Ne me demandez pas pourquoi
Le noyer échevelé
Las de sa nudité d’hiver
Sortira de sa nuit
Pour se vêtir d’anis
ou peut-être bien de pistache
pour taquiner ses noix
Et les jonquilles à ses pieds
S’étireront jusqu’à n’en plus pouvoir
Simplement pour voir
barboter les canards
dans l’eau de l’étang vert
autour des nénuphars

Ne me demandez pas pourquoi
Les mots s’échappent
quand je veux les attraper
ils restent sur le bout de la langue
Et jouent à se cacher
Quand je cherche pistache,
Il m’arrive moustache
mais je n’arrive pas à trouver
l’exactitude qui se cache
Et de guerre lasse
Quand je cesse de les chercher
Les voilà qui caracolent
Alors que je les ai remplacés

Ne me demandez pas pourquoi
Les hommes se font la guerre
Epuisés, l’espérance au bout du fusil
Ils traquent, Ils tirent, ils tuent
 ils tombent par milliers
Et mordent la poussière
Etreignant dans un dernier sursaut
Leur espoir de victoire et leur mère patrie
Morts, perdus, mais sortis de l’enfer
par-delà la mitraille Ils s’en vont dans les nues
soulagés de n’entendre plus
les bombes qui explosent
Et les cris de misère