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Le défi du samedi
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27 décembre 2014

Miracle (par joye)

J’avoue que j'attendais un miracle.

Mais Papa, rageant comme toujours, arracha la décoration de mes mains et la jeta dans la cheminée, mais maman refusa d’aller chercher les allumettes.

Alors, comme d’habitude, Papa lui fila un de ces gifles. Maman ne dit rien, mais je vis le sang couler de son nez.

Et voilà exactement pourquoi j’avais choisi le papier bleu pour la décoration. J’en avais marre du rouge, la couleur du sang sur le visage de maman, la couleur du vin que buvait papa. Pas de rouge pour moi, ni de vert, la couleur de l’espoir ? Bah ! Moi, je voulais ce bleu. Mon cœur tressaillit quand je le vis, mais je n’osai pas demander. Restant fidèle aux manières que les mains dures de mon père m’avaient apprises, j’attendis donc, silencieuse, pendant que les autres fassent leur choix et, je ne sais pas par quelle chance, mais le bleu me restait encore, rejeté par mes camarades.

Je passai une heure de bonheur pur à confectionner ma décoration.

La maîtresse m’avait dit que c’était spectaculaire, ce que j’avais fait, que cela plairait certainement à ma maman. Je repris courage sous les mots chaleureux de madame – les étoiles maladroites que j’avais collées sur le bleu souriait autant que moi quand c’était l’heure de rentrer. Pour une fois, j’avais hâte d’arriver chez moi. J’avais confiance que ma décoration allait tout changer. Jusqu’à entrer chez moi…

Alors non.

Plus tard ce soir-là, quand Papa s’assombrit enfin sous son alcool, j’allai récupérer ma décoration et la cacher derrière le placard, loin des yeux fielleux de mon père, ces yeux qui ne pardonnaient jamais rien.

Je me déplaçai sur la pointe des pieds, sans faire du bruit, comme je savais si bien faire. Les talents des enfants des ivrognes sont innombrables, ils viennent de l’instinct de survie.

Dépitée, je m’assis sur le tabouret devant la cheminée. J’entendis la toux étranglée de mère. Et puis rien.

J’attendis. Une minute. Deux. Peut-être même dix, je ne sais plus.

Alors, j’aimerais vous dire que je la retrouvai dormant paisiblement, ma décoration tenue soigneusement dans ses deux mains. Mais ce ne serait pas vrai. Et puis, j’aimerais vous dire que je gardai cette décoration, que je l’ai encore aujourd’hui. Mais ce ne serait pas vrai non plus. Enfin, j’aimerais vous dire que mon père apprit à dompter sa colère et son envie du vin…

Eh bien, je vous ai déjà dit que j’attendais un miracle.

Mais hélas.

Il ne vint pas.

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Commentaires
P
Les enfants, très souvent, ont une capacité à supporter le pire qui est époustouflante. Tu en fais une démonstration magistrale dans ce conte d'un bleu très sombre.
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N
Un conte de Noël bien sombre et amer... Non, les miracles n'existent pas... Enfin, pas toujours ! (Laisse-moi y croire un peu quand même, que diable ! :D)<br /> <br /> Sombre et amer, oui, mais il faut bien aussi parler, parfois, des moments moins jolis de la vie. Tu l'as bien écrit, chère Joye ! ;)
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V
besoin sans S mais c'est injuste il devrait toujours être au pluriel !!!
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V
cette enfant là tu l'as sans doute croisée dans un couloir et ce que tu décris me touche car les enfanst ont besoins d'espoir pour se construire bonne année à toi et ne t'inquiétes pas mon coté traditionnel n'est qu'un aspect de ma plume !!!
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B
Triste histoire si bien écrite si réelle parfois dans ce monde pas toujours rose <br /> <br /> bravo Joye<br /> <br /> Et moi aussi, je trouve que c'est bien écrit ! <br /> <br /> Et comme tu écris toujours très bien !<br /> <br /> Il était évident qu'aujourd'hui tu écrives encore mieux ;-)
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V
Pas de miracle... juste un conte triste, mais bien écrit, Joye!
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E
cette enfant semble posséder des ressources de survie qui lui serviront toujours. Ce qui est étonnant est qu'elle l'appelle "papa", souvent les enfants martyrs emploient d'autres mots pour éviter celui-là
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E
Tu as très bien écrit les noëls de mon enfance, sauf que moi, je n'avais même pas l'approbation de mes professeurs. Vraiment, c'est bien.
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W
Elle fabrique des guirlandes, il l'enguirlande... Logique, il n'y a là rien de miraculeux.
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M
Un bien triste conte qui relate ce que certains enfants doivent supporter hélas !!! Heureusement qu'il y a pour cet enfant là une note positive avec sa gentille Maîtresse d'école !
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