De l'ivresse à l'ivrogne (Joe Krapov)
Version 1
Cheminement 1 : 0,5 anagrammes d’alcool dans le sang
IVRESSE : SIRE, ce dont vous avez REVE est SERVI dans ces VERRES. N’abusez pas de la SERIE : lorsque l’alcool aura SEVI vous serez IVRE. Alors tout tourne et VIRE et l’on REVISE jusqu’à l’IRE la bile qu’on a dans le foie comme la foi qu’on a dans Bill (Clinton qui d’amour s’enivra).
Cheminement 2 : sujet, gerbe, compliments
Le roi boit. Ce n’est pas qu’il a soif, c’est qu’il veut oublier. Il veut oublier ses sujets. Le verbe agit-il ainsi ? Mais le verbe n’a qu’un sujet.
Si le roi n’avait qu’un sujet peut-être boirait-il moins ? Mais quel sujet donner au roi ? Un sujet de conversation ? Un sujet à polémique ?
Peut-être préférerait-il, à un sujet, une sujette ? Une sujette à l’anis ?
Ou alors un objet ? Un objet de désir ?
Il y a dans tout ceci matière à réflexion. Offrons-lui un miroir. S’il se voit quand il boit, s’il s’est vu quand il a bu, peut-être réfléchira-t-il ?
Il n’est pas supportable en tout cas pour un esclave que le roi boive.
Car après ces tristes prémisses, il se peut que le roi vomisse
Et c’est l’esclave qui nettoie.
Cheminement 3 : hommage à Claude Nougaro
Je composais des séréna-a-des
Pour mon amie Shéhéraza-a-de
Mais, toujours fourrée au balcon,
Elle trouvait mon madrigal nul.
Cheminement 4 : Crise de foi
IVROGNE : La VIGNE et son VIN en font un ROI ENERVE qu’on peut VOIR quelquefois en ROGNE en train de GROGNER sur la voie publique.On dit alors qu’il est NOIR. Le résultat est assez GORE surtout s’il a bu du GENIEVRE chez GENEVIEVE la REINE des NEIGEs ou si c’était à GERGOVIE avec des NERVIs sans VERGOGNE. L’IVROGNE, si sa VIE est longue, c’est qu’il est VERNI. Ils n’a foi que dans l’alcool qui l’ENIVRE mais RONGE son foie. On IGNORE de quoi il se VENGE ainsi. De son mauvais GENIE ? Du GIRON maternel qui n’offrait que du lait ?
Cheminement 5 : Noël à Strasbourg
L’ivresse que je préfère est celle du labyrinthe insulaire. Il y a eu Burano, Bréhat, Groix, Sein, Jersey et maintenant il y a cette île qu’enserre l’Ill : le centre historique de Strasbourg, ces artères étroites autour de la cathédrale et l’espace piéton plus réduit encore entre les nombreux chalets des marchés de Noël. Pour achever de vous perdre, pour parachever l’ivresse flotte partout autour de vous l’odeur du vin chaud à la canelle. L’appétit est aiguisé par les tartes flambées, les bretzels au sucre et les pavés au jasmin. C’est un labyrinthe où l’on n’a pas à s’inquiéter de son estomac, où l’on n’a pas besoin d’abattre le Minotaure pour y découper des biftecks : les autochtones en ont déjà fait des saucisses ! Ce premier après-midi nous en sommes revenus dans la nuit de 18 h 30 avec une seule hâte : y retourner le lendemain avec cette même fièvre qui pousse toujours l’ivrogne vers le bistrot.
Version 2
De l’ivresse
Naît l’ivrogne
Qui titube
En sortant de la Winstub :
Ce con-là s’est encore
Strasbourré la gueule !
P.S. Comme quoi, si je voulais, je pourrais faire aussi court que Walrus ! Mais, pour parodier la bonne du curé, « J’pourrais bien mais j’veux point ! ».
A part ça, bonne année, bonne santé ! Je bois à la vôtre !