Participation de Venise
C’est un peu comme dans un songe que me reviennent ces objets merveilleux qui sont nés d’un oubli, d’un péché, d’une catastrophe. Objet qui en sortant du champ inattendu de leur presque vie ont déployé leur faste sous mes yeux toujours prêts en s’en réjouir. Ainsi, cette petite boîte en bois de poirier qui a longtemps transporté la flûte de grand-père. Superbe flûte d’où s’échappaient perles bleues sonores, écharpe de frisson turquoise comme flotte le brouillard en avril. Chants et danses qui se mêlaient dans la petite cour. Et le son âpre de l’instrument qui réveillait les bourrasques et la neige.
Elle nous a aidé à garder le soleil en dedans de nous même, pendant que sur mes frêles épaules dansait déjà la langue du printemps.
La flûte racontait nos paysages. Je les vois défiler.
Vallée plantée de saule, montagnes rondes rivières bruyantes .Mon regard se perd mouillé entre les ailes d’un gué mauvais
petit bois de sorbiers pris dans la gelée du matin.
Grand-père, cela serait mal me connaitre si tu avais pensé un jour que j’aurais pu t’oublier toi et ta Flûte enchantée !
Je suis tellement heureuse d’en avoir fait l’acquisition
Chez nous les mots comptent moins que le chant d’une flûte !
Certains matins j’avance en plein soleil au milieu des noyers et des vignes d’où les étourneaux et les grives saoules montent par nuées avec un bruit de grêle alors le chant de la flûte s’élève en plein ciel
J’ai appris de toi que je suis dans ce monde un humble accident entretenu par le spectacle d’une nature qui nous enseigne la finesse et la lenteur de la vie où le frugal tue le mesquin.