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1 décembre 2012

Ne finis pas, le monde! (Célestine)

Cher Monde.

Je regrette de te dire que ta fin ne peut avoir lieu le 21 décembre, comme l'ont prévu ces chers Mayas. Pourquoi, oses-tu demander ? La réponse est dans ces quelques lignes.

Ne finis pas, le Monde! Je n'ai pas du tout terminé ma vie, moi ! Tu crois vraiment je vais te laisser finir comme ça, alors que je n'ai seulement jamais vu Venise ? Que les gondoliers m'attendent sur le Canale Grande, avec leurs petites gueules d'amour à la sauvette et leurs pulls rayés ?

Alors le Monde, écoute moi bien. Je t'aime tant, ça ne peut pas finir comme ça, toi et moi, le jour des vacances de Noël.

J'ai trop à faire pour que tu finisses.

Je veux voir un envol de colombes sur la Piazza San Marco écrasée de soleil ou noyée de brume.

Je veux voir les falaises noires d'Irlande léchées par des vagues d'opale et d'écume, m'enivrer dans un pub en écoutant les langueurs des violons et des flûtes celtiques, et arpenter la lande échevelée comme une héroïne de Wuthering Heights . Et de Cork à Galway chercher partout le sel fleuri de mes racines.

J'ai encore vingt mille soleils à voir s'effondrer dans la mer, des étoiles par centaines à compter les soirs d'été, quand le parfum du foin coupé est une ivresse sous les lampes papillonnantes.

Je veux sentir encore sur ma peau le froid mordant, la chaleur caressante et le frémissement du déraisonnable.

Il me faut lire tellement de livres encore, et je ne parle pas de ceux que je dois écrire, ces histoires de fièvre et de miel que je sens tapies dans mon cœur et qui attendent d'éclore comme des goélands prêts au voyage.

Combien d'enfants dois-je encore émerveiller, qui me feront trembler de leur innocence et leurs yeux de cristal ? Qui m'envelopperont de leurs insouciances ?

Je dois guetter dans le lointain la route qui poudroie et l'herbe qui verdoie.

Et apercevoir le cœur battant de flamboyants équipages de lune...

J'ai tant de trains à prendre, et de bateaux en partance qui frémissent dans chaque port.

J'ai tant de baisers à donner, de frissons à ressentir courir le long de mon cou jusqu'au creux de mon dos comme des perles d'eau tiède et de désirs brûlants .

Il me faut goûter à des vins italiens, visiter des pays et d'encens et de myrrhe, me rassasier de mets nouveaux, vibrer à tant de musique encore !

Je veux voir ma fille et mes fils trouver l'amour et te conquérir, le Monde. Et goûter à leur tour à tes sources ineffables.

Je veux sentir la folle ronde vagabonde du temps qui passe et qui fripe les joues mais sans atteindre l'âme.

Je veux voir sourire en ribambelles les colliers de nacre de mes petits-enfants blonds et bruns, alors qu'ils ne sont pas encore nés, te rends-tu compte, le Monde, combien tu serais cruel, de me priver de ce bonheur ! Je veux les voir grandir dans des jardins de roses, recueillir dans leurs mains la splendeur des matins.

Je veux me voir vieillir en gardant à tout jamais cette flamme puissante au fond de moi qui fait de mes hivers des beautés emmitouflées et des triomphes radieux de mes étés.

Il me faut encore rêver, et nager, et bondir d'une mer à l'autre.

Danser sur le fil du temps, funambule aux ailes de soie.

Et surtout, surtout, le monde, crois tu que j'aurai un jour, un jour couleur d'orange, crois-tu que j'aurai jamais, un jour, fini d' AIMER ?

Alors le monde, tiens-toi tranquille, remets ta fin à plus tard. Je t'en prie !

Et laisse-moi vivre mes rêves, rêver ma vie et en faire ce crépitement d'étincelles qui me rend si fiévreuse, toujours.

irlande-galway-kinvara-chateau

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Commentaires
R
Et en Normandie.... Tu n'as rien à venir visiter ou plat à déguster ? Oui effectivement. Il faut reporter cette fin du monde a plus tard !
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A
Toujours tes mots si riches de vie et de beauté inattendue, chère célestine. De beauté toujours renouvelée. Le monde lui aussi offre sans cesse des surprises superbes et neuves , pour ceux qui comme toi savent lui parler et dire ses merveilles. Merci une fois encore pour ce partage. Ton écriture me coupe le souffle. Mais je suis capable, heureusement, de vite le retrouver, portée par celui magnifique de tes paroles. Bravo!
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Z
oui il y a encore tant de choses à faire, tant de livres à lire <br /> <br /> j'ai une bibliothèque pleine et ma vie entière ne suffira pas alors le 21 décembre c'est juste pas possible
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D
"le frémissement du déraisonnable..." quelle belle image! bravo pour ton texte, me suis régalé
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W
T'habites au bord de la mer ? <br /> <br /> Parce que vingt mille couchers de soleil ça va chercher dans les cinquante-cinq ans et si tu ne vas à la mer que pour les vacances, t'as pas fini de nous charmer...
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C
Merci map oui l'amour du monde me rend euphorique. De toutes façons la vie n'est qu'un rêve. Autant qu'il soit beau.
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M
On se demande après cela comment le monde pourrait résister à ton grand CHANT d'AMOUR !!! Cela me paraît tout simplement IMPOSSIBLE !!! Sinon ce serait TROP INJUSTE !!!! Je te vois très bien en "héroïne de Wuthering Heights" !!! Rien ne peut t'arrêter chère "funambule aux ailes de soie."
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E
Le monde n'écoute pas Célestine, il tourne tranquille et beau...Et ce qu'il aime sans aucun doute c'est les gens capable d'aprécier sa beauté...Alors oui, il est sourd, mais il t'aime particulièrement. :)
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J
Ce n'est pas pour te décourager, Célestine, mais c'est mot pour mot, le discours que je tiens tous les lundis matins à tous ceux qui m'entourent : "Je veux retourner à Venise !".<br /> <br /> <br /> <br /> Immanquablement, on me répond : "Va bosser, fainéant !".<br /> <br /> <br /> <br /> Mais ne t'inquiète pas, le monde est comme nous, immortel ! (Pour plus de sûreté là-dessus, achète-toi quand même un habit d'académusicienne !)
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S
Bon d'accord, je finirai pas à cette date, répondit le monde
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L
Sache le donc, chére Célestine, je ne peux disparaître ainsi car je sais tout des hommes car si je disparait ce sera avec eux, mais j'existai avant. Je connais leurs joies, leurs peurs, leurs amours, leurs histoires. Mais je suis muet comme une tombe et Dieu ne veut pas, qu'une fois ma mission terminée je ne raconte , vieux radoteur, à chacun des histoires qu'il connaît déjà.<br /> <br /> Alors goûte la vie, se joies, ses amours, ses mystéres. Prends soin de toi aussi. Et envole toi vers l'Irlande, Venise, et que sais-je encore et tous ces autres beaux pays que je renferme en moi.
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K
je veux tout ça aussiiiiiiiiiiiiiiiiiiii trop beau ! moi j'ai parlé à Dieu et toi au monde qu'il a fait, je pense comme toi pour tout<br /> <br /> <br /> <br /> j'aime beaucoup mes pulls rayés , je ne me gondole pas devant comme certains devant MONTEBOURG !! eh<br /> <br /> bisessssssssssssss
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