Œillade (TOKYO)
J’étais curieusement enjouée à l’arriérée de mon scooter
Le soleil occupait la plus grande partie du ciel, et ses œillades m’aveuglaient entre les feuillages des platanes.
L’air était assez doux quand on se déplace à pied mais à cet instant curieusement il était glacial.
Je m’accrochais à Nathan pour me protéger du vent
Et des regards indiscrets. Il y avait peu de chance qu’un regard me surprenne sur cet engin ridicule en compagnie d’un individu aussi négligé par un matin de paques. Ils n’auraient pas besoin de savoir que j’avais mon derrière assis sur le cuir miteux du siège.
Glissant tendrement mes bras autour de sa taille, j’enfouis mon visage dans son dos.
C’est alors que mes yeux baissés tombèrent sur une petite culotte déchirée fleurissant dans sa poche arrière comme le mouchoir d’un magicien.
Mon cerveau fait l’inventaire de toute ma lingerie. Cette culotte n’est pas à moi. Je l’arrache d’un geste et résiste à l’envie de la faire tournoyer au-dessus de sa tête. Et si je l’a jetée au-dessus d’une haie en criant petite culotte envole toi goutte à ta liberté.
Pas besoin d’être une enquêtrice d’Interpol pour deviner que Nathan me trompe. Les gens cachent parfois des bijoux dans des livres creux Nathan
Cache sans doute un tas de culottes de femmes dans son appartement.
D’un air faussement nonchalant, je demande à Nathan de me déposer devant la porte de mon immeuble. je lui parle avec ma voix d’histoire pour enfant la plus douce.
Lentement, très lentement je lui passe sous le nez la petite culotte.
Regarde mon chou, regarde ce que j’ai trouvé dans ta poche.
Avec son scooter cet abruti m’a lâché un nuage de fumée âcre en plein visage qui m’a fait suffoquer et presque vomir.
Je me suis faite presque une hernie hiatale en essayant de réprimer un toussotement et à petits pas de geisha je me suis assise sur le trottoir.
Il y a a une demie douzaines de résidants qui ont assisté à la scène l’un d’entre -eux en faisant une œillade complice me dit / on a perdu sa petite culotte en me tendant ce petit bout d’étoffe rose bonbon .
Je vous demande pardon ? Mais comment ont -ils fait pour savoir. Ces gens sont aussi fouineurs qu’ils manquent de classe. Il faut vraiment que j’aille vivre dans un immeuble au standing plus élevé.