"N'oubliez pas de me rendre ce sourire" (Alice)
Je suis allongée dans la prairie. Le soleil
grignote doucement chaque parcelle de mon corps et de petits insectes essaient
timidement de le parcourir. Je voudrais bien les chasser, mais il faudrait
bouger et je n’en ai pas envie. Les brins d'herbe chatouillent mon ventre, je
crois que je n'ai jamais été aussi bien.
Il est à côté de moi, il me regarde, je le
sais mais ma tête dit bonjour aux fourmis. Les feuilles des arbres bruissent
timidement.
Au loin, j'entends le bruit de la route
Loin, très loin...
Nous avons roulé jusqu'au bout du chemin,
et marché jusqu'à nous perdre.
Il s'est assis sur un bout de la couverture
et il a regardé le paysage d'un air un peu gêné.
J'ai souri de sa timidité et j'ai enlevé ma
robe. C'était la première fois qu'il me voyait nue et je n'avais pas peur de
son regard. Je me suis déshabillée comme la fleur s'ouvre le matin à la rosée
sans pudeur, sans crainte, et j'ai attendu que le soleil vienne m'embrasser.
Le soleil n'a pas résisté.
Il m'a embrasée...
Éblouie, j'ai fermé les yeux quand ses
doigts de feu se sont posés sur mon ventre. C'était doux et brulant à la fois. Ses mains ont frôlé mon bassin, lentement,
comme une torture délicieuse. Il a posé
sa bouche sur la pointe de mes seins et c'était comme si enfin il pouvait boire
à mon âme.
Je ne sais dire comment le soleil fait
l'amour.
Je sais ses mains de feu, sa bouche
assoiffée et son corps brûlant qui
enveloppait le mien.
Un instant, j'ai cessé d'exister parce que
la vie meurt à approcher de trop près ce qui la nourrit.
Un
instant, j'ai cessé d'exister et mon corps tout entier a oublié qu'il était
corps et âme aussi.
Une brindille dans une prairie, un fétu de
paille emporté par le vent de l'été...
Le soleil m'a regardé jouir et il a souri.
Je ne sais pas dire le sourire du soleil mais
je sais qu'il est resté en moi.
Sans quoi ma vie n'est plus nourrie.
Sans quoi la vie n'est plus la vie.