Sous tif (TOKYO)
J’essayais de déchiffrer la notice du soutien-gorge que je venais d’acheter.
Le nez sur le bout de papier aux lettres tremblotantes je recherchais les contre-indications.
Je me suis arrêtée sur le risque d’effets indésirables du Wonder Bra au-delà de 45 ans.
Je m’extirpais de mon fauteuil en maugréant / ce n’est pas parce que j’avais 85 ans que je ne pouvais pas porter ce type de sous vêtement.
Habituellement, j’étais taquine avec mes ex mais là un site de rencontre m’avait permis de falsifier mon âge. Une photo s’imposait donc avec ce Wonder Bra.
Certes ce qui me désolait c’était que j’étais devenue toute fripée avec les années.
Mais je me disais que les nouveaux nés sont aussi tous ratatinés tout fripés. Ils font des petits plis comme des rides.
J’empestais terriblement la poiscaille et je bénissais tous les jours le virtuel qui me permettait de leurrer mon monde.
Je m’étais entichée de mon dictionnaire étymologique qui m’offrait une multitude de significations pour Wonder Bra.
Je voulais contribuer à améliorer le moral des femmes de mon âge en les incitant à porter ce dessous féminin aux allures punk rock dissonant. J’en avais assez de parler de polenta et de tartiflette avec mes copines.