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Le défi du samedi
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8 décembre 2012

La chevalière en or à Auschwitz mai 1944 (Porphyre)

Papa résistant fut déporté, une erreur encore inexpliquée l'envoya ainsi que tout son convoi de 1 700 personnes, à Auschwitz, http://www.27avril44.org/enigme.html

Voici une partie du récit de mon père, je pense que cela répond à la consigne.

 

Il est grand jour, maintenant, lorsque notre groupe, une fois tatoué, quitte cette baraque pour entrer dans un grand bâtiment : ceux qui nous ont précédés attendent dans cette salle. Une partie d'entre eux fait la queue à l'entrée de ce que l'on devine être un grand corridor : ils sont nus. D'autres prennent leur tour devant des tables derrières lesquelles des scribes polonais inscrivent, outre l'identité, tout ce qui est déposé entre leurs mains : d'abord le contenu des poches, puis les vêtements, les sous-vêtements et les chaussures : le tout est placé dans un grand sac étiqueté cependant que le déposant se retrouve dans un état de totale nudité.

J'y passe, bien sûr, comme les autres et c'est avec beaucoup de regrets que je vois ma montre disparaître avec toutes mes affaires. Je ne veux pas abandonner ma petite chevalière que je cache dans ma bouche.

Nous restons ainsi, nus et debout, du lundi 1er mai au soir, jusqu'au mardi 2 mai dans l'après midi.

C'est maintenant notre tour de pénétrer dans le long couloir : un premier Polonais nous fait ouvrir la bouche, je ne peux donc pas y laisser ma chevalière et je ne vois pas d'autre solution que de l'introduire....ailleurs.

Un peu plus loin, d'autres Polonais, la tondeuse à la main, font disparaître notre chevelure. Encore plus avant dans ce grand couloir où il ne fait pas chaud, un autre groupe armé de rasoirs type Gillette, entreprend de nous débarrasser du reste de notre systèmes pileux ; mais, ce faisant, ils ne se privent pas d'effectuer d'intime investigations.

Je me rends compte qu'il me faut changer ma chevalière de place ! Et je suis obligé de la remettre dans la bouche.

 

Papa perdit sa précieuse chevalière à Flossenbürg quelques mois plus tard.

 

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Commentaires
A
Merci Porphyre pour ce partage et ce témoignage à propos duquel nos amis défiants ont dit déjà tout ce que j'aurais voulu te dire. Je reste sans voix car je suis émue. Heureuse que ton père ait pu s'en sortir et te transmettre cette histoire. J'espère qu'il a pu se reconstruire après cette si douloureuse expérience. Je pense aussi à toi qui en portes une part et as aussi besoin de guérir de cette histoire.
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P
Il y a des fois il ne faut pas retenir ses larmes, je vous promets que vos retours m'ont vraiment ému, merci à vous toutes et tous.
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L
Merci à lui d'avoir écrit cela, d'avoir eu cette force et cette humilité.<br /> <br /> Merci à toi d'avoir compris le message en le publiant ici.<br /> <br /> le courage c'est la capacité de donner du coeur à sa rage.
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E
Si ce n'était hélas, simplement monstrueux, ce serait monstrueusement absurde. Poignant !
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W
Eclairer d'un sourire une aussi terrible situation, il m'aurait bien plu ton père !
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C
Heureusement, le concept de résilience permet à ceux que la vie a blessés dans leur intégrité, leur intimité et leur dignité, de parvenir à vivre avec ces souvenirs affreux. Les écrire fait sans doute partie de la thérapie pour survivre.<br /> <br /> Merci de la confiance que tu nous accordes en livrant cet épisode douloureux.
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K
plus qu'émouvant poignant !! cette période et ce génocide me portent au coeur, cette honte que portera toujours l'humanité.<br /> <br /> ton récit est terrible et en même temps je suppose que ton père est rentré puisque tu as le récit, ce ne fût pas le cas pour une cousine de ma grand-mère internée comme résistante/communiste, elle n'est pas revenue.<br /> <br /> cette chevalière n'a pas de prix , la possèdes-tu ??<br /> <br /> ce n'est pas un grigri , cela n'a pas de nom<br /> <br /> bisoussssssssssss à toi et ton père s'il vit encore<br /> <br /> katyL
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P
Ces personnes ne furent pas déportées par erreur. C'est le lieu de destination qui fut une erreur Auschwitz étant "réservé" pour les personnes de confession juive. Et dans l'absurdité du système au lieux d'exterminer ces personnes mal aiguillées, les ss firent venir un train pour les muter dans un autre camp ! Heureusement pour mon père et ses compagnons de voyage. Je suis content d'avoir "forcé" Papa à écrire son histoire, et suis heureux de vous en avoir fait partagé un petit bout. Merci pour vos commentaires.
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M
Je ne connaissais pas cet épisode de ces personnes déportées par "erreur" !!! Un témoignage émouvant qui méritait d'être donné en effet !!!
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V
De bien douloureux souvenirs pour évoquer un objet qui dans ces instants a dû revêtir une valeur plus émotive que son poids d'or. Parmi tous nos textes légers, le tien - comme un témoignage - méritait d'être publié...
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