Youkali est à ce prix ! - tiniak
Un matin, content de lui-même
flemmarde un peu à l’horizon.
Les hommes sont en rangs serrés,
par d’autres hommes (ces poisons !)
qu’ils craignent…
Car, à la fin de la journée, il faut que nombre d’entre eux saignent...
Han ! Han ! Et han !
Et han ! Et puis : “ah, merde !”
Encore un camarade fauché pour avoir brouté un brin d’herbe…
Rien n’est fait pour les ménager - bien au contraire !
Pour dire : mâcher du gravier, leur est souvent bien salutaire…
Il y a du sel et des minéraux essentiels à leur improbable survie
dans ces cailloux qu’On leur fait casser, jour et nuit
On, c’est l’Ignoble…
qu’ils ont porté naguère aux nues, par défaut (“allez, pourquoi pas ?”)
sans avoir jamais décelé, aux tatous noués sur ses bras
qu’il s’en fout du fromage frais ou de ce méritant vignoble, las !
Ne pas regarder vers le haut, c’est la consigne, désormais…
Ici, l'entraide est un péché !
Crime sans nom, puni de mort !
Combien s’y seront adonnés ?
Nul n’en sait rien; où sont les corps ?
Et pourtant, cet après-midi
tous ont surgi, le cœur battant,
contre la vilaine infamie
Bon nombre y ont laissé la vie, résolument
Leur liberté fut à ce prix !
(souhaitons, allons… qu’il s’agisse d’une uchronie)
…car “C’est un rêve / une folie / Il n’y a pas de Youkali !”
Les Sept Péchés Capitaux, Brecht/Weill. (pièce qui vient d'être montée au théâtre de Caen, un régal !)