Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 049 951
Derniers commentaires
Archives
3 septembre 2011

Participation de Ristretto

L'été n'était pas fini,
sans bruit les dernières hirondelles effilochaient la brume,
mais les soirs avaient encore des lueurs framboisines par delà le grand mur.
Bientôt, dans quelques jours à peine, il ne serait plus qu'ombre.

Postée comme à l'accoutumée à l'unique fenêtre de son petit logement, Francette connaissait bien le mur d'en face.
Il était son horizon.
Le grand mur d'en face, long comme un jour sans pain, gris taupe, uniforme, il filait jusqu'à la place des potences.
Il allait plus loin encore, mais Francette ne se souvenait plus du noms des rues.
Peu importait maintenant, ses jambes ne la portaient plus que de son lit à cette fenêtre face au mur.

Le mur, elle le regardait.
Comme sur un écran elle y voyait parfois les vagues de l'océan, nuages d'écumes ou goélands. Les heures s'écoulaient, son regard vagabondait de grèves en presqu'îles. Elle y laissait voguer ses rêves de voyages vers des outre-mers exotiques.

Le mur, elle lui parlait.
D'une petite voix fluette, elle lui confiait bien des secrets. Son premier amoureux qu'elle retrouvait en cachette à la sortie de l'usine. A bicyclette ils allaient jusqu'au bois du Meunier. C'est là qu'un soir de juin elle s'était donnée à lui, juste avant qu'il ne parte à la guerre.
Le mur comme par magie lui renvoyait ce parfum de lavande et d'herbes coupées. 

Le mur, elle l'écoutait aussi.
Il avait des rires frêles, des chants et des tambours.
Il avait des murmures, des gémissements, des plaintes.
Il avait des cris, le grand mur gris de la prison Saint Jean.

Publicité
Commentaires
S
Très poétique très sensible... derrière la dureté du mur, les rêves d'un humain.<br /> <br /> Très bon !
Répondre
K
rien ne retient l'esprit, ni les murs comme tu le dis, ni le noir de la nuit...<br /> au contraire ! fermons les yeux et là dans le noir<br /> ou devant un mur gris, quel voyage !! et quelles couleurs, quels endroits insolites n'a -t- on survolés, quels océans traversés....<br /> katyL
Répondre
Z
bienvenue ici ! le mur d'en face celui qui rétrécit notre horizon d'autant plus quand s'y ajoutent les barreaux d'une prison triste mais beau
Répondre
A
ah oui, bienvenue ici :-)<br /> faut croire que les murs nous évoquent surtout des choses tristes...
Répondre
R
"aperçu".... c'est l'émotion :-)
Répondre
R
bonjour à tous et merci beaucoup de votre sympathique accueil.<br /> j'avais aperça depuis un certain temps ces "défi du samedi" et ça m'a dit...<br /> <br /> j'espère en relever d'autres sans vous lasser.<br /> <br /> à bientôt
Répondre
V
une plume légère et qui touche à coup sur le lecteur .<br /> succulent ce récit !!
Répondre
J
Les optimistes indécrottables rêvent de pouvoir dire, comme dans la chanson "Mon amant de..." : C'est du passé, n'en parlons plus.<br /> Bienvenue et bravo !
Répondre
M
Un texte fin et poétique à l'image des "dernières hirondelles (qui) effilochaient la brume". <br /> Reste avec nous Ristretto ! On en redemande !!!
Répondre
R
c'est tout simplement beau !
Répondre
W
Bonjour Ristretto, bienvenue parmi nous ! Et merci de nous faire voir que les murs n'enferment que les corps, pas les cœurs...
Répondre
V
Trouver à qui parler, c'est déjà une consolation... beau texte, Ristretto
Répondre
J
S-u-p-e-r-b-e !<br /> <br /> Tu arrives comme une étoile filante à travers le ciel défiant, mais là, je crois qu'une telle étoile brille moins que ton poème.<br /> <br /> S-u-p-e-r-b-e , je dis. <br /> <br /> Bravo !!!
Répondre
C
Un texte empreint d'une belle poésie lancinante et douce à la fois.J'aime beaucoup.
Répondre
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité