Participation de Venise
La porte de la boutique était restée entr’ouverte.
Madame CHANTECOEUR dormait sur le comptoir
Il y avait dans ce commerce de nombreuses bêtes sauvages empaillées
Dauphins, loutre, héron, renards, vipères
Et cette arche me réservait à chaque fois milles surprises
Je subtilisais le pouvoir magique des animaux captifs pour réenchanter le monde des hommes.
Je commençais par y voir comme eux la nuit et m’insinuais dans leurs rêves comme une goutte de mercure.
Je filais comme une indienne sur les flots du haut Orénoque et remontais la pirogue jusqu’aux paupières des hommes.
A chaque battement de cœur j’insufflais de nouvelles envies de vivre.
Pour ne pas oublier la sottise qui habite l’âme des hommes je punaisais au dessus de leur lit
A la chandelle clandestine de leur chambre je me mettais à lire à haute voix des immenses lectures de jack London
Je les invitais grâce à mon invisibilité à ouvrir l’œil sur les nuages à dresser l’oreille,
À froncer le nez comme un lapin, à prendre au plus court à ne rien perdre des cambrures des femmes, de l’odeur du chèvrefeuille.
J’entretenais un commerce trouble et incessant avec quantité de gnomes, fées gobelins
Pour qu’ils puissent aller le cœur léger.