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Le défi du samedi
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1 mars 2014

La rencontre (EVP)

La pirogue glissait rapidement sur l’eau.
Ils entrèrent dans un canal qui débouchait de l’autre côté de la rivière. Il était très étroit et l’embarcation y passait de justesse. Ils pointèrent la pirogue vers le canal. Ils avançaient lentement, têtes baissées, à cause des branches qui pendaient au-dessus de l’eau. Après avoir fait une centaine de mètres ils aperçurent
…L’orbe menaçant de l’anaconda et son effroyable frou-frou sur les feuilles pourrissantes de la rive, le piaillement aigu d’un tout jeune pirarucu déchira un instant la stridence mécanique des insectes. Ils eurent juste le temps d’apercevoir la funeste gueule et le corps puissant se redresser pour déglutir le cri avorté. Une infime pulsation de silence puis les feulements sourds, les froissements d’élytres, les trilles pointus de l’irapuru et le claquement rauque du toucan reprirent aussitôt leur cacophonie tranquille.

Je voyais les frissons duveteux sur les épaules maigrichonnes d’Alberto, devant moi.
-          Berto ! Ne t’inquiète pas, il est loin maintenant.
Puis j’interpelais João, Il faut qu’on retrouve le fleuve rapidement, sur sa berge nous trouverons un coin tranquille.
João avait vu comme moi, le changement à peine perceptible, comme un flottement dans la densité du vert qui nous baignait. La fin de l’après-midi était proche. Nous enfonçâmes nos pagaies plus loin, plus fort, plus vite.
Heureusement, le canal s’incurva au bout d’une heure environ et nous sentions, à l’allègement de l’oppression végétale, que la rivière, ignorante de la persévérance des rives, allait son chemin, imposant à la forêt ses lisières.
Le courant était rapide plus loin dans le fleuve mais João, à l’avant, me désigna une petite plage brune avec un petit pré dégagé.

Nous avons rapidement accosté puis tiré la pirogue sur le gravier.
Les herbes s’embrumaient à peine de sons ténus.
Je pris Alberto dans mes bras à l’intérieur du ventre du bateau qui nous servait d’abri.
Il me fit son sourire tremblant de petit garçon courageux.

Le crépuscule mourait dans un épuisement de couleurs.

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Commentaires
J
ouf, la petite plage et le pré dégagé, m’ont sortis de cette angoisse flottante <br /> <br /> <br /> <br /> tu m’as si bien fais chuter de ces eaux troubles par cete belle image<br /> <br /> <br /> <br /> « Le crépuscule mourait dans un épuisement de couleurs. »
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M
Quel beau style et des images si vivantes !!!<br /> <br /> "nous sentions, à l’allègement de l’oppression végétale, que la rivière, ignorante de la persévérance des rives, allait son chemin, imposant à la forêt ses lisières." SUPERBE EVP !!! Un grand BRAVO à toi !
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V
on revient ici aux origines du monde avec un adam et eve revisité je suppose !!!
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V
Ton style fluide mène ta barque sans trembler! De bien belles images dans une nature indomptée
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F
Et, c'est vrai, il s'agit d'une rencontre !
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F
Tu pagayes, n'est-ce pas? Je partage cet émerveillement décri à chaque nouvelle crique découverte...Mais je n'ai pas encore vu de l'herbe dans mes amarrages, le faisant en pleine mer... Merci.
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P
Poésie et peinture réunis. Très beau.
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P
"Le crépuscule mourait dans un épuisement de couleurs"... j'adore cette image, je ferme les yeux et je la vois.... bravo
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S
Que c'est beau! C'est juste beau!! Merci!!
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E
Jamais je n'aurais pensé habiller un anaconda de frou-frou mais finalement, cela lui sied à ravir... Sans doute parce que tu es excellent couturier... De belles descriptions!
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J
On est toujours hyper-content de rentrer chez soi après une journée de boulot parmi les requins de la finance et les crocodiles de l'administration. Tu décris très bien cela ici ! ;-)
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W
Voilà qui me rappelle Les Exilés dans la Forêt de Mayne Red...
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K
"le crépuscule mourait dans un épuisement de couleurs!! "<br /> <br /> Dieu que c'est beau!!<br /> <br /> bisousssssss♥
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J
W.O.W. pour la bande sonore de ce texte !!! Impeccablement, tu fais résonner le lieu de ton récit. Félicitations et bravo !
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