L'ourson (Venise)
Stupéfait et méfiant l’ourson me fixait, j’étais un nouveau venu dans sa forêt où rien n’arrive Il fallait montrer patte blanche.
J’ai eu alors l’idée d’entonner un chant tzigane. Ce jour là encore très proche de ma cabane couverte de liserons, un vieux monde sortait de l’ombre, ourson , loutre , et chevreuil attirés par la musicalité du chant m’entouraient. L’ourson le premier s’avança vers moi.
Le soleil était haut quand la mère de l’ourson fit son apparition. J’ai failli m’évanouir tant la bête était impressionnante.
Je me tus par respect pour l’animal .Puis l’ours ferma les yeux m’invita à poursuivre mon chant .D’une voix d’abord timide je repris ma chanson et d’un cœur tout neuf mon chant devint imprévisible comme sa présence ici-bas.
L’ours avait l’impression d’être pour quelque chose dans ce chant humain , puis l’ourson s’agrippa sur le dos de sa mère et ils prirent la fuite .
La forêt redevenue silencieuse s’assombrit et en relevant la tête je perçus cent paires d’yeux de hibou, rapaces qui m’observaient. Sur la pointe des pieds je rejoins ma cabane disjointe ,savourant mon heure de gloire .
Je suis souvent revenu traîner ici au coucher du soleil , poussant du pied des champignons . J’aurais aimé trembler encore devant la force de cette ourse. Un jour pourtant équipé d’un accordéon dont l’air frivole détonait ici ils sont réapparus. Une odeur forte ,acre et puissante et le souffle chaud de l’animal sa robustesse semblaient vouloir me guérir de tout. La musique leur montait jusqu’aux oreilles et j’ai vu l’ourson pleurer.