Guillaume, le cor et le lit (Berthoise)
J'aime le son du cor, le soir au fond des bois...
Non, pas tellement. Enfin, je ne crois pas. Ai-je déjà entendu le son du cor, le soir, au fond des bois ? À bien y réfléchir, non. J'ai déjà entendu le son du cor, mais ce n'était ni un soir, ni au fond des bois, c'était un après-midi, dans une cour de ferme. Pour être honnête, le soir, c'est souvent au fond de mon lit que je suis, et le soir, du fond de mon lit, c'est la chouette que j'entends. La chouette vit au fond des bois, elle. Mais elle daigne approcher l'orée du bois pour m'honorer de son chant. Qu'elle en soit ici remerciée. J'aime entendre la chouette, le soir, du fond de mon lit.
Du fond de mon lit, au printemps, j'entends aussi les querelles incessantes des hirondelles qui nichent dans la remise. Le matin. Le soir, je ne les entends pas. Peut-être, quand vient le soir, au printemps, suis-je moins attentive aux querelles des hirondelles.
J'entends aussi le chant du merle et celui de la grive musicienne.
Mais celui que j'écoute et qui me ravit, c'est celui de la chouette, le soir, au fond de mon lit.
Pas d'alouette dans mon orchestre pour me chanter l'aubade. Aussi je ne puis dire avec le poète :
"Alouette, tu pars, le gosier tout gonflé
De jeunes mélodies,
Et tu vas saluer le jour renouvelé."
Chez moi , l'alouette se mange en pâté. Mon grand-père s'appelait Guillaume.
Mon bon Guillaume, as-tu bien déjeuné ?
Mais oui madame, j'ai mangé du pâté.
Du pâté d'alouette,
Guillaume, Guillaumette.
Chacun s'embrassera
Et Guillaume restera.