It’s a man’s man’s man’s world ? (Poupoune)
Il s’était habitué au silence de ce monde d’après. Lui-même évoluait désormais sans bruit. A peine percevait-il occasionnellement le souffle du vent dans les lointains feuillages. Alors ce coup à la porte lui fit l’effet d’un coup de masse. Il ne sursauta pas, il bondit littéralement, se plaqua contre un mur et resta ainsi immobile, le souffle court et le cœur battant à tout rompre, pendant ce qui parut une éternité. Lorsqu’il fut calmé, il se munit d’une arme de fortune et alla doucement ouvrir la porte. Personne, évidemment. Des mois qu’il errait seul dans ce monde dévasté sans croiser le moindre être vivant, ni homme, ni animal, alors qui serait venu frapper à sa porte ?
Il chassa l’incident de son esprit et l’avait presque oublié lorsqu’il entendit un nouveau coup, suivi d’un second. Cette fois il fondit sur la porte et l’ouvrit d’un coup, sur rien. Il regarda de tous les cotés, fit le tour de la maison, mais rien.
Dès lors il ne se passa plus un jour sans que des coups soient donnés à sa porte. Il devint de plus en plus vigilant, posa des pièges, passa des journées entières aux aguets mais rien. Il ne sut jamais.
Il commença à perdre la raison au bout d’une dizaine de jours. Le manque de sommeil ne favorise pas la tranquillité d’esprit. Il avait l’air hagard. Au bout de quinze jours il cessa de s’alimenter. Une chance, pour lui, il eut un sursaut de lucidité et se suicida la troisième semaine.
Je reconnais que je n’ai pas été sympa. J’aurais pu m’y prendre autrement. Mais ce monde d’après est d’un ennui… J’ai vu là l’occasion de me distraire un peu. Ses airs supérieurs et sa façon de se sentir investi d’une mission, « oui, moi, voyez, je suis le dernier homme sur terre, gna gna gna »… il m’agaçait !
Alors oui, j’aurais pu m’en débarrasser plus rapidement… Mais je suis la dernière femme sur terre et en aucun cas je n’aurais accepté de la repeupler avec ce type.