Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 052 270
Derniers commentaires
Archives
15 octobre 2016

Participation de Marco Québec

 

unnamed

 

 

Filature

 

-      Détective Du Sablon, comme je vous le mentionnais brièvement au téléphone, les agissements de ma femme me préoccupent et j’aimerais que vous enquêtiez pour tirer tout cela au clair.
-
      Pouvez-vous me dire ce qui vous inquiète particulièrement, monsieur Dutil ?
-
      Ma femme s’absente de la maison les mardis et les vendredis pour tout l’après-midi. Ce n’est pas pour faire les courses, elle les fait le mercredi. Elle a son bridge le lundi et elle visite sa mère le jeudi. J’ai fouillé dans les relevés de compte de sa carte de crédit et il n’y a pas une seule transaction qui apparaisse les mardis et vendredis. Je compte donc sur vous pour la prendre en filature et me faire rapport le plus tôt possible. Cette situation a assez duré.
-
      Pour ce qui de mes honoraires…
-
      Votre prix sera le mien. Je n’ai aucun problème avec l’argent.

Deux semaines plus tard, le détective Du Sablon se présente au bureau de son client.

-      Cher monsieur Dutil, j’ai bien peur que votre femme ait un amant. Elle se présente tous les mardis et vendredis vers 13 h à l’Hôtel de la Garnison, situé sur le chemin Saint-Louis. Le personnel lui tend immédiatement la clé de la chambre 111 d’où elle ressort à 17 h.
-
      C’est donc le cas classique du mari cocu. Je ne suis pas vraiment surpris, je dois vous le dire. De quoi a l’air l’homme qu’elle rencontre ?
-
      Je n’en ai pas la moindre idée. Je n’ai pas réussi à voir quelqu’un d’autre que madame entrer et sortir. J’ai pourtant surveillé les lieux plusieurs heures avant son arrivée et après son départ. Cela est plutôt intrigant.
-
      Non, non et non. Vous devez pousser plus loin votre investigation. Je veux un nom, une photo. Revenez me voir quand vous aurez fait votre travail.
-
      Mais monsieur Dutil !
-
      Il n’y a pas de « mais ». Allez. Je vous ai assez vu.

Le mardi suivant, Du Sablon est posté devant l’hôtel et attend la sortie de madame. Dès qu’il l’aperçoit, il se dirige vers elle et la bouscule légèrement.

-      Pardonnez-moi madame, j’espère que je ne vous ai pas blessée. Je suis vraiment maladroit.
-
      Ce n’est rien monsieur.
-
      Vous êtes bien certaine.
-
      Puisque je vous le dis.
-
      Accepterez-vous que je vous offre un café en guise de dédommagement ?
-
      Ce n’est vraiment pas nécessaire.
-
      Mais j’insiste madame. Je veux réparer mon manque de savoir-vivre.
-
      Bon d’accord, puisque vous semblez tant y tenir.
-
      Je vous en prie madame…
-
      Madame Dutil.
-
      Monsieur Du Sablon. Est-ce que le café situé juste de l’autre côté de la rue vous convient ?
-
      Tout à fait, répondit-elle.

Après avoir reçu les boissons commandées, monsieur Du Sablon engage la conversation.

-      Logez-vous à l’hôtel d’où vous sortiez, madame ?
-
      Non, pas vraiment.
-
      Vous y travaillez peut-être ?
-
      Non. Je ne crois pas que vous trouverez ce que je faisais là monsieur.
-
      Je ne veux pas être inquisiteur. Vous n’avez aucune obligation de me répondre.
-
      Si je ne vous le dis pas, je crois que vous manquerez une bonne occasion de rire.
-
      Dans ce cas-là, dites-moi tout.
-
      Sachez, monsieur, que je fréquente cet hôtel tous les mardis et les vendredis après-midi depuis bientôt trois ans. Et ce que j’y fais n’a rien de bien original.
-
      Vous y rencontrez votre amant, c’est bien cela.
-
      Vous n’y êtes pas du tout, monsieur Du Sablon.
-
      Vous pouvez m’appeler Émile.
-
      Alors vous n’y êtes pas du tout, monsieur Émile. Au fait en y repensant,  j’y fait peut-être quelque chose d’original.
-
      Vous attisez ma curiosité, madame Dutil.
-
      Vous pouvez m’appeler Madeleine.
-
      Et qu’y faites-vous Madeleine ?
-
      Je dors, Émile. Je dors tout mon soûl.
-
      Alors vous me voyez stupéfait, chère Madeleine.
-
      Voyez-vous, mon impuissant de mari refuse que nous fassions chambre à part. Et il ronfle comme une locomotive, sept nuits sur sept. Alors pour tenir le coup, je m’offre deux après-midi de sommeil par semaine. C’est aussi simple que cela.
-
      Je ne savais pas que monsieur Claude était impuissant.
-
      Pardon, voulez-vous répéter ce que vous venez de dire ?
-
      Oh ! Je crois que je viens de commettre une autre gaffe.
-
      Comment se fait-il que vous connaissiez le nom de mon mari ?
-
      Me voilà pris au piège comme un débutant.
-
      C’est à votre tour de tout me dire.
-
      C’est assez délicat, Madeleine.
-
      J’attends votre confession.
-
      Bon. D’accord. Puisqu’il le faut. Je suis détective privé et votre mari m’a engagé pour connaître votre emploi du temps les mardis et vendredis après-midi.
-
      Elle est bien bonne celle-là !
-
      Vous comprenez que cela me met dans une situation très inconfortable.
-
      Je comprends surtout que la légère bousculade n’était nullement fortuite.
-
      Ah ! Madeleine. Comment pouvons-nous régler ce différend ? Je ne veux pas vous être désagréable. 
-
      Vous n’avez qu’à dire la vérité à mon mari. De toute façon je ne fais rien de mal.
-
      Mais comment m’excuser auprès de vous ?
-
      Je vois peut-être un moyen de vous racheter. Que faites-vous vendredi prochain entre 13 h et 17 h ?

 

Publicité
Commentaires
P
J'aime beaucoup : belle histoire !
Répondre
J
coquine la madeleine????
Répondre
L
COUCOU A TRUFFAUT!
Répondre
B
Originale histoire cher Marco Québec qui mériterait bien une suite ;-)<br /> <br /> Merci pour ce bon moment de lecture j'ai vraiment aimé <br /> <br /> Bravo
Répondre
M
Merci bien chère Joye!
Répondre
J
Superbe clin d'oeil à Virginia Woolfe (A Room of One's Own) et aussi à la Chambre 19 de Doris Lessing.<br /> <br /> <br /> <br /> Waouh, Marco. Bravo !
Répondre
J
Très beau scénario ! Très drôle ! Je vois déjà le titre du film !<br /> <br /> <br /> <br /> http://static.fnac-static.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/4/8/9/3760054363984.jpg
Répondre
P
En souhaitant à Madame qu'il soit plus expert amant que détective !
Répondre
M
Evidemment quand on peut joindre Dutil à l'agréable !!!! :-D
Répondre
W
Un cumulard ! Détective, amant, pourquoi pas antiquaire aussi ?<br /> <br /> https://fr.yelp.be/search?cflt=antiques&find_loc=Sablon%2C+Bruxelles
Répondre
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité