Nos boîtes de peinture (Kate)
"Raconte un jour de vacances", nous avait demandé la maîtresse.
Ma plume avait couru sur mon cahier d'écolière pour raconter la journée merveilleuse où notre oncle est arrivé à la ferme avec des boîtes de peinture comme cadeau.
Nous sautions de joie à l'idée de peindre comme à l'école mais nos parents n'avaient pas l'air content. À peine notre oncle parti, les parents nous ont donné du travail et notre joie est tombée par terre : pas de peinture ! Par chance, le canard a proposé de nous aider et nous sommes allés peindre, devinez quoi ? Les animaux de la ferme !
Si certains animaux ont été contents du résultat, d'autres ont été très déçus et nous ont carrément fait la tête... et ils se sont même "payé" notre tête en nous "embêtant", c'est le mot !
D'autres se sont mêmes disputés entre eux en se traitant de noms d'oiseaux...
Je me souviens que la maîtresse avait bien aimé mon texte et me l'avait fait lire à la classe en disant que c'était un vrai conte.
Aujourd'hui, je parlerais de conte moderne, de merveilleux, de schéma actantiel, de catégorisation, d'adjuvants et d'opposants pour une quête, de transgression de l'interdit, du conflit entre principe de réalité (travailler) et principe de plaisir (peindre)... Et ma soeur Marie, qui a toujours adoré le cheval, élève des chevaux d'obstacle...
(photos de l'auteur, septembre 2020, illustrations de Philippe Dumas des Contes du Chat perché, éditions Gallimard)