LES RYTHMES (Alain André)
Un jour, il y a longtemps, dans un pays tout neuf aux mœurs brutaux et esclavagistes, les nègres magnifiques imaginèrent le Jazz ! Issu du mariage entre la symphonie des dieux et les tams-tams de l’Afrique! Issu des rythmes des labeurs enchainés, gueulant le désir de vivre libre, marchant en chœur sur le chemin du ciel, martelant la douleur et le désespoir, la foi et l’espoir, et le bonheur aussi, celui de vivre, d’être unis dans la même vibration, de croire et de vouloir, sûrs, au fond d’eux mêmes que viendraient des jours meilleurs .
Gospels.( God spell, interpellant Dieu en chœur), sublimes et émouvant mon âme jusqu’au trognon, fouillant mes certitudes, balayant mes doutes, m’emplissant d’une joie frisant l’orgasme, et moi, comme un con, pleurant d’émoi, basculant dans le vide, oscillant au rythme des mains noires.
Puis des mains d’or désargentées, s’usèrent sur des guitares de fortune pour donner le jour à des rythmes mélancoliques : Blues des hommes libres mais méprisés, rejetés, pauvres. Des blancs inspirés en firent leur musique : Rythm and blues, berce et roule, populaire et folk.
Des mots jetés au cœur d’accords unis aux battements des cœurs. Nos oreilles sont leurs héritières, nous avons reçu la richesse de ces sons, nous les nantis, heureux et insouciants, nous en fîmes notre bagage luxueux, et nos cœurs battent à l’unisson de leurs rythmes qui riment aujourd’hui avec frisson, joie, danse, sens.