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Le défi du samedi
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10 juin 2023

Jubilee (Lecrilibriste)


Il s’appelait Jubilee
On l’avait acheté à un cirque
En faillite, qui était passé
C’était un âne de comédie
Qui faisait rire et s’esclaffer
Mais ça, c’était au temps passé
Car lui, criait son désespoir
Dès le matin jusqu’au soir
Brayant en hi-hans déchirés
Espérant que l’on voie sur son dos
La belle croix de St André
Oui, le cirque lui manquait
Avec les rires des petits
Oui ! à sa garrigue il pensait
Il avait le mal du pays
C’était un tout désespéré
Alors sans cesse, il brayait
Et son maître fort énervé
De sale bourrique le traitait
Il avait décidé de le vendre
A la foire des ânes bâtés
Ne plus ouïr ses cris d’orfraie
Et pour enfin dormir en paix

Faut dire que la croix de St André
Est une distinction notoire
Qui fait des ânes de Provence
Une race fort appréciée
Mais dans ce coin perdu de France
Nul féru d’ânerie s’en souciait
Mais notre compère s’entêtait
Car têtu comme un âne il était
Brayant ses hi-hans désolés
Et rêvait que quelqu’un l’embarque
Au pays des chardons bleus et des cardes
Vers un chapiteau déployé

Bourrique pour bourrique
Tant qu’à faire, jour après jour, épuisé
 Il s’obstinait et tristement il hi-hanait

Mais l’obstination aplanit les montagnes
En une belle journée de mai
Un jeune gars fort hâlé et musclé
Né au pays de Pagnol, il est vrai
Était venu voir ses cousines
Et à la foire se promenait
Il entendit notre âne braire,
D’un hi-han rauque, désespéré
Et dans son âme de troubadour
Alors son sang ne fit qu’un tour
Il s’approcha fort intrigué


Et quand il vit ses longues oreilles
Et puis la croix de St André
Il sortit de sa poche un crouton
Imprégné de genévrier
Et le mit dans son chapeau
Avec un trognon de pomme
lui parla à l’oreille avé l’accent  
L’âne se tut, on aurait dit qu’il riait
Il se mit à croquer
Le crouton de genévrier
Le trognon de pomme
Et à saluer
Ployant ses deux pattes avant
Et inclinant trois fois la tête
Et le vendeur interloqué



Se dit qu’il allait faire l’affaire
Car le jeunot, des ânes connaissait la langue
Et notre Pagnol en herbe ne put résister
Echafaudant pour son village, mille projets
Il décida de l’embarquer

C’est ainsi que Jubilee
N’en finit plus, de jubiler
Tous les samedis au marché
Son maître lui faisait faire son numéro
Et l’âne allait chercher
Dans sa mémoire d’artiste né
Des numéros qu’il connaissait
Et les enfants riaient
Et tout le monde s’arrêtait
Jetant des pièces à Jubilee
Qui, de toutes ses dents et sa force
Criait Hi-han pour remercier
Ses deux pattes avant ployées
En inclinant trois fois la tête
Il saluait.


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Commentaires
T
https://www.youtube.com/watch?v=BTo16O-8MnE<br /> <br /> pour toi !!
Répondre
L
Je crois que les ânes sont protégés. Dans mon Isère, il y a plein de gens qui en ont et ces braves bêtes paissent paisiblement.<br /> <br /> Mais Il y en a un qui brait comme celui de mon texte pourtant il ne semble pas malheureux ! Il bouffe les croutons que tout le village lui apporte !ça doit être pour les réclamer !!!
Répondre
A
c'est si charmant qu'on aimerait que ce soit vrai :-)
Répondre
Y
Très joli poème Lecrilibriste et émouvant aussi ! Bravo ! Autour de chez moi il y a trois ânes croix de St André. J'aime les ânes rapport à ma Fine mais mon mari les adore. Il se fait gronder par les propriétaires parce qu'il apporte des carottes et il ne faut pas il paraît à cause de la fourbure.
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J
Je ne sais pas si notre oncle Walrus a une tête de bourrique mais il est génialement doué pour nous faire sortir d'attendrissantes histoires d'ânes comme l'est celle-ci ! Merci à lui, merci à toi !<br /> <br /> <br /> <br /> P.S. J'avais même d'abord écrit, dans un joli lapsus, "histoires d'âmes" ! ;-)
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W
Oui, certains ânes finissent parfois par avoir de la chance, mais je crains qu'ils soient minoritaires...
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K
Magnifique éloge de cet âne provençal ! Je le connaissais mais tu m'apprends que ces bandes s'appellent la croix de Saint-André.
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J
J'accompagnais une fois un groupe de jeunes lycéennes américaines (pas mes élèves à moit) pour aller voir Notre-Dame de Paris. Pendant que je racontais des trucs, j'ai entendu les cris d'étonnement et d'admiration. Je me suis retournée pour les voir...elles étaient en train de caresser une petite ânesse blanche qui portait un chapeau de paille et qui était mieux dressées qu'elles. Ouille.<br /> <br /> <br /> <br /> Très bon poème, lécrilibriste !
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