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Le défi du samedi
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1 juillet 2023

Dans la forêt lointaine... (Yvanne)


Certains jours il me prend – et c'est souvent – l'envie d'aller baguenauder dans les bois. J'adore ces promenades, seule, dans la Nature. Je laisse mon esprit vagabonder et mes sens se repaître de sons, de couleurs, d'odeurs... Ce fut le cas dimanche dernier.

Alors que je traversais le chemin pour m'approcher de la rivière j'entendis tout à coup le chant caractéristique du coucou. « Tiens, tu es encore ici toi, le voleur, le pilleur de nid ? » Comme une gamine je lui répondis et une sorte de gargouillement moqueur arriva en écho. Au même moment j'eus – comment dire – une illumination. « Eh bien voilà je le tiens mon excentrique ! «

Ce n'est pas de sa faute me direz-vous si le coucou agit – mal - comme il le fait avec ses congénères. La Nature a ses raisons que la raison humaine ne connaît pas. Comme singulier oiseau on ne peut mieux cependant. Déjà son nom : cuculus canorus qu'il doit à son chant particulier. Et ses mœurs que notre Marcelle (Delpastre) ne manque pas d'associer malicieusement aux sobriquets – cocu, cornard -  que l'on donne aux hommes – ou aux femmes – dont le conjoint est aussi volage que le coucou  mâle ou femelle  changeant de partenaire plusieurs fois durant la nidification. Nous n'avons pas inventé l'union libre. Encore une fois la Nature nous a devancés.

Les parents coucou ne s'encombrent pas de la construction d'un nid. Pas le temps. Et puis comme la femelle pond parfois une dizaine d'œufs ils ne pourraient pas nourrir toute leur progéniture. C'est tellement plus commode d'aller pondre dans un nid d'alouette ou de rouge gorge ! Futée, Madame coucou attend que le nid convoité soit libre de tout parent, se débarrasse d'un des œufs qui s'y trouve en l'évacuant, laisse choir le sien, un seul à la fois et le travail est terminé pour elle. Même manège autant de fois qu'il y a d'œufs à placer. On se demande pourquoi les parents grugés ne se rendent compte de rien. Mais est-ce le cas vraiment ? Mieux : ils nourrissent consciencieusement le bébé coucou comme l'un des leurs. Ce bébé a de qui tenir d'ailleurs : il s'y connaît en imposture ! A peine né, il passe par dessus bord les autres locataires. Pourquoi se gêner ?

Le coucou, malgré ses défauts n'en demeure pas moins un messager du printemps. Il n'est pas le seul bien sûr mais son chant particulier et sonore annonce plus que tout autre l'arrivée des beaux jours. Bien des coutumes sont liées à sa première manifestation. L'une d'elles assure que si l'on a quelque monnaie dans sa poche au moment précis où on l'entend il faut les faire tintinnabuler pour avoir  une promesse de fortune. Chez moi on dit souvent d'une dernière neige d'avril qu'elle est la neige du coucou. Pourquoi dit-on « maigre comme un coucou » ? Il paraît que ce dernier se nourrit de peu. Autre expression que Maman employait souvent en occitan pour se moquer quand une personne trouvait une ressemblance entre ma sœur et moi : « che sembla coma la jaça et le cocut » (elles se ressemblent comme la pie et le coucou.) Une autre légende qui nous ramène au sacré veut que le coucou aille tremper sa queue dans un bénitier le jour des Rameaux pour ensuite bénir champs, prés, vergers, enfin tous les biens de la Terre pour qu'elle soit féconde. Il a donc son importance dans l'ordonnance du vivant.

Le coucou est un oiseau fascinant de par son excentricité comportementale. Il nous montre l'extravagance et la cruauté de la Nature qui tolére les mœurs de cet oiseau au dépens de ses congénères. Au fait y a t-il une différence entre excentrique et extravagant ? Je crois que oui...

 

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Commentaires
J
Et puis les amis qui passent en disant "Coucou !" ...on devrait leur répondre, "AU VOLEUR !!!" ? ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> Lecture très intéressante comme toujours, Yvanne. Merci beaucoup.
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W
Bon, je vais arrêter de faire des "coucous" à toute la blogosphère, on en a assez dans les bois semble-t-il...
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J
Si toutes les notices de Wikipedia étaient comme ton texte, je passerais mon temps à lire l'encyclopédie en ligne !
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K
... on entend le coucou ! Oui, dans la forêt où tu te promènes, Yvanne, on l'entend, le voit, le perçoit mais on ne pourrait pas le décrire et l'évoquer avec autant de talent !
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