Utopie (Thérèse)
Il était une fois un petit homme qui avait de grandes ambitions. Des idées de fou, des idées de gosse, il rêvait un monde meilleur.
Il avait acquis la certitude qu'une fois arrivé au pouvoir, rien ne pourrait lui résister.
Il croyait pouvoir réunir tous les hommes dans un univers dépourvu de haine et de guerre, il était persuadé que l'on pouvait vivre dans un monde d'entente et de paix.
Il voulait sortir chaque SDF de la misère, rendre sa dignité à chaque individu mais comment faire face, vu l'état des finances publiques ?
Il voulait abolir la guerre mais protéger le pays, il voulait aider les plus défavorisés mais sans toucher aux avantages des plus riches : et pour ce faire, il se dispersait, il courait à droite à gauche, essayant de rallier à lui les autres pays. Il espérait réunir toutes les nations, la main dans la main, mais c'était sans compter les coutumes ancestrales et leurs dictateurs belliqueux.
Se dressant contre les riches industriels, il voyait déjà reverdir des forêts luxuriantes peuplées de fleurs et d'animaux, en quelque sorte un nouveau jardin d'éden.
Il rêvait d'interdire toutes formes de chasse, de braconnage et de torture mais il avait oublié le monde sans pitié des spéculateurs.
Il tenait des propos délirants et enthousiastes, croyant tenir la vérité, mais que faire, face aux associations acariâtres ?
Il voulait des oiseaux dans le ciel, des sourires sur les visages et des rires dans les yeux. Il voulait tarir les sources des larmes, il voulait éteindre les feux de la colère et taire les armes. Il avait beau remuer ciel et terre pour atteindre son but mais partout il se heurtait à l'incompréhension des autres.
Il était une fois un petit homme qui se croyait un grand homme mais il n'avait pas compris que le gouvernement obligeait à un travail de groupe. Et malgré les réflexions sarcastiques de ses ministres, il continuait à se démener, tant et si bien qu'on le prit pour un polichinelle et tout le monde se mit à se moquer de lui.
Seul dans sa bulle, il ne s'était pas rendu compte que ce n'était plus lui qui tenait les rênes du pouvoir mais ses ministres qui s'étaient ligués contre lui.
Et puis un jour, las d'entendre ses jérémiades, influencé par les pays alentour, par les formidables réseaux politiques et les fomenteurs de toutes sortes, le peuple se révolta et décida de l'enfermer pour de bon dans sa propre bulle. Et pour le citer en exemple aux générations futures, ils le hissèrent sur un piédestal afin de bien démontrer le modèle de la bêtise humaine.
Parfois, si vous regardez bien au travers de cette bulle, vous pouvez le voir encore gesticuler à chaque nouvelle pollution, à chaque nouvelle catastrophe, à chaque nouveau génocide...