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Le défi du samedi
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10 juin 2009

Mme Dubois. (Caro_Carito)

Directement inspiré de Medium, série véhiculée par M6.

Pour les néophytes.

 

Je regarde ses traits doux, tordus par l’effroi. Je n’ai pas besoin de me tourner vers les deux hommes qui asphyxient la pièce de leurs carrures épaisses pour partager avec eux leur désarroi et leur scepticisme.

Elle secoue ses mèches blondes et prend cette expression butée que nous connaissons bien. Les autres parce qu’elle les a aidés dans toutes sortes d’enquêtes, les menant sans faillir vers une tombe, un meurtrier, une réponse. Moi, parce que je partage sa vie depuis plus de dix ans. Ainsi que trois filles, si semblables à la femme qui se tient devant moi, s’échelonnant à différents âges, de la fillette à l’adolescente montée en grappe. Sans oublier les traditionnels hauts et bas maritaux. Plus brutaux que ceux du commun des mortels. Parce que ses songes à elle sont peuplés de morts, de drames et que j'attend avec patience et désespoir que le défunt, apaisé, la délaisse, la délivrant de son harcèlement inlassable. Jour comme nuit. Surtout la nuit.

Oui, je connais bien cette lueur au fond de ses yeux. Mieux, je la déteste.

C’est Scanlon qui démarre les questions. Bille en tête, avec l’obstination pesante du détective à qui on ne la fait pas. La pièce, elle était comment. Taille ? Peinture? Elle se rappelle la couleur des murs ? Une indication, la plus infime. Une ouverture sur l’extérieur. Un bruit. Un symbole. Il la voit secouer la tête énergiquement puis le foudroyer avec cette pensée presque inscrite sur son visage : il ne comprend rien.

Puis, ce fut le tour de Devalos.

Il s’accroche à ses affaires, le proc . Il les récite comme il devait réciter ses cours, de l’école primaire à la fac de droit ou comme il noue sa cravate. Avec application et sérieux. Mais il n’y a rien qui colle. Juste des voleurs à la ramasse, un braqueur, des rixes entre bandes. Pas de meurtres bizarroïdes. Phénix est étonnamment calme en ce moment.

Moi, je me tais. Je ne fais que la regarder. Je la dévore des yeux. En fait, je n’ai jamais cessé depuis cette première fois. Elle était jeune et, moi, inconscient. Elle a vieilli. Comme moi. On vieillit toujours quand on aime de concert. Mais la flamme reste la même. Elle défaille parfois. Ou, comme en ce moment, elle crame comme jamais et rien n’a plus d’importance.

Bon Dieu, Allison. Dis-moi que c’est un rêve. Un truc en toc. Que je ne m’appelle pas Joe Dubois. Que tous les quatre. Que tous les deux, on squatte un plateau et des spots, des décors en placo et du gazon synthétique. Qu’un gars dans l’ombre va nous dire. « On arrête les gars c’est la quille on se revoit demain. »

Je te regarde détailler ton rêve. Encore et encore. Tu es seule. Dans une pièce. Il n’y a plus que toi sur Terre. Et quelqu’un frappe à la porte. Et je sens que tu as peur. Tu trembles, tu défailles. Et cette peur, elle nous colle à la peau, à Scanlon, à Devalos et à moi. Elle s’insinue avec adresse. Dans chaque pli de notre peau, dans chacune de nos pensées. Ils essayent encore un peu de trouver une affaire qui s’accommoderait de tes visions. Bientôt, ils vont essayer de croire qu’un médium, c’est jamais fiable. Mais non. Ca fait trop d’années qu’ils te connaissent. Des jours, des mois, des saisons. Comme moi. Nous savons que tes songes sont obscurs et infaillibles.

Moi qui t’aime, je suis glacé tout d’un coup. J’ai froid parce que pour la première fois, je vois l’avenir avec tes yeux. Et je suis seul dans une pièce. Le dernier des hommes. Tu n’es plus là. Ni même les filles. Pas même Scanlon ou Devalos. J’aurais jamais pensé qu’ils pourraient me manquer autant. Même l’épicier je le chercherai. Et le médecin. Tiens, je croise même ce mec qui a failli me buter et qui est mort maintenant. Tu te rappelles, pendant la prise d’otages.

Je crève de froid. Ou de peur. C’est peut-être la même sensation humide. Je ne sais pas. Surtout, je meurs de me dire que tu n’es plus là, Allison, dans mon rêve. Que tu te retrouves toute seule  aussi. Ailleurs.

Tu ne dis plus rien, mon ange. Plus personne ne parle.

Tu ne dis rien, mon ange. Et je ne peux même pas te dire, on va dormir, ça va passer.

Maintenant, il faut juste attendre. Allez viens, on rentre. Je crois que Scanlon préfère retrouver sa blonde et Devalos sa femme et ses fantômes. Allons rejoindre les filles. Après tout, il n’y a plus rien à faire. Simplement rester éveillés.

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Commentaires
C
tiniak, oserai le nous n'avons pas les mêmes valeurs ;o)<br /> <br /> j'adore dans les téléfilms américains la tonalités de leurs récits. j'adore que l'on me raconte des histoires... je suis sensible à leurs ryhtmes mais aussi les ryhtmes british, scandinaves...<br /> <br /> merci phil pas grave poupoune...
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T
M6, tu dis ?<br /> ah<br /> euh<br /> <br /> coulé !<br /> <br /> <br /> tsi hi ;-))
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P
... bon, ben moi, la série, je la boude... désolée ;o)
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P
Je ne connais évidemment pas la série dont il est question, mais il n'empêche que je trouve ton texte superbement écrit, prenant.
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T
Quand j'étais à l'hôpital, je la regardais tous les samedis soirs et je me régalais même si je suis fâchée avec l'héroïne parce qu'elle me fatigue avec son goût de vouloir faire la justice toute seule et son apologie de la peine de mort ne me botte vraiment pas. N'empêche, j'aime bien, la série est très bien faite, mais moins bonne que ton texte !
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C
Je voulais garder le ton angoissant de la série parce que rêve et réel se mêle.<br /> <br /> Papistache, vous croyez que si je l'envoie aux us, avec leur crise des scénaristes, il m'embaucherai. ;o)<br /> <br /> Val moi aussi, clair... Mais le mari me fait bien rire.<br /> <br /> Joye, je crois que la série rempile aux US pour la xième saison! Et pour les noms il suffit de cliquer sur le lien. :o) Mais les seuls références utilse sont mentionnées dans le texte: le détective, le procureur, l'homme qui vit avec Allison (ils ont trois fille ensemble). La seule particularité est: l'otage, fin d'une des saisons et Dles dons supranaturels d'Allison. Dans wikipédia tu dois même avoir la version US.<br /> Je ne pense pas que bcp regarde cette série ici, elle passe sur M6 le samedi soir.
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J
Tu as bien fait de préciser, bien que je ne la regarde jamais (je pense que la série a été annulée ici, mais peut-être pas). <br /> <br /> J'ai quand même du mal à suivre ce qui se passe, comme toujours quand on donne des noms comme si le lecteur sait de qui il s'agit (ma mère fait pareil quand elle parle de ses amis, je dois toujours demander un scorecard afin de savoir qui est qui). C'est sans doute pour cela que je ne regarde pas la série ! Je passerais toute l'heure à dire « Hein ?!?  Qui ?!? » <br /> <br /> Mais je sais que je suis dans la minorité et en dépit de tout cela, ton texte est bien écrit.
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V
J'ai regardé parfois quelques épisodes. A chaque fois je me suis dit que j'étais très heureuse de ne posséder aucun don surnaturel.
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P
Il y en a du monde autour de ce dernier homme. Vous voulez signifier que les scénaristes ont perdu le fil de la série et qu'ils jettent l'éponge ?<br /> C'était l'ultime épisode de l'ultime série ?
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T
Waouw! Pas facile d'être médium! C'est angoissant ce texte! Tu l'as écrit de main de maitre! Bravo!
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J
Tu sais nous faire frissoner!
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Z
(d'abord suis allé voir le lien catégorie néophyte)<br /> ce texte fait froid dans le dos d'un bout à l'autre.
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C
Virgibri. c'est clair mais en même temps il ya la petite touche d'humour de Joe qui la rend irrésistible.<br /> <br /> Walrus. On n'a peur souvent de l'inconnu. Enfin c'est ce que j'ai déduit des vieux film d'épouvante où l'on ne voit jamais la bête. Ou comme les dents de la mer où l'ombre seule suffit à nous effrayer.<br /> <br /> MAP, mais non, mais non. je ne vais pas faire que du romantique. :o) D'ailleurs, je susi sûre que les âmes en mal d'amour apprécieront la déclaration du narrateur à sa douce.
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M
Je connais cette série. OUH, des songes obsurs et INFAILLIBLES !!! Il y a de quoi trembler en effet !!!<br /> T'as fini de nous faire peur Caro !!!
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W
Quelle puissance mentale cette Allison. Elle va bien arriver à détruire l'humanité. Cela me rappelle ce film avec Richard Burton qui se remet à vivre pour achever le décompte final qui fera s'écrouler Westminster. En moins effrayant que le texte de Caro bien sûr, là on sait que c'est du cinéma !
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V
Cette série m'angoisse totalement...
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