sert à la raccourcir. À vrai dire pour le train, la distance ne change pas : c’est le temps qu'on met à la parcourir qui diminue.

Augmenter ? Diminuer ? Passer de la prospérité à l’austérité ? De l'ébriété à la sobriété ? Ou l'inverse ? Faut-il choisir son camp, camarades ?

Plus notre espérance de vie diminue, plus notre sagesse augmente. Il en est de même de notre folie ! Mais peut-on remédier à cet état de fait en décidant, comme Georges Brassens et la reine d'Angleterre, d’« à la rigueur de ne pas mourir du tout » ? Les vœux pieux - désolé pour la Queen - ça ne marche pas toujours !

Quoi qu'il en soit, je passe beaucoup de temps ces temps-ci à jouer au pantographe inversé. J'ai accumulé comme tout le monde au fil des ans un certain volume de volumes : des livres, des disques, des cassettes, des photographies, des diapositives, des partitions, des cahiers pleins d'écriture. Car on nous avait fait croire que le bonheur c'était d'avoir, comme dit Souchon, des trésors plein nos « armuars » comme dit Andréa Camilleri.

La fée Électricité et la fée Informatique, bien qu'elles soient menacées par une fin de l'abondance, - T’étais riche et tu ne le savais pas cet été ? Ah bon ? Danse dans le froid de cet hiver, maintenant ! - m’offrent encore, chaque jour que les fées font, la possibilité de transformer mes disques vinyles et mes cassettes en fichiers MP3, mes partitions en PDF et mes photos en JPG. Tout ce qu'on entend à la radio actuellement va dans le même sens de la réduction :

« L'euthanasie libre permettrait de faire disparaître ces « boomers » inutiles dont la retraite coûte un pognon de dingue ! Ou sinon remettons les au travail jusqu'à l'âge de 97 ans ! »

J'y suis, au boulot ! Ce qu'il nous faudrait, c'est une bonne guerre c'est ça ? On l'a déjà !

Mais je m'égare, sans doute à cause du train, de son train-train quotidien et de son pantographe.

Je ne suis pas là pour raconter ma vie mais je ne voudrais pas terminer cette ode au scanner sans mentionner une pensée qui m'est venue. J'ai retrouvé récemment la collection de timbres que j'avais commencée lorsque j'étais enfant et que j'avais léguée par la suite à mon fiston. Il y avait là également des enveloppes timbrées reçues par ses grands-parents et qu'ils lui avaient offertes. Je les ai mises à tremper dans l'eau chaude, comme la souris verte qui courait dans l’herbe, puis, une fois les timbres décollés et séchés, je les ai mis à aplatir dans un dictionnaire.

Maintenant il faut que je choisisse : soit j'achète un album de timbres pour les « coller » dedans afin qu'on puisse les admirer mais ça ferait un volume supplémentaire dans mon grenier déjà bien plein ; soit je les numérise et les balance ensuite à 3615 qui n’en veut.

« Mais pourquoi tu numérises tout ? » me demanderez-vous. Eh bien, c'est parce qu'ils sont jolis, ces timbres et qu'ils peuvent très bien servir à un atelier d'écriture que j'anime en vrai ou pour participer à d'autres que l'oncle Walrus organise en virtuel. Suffit d’utiliser un pantographe moderne pour cela !

C'est donc ce que j'ai fait, utilisant à nouveau mon ami le Canon - « Puisque je vous le dis que nous sommes en guerre ! » - à cet effet. Je ne serais pas moi même si mon texte ne se mordait pas la queue au moment de la chute.

Le premier timbre que j'ai agrandi représente... un pantographe !

DDS 733 timbre russe pantographe

Et surtout, une fois que je les aurai tous numérisés, ces timbres, je crois que j'irai quand même acheter un album pour les conserver !

C'est vrai quoi ? Pourquoi jeter ces trésors physiques et les remplacer par du fichier numérique ? Bientôt il n'y aura plus d'électricité pour lire nos disques durs externes et on ne pourra plus écouter que le son de son ukulélé rose !

10 septembre 2022

Quoi de n'oeuf, Pussycat ? (Joe Krapov)

Quand on est lieutenant de vaisseau il vaut mieux supporter une poule au riz de sa coquette belle-sœur Eva que de subir une avarie à la coque de « La Belle poule ».

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Bien qu'il ait utilisé du blanc et du jaune dans ses toiles le peintre Nicolas Poussin n'est pas né dans un œuf.

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Quand la poule a pondu un œuf, elle se précipite hors de son nid en clamant haut et fort « Cot Cot Cot Kodak » mais aucun photographe jamais ne vient immortaliser l'heureux événement. En même temps, vu que tous les appareils photo sont japonais désormais, il eût été plus efficace peut-être qu'elle caquetât « Cot Cot Cot Nikon » ou même « Cot Cot Cot Samsung » vu que de nos jours on prend des photos avec un téléphone.

***

Toutes les poules qui picorent ne peuvent pas s'empêcher de raconter en même temps aux voisines la façon dont elles ont pondu le dernier de leurs œufs. Mais chez les humains c'est pareil. Dès qu’on se met à table, ma belle sœur Eva ne manque jamais de nous narrer un de ses accouchements.

P.S. Je n'ai pas de belle sœur qui s'appelle Eva et je ne suis pas lieutenant de vaisseau. Amiral de bateau-lavoir, peut-être ?

***

Chassez le naturel, il revient au bungalow, comme on dit chez Sttellla ! Dans quoi battons les œufs quand on fait un gâteau? Dans un cul de poule !

***

On en a fait tout un plat, de l'œuf de Christophe Colomb, mais il n'apparaît jamais sur le menu du restaurant ! Alors que celui de Mimosa, le fils de Popeye, si !

***

Si tu prépares avec l'amour des mouillettes avec du pain bio et du beurre Bordier, si tu passes un certain temps à disposer le coquetier bien au centre de ton assiette, si tu astiques l'argenterie afin d'y mirer ta binette, si tu laisses trop longtemps les œufs cuire sur le fourneau, tu obtiens un œuf dur au lieu d'un œuf à la coque et tu as l’air aussi con en tapant dans le jaune solide que la poule effarée découvrant un couteau.

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Refus d’obtempérer aux barrages de police : attention ! Maintenant les poulets tirent dans le tas et s'abritent derrière le proverbe « On ne fait pas d'omelette sans casser des œufs « ! ».

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Qui vole un œuf vole un bœuf.
Et ceux qui volent Catherine 2-9 ils volent quoi ?

***

Autre proverbe flic : « Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier à salade ».

***

Est-ce la poule qui a fait l'œuf ou est-ce l'œuf qui a fait la poule ? On ne trouve une réponse valable à cette question qu’au moment de cette fête religieuse qui s'appelle Pâques : c'est le chocolatier.

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***

Un souvenir de calembour peut-être allaisien : entre le tigre et l'œuf rate ! En fait c’est de Francis Blanche : https://arbrealettres.wordpress.com/2020/07/27/mesopotamie-francis-blanche/

***

Si jamais tu avais à écrire un roman intitulé « Les Aventures de deux œufs » comment appellerais-tu tes personnages? Orie et Émisme ?

***

Dans les stations de sports d'hiver, quand on veut monter les œufs en neige, il arrive que le que le téléphérique soit plein comme un œuf.

***

Boris Vian, Henri Salvador et Michel Legrand sont les premiers importateurs du rock'n'roll en France. Sur ce disque de Henri Cording figure le titre « Va t’ faire cuire un œuf, man » et j'y vais de ce pas.

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C'est grâce à l'oviparité des autruches que Zizi Jeanmaire a pu faire carrière avec son truc en plumes, chanson dont les paroles sont de Bernard Dimey.

***

On peut être de la même famille, on peut même être né·e·s jumelles ou jumeaux et, dès la petite enfance, ne pas bien s'entendre avec son frère ou sa sœur. Chez les poules on dit alors qu’il s’agit d'œufs brouillés .

***

- Désolé, Mamadou, mais ta liqueur d'œuf de crocodile, je n'en prendrai qu'une larme!

***

Un œuf, des oeufs.
Catherine Deneuve, Catherine Deuzeux ?

***

Un œuf, des œufs (prononcer « zeu »).
Un bœuf, des bœufs (prononcer « beuh ») ?
Un fauteuil neuf, des fauteuils nœuds ?
Un veuf, des voeux ?
Un keuf, des queues ?
Une meuf, des « meuh »?
Un Titeuf, des p’tits n’veux ?

***

Est-ce que les poules de luxe pondent des œufs d'or?

***

Dans la vie il y a les gens qui marchent sur des œufs et ceux qui mettent les pieds dans le plat. Si ce sont des éléphants, le résultat est le même.

***

Un scandale, on peut l'étouffer dans l'œuf. Un poussin, c'est plus dur, surtout sans briser la coquille.

***

Au pied des statues de l'île de Pâques, vers le début d'avril, les oiseaux viennent pondre des œufs très colorés.

***

Les Français font 2,3 enfants en moyenne. Combien ça fait de poussins, une douzaine,2 ?

***

« La Cane de Jeanne » et « Les Oiseaux de passage » sont deux chansons de Georges Brassens qui en a pondu un certain nombre.

Ballade avec Brassens 2022

Est-ce que c'est le lapin de Pâques qui pond les œufs en chocolat ?

***

Imaginez qu'on se reproduise comme les coqs et les poules ! Maman nous mettrait dehors très vite puis elle resterait allongée 3 semaines sur nous pour nous tenir au chaud et à la fin on sortirait au jour... quelque peu raplaplas !

 

N.B. Sur le Défi du samedi numéro 732, inutile de se mettre Martel en tête : en matière d'oeufs on ne fera jamais aussi bien que Bernard Dimey dans son Bestiaire d'autre part (dans le recueil « Sable et cendre » chez Christian Pirot. On le trouve encore en occasion, achat vivement recommandé).

L'oeuf

L'œuf n'est pas un animal. Si on s'amuse à le couver, pour voir, et si on a autant de patience qu'une poule, alors on fait peut-être un poussin.
Si vous laissez tomber un œuf, ce n'est plus la peine de le couver, vous n'aurez pas de poussin.
Le poussin grandit très vite et alors, d'un seul coup, il s'appelle poulet et s'il continue de grandir encore, il s'appelle coq.
Mais beaucoup de poulets n'ont pas le temps d'aller jusque là parce qu'ils sont trop bons à manger.
Pour faire un œuf, il faut chanter pendant au moins une heure ; mais si vous n'êtes pas un oiseau, ce n'est même pas la peine d'essayer, même si vous chantez très fort.
Il paraît que les tortues font des œufs de temps en temps mais c'est pas des vrais œufs. Ils sont tout mous. Les vrais oiseaux font toujours des œufs durs.
Si vous voyez des oeufs tout verts ou tout rouges ou tout jaunes ou tout bleus, cela veut dire que c'est Pâques.

3 septembre 2022

N'en déplaise aux nareux, aux nareuses et( même aux narratrices ! (Joe Krapov)

 
N’en déplaise aux nareux

C’est dans les vieilles marmites
Qu’on fait les meilleures soupes !
Jeunes fesses, vieilles croupes,
C’est toujours dynamite
Et j’en suis bienheureux !
La vieille bouillabaisse ?
Est bien sot qui la laisse
Au prétexte qu’on l’a touillée
Dans un chaudron un peu rouillé !

C’est ainsi, ma cousine :
On ne peut pas nier
Qu’on ne saura jamais
Ce que le cuisinier
A fait avec ses doigts
- Et la fée Mélusine -
Avant de se mettre au piano,
D’allumer ses fourneaux,
De concocter ses mets !
Est-ce l’heure du Cauchemar en cuisine ?
Les nareux sont aux abois !
Envoyez la parano !

Il faut manger pour vivre
Et vivre pour manger !
Tant pis si la salmonelle
Fait danser la tarentelle
Aux boyaux !
Tant pis si les estomacs
Se retrouvent dans le coma
A cause de plats déloyaux !
Car sinon à quoi ça sert
Qu’on vende de l’Alka-seltzer ?

Si la vie est une maladie
Elle est aussi hélas
Oralement transmissible !
J’admets que certains plats
Sont assez dégueulasses
La salade de limaces,
Le cassoulet d’Arras
Et ses rutabagas,
Le Klug du Père Noël
Roulé sous les aisselles,
Excès, etcetera...
Mais faut pas faire le difficile
A l’heure où tombent les missiles :
Bienheureux si on ne doit
Manger du rat ou du chat
Pour ne pas faire une fin,
Pour ne pas crever de faim.

Bien nareux, ce jour ma cible,
A l’heure de l’incendie,
Mange ta soupe et tiens-toi droit !
Ne crache pas dans le chocolat
A six pas, comme au Mexique,
Ou... deviens anorexique !

P.S. Ce poème vite torché (? Beark !) est accompagné d’une invitation à déjeuner chez Bruno (qui fiche toute son argumentation par terre (j'adore ça !) !) ! 

27 août 2022

Bony and Claïde : le niveau baisse (Joe Krapov)

DDS 730 SoissonsSont-ils dérisoires à Issoire !

Sont-ils soudains à Issoudun !

Tous les Francs du collier
Ont des pensées impures !

Sont-ils polissons à Soissons !

Ils ne se soucient plus de l’histoire du vase !

Ils rêvent du Sussex en embouchant saucisses,
Fantasment sur Sissi comme en cinquante six
- Tous les chemins mènent à Romy ! -
Et ne savent plus combien
Soixante-six Suissesses
Ont de fesses !

C’est 132, Charles Martel !

Et que dire des polissonnes de Sissone 
Qui s’y entendent comme personne
En maniement de tourne-vice,
En déhanchements et coups de cuisses ?

Eprouve-t-on de la peine à ouïr
Du côté d’Aizy-Jouy 
Du fait que l’on vieillit 
Et qu’on a les doigts gourds ?
La maturation rend Sourd ?

Sont-ils pas cochons
En Archon 
A faire des promotions
Sur leur vieux saucisson ?

Est-ce sans salamalecs
Que l’on emballe les mecs
Près de Berzy-le-Sec ?

Qui biche à Bichencourt
Court deux lièvres à la fois
Et reste Blesme à Bièvres ?

Le Boniment servi
A la fête de Bony
Bonifie-t-il
Au fil de Laon ?

Est-il commun qu’on bourre,
Gens de Bourg-et Comin,
La mairesse et les urnes 
Les dimanches d’élections raides ?

Qu’un baiser vous guérit
A Bézu-le-Guéry ?

Que Bouresches ou Boncourt
Cela importe peu
Si on éteint la lampe 
Avant de Cessière-Suzy ?

De Chamouille à Chacrise
Combien de kilomètres,
Combien d’années de crise
Avant qu’on ne divorce ?

DDS 730 Germaine_(Aisne)_city_limit_signCombien durent les coïts
A Rogécourt ?

Existe-t-il encore une fête homonyme
A Rozière-sur-Crise ?

Qu’est-ce que le chaud darde
A Chaudarde ?
Est-ce qu’ils se savonne à Chavonne
Tandit que rosit sous les draps
Sa chérie la blanche oie
De Chéry-lès-Rozoy ?

Entend-on ces cris la nuit
Pour encourager le hussard ?

- Clermont les fermes ! Coeuvres et Valsery ! Commenchon ! Continuon ! Que de belles Courbes sur ce Corcy ! Lève Cuissy et Geny ! Dizy, le Gros ! Droizy ! Dury ! L’Epine au Bois ! Ah Germaine !

- Fresne-sous-Coucy, Gland ! Mézy-Moulins !

- Montreuil aux Lions ! Oulches la vallée-Foulon ! Pinon ! Ploizy ! Verneuil-sur-Serre mon Viffort ! Ouh, les Thenailles !

- Liesse Notre-Dame !

- Ah Pancy-Courtecon, comme tu m’as Parfondru le Prémontré ! répond-il dans un Soupir. Je suis tout Quincy-sous-le-mont et pas Remies de mes émotions ! Je te Vénérolles sur les Autels, ma Bony !

***

DDS 730 AisnejpgBon ça Cuffies comme ça !
Ambrief, me voilà de retour !

Pour que le niveau baisse
On peut compter sur moi
Et ma verve toujours en émoi !

Mais cessons là ces vignettes
Comme disait la Marquise
En sortant à cinq heures
Pour se faire tremper sur le pas de sa porte.

Après tout, tout va très bien
Même si j’ai parfois mal vers l’Aisne !

2 juillet 2022

Ce n'est qu'un combat, continuons le début (Joe Krapov)

- C’est quoi toutes ces femmes aux seins nus qui défilent dans la rue, Lardu ?
- C’est une manifestation de Femen et d’employées d’Amazon qui protestent contre le port du burkini, Loreille.

***

- C’est quoi, ce bordel, aujourd’hui Lardu ? On ne circule plus !
- C’est la manifestation des chauffeurs-livreurs qui protestent contre l’emprunt du trajet Bastille-Nation par les manifestations. Ca crée trop de bouchons, disent-ils. Surtout à Bercy.
- Ils ont raison, je vais me joindre à eux. C’est quoi le trajet de leur manif ?
- Bastille-Nation, Loreille.

***

- C’est qui ces drôles d’excités en Loden avec leurs pancartes incompréhensibles ?
- C’est la manifestation contre l’emploi du sigle LGBTQIA+…
- Ils n’ont pas le genre pourtant !
-… comme mot de passe pour accéder au site web des amis de Christine Boutin.
- C’est qui ?
- C’est personne, juste une suite de caractères alphanumériques minuscules pour un mot de passe sécurisé.

***

- Tiens, Loreille ! Est ce que ça te dirait de participer à une marche des fiertés hétérosexuelles ?
- Ça ne va pas Lardu ? Je ne vois pas pourquoi on devrait être fier de ce qu’on fait avec sa zizounette ! Non, je n’irai point. Par contre la manif qui a trait au retrait de la réforme des retraites dont le principal attrait est qu’elle est calculée par points, là oui, j’irai !
- Tu parles en morse avec tes traits et tes points ?

***

Pourquoi tu mets ta main sur mon épaule, Loreille ?
- C’est rien, juste une manifestation de sympathie, Lardu !

***

- C’est qui tous ces gens qui défilent dans la rue avec une veste verte ?
- C’est rien non plus. C’est juste pour changer des gilets jaunes.

***

- Moi, une chose est sûre : la Manif pour tous, on ne m’y verra pas !
- Tu n’y es pour personne ?

***

- J’ai croisé une manifestation qui visait à interdire à Joe Krapov de polluer Youtube avec ses reprises pourries !
- Les gens sont pourtant bien libres de ne pas l’écouter !
- Faut croire que non ! Ou qu’ils sont scato-masochistes ! 

Les paroles de cette chanson de 1967 de Jean Ferrat se trouvent ici.

***

- Salut Lardu ! Est-ce que tu voudrais bien te joindre à une manifestation contre la vulgarité des slogans de manifestations
- Volontiers, Loreille ! Aucu, aucu, aucune hésitation !

***

- On devrait faire une manifestation des gens qui refusent de fermer leur gueule au prétexte qu’ils n’ont rien à dire !
- Celle-là, j’y vais, sans faute !

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25 juin 2022

L'Atelier d'écriture scato-masochiste de Madame ADECI (Joe Krapov)

Un atelier d’écriture, c’est vrai, c’est exactement comme un club sado-masochiste. Il y a un animateur qui donne des ordres cruels – on appelle ça des consignes – et des gentil·le·s membres qui font preuve de discipline (Laurent serrez ma haire avec ma) et qui se plient avec humilité et, si possible, originalité aux quatre volontés du maître.

Ici, au Défi du samedi, le gourou est bonasse : il a une tête de papy gâteau et il accepte toutes les acrobaties intellectuelles nées de de son mot hebdomadaire avec la bonhomie d’un promeneur de chien qui est une chienne et qui a passé l’âge de se demander pourquoi on ne met qu’un seul « m » à bonhomie et pas deux « n » à bonasse. Parce que bon et con, c’est pas pareil ? Parce qu’un bon homme apprécie un bon home ?

J’en connais d’autres qui sont bien plus lunatiques, irréguliers, cyclothymiques, voire chiants. Moi, par exemple, à Villejean !

2022-06-23 - 285 1Mais la pire, c’est Madame ADECI. Je ne vous raconte pas ses drôles de lubies ! Si, en fait, puisque c’est le sujet de cette semaine du Défi du samedi.

Figurez-vous que son atelier d’écriture sado-masochiste ne fonctionne que tous les deux ans ! Tous les deux ans elle vous envoie ses consignes par la poste. La première épreuve consiste à aller chercher la consigne d’écriture chez un de ses adeptes qu’on appelle un médecin. Vous héritez alors d’une belle enveloppe bleue contenant du matériel spécifique mais où le stylo brille par son absence ! On écrit directement sur l’ordi ? Pas du tout ! Quand vous êtes de ce côté-ci de l’atelier d’écriture, et surtout chez Madame ADECI, vous en chiez ! Dans le sado-masochisme, on donne de sa personne, qu’est-ce que vous croyez !

DDS 721 ADECI détail 01 Pikachu

Il y a tout d’abord une épreuve d’origami au cours de laquelle vous devez déplier un masque de Pikachu percé de trous et agrémenté de trois parties autocollantes recouvertes de pastilles jaunes dures à enlever.

Il y a ensuite une épreuve de collage puisqu’il faut fixer le réceptacle de l’épreuve d’écriture sur… la lunette des toilettes, si, si vous avez bien lu !

Ensuite on s’assoit sur la feuille et on doit inventer une défèque-new bien solide sans pisser trop de copie. Il faut en tartiner un minimum mais pas y mettre le paquet sous peine de voir sa production partir à vau-l’eau (c’est ce qui est arrivé jadis à Marcel Proust ! Quel con, c’type, hé !).

DDS 721 ADECI détail 02 tige verteEnsuite commence l’épreuve d’écriture et là, vous n’êtes pas dans le caca ! Enfin, si ! Il faut que vous fassiez adhérer à une tige verte des « selles » (?) même pas de cheval jusqu’à la marque rouge sur le dessin. Les fidèles lecteurs de Blake et Mortimer sont alors forcément déçus de l’absence de Marque jaune dans l’histoire. Mais ils seront rassurés d’être tombés dans un piège diabolique !

Ensuite ce sont des histoires pas cochonnes pour deux ronds d’emboîtages des objets préalablement déballés : on met la tige dans le tube, le tube dans un étui de protection, le tout dans une enveloppe et l’enveloppe, avec la fiche d’identification, dans une autre enveloppe qu’il faut aller poster dans une boîte à lettres à destination de Madame ADECI.

Quand est-ce qu’on est publié ? Jamais !

Quand est-ce qu’on reçoit des commentaires des autres participants ? Jamais !

Simplement, au bout d’une quinzaine de jours Madame ADECI vous renvoie un courrier pour vous signifier que le résultat est nul.

Et vous savez quoi ? On est très content ! C’est ça qui est bien avec le sado-masochisme : plus on est maltraité, plus on est satisfait !

Certaines mauvaises langues prétendent que le commerce de Madame ADECI n’a rien à voir avec un atelier d’écriture sado-maso mais serait consacré à la recherche du cancer chez les pratiquants. Ben mon colon, des pistages pareils, je n’en ai vu que chez les Scouts de Belgique à l’époque où mon oncle Walrus était responsable fédéral ! Si ça n’est pas du sport de se retrouver à genoux, le pantalon baissé en train de patouiller dans la cuvette des chiottes parce que le Pikachu a craqué sous le poids d’un bel étron coulé dans le bronze, je veux bien revoir tous mes concepts !

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Il faut savoir également qu’on n’intègre cet atelier-club select que si on a atteint l’âge de cinquante années. Et c’est ça qui me réjouit ! En décembre 2027, notre Président de la République lui-même va nous rejoindre dans l’atelier et se prêter aux lubies de Madame ADECI. Quel plaisir, dès maintenant, de l’imaginer en train de procéder aux rites imposés par notre animatrice préférée ! Saura-t-il déplier Pikachu et barbouiller comme il faut la tige du petit tube ?

Bon c’est vrai, avec l’absence de majorité dont il vient d’hériter à l’Assemblée, il est déjà, en fait, un peu dans la mélasse. Soyez philosophe, Emmanuel : ça vous fait de l’entraînement pour plus tard !

18 juin 2022

99 dragons : exercices de style. 72, Anglicismes (Joe Krapov)

Elle n’est pas belle, la life ? Le week-end s’annonçait cool. Le temps était du genre caniculaire, à nous faire supporter d’enchaîner drinks et cocktails à la garden-party, de griller, en bermuda à couleurs kitsch, des steaks maousses sur le barbecue ou même d’arpenter un green si on se sentait courageux, dandy et snob. Mais pas de match de tennis, please ! Trop hot ! Trop speed de courir derrière la balle jaune ! Trop usant, les aces !

tregor-motoculture anonymisé

On allait fermer le snack quand un clown en jean et baskets a garé son spider sur le parking. Puis il est venu s’affaler au comptoir et a réclamé un banana-split à la barmaid. Il avait un joli look de supporter du Roazhon Park, d’amateur de hot-dogs et de galettes-saucisses plus que de pratiquant régulier de ce sport de gentlemen qu’on nomme le football. Ou alors son allure était celle d’un testeur de bière en micro-brasserie. Ou d’un ambassadeur du Gault et Millau chargé de tracer un viaduc entre tous les pubs de Bretagne sans modération. En même temps, comme dit Macron, c’était peut-être aussi juste un geek de la start-up nation. Sa carrure était celle d’un bûcheron et il arborait par-dessus son gros ventre un tee-shirt de « Trégor motoculture ». Sponsorisé par le boss de la tronçonneuse lannionnaise, le bad boy !

La Miss la lui a servie, sa glace à la Chantilly façon Lio, non sans lui signifier que ce n’était plus le moment de l’happy hour et qu’on allait procéder à la fermeture du drugstore. Le client est le king ici mais y a une deadline pour la sujétion. Un temps pour tout y compris pour dire stop au job. On n’aime pas trop le burn-out par ici. Je suis un manager libéral mais pas que.

- Ouais, ouais, on dit ça, qu’il a dit la brute épaisse. Moi je le crois pas. C’est que des fake-news, tout ça. Du bluff !

Une fois qu’il a eu englouti son ice-cream il s’est approché de notre antique juke-box et il a consulté la playlist à l’ancienne.

DDS 720 Hurricane

- Comment ? Vous avez le single de « Hurricane » de Bob Dylan ? Je veux l’entendre ! Qu’est-ce qu’on met comme pièce dans votre machine ?

- On ne met pas de pièces, monsieur.

- C’est quoi alors le business model ?

- Il est cassé, monsieur. C’est pour le fun. Décoratif, si vous voulez. C’est vintage.

- Désolé de faire le forcing mais je ne quitterai pas ces lieux sans avoir entendu « Hurricane »sur ce pick-up.

Georgia se tourna vers moi avec l’air désespéré de John Lennon pétant sa corde de mi aigu au moment d’interpréter le solo de « Help ».

- J’ai un très joli smartphone avec lequel je peux aller chercher le morceau sur Spotify et en utilisant les baffles…

- Moi aussi, tocard, j’ai ça ! OK ! Vous savez quoi ? Il me plaît bien votre fast-food ! Je crois que je vais m’y installer et en faire mon camping de base. Tant pis si votre baby-foot à musique est nase. La pom pom girl a de beaux airbags et les sandwichs ont l’air appétissants. Vous m’installerez un cosy corner dans le living-room. Je vais faire un super sit-in ici, mon gars. T’appelleras ça du racket si tu veux mais...

DDS 720 Million dollar babe- Monsieur ? intervint Georgia.

Le type, qui m’avait agrippé par les revers de mon smoking et balancé son sketch de stand up les yeux right in the eyes, comme s’il allait ponctuer, au finale, son talk-show d’un coup de boule façon Zidane à Materazzi, me lâcha d’un coup et se tourna vers la Miss.

- Ça c’est pour le respect des trente-cinq heures de travail hebdomadaire ! Elle lui balança un premier uppercut qui lui fit éclater son bridge au-dessus de l’eau trouble de la vaisselle.

- Ça c’est de la part des Pom pom girls ! Un deuxième uppercut lui éclata le pif.

Le gars prit encore quelques mandales et s’écroula, knock-out.

- Bravo, Million dollar baby ! Ca lui apprendra a s’en prendre à la championne régionale des poids légers de boxe anglaise. Tu l’as bien customisé, le biker !


***

On l’a sorti sur un brancard, le kidnapper de rade freelance qui venait de subir un lifting gratuit en se faisant simplement remonter les bretelles. On l’a plié en trois et mis dans le coffre de son dragster. On n’est pas chiens, on est fair-play, même. On l’a emmené aux urgences au C.H.U de Pontchaillou et on a prévenu l’accueil qu’il y avait un auto-accidenté dans le coffre d’une bagnole achetée en leasing dont les warnings clignotaient à tout rompre sur le no man’s land de la rampe d’accès à leur club select.

Après, pour Georgia, je ne sais pas mais pour moi le week-end a été cool. Open bar, filles sexy, slows langoureux, jackpot au casino, la routine, quoi.

Non, en fait je déconne, j’ai juste terminé mon puzzle de 1000 pièces dont le modèle est le tableau « Les Patineurs » de Wiliot.

Ca me plaît beaucoup, moi l’inaction, le rocking-chair, la non-violence. Ça ou autre chose... Je suis très peace and love comme garçon !  De toute façon la life est toujours belle dans les best-sellers que j’écris à destination de moi tout seul !

DDS 720 Les Patineurs de Wiliot

11 juin 2022

Jachère (Joe Krapov)

Cette semaine où il fallait plancher sur le mot «jachère» mon imagination n’a rien donné. Rien n’a poussé.

Moi qui suis toujours prêt à mouiller la chemise dès qu’il s’agit d’élucubrer, eh bien cette fois j’ai eu le tricot stérile !

Et vous savez quoi ? Je me sens beaucoup plus en repos !

DDS 719 sieste 2

 

Et du coup je comprends pourquoi mon oncle Walrus si souvent botte (de foin) en touche !

DDS 719 la sieste

4 juin 2022

Balzac 00 01 l'illusion genre mineur qui touche le fond ! (Joe Krapov)

DDS 718 Balzac 000037186

Je m’appelle Lucien et je crois que j’ai perdu toutes mes illusions.

Je n’étais pourtant pas ce qu’on appelle un grand rêveur, j’avais les pieds sur terre mais maintenant que je ne suis plus un perdreau de l’année je dois avouer que le bilan n’est pas terrible. Dressons-le en même temps que le couvert pour le dîner – ce soir j’attends Madeleine - :

Parfois votre cousine est plus bête qu’on ne croit.

Parfois votre cousine est moins bête qu’on ne croit : pendant que le cousin ponce elle s’envoie Pylade qui ne demande pas mieux au reste. Pylade, mais pas vous ! Et vous ne dites rien au cousin pour préserver la paix du ménage.

Ce qui mirouëte dans le miroir d’Ursule n’est pas forcément votre beau minois de minet. Dans la maison du chat-qui-pelote il se peut qu’habite une fausse maîtresse à qui peu chaut votre animal : Ursule est la vieille fille-type qui range tous les soirs sa virginité dans le cabinet des antiques. Accident notoire : vous avez encore une fois envoyé une passion dans le désert !

Toutes les menteries, les hypocrisies, les carambouilles, les entourloupettes de la vie, il arrive qu’on les gobe sec. Et il y en a ! Le modeste mignon cache parfois un vaniteux m’as-tu vu moche.

Si vous êtes victime d’un jaloux, d’un maître-chanteur, d’un huissier, si vous poursuit une vendetta, vendez tout et barrez-vous par la porte de derrière !

Si vous allez au bal de Sceaux et que tout le monde y semble intelligent, méfiez vous : c’est peut-être vous qu’on a invité pour le dîner de cons.

La splendeur des thés chez Madame Verdurin lorsqu’on est en cour débouche quelquefois sur la misère des tisanes de Tante Léonie où l’on n’a même pas le droit de tremper sa madeleine pour cause d’hygiène :
– Ca va pas non, Marcel, t’as un bol, trempe dedans, arrête de me chauffer !

A la bourse les actions de tante Yolande montent et descendent. Quel sera le montant de son héritage à Tata Yoyo ?

La princesse de Cadignan garde ses secrets pour elle. C’est d’autant plus égoïste qu’elle gagne au loto chaque semaine ! Je lui ai demandé si elle avait un truc pour abolir le hasard. Elle m’a répondu : « Pas un truc, un coup de main mais vous, Lucien, pour que vous ayez le génie, il faudrait un grand dé ». Je n’ai rien compris et je suis retourné danser avec Catherine, la duchesse de Langeais.

Ne tombez jamais amoureux de la fille aux yeux d’or, Marie Laforêt : il y a toujours un arbre qui la cache !

J’y suis allé dans la Vallée des larmes : y’a pas de lys hélas, c’est là qu’est l’os.

On veut rendre Esther heureuse, on croit savoir comment aiment les filles et paf, on se retrouve toujours là où mènent les mauvais chemins !

Même l’élixir de longue vie n’a plus les mérites qu’on lui prête. Ceux qui se croient immortels – j’en suis - voient, du fait des désillusions accumulées, leur optimisme se réduire comme de la peau de chagrin. Woody Allen n’a-t-il pas déclaré lui-même que « l’éternité, c’est long, surtout sur la fin » ?

Voilà, tout ça me déprime d’autant plus qu’on m’a toujours dit « Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, il va filer ». Quand j’y suis allé, moi, Lucien, dans le pré, je n’y ai trouvé que deux rubans.

Ce soir j’attends Madeleine pour les lui offrir mais j’ai l’impression qu’elle ne viendra pas. 

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