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Le défi du samedi
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1 octobre 2011

Mon petit canard (Ristretto)

Dans le quartier chic de Duck Key, le docteur Campbell  officiait paisiblement depuis dix ans.

Las de courir la campagne à toute heure du jour ou de la nuit, il avait choisi cet endroit paradisiaque de Floride  pour finir sa carrière.

 

Bien sûr, une certaine  monotonie s'était installée. Renouvellement d'ordonnances pour les personnes âgées, soigner les coups de soleil ou les dérangements intestinaux des touristes et aussi quelques  certificats médicaux pour les activités sportives dans les clubs alentour.

Un secrétariat externalisé lui prenait ses rendez-vous, et tous les matins il recevait par mail la liste de ses patients du jour.

Ce samedi un nom l'interpella à 14 heures M. Streicher. Un étranger de passage sans doute. Pourtant, il avait le sentiment de le connaitre. il refoula cette pensée ridicule et commença ses consultations de la matinée.

 Après un déjeuner frugal à la brasserie du Coureur Indien, juste au coin de la rue, il revint à son cabinet avec empressement. Une impatience inhabituelle le taraudait.

Il ouvrit la porte de la salle d'attente, surpris de n'y voir qu'un canard perché sur une des chaises, il s'apprêtait à rebrousser chemin lorsqu'il entendit  " Bonjour docteur Campbell, j'ai rendez vous à 14 heures, peut être suis je en avance ?"

 Se cramponnant à la poignée de porte, il inventoriait divers diagnostics  possibles " hallucinations visuelles et  auditives.. surmenage ? stupide il menait une vie régulière. Intoxication ? il avait diner hier au soir dans un restaurant japonais - le poisson ? les champignons ? .. " ..

 - Ne cherchez pas Docteur, vous êtes en parfaite santé dit l'anatidé. Je suis un canard savant. De fait cela peut surprendre un homme ordinaire, mais vous n'êtes pas un homme ordinaire cher ami.

Auriez vous la bonté de me recevoir, nous avons beaucoup de choses à nous dire.

 M. Campbell s'assit sans mot dire, étrangement détendu.

L'extraordinaire canard s'était posé sur le bureau, tout près de lui et lui murmura à l'oreille :

 - J'ai parcouru bien des kilomètres pour vous retrouver, papa !

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24 septembre 2011

Ballade pour une balade (Ristretto)


Je ne suis pas analphabète
et réclame votre indulgence,
car j'ai déjà assez l'air bête,
de dire ici mon ignorance
sur la  petite différence
entre poème et promenade.
J'écris pour faire pénitence
une ballade pour une balade


Dès aujourd'hui je me résous
à réapprendre mes leçons.
Bijou, caillou, chou ou joujou
les faux amis, les exceptions..
Et c'est avec application
que pour ne plus rester en rade
je fredonne cette chanson
une ballade pour une balade   


Dorénavant je suis sereine,
lettre seulette ou soeurs jumelles,
C'est fini les calembredaines !
A petits pas Il va vers Elle.
Les mots s'envolent avec deux ailes.
J'écris par défi, par bravade,
cette petite ritournelle
Une ballade pour une balade.


Amis lecteurs, riez en choeur
de cette piètre galéjade !
Je vous offre de tout mon coeur
Une ballade pour une balade..

 

3 septembre 2011

Participation de Ristretto

L'été n'était pas fini,
sans bruit les dernières hirondelles effilochaient la brume,
mais les soirs avaient encore des lueurs framboisines par delà le grand mur.
Bientôt, dans quelques jours à peine, il ne serait plus qu'ombre.

Postée comme à l'accoutumée à l'unique fenêtre de son petit logement, Francette connaissait bien le mur d'en face.
Il était son horizon.
Le grand mur d'en face, long comme un jour sans pain, gris taupe, uniforme, il filait jusqu'à la place des potences.
Il allait plus loin encore, mais Francette ne se souvenait plus du noms des rues.
Peu importait maintenant, ses jambes ne la portaient plus que de son lit à cette fenêtre face au mur.

Le mur, elle le regardait.
Comme sur un écran elle y voyait parfois les vagues de l'océan, nuages d'écumes ou goélands. Les heures s'écoulaient, son regard vagabondait de grèves en presqu'îles. Elle y laissait voguer ses rêves de voyages vers des outre-mers exotiques.

Le mur, elle lui parlait.
D'une petite voix fluette, elle lui confiait bien des secrets. Son premier amoureux qu'elle retrouvait en cachette à la sortie de l'usine. A bicyclette ils allaient jusqu'au bois du Meunier. C'est là qu'un soir de juin elle s'était donnée à lui, juste avant qu'il ne parte à la guerre.
Le mur comme par magie lui renvoyait ce parfum de lavande et d'herbes coupées. 

Le mur, elle l'écoutait aussi.
Il avait des rires frêles, des chants et des tambours.
Il avait des murmures, des gémissements, des plaintes.
Il avait des cris, le grand mur gris de la prison Saint Jean.

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